mardi 1 avril 2025

René Tostivint (1903-1988) Roland Tostivint (1933-2008)

René Tostivint

René Tostivint à Oran

René (Jean Charles Eugène) Tostivint est né le 16 décembre 1903 à Douarnenez. Sa famille est originaire de Saint-Pern (35). Son père, Eugène, est pharmacien et sa mère est Louise Bellom. Ils habitent rue Laënnec à Douarnenez.
René Tostivint se marie civilement le 10 août 1931 à Saint-Brieuc avec Yvonne Georgette Le Lay (née le 30 janvier 1912 au Mans, non baptisée, décédée en 2008 à St Brieuc). 

Décès famille Le Lay. 11 juillet 1934 Ouest-Eclair
Le mariage religieux est célébré au Temple protestant de St Brieuc par le pasteur Yves Crespin le 29 janvier 1942. Le couple aura trois enfants : Roland, Joëlle et Guy.
René Tostivint est tout d'abord un simple membre de la paroisse protestante de St Brieuc dès 1942 puis il prend des responsabilités en 1944 où il assure le poste de secrétaire. 
Mme Yvonne Tostivint tient une librairie au 14 Rue Saint-Goueno à Saint-Brieuc. Elle sera remplacée ensuite par M. Calvez dans les années 50 puis M. Génie (1961)...

 


Librairie Tostivint St Brieuc. Collection Musée de Bretagne

René Tostivint enseigne en tant que professeur d'Histoire-Géographie au Lycée de garçons à Saint-Brieuc où il exerce  depuis 1933. 

 

La photo ci-dessous est celle de la classe de 6e A2 du lycée Le Braz. On y voit tous les élèves autour de leur professeur, M. René Tostivint.

Le 7e au deuxième rang est Pierre Petit, un élève qui entrera dans la Résistance.

La classe de 6e de René Tostivint en 1937-1938.  Ouest-France, 25 août 1994

Puis, René Tostivint enseigne au Lycée Lamoricière à Oran, en Algérie, de 1945 à 1952. 

Photo Amicale des anciens élèves

D'après les souvenirs de Solveig Huck-Hansen, une paroissienne protestante de l'époque, la famille Tostivint serait revenue en France à bord du bateau "Le Sloughi". Ce navire reliait l'Algérie au port du Légué et transportait du vin.  

En effet, on retrouve René Tostivint et son épouse, de retour à Saint-Brieuc, comme membres adhérents de la paroisse protestante en 1963 au moment où la famille revient d'Algérie. René Tostivint devient membre du Conseil presbytéral entre 1964 et 1967. 

René Tostivint retrouve son poste de professeur d’Histoire au collège Le Braz à Saint-Brieuc. Ses compétences professionnelles couplées à sa curiosité du monde protestant vont le conduire à écrire de nombreux articles sur l'histoire du protestantisme.
On lui doit également un travail de recensement des sujets ayant trait au protestantisme avec les Archives municipales et avec les Archives départementales des Côtes-du-Nord.

Il prend des responsabilités dans la Société d’Émulation des Côtes-du-Nord dont il est le bibliothécaire dans les années 60. Il occupe aussi le poste de « Vice-président de la commission diocésaine d’Art Sacré" dans les années 70 (1978). 

En 1970, le pasteur H. Bosc venant faire une conférence à Saint-Brieuc sur la conversion d'Henri IV, Ouest-France fit appel à René Tostivint pour expliquer longuement aux lecteurs dans quel contexte Henri IV promulgua l’Édit de Nantes (Ouest-France du 10 avril 1970).

Il propose également des visites de la ville de Saint-Brieuc pour mieux en faire connaitre l'histoire.

En retraite, René Tostivint reste à Saint-Brieuc, rue de Trégueux dans le quartier de Robien.

Faitage de toit réalisé par Roland Tostivint sur le toit de la maison familiale

René Tostivint meurt le 10 juillet 1988 à St Brieuc et une cérémonie est présidée au cimetière de Saint-Malo, le 12 juillet, par le pasteur Guy Froment.

 

Bibliographie de René Tostivint

La Famille Gouyon de la Moussaye et le Protestantisme dans le Comté de Quintin. Saint-Brieuc, Editions Les Presses Bretonnes, 1973. Lien
"La famille protestante Gouyquet à Trédaniel, près de Montcontour", Société d’Émulation des Côtes-du-Nord, 1976, Tome CIV, pages 13 à 17.
Les anciens collèges de St Brieuc et le Lycée Anatole Le Braz (1848-1948). Complément 1948-1967.
Arnaud de Kerpezdron, pasteur protestant. Notre Lien n° 79-80 mai-août 1973.
 
 
Sources
 
Archives du Temple protestant de l’Église réformée de Saint-Brieuc : registre des membres, registre des mariages 1942, registre des décès 1988.
Archives de Ouest-France
Amicale des anciens élèves du Lycée Lamoricière à Oran (Algérie)
Photo Raphaël Binet, librairie Tostivint. Collections en ligne du Musée de Bretagne, pour la notice complète, cliquer ici
Archives du Finistère, année 1903. Lien pour accéder à l'acte de naissance
Fiche sur le site Généanet établie par Jules Casset
Gallica, bulletin de la société des professeurs d'histoire-géographie. 1933, page 139
 

 

Roland Tostivint (1933-2008)

Roland Tostivint 1959

Une éducation protestante

La famille Tostivint était également bien connue à Saint-Brieuc avec le fils, Roland Tostivint.

Roland Tostivint est né le 30 juin 1933 rue Saint-Gouéno, il est baptisé au temple protestant de St Brieuc le 9 septembre 1945, par le pasteur Jean Scarabin. Jeanine Crespin, épouse du pasteur de Saint-Brieuc mort en déportation, était sa marraine

Roland est éduqué dans la foi protestante et participe aux activités des scouts unionistes. Dans sa vie il mènera différents projets avec des personnalités du monde protestant de Saint-Brieuc comme le docteur Erling Hansen ou André de Kerpezdron.


Affiche réalisée par Roland Tostivint. 1987. Collection R.Fortat 

 

Les débuts d'une carrière artistique

A Oran, il entre aux Beaux-Arts en 1949 (voir photo ci-dessous de Roland Tostivint dans son atelier à Oran). A la rentrée 1950, alors que s'ouvre un atelier de céramique, Roland Tostivint est le premier à s'y inscrire. Il y apprend le métier auprès d'un céramiste espagnol, Bartolomé Jorba, un réfugié politique espagnol, ami de Salvator Dali et de l'architecte Gaudi. 

"Ce professeur qui jouait de l'harmonium dans son atelier conseilla à Roland Tostivint de suivre son inspiration. Cela se traduisit par deux Premiers prix de céramique et un de décoration." (Ouest-France 10 février 1981)

A propos de la photographie ci-dessous, voici un commentaire reçu en novembre 2024 : "Bravo pour le blog! Beau travail…Je revois Roland me tendre sa photo dans son atelier à Oran afin que jeu la publie! Parfait… L’Histoire se révèle… À travers une géographie-Source…Historique… Bretagne!"

Oran 1950 Photo publiée dans Le Télégramme

"Revenu dès 1952 à Saint-Brieuc en stop et sac au dos et sans autre richesse que sa Foi, il fit des étalages puis édita des cartes touristiques (une réussite aussi bien artistique que commerciale)... Son orientation est nettement prise : le folklore breton aussi bien dans la peinture que la création." (12 février 1957, Ouest-France)

A son retour à Saint-Brieuc, il est hébergé chez sa grand-mère, Mme Le Trocquer, bien connue elle aussi à Saint-Brieuc.

Il rencontre R-Y Creston et René Salaün avec lesquels il retrouve ses racines bretonnes et rentre dans le Cercle Celtique de Saint-Brieuc. D'autre part, il remplit ses carnets de croquis : architecture, mobilier, broderies...

En 1954, le Cercle celtique se rend en Norvège sous l'initiative d'Erling Hansen, qu'il connaît aussi comme membre éminent de la paroisse protestante. C'est à ce moment que, pour payer son voyage, il édite des cartes postales dont la vente va très bien marcher. Il pourra même s'acheter son premier four.

 

Un céramiste réputé

Roland Tostivint devient un céramiste réputé à St Brieuc. Dès 1957 la presse locale se fait l'écho des différentes expositions et réalisations de Roland Tostivint.

Le 12 février 1957, Ouest-France présente un groupe de quatre artistes dont "le plus connu est sans doute Roland Tostivint. Par ses parents qui demeurèrent longtemps à Saint-Brieuc, par sa grand-mère, une des Briochines les plus dévouées à la cause de l'Art, mais aussi par lui-même, puisqu'il est le seul à avoir déjà pu tout quitter pour cette activité artistique."

Roland Tostivint, Foire-exposition. 12 septembre 1958 Ouest-France

Roland Tostivint, Foire-exposition. 4 septembre 1959 Ouest-France

Oeuvre de Roland Tostivint, Foire-exposition. 28 octobre 1970 Ouest-France

Roland Tostivint, 1er prix au stand de la Foire-exposition 1977 Ouest-France


Comme céramiste, Roland Tostivint s'est installé rue Fardel, de 1968 à décembre 1985, avant d'aller à Binic. Outre ses travaux, il a remis au goût du jour les épis de faîtage : ceux qu'il a réalisés pour le château de la Roche Jagu sont les plus connus.


 

Roland Tostivint, joueur de vielle

Le 6 mars 1992, Ouest-France consacre un article aux trente-sept années consacrées à la vielle par Roland Tostivint. L'artiste revient sur cet engouement qu'il attribue au hasard : "Je ne connais rien à la musique. En 1954, le docteur Hansen m'a embarqué pour un voyage en Norvège. Avec Bernard Gauçon de Langueux, nous avons donné une représentation quotidienne pendant un mois avec un programme qui comportait cinq airs !" 

Roland Tostivint avec sa vielle. Facebook Muzik e breizh

Alors qu'il n'a que vingt ans, avec ses amis R-Y Creston, René Salaün et Robert Hamon, il va parcourir les campagnes, participer à des mariages ou des kermesses et récupérer des airs auprès des anciens, en particulier à Saint-Carreuc où la collecte est fructueuse.
 
Roland Tostivint, Le Mai breton. 23 mai 1972 Ouest-France

 
Roland Tostivint. 6 mars 1992. Ouest-France
 

Les bistrots de l'histoire conservent des enregistrements de Roland Tostivint car c'était un joueur de vielle talentueux. 
 

Une carrière bien remplie

En février et mars 1981, une grande exposition rétrospective se tient au Foyer d'Action Culturelle : "Roland Tostivint, 30 ans de chroniques". Elle permet de mesurer l'étendue de son travail. Il a participé ces dernières années à de nombreuses expositions internationales où il représentait la Bretagne : Munich, Tokyo, Londres...

Roland Tostivint, exposition. 10 février 1981 Ouest-France

Deux de ses statues ont été offertes par la Ville, l'une au Général de Gaulle lors de son passage à Saint-Brieuc en 1960, l'autre à la ville jumelle d'Alsdorf en 1970.


Visite du Général de Gaulle. 2 septembre 1960 Ouest-France

 La photo ci-dessous est celle de Roland Tostivint, dans son atelier où il est en train de finaliser les deux statues de Saint-Brieuc dont l'une sera offerte au Général de Gaulle.

Roland Tostivint. 2 septembre 1960 Ouest-France

Roland Tostivint par André Coupé

Quinze années plus tard, un autre article de Ouest-France évoque la proximité de deux artistes : Roland Tostivint et André de Kerpezdron, un autre protestant. On y apprend que l'Académie de peinture du C.O.B, 14 rue Saint-Benoit, créée en 1993, est complétée depuis 1995 par le cours de décoration sur céramique de Roland Tostivint. Ce dernier remarque : "En fait nous sommes complémentaires. Quand les élèves d'André ont acquis les bases, je tente de les aider à s'exprimer de manière créative."

Cette complémentarité s'est également illustrée par la décoration de la salle des pas-perdus du C.O.B. La fresque et les tableaux d'inspiration bretonne de Roland Tostivint côtoient les motifs décoratifs et les reproductions de la rue Saint-Gilles ou du port du Légué de André de Kerpezdron.

Roland Tostivint à gauche avec André de Kerpezdron. 16 septembre 1996 Ouest-France

 
Dans les personnes du milieu artistique qu'il côtoyait, on peut aussi citer Joël Babey, un céramiste de Plouha qui a beaucoup appris sur son métier quand Roland était à Binic ;  Étienne Huck, potier-céramiste, qu'il retrouvait à son atelier au port du Légué au moins une fois par moi; et dans ses dernières années, Christine Cocar, qui fabriquait des vitraux, rue du Maréchal Foch à Saint-Brieuc...
 
 
Une personnalité toujours présente dans les mémoires
 
Roland Tostivint décède en 2008 à l'âge de 75 ans. Le journal Le Télégramme s'en fait l'écho en dressant son portrait : "Il était une figure briochine et sa fine silhouette couronnée de longs cheveux blancs ne passait pas inaperçue dans les rues de la ville, qu'il arpentait à pied, descendu de son appartement de la Tour d'Armor."
 
Denis Muller, un passionné d'art breton, collectionne ses oeuvres et honore ainsi sa mémoire :
" Roland Tostivint fut l'artiste costarmoricain le plus puissant du XXe siècle, au moins  à l'égal de ses pères Mathurin Méheut (qu'il a rencontré à plusieurs reprises de 52 à 58) et R-Y Creston... Mais Roland Tostivint était non seulement un très grand céramiste, peintre, illustrateur, décorateur, architecte pour les  bâtiments de France, musicien, cavalier etc, mais il a également co-creé le Musée d'Art populaire de Binic."

Roland Tostivint avait cinq filles, dix-sept petits enfants et deux arrière-petit-fils.

Sa tombe se trouve au cimetière Saint-Michel de Saint-Brieuc. Pour la trouver, prenez l'allée qui borde le mur du cimetière du côté sud. Dirigez-vous vers les deux grands arbres, à gauche du plus penché vous trouverez la plaque, ornée d'une croix celtique, qui rappelle la mémoire de Roland Tostivint...
Et une rue Roland Tostivint à Saint-Brieuc ? Ce serait une belle idée qui a déjà été suggérée à la municipalité... Affaire à suivre !

Plaque Roland Tostivint au cimetière de St Brieuc. Photo R. Fortat


 
D'autres membres de la famille Tostivint
La fille de René Tostivint, Joëlle est née le 7 décembre 1937 à St Brieuc. Elle a été baptisée au temple de St Brieuc par le pasteur Raspail le 5 août 1945.
Guy Tostivint est né le 24 juin 1940 à St Brieuc. Il a été baptisé le 5 août 1945 au temple de St Brieuc par le pasteur Marcel Raspail.

 


Si vous avez d'autres éléments à communiquer sur la famille Tostivint, merci d'utiliser le formulaire de contact en haut à droite en laissant votre adresse mail pour que je puisse vous répondre.
Nous souhaitons en particulier pouvoir présenter quelques photos de René Tostivint...
 
 
Sources

Archives du temple de St Brieuc : registre des membres, registre des baptêmes.
 
Merci à Kristian Morvan pour l'autorisation de publier la photo de Roland Tostivint en vielleux et allez visiter le compte Facebook de Musik e Breizh, en cliquant ici
 
Nombreuses archives de Ouest-France
 
Article et photo dans Le Télégramme, 17 juillet 2001, cliquer ici
 
Site Oran-mémoire, les plaques en céramique de Bartholomé Jorba à Oran, cliquer ici 
 
Correspondance en septembre 2022 avec Denis Muller.
 
 
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D'autres productions de Roland Tostivint
 
Affiches touristiques
 
1962. Document famille Tostivint. Photo RF
 
Le Goelo. Affiche famille Tostivint. Photo RF


Saint-Brieuc. Affiche famille Tostivint. Photo RF


Affiches d'expositions
 
1979 Musée de Binic.




Dessins et aquarelles
 
 Famille Tostivint. Photo RF


La tuilerie St Michel l'Observatoire en Haute-Provence




Plaques de rues
Rue Notre-Dame Guingamp, 1962. Photo RF

 
Rue Fardel Saint-Brieuc, 1969. Photo RF

 
Terre
 
 



vendredi 28 mars 2025

Le pasteur Hervé Stücker 2017-2023



Hervé Stücker en 2017 à Lorient avant son départ pour Saint-Brieuc


Hervé Stücker est né le 28 janvier 1963 à Enghien-les-Bains (95) dans une famille très engagée dans la communauté protestante. A Ansnières-Bois-Colombes, Hervé Stücker découvre les activités de la maison de jeunes et du centre de rencontres de la paroisse.
Sur le plan de ses études, Hervé Stücker ne commence pas son cursus universitaire par la  théologie mais par une licence d'histoire puis un DEA (Diplôme d’Études Approfondies) en relations internationales, avant de compléter son cursus à l’École de journalisme de Paris.
Il se marie le 11 septembre 1993 avec Hervine Debroise (née le 12 octobre 1969 à Nouméa). Le couple va avoir quatre enfants : Bleuenn, 1995; Loéïza, 1997; Titouan, 1999; Analena, 2009.

A l’âge de 25 ans Hervé Stücker commence donc des études de théologie et près 5 années passées à l'Institut protestant de théologie, il devient pasteur et est ordonné en 1994.

Le pasteur Hervé Stücker
 
Hervé Stücker débute dans la paroisse de Niort (1994-2002) puis passe 15 ans dans la paroisse de Lorient-Vannes (2002-2009) et de Lorient-Quimper (2009-2017), avant d’arriver à Saint-Brieuc en août 2017.

Avant de partir de Lorient, il avait été interrogé dans Ouest-France sur ses souvenirs marquants dans cette paroisse :

"Je retiens notamment notre implication dans la Cimade pour l'accueil des migrants. Le foyer Robelin qui les accueille est fermé pendant la journée et on voit des gens errer dans les rues. Alors en 2013, on a créé le collectif Béthanie avec l'église catholique de Saint-Louis pour les accueillir. Je me souviens notamment d'une famille albanaise qui est arrivée en plein hiver avec un bébé d'un mois et de l'élan de solidarité qui les a accompagnés. Ce sont des moments de partage humains très forts".
 
En 2018 à St Brieuc

 
La cérémonie d'installation à Saint-Brieuc s'est déroulée devant une large assistance et Guillaume de Clermont, le Président de la Région, était présent à cette occasion.

Hervé Stücker et Guillaume de Clermont. Photo Ouest-France 24 avril 2018
 
Hervé Stücker a poursuivi les actions mises en place précédemment, comme les études bibliques, mais il a aussi imprimé sa marque par exemple en proposant des cultes différents (culte café-croissant, culte autour d'un thème...). Il a œuvré pour monter le dossier des travaux nécessaires au temple. Le montage du plan financier lui doit beaucoup.
Les différents confinements causés par la crise du Covid19 et les restrictions sanitaires qui ont suivi ont été des moments difficiles où il fallait malgré tout maintenir le lien avec tout le monde.
 
Hervé Stücker a quitté la paroisse de Saint-Brieuc pour partir à Rennes en juillet 2023. Un départ fêté à Perros-Guirec, dans la joie ! Vous pouvez retrouver l'actualité d'Hervé Stücker dans la paroisse de Rennes en visitant le compte Facebook (cliquer ici)
 
Départ d'Hervé Stücker. Juin 2023 Perros-Guirec

Nomination au Conseil national en 2025
L’assemblée générale de la Fédération Protestante de France (F.P.F.) s'est tenue à Sète, du 24 au 26 janvier 2025. À cette occasion, la Pasteure Emmanuelle SEYBOLT, Présidente du Conseil national de l’Église Protestante Unie de France (E.P.U.d.F.) a sollicité le Pasteur Hervé STÜCKER pour rejoindre le conseil de la F.P.F. en tant que membre du collège de l’E.P.U.d.F. Ce conseil, autour de son Président le pasteur Christian Krieger, se réunit 4 fois par an. 
Hervé Stücker, membre du Conseil national, janvier 2025

 

Sources
Cette biographie a été vérifiée et complétée par Hervé Stücker lui-même.
 
Lien
Article du journal LeTélégramme du 6 mai 2018 à l'occasion de la consécration du pasteur Hervé Stücker à St Brieuc.

 

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vendredi 7 mars 2025

Histoire de l'école évangélique de Trémel (22)

La commune de Trémel possède environ 1000 habitants entre 1841 et 1911 mais sa population ne cessera de diminuer à partir de 1911 pour se situer autour de 400 habitants de 1980 à nos jours.   

Cette petite commune aurait pu passer totalement inaperçue mais elle a une particularité : aux alentours de 1840, le pasteur gallois John Jenkins, y fonde une mission protestante. En 1859 Jean-Marie Guillou, collaborateur de J. Jenkins, établit un contact avec Marie Lecoat, fille de Guillaume Ricou (collaborateur de Jenkins pour la traduction de la Bible en Breton). Marie Le Coat devient protestante et J. Jenkins l'engage comme institutrice à domicile pour les enfants de Trémel. Son fils, Guillaume Lecoat (né en 1845), rejoint sa mère dans cet engagement.

J. Jenkins fait alors bâtir une chapelle à Uzel, commune de Trémel, en 1861 (qu'il appelle Hengoed, du nom de sa paroisse d'enfance au Pays-de-Galles).

La mission évangélique de Trémel est donc d'abord le fruit de l'action de J. Jenkins, qui l'a animée pastoralement comme il le pouvait dans les années 1860, avant de la confier à Guillaume Lecoat, petit-fils de G. Ricou, qui l'a développée d'une façon assez extraordinaire.


Guillaume Le Coat, 1845-1914

Guillaume Le Coat, né à Trémel en 1845, se convertit au protestantisme après avoir entendu un colporteur évangélique. C'est lui qui tiendra un rôle très important dans cette histoire de l'école évangélique de Trémel, du fait qu'il va acquérir une formation d'instituteur à l’École normale protestante de Courbevoie.  Revenu diplômé, il rentre à Trémel en 1866 et fait construire un centre missionnaire, autour de la chapelle protestante, avec en particulier un orphelinat et des écoles. 

 

Les débuts difficiles de l’école évangélique de Trémel
Les premiers cours scolaires gratuits sont donnés dans la chapelle de 1872 et ce jusqu’en 1894. L’école est fondée officiellement le 21 mai 1872. Au jour de l’ouverture, le 25 mai 1872, il n’y a qu’un seul élève mais à la fin du mois il y en a 17 (Le Trémélois 25 janvier 1892). Pour M. Le Coat, la partie n’est pas facile car il subit des pressions du maire qui est un défenseur de l’enseignement catholique et du curé. Les deux veulent faire fermer cette école.

Le dossier conservé aux archives départementales sur les créations d’écoles rend bien compte de la pugnacité de M. Le Coat dans son œuvre de scolarisation des enfants.
Par un courrier adressé à M. Brunet au Ministère de l’Instruction publique en 1877, M. Le Coat pour faire évoluer le statut de son école souhaite que son école soit mise au nombre des établissements libres dans lesquels les maîtres peuvent contracter et réaliser l’engagement décennal au point de vue de la dispense militaire. Après enquête du préfet et de l’Inspecteur primaire de Lannion, il est établi que  « l’école libre protestante dont il s’agit est fréquentée par des enfants tant catholiques que protestants appartenant à des familles des communes de Trémel et de Plounérin (Côtes-du-Nord) et de Plouégat-Moysan (Finistère)". De plus la délibération du Conseil Départemental du 21 septembre 1877 indique « qu’aucun motif réel d’utilité publique ne justifie la faveur sollicitée. » Le Conseil considère que « la commune de Trémel est pourvue d’une école publique de garçons et d’une école publique de filles et que l’école dirigée par M. Le Coat n’est fréquentée que par une quarantaine d’enfants, nombre qui n’exige pas absolument la création d’un poste d’instituteur adjoint ». En conséquence, la demande de M. Le Coat est rejetée (Courrier du Ministère, 17 novembre 1877, archives départementales 22).
Le 30 janvier 1878, M Le Coat écrit au nouveau Ministre de l’Instruction publique, des Cultes et des Beaux-Arts. Le ton est différent car après des élections le 14 octobre 1877, la gauche obtint une majorité et Joseph Brunet (Ministre du 17 mai au 22 novembre 1877) fut relevé de ses fonctions, « un ministre duquel, nous protestants républicains, nous n’avions rien à espérer… Aujourd’hui, le gouvernement a toutes nos sympathies… », écrit M. Le Coat. Dans ce contexte M. Le Coat réitère sa demande. Il ajoute que depuis sa création en 1872, 163 élèves ont fréquenté cette école libre et gratuite. Actuellement, elle accueille 44 garçons et 51 adultes. L’école est installée dans un hameau situé entre différentes communes et reçoit des élèves « qui sont dans l’impossibilité de fréquenter aucune autre école. » Et M. Le Coat de terminer dans une conclusion lyrique : « Persuadé que l’Instruction de nos compatriotes est la meilleure garantie pour notre République et le chemin le plus sûr pour nous conduire aux Vérités éternelles de notre Salut, j’ose compter sur une réponse favorables de votre Excellence et pouvoir encore fonder une autre école à quelque distance d’ici. »
Mais M. Le Coat va être déçu car le Ministère ne désavoue pas l’assemblée départementale. En effet, une délibération du Conseil Départemental du 21 janvier 1878 a encore estimé  que « la faveur sollicitée n’était nullement justifiée par un motif d’utilité publique. » (Courrier du Ministère au Préfet du 12 février 1878).
Nouvelle demande de M. Le Coat en 1882, pour les deux écoles de garçons, libres et gratuites, situées à Trémel et à Plouégat-Guérand (Finistère). Et en 1883, la situation évolue enfin. Par un courrier du 1er avril 1883, M. Médard Harrioo-Chou, instituteur arrivé par train de la région d’Orthez dans le Béarn, en Février 1883 (article J-Y Carluer http://protestantsbretons.fr/docs-cont/un-protestant-bearnais-en-basse-bretagne/), sollicite le maire de Trémel en vue de l’ouverture d’une école libre et gratuite de garçons et d’un cours d’adulte. Le 16 avril 1883, l’Inspecteur d’académie indique au Préfet que l’instituteur a fourni toutes les pièces justificatives et que « le local désigné pour la tenue de l’école projetée n’a donné lieu à aucune observation de la part de M. le Maire. C’est d’ailleurs le même que celui qui sert actuellement à la tenue de l’école dirigée par M. Le Coat Guillaume ; car il ne s’agit pas de l’ouverture d’une nouvelle école mais bien d’un changement dans la direction existante. J’estime donc qu’il n’y a aucun motif d’opposition. » Le Préfet entérine la décision le 1er mai et transmet au sous-préfet de Lannion. Alors que le dossier semble bien avancé, dans un courrier du 5 août 1884, l’Inspecteur d’Académie s’adresse au Préfet des Côtes-du-Nord en affirmant que pour lui rien n’a changé depuis la demande en 1877 et même pire, l’école n’a plus qu’une moyenne de 25 à 30 élèves. Faisant référence au fait que si les maîtres de cette école sont admis à réaliser l’engagement décennal, ils sont dispensés de service militaire, l’Inspecteur termine son courrier de la sorte : « La présente demande est particulièrement inopportune en présence de la loi sur l’obligation de service militaire ».
En octobre et novembre 1884, nouveaux échanges de courriers mais concernant le départ de l’instituteur M. Harrioo-Chou et la reprise de la direction par M. Le Coat dans un local d’une longueur de 11 mètres, d’une largeur de 7 mètres et de 6 mètres de hauteur, « percé à jour au moyen de deux fenêtres et une porte au sud, 2 fenêtres au nord et d’un œil de bœuf et d’une porte au levant ». (27 octobre 1884)

 

Faire venir de potentiels donateurs à la mission

M. Le Coat a bien conscience que l'oeuvre qu'il entend développer dépend des donateurs et ils n'aura de cesse de s'adresser à eux. Ces derniers viennent le plus souvent des îles anglo-normandes et d'Angleterre. 

 

Dons, 25 janvier 1890 Le Trémélois

Pour leur faire connaitre ce qui a déjà été réalisé, M. Le Coat fait des tournées d'information et publie des informations pratiques par l'intermédiaire de son journal Le Trémélois.

25 juillet 1892 Le Trémélois. Photo RF

Jusqu'au début des années 1900, M. Le Coat ne relâchera pas ses efforts pour donner tous les renseignements pratiques pour ses visiteurs d'Outre-Manche, se transformant quasiment en agence de voyage avec comme base Trémel : "Une place de repos et de bon air, très pittoresque et entourée de vieux monuments druidiques, d'antiquités romaines, de ruines de vieux châteaux et de vues pittoresques pour les photographes et les peintres". M. Le Coat détaille ensuite un programme de visites de 15 jours à partir de Trémel avec Morlaix, Roscoff et Saint-Pol-de-Léon, Tonquédec, Trégastel, Perros etc.  (Le Trémélois 1er juin 1908)

 

Les débuts de l'école évangélique de filles

L'école évangélique de filles de Trémel est inaugurée en 1888. Elle est implantée à Uzel, sur la route menant à Plouégat-Moysan. Dans l‘édition du journal Le Trémelois du 25 mars 1888, on peut lire : « Notre école évangélique, construite aux frais de notre chère sœur en christ, Mrs Ball, en souvenir affectueux de feue Agnès E. Ball, sa bien aimée fille, quant à l’intérieur est terminée. » Cet entrefilet explique donc l’origine du nom « Ecole Agnès » qui restera pour désigner l’école de filles de la mission de Trémel.
Et si l’école est construite, tout n’est pas réglé : dans le même numéro du Trémelois, Mme Gertrude Le Coat lance un appel vibrant pour trouver « la chrétienne zélée et dévouée que nous désirons placer à la tête de cette école ». Mme Le Coat ne dispense que des cours de couture pour trente-cinq élèves, femmes et filles. Mais ce n’est pas comparable à l’enseignement général pour les garçons, déjà développé à Trémel et Pont-Ménou.

Gertrude Le Coat, née Shaw, photo Le Trémélois 25 avril 1893
 

Gertrude Shaw est née à Ploubezre, de parents protestants, devenue catholique dans un couvent à l'insu de ses parents, convertie à l'Evangile en 1867, mariée à G. Le Coat le 1er octobre 1868.


Une école de filles 1888
Les échanges de courriers avec les autorités reprennent le 2 septembre 1888 avec la demande d’ouverture d’une école de filles adressée au maire de Trémel M. Rebillard. On y apprend que l’institutrice qui déclare ouvrir cette « école libre Évangélique de filles » est Adèle Amélie Bourquin, 22 ans, née le 6 mars 1866 à Chenebier, canton d’Héricourt dans la Haute-Saône. Adèle Bourquin est pourvue du Certificat d’Études, du Brevet élémentaire et a exercé depuis 1884 comme institutrice à Levallois-Perret à côté de Paris et ensuite en Angleterre. (Adèle Bourquin est née le 6 mars 1866, mariée avec Constant Henri Louys à Chenebier en Haute-Saône)
L’école ouvre en octobre (à vérifier le 1er ou le 6 ?). L’école est construite grâce à un don de Mme Ball (Le Trémelois, 25 mars 1888)

Plan publié le 25 mars 1888 dans Le Trémelois. Photo RF

Adèle Bourquin s’en va et le 29 juillet 1890, Léonie Hennequin, directrice de l’école évangélique de filles de Trémel, informe le Maire de son intention d’annexer un pensionnat primaire (ouvert en 1885) à l’école de filles. Ce pensionnat est construit au pignon sud de l’école. Il est divisé en un rez-de-chaussée éclairé par quatre fenêtres. Un escalier en bois conduit au premier étage éclairé par cinq fenêtres, divisé en deux chambres. On trouve aussi une partie mansardée. Entre la maison d’école et le pensionnat on a une antichambre avec baignoire. Le projet consiste à déplacer l’école dans le rez-de-chaussée du pensionnat et de convertir la salle de classe du moment en réfectoire. Les dortoirs seront installés au premier étage et dans la pièce mansardée.


Fête scolaire, 25 septembre 1890 Le Trémelois. Photo RF


Les récompenses du travail effectué
Le 15 août 1888 a lieu la distribution des prix. Pour la première fois les petites filles de l’école y assistent mais un drame est arrivé puisque le première institutrice nommée décède rapidement. (Le Trémélois, 25 août 1888)

 

Changements dans le personnel 1890-1891
Comme à chaque changement dans le personnel enseignant, une déclaration d’ouverture d’école est adressée aux autorités même s’il ne s’agit en fait que d’un changement de personne. Ainsi, le 19 octobre 1890, Charles Robert Flon, domicilié à Saint-Just-en-Chaussée dans l’Oise, déclare son intention de prendre la charge de l’école évangélique de garçons et du cours d’adulte, dans le local de la chapelle protestante. Les états de service de l’instituteur sont mentionnés dans le détail : octobre 1880-octobre 1881, Wallincourt (Nord) ; octobre 1881-octobre 1882, Montpont (Saône-et-Loire) ; octobre 1882-juillet 1883, Issy-les-Moulineaux (Seine) ; juillet 1883-octobre 1887, Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise) ; octobre 1887-octobre 1890, Saint-just-en-Chaussée.

Le 25 février 1891, une demande similaire est adressée aux autorités pour l’ouverture de l’école de filles et de son pensionnat, par Lina Marguerite Stoffel, née le 9 mars 1861 à Osne-le-Val dans la Haute-Marne, où elle réside alors. (photo archive 1861 naissance) Lina Stoffel a dix années d’expérience dans le métier :
1881-1883, Fresnoy-le-Grand (Aisne)
1883-1886, Concorès (Lot)
1886-1888, Saint-Dizier (Haute-Marne)
1888-1891, Odessa (Russie), dans une famille.
Le papier à en-tête utilisé par M. Le Coat pour ses démarches administratives montre le développement conséquent de l’œuvre de Trémel. (photo)

Par un courrier adressé au Préfet, le 28 décembre 1891, M. Le Coat fait part de son intention de reprendre la direction de l’école.



La construction d'un bâtiment pour l’école de Garçons
A Trémel les garçons étaient instruits dans la chapelle. Mais plus tard, un terrain pour l’école de garçons est acheté par le Docteur Underhill (Edward Bean Underhill, pasteur baptiste, ancien missionnaire aux Indes, en Amérique, en Afrique, fut « le plus grand ami et soutien de l’évangélisation de la Bretagne bretonnante » d’après G. Le Coat. Cité dans protestants en centre-Bretagne https://www.histoire-et-protestants-en-centre-bretagne.fr/2021/04/17/le-rayonnement-de-la-mission-evangelique-de-tremel/, (Journal Le Trémélois,  juin 1901). A sa mort,  E. Bullinger  présida le comité de la M.E.B . « et  les fonds pour la construction recueillis par le bazar de Guernesey » (Thèse page 87). La construction du bâtiment de l’école de garçons vient mettre un terme à l’enseignement dispensé dans la chapelle. Le chantier commence en 1892 et se termine en août 1894. Un nouveau bâtiment était vraiment devenu nécessaire car les effectifs augmentent. Le projet mené par M. Le Coat a été mené comme suit (courrier du 5 octobre 1894 au maire de la commune) : l’école de garçons et le cours d’adultes sont transformés en orphelinat, l’école est déplacée dans un nouveau bâtiment construit à cet effet à cent mètres de l’ancien. M. Le Coat totalise alors vingt-deux années passées dans l’enseignement.

Le personnel 1894-1898
La direction de l’orphelinat de filles est confiée (courrier 29 octobre 1894) à Mlle Amélie Elisabeth Cheyre, née à Privas en Ardèche, demeurant 17 Cours du Palais à Privas. Les derniers postes occupés par l’institutrice libre durant ces dix dernières années ont été Privas, Montpellier (Hérault), Neuchâtel (Suisse). PHOTO
En 1895, suite à une maladie contractée par Mlle Cheyre, arrive une nouvelle directrice. Il s’agit de Mlle Roy, née le 20 juin 1869 à Thiat en Haute-Vienne. Lors des dix dernières années Mlle Roy a occupé des postes à Thiat de 1885 à 1890, à Saint-Jean-du-Gard, avec son frère pasteur, de 1890 à 1895 ; et avant d’arriver à Trémel, à la famille Évangélique de la Force en Dordogne. (courrier du 15 août 1895)
Quasiment dans le même temps, une autre déclaration d’intention de prendre la direction de l’école orphelinat est envoyée le 25 septembre 1895 au Maire et transmise au Préfet. La nouvelle directrice est Alice Savoye, née le 23 février 1867 à Marsillargues dans l’Hérault. Ses deniers postes occupés ont été, de 1885 à 1889, collège d’Albi (Tarn) ; de 1889 à 1891, Nérac (Lot-et-Garonne) ; 1891 à 1892, Bruxelles ; 1892 à 1895, Albi.
Comme l’écrit la nouvelle directrice, son arrivée survient après le « poste laissé vacant par la maladie de Mlle Amélie Cheyre et l’incident arrivé à Mlle Roy ».
Une autre institutrice, au moins, exercera le poste de directrice après Alice Savoye et avant le mois d’août 1899, il s’agit de Mlle Hugon.

La déclaration d’intention adressée au Maire de Trémel pour prendre la direction de l’école orphelinat est envoyée de Versailles le 17 août 1899. La nouvelle directrice est Pauline Ringstrom. Lors des dix dernières années Mlle Ringstrom a suivi des cours au Lycée de Versailles de 1888 à 1890, a vécu en Angleterre de 1890 à 1892, a travaillé en qualité d’adjointe à l’Institution de Mlle Bellanger à Versailles, a enseigné le français en Suède de 1894 à 1898, avant de revenir comme adjointe dans l’Institution de Mlle Bellanger avant de venir à Trémel.

En prenant connaissance de ces différents parcours professionnels, ayant souvent une ouverture à l’international, on mesure la difficulté pour M. Le Coat de pouvoir retenir pendant de longues années des jeunes filles très instruites au cœur de la campagne bretonne.


Une école attaquée par le clergé catholique

Le 2 septembre 1900, le journal Le Pays attaque la Mission de Trémel comme étant à la solde des Anglais. Une caricature fait dire au pasteur sur l'image : "Celui qui chantera le mieux le God save the Queen, aura la belle Bible offerte par le général Anglais".

Caricature dans le journal Le Pays. 2 septembre 1900

 
Première page du journal Le Pays. 2 septembre 1900

En 1900 toujours, le journal La Croix titre sur "L'invasion Anglo-protestante" à propos de l'inauguration de l'école des filles de la "Mission évangélique bretonne".

La Croix 2 mai 1900

En 1900, le recteur de Trémel, l'abbé Camus, publie un opuscule "Notes & Documents relatifs à une tentative d'invasion du protestantisme Anglais en Bretagne."

Abbé Camus. Diocèse de Saint-Brieuc. Photo Richard Fortat

 

Le développement de l'école, début du XXe siècle

Toutes les attaques n'empêchent pas l'école de poursuivre son travail. En 1905, les récompenses sont nombreuses pour les élèves, garçons ou filles, des écoles de Trémel. Cela concerne le concours général des écoles protestantes où Alice Meng se distingue particulièrement mais il faut citer aussi Catherine Corvez, Sara Tréché, Hélène Sommerville et Maria Le Goff.

D'autre part, le Certificat d’Études Primaires est passé avec succès par Yves-Marie Bastard, Eugène Harrioo et François Le Goff et Marie-Françoise Le Caz.

1er août 1905 Le Trémelois. Photo RF Musée d'Histoire du Protestantisme Paris

 

D’après Jean-Yves Carluër, en 1907, une centaine d’enfants sont scolarisés à l’école évangélique.



En 1912, trois garçons et trois filles se préparent au Certificat d’Études Primaires comme nous l'apprend l'édition du Trémélois du 1er juin 1912. Mais cet entrefilet évoque aussi les graves soucis de santé de deux jeunes filles de Trémel (amputation, paralysie). On note aussi que les jeunes filles sont souvent placées en Angleterre ou dans les îles Anglo-Normandes après leur scolarité à l'école de Trémel.




L'école évangélique vue par l'école publique

De son côté l’école publique de Trémel possède une école de filles et plus tard une école mixte dirigée en 1939 par Mme Kerharo et avec une autre classe, celle de Mlle Pichon. Elle est située au 11 rue de l’école.
Cette école accueille les enfants du bourg et aussi les "transfuges" venant de l’école évangélique ou de l’école privée catholique. Conservé aux Archives départementales des Côtes d’Armor, le registre matricule de l’école publique de filles de la commune de Trémel nous permet de chiffrer le déplacement des enfants entre l’école publique, l’école privée et l’école évangélique. Les transferts d’une école à l’autre sont particulièrement nombreux ce qui entraine une grande instabilité dans les effectifs de l’école publique. Au total, entre 1907 et 1934, on va enregistrer 2 départs du public vers l’école libre (catholique), 23 arrivées de l’école libre (catholique),  2 départs vers l’école évangélique, 57 arrivées de l’école évangélique dont 37 entre 1930 et 1934, un moment où la Mission rencontre des difficultés.

1907 : 2 départs vers l’école évangélique, 1 arrivée de l’école évangélique
1908 : 1 arrivée de l’école évangélique
1909 : 4 arrivées de l’école évangélique
1912 : 8 arrivées de l’école privée
1916 : 2 arrivées de l’école évangélique
1920 : 2 arrivées de l’école privée, 1 arrivée de l’école évangélique
1922 : 8 arrivées de l’école libre, 1 arrivée de l’école évangélique
1923 : 3 arrivées de l’école libre, 2 arrivées de l’école évangélique
1925 : 3 arrivées de l’école évangélique
1926 : 5 arrivées de l’école évangélique
1927 : 2 arrivées de l’école libre,  2 arrivées de l’école évangélique
1928 : 1 arrivée de l’école évangélique
1929 : 1 arrivée de l’école évangélique
1930 : 23 arrivées de l’école évangélique
1931 : 5 arrivées de l’école évangélique
1932 : 3 arrivées de l’école évangélique
1933 : 3 arrivées de l’école évangélique
1934 : 3 arrivées de l’école évangélique

 

Liste des élèves filles de l'école de Trémel de 1888 à 1906

L'école des filles. 1er février 1906 Le Trémelois. Photo RF mars 2024
 



 

Liste des élèves filles ayant fréquenté à un moment l’école évangélique de Trémel

D’après le registre de l’école publique de filles de Trémel (archives départementales), en regardant les entrées et les sorties, on peut établir une liste des élèves ayant fréquenté à un moment l’école évangélique de Trémel :
Huby Yvonne, née le 27 septembre 1897
Thépot Lucienne, née le 22 septembre 1898
Herry Yvonne, née le 17 février 1899
Herry Eugénie, née le 19 juin 1902
Herry Marie, née le 5 juin 1908
Boulanger Marie, née le 4 juillet 1902
Person Léonie, née le 2 décembre 1904
Martin Jeanne-Marie, née le 28 juillet 1902
Martin Marguerite, née le 17 mai 1903
Martin Augustine, née le 3 juillet 1909
Le Roy Sophie, née le 14 mars 1909
Le Roy Léonie, née le 28 avril 1912
Piolot Francine, née le 13 juin 1913
Le Gall Yvonne, née le 3 octobre 1915
Le Guern Cécile, née le 5 juin 1913
Le Guern Anna, née le 13 avril 1916
Quélen Marcelle Marie, née le 2 janvier 1912, Kérity, orpheline chez Mlle Le Quéré Uzel en Trémel, partie bonne à Paris en 1926.
Courson Léa, née le 27 mars 1912 Saint-Brieuc, enfant abandonnée, chez Mlle Le Quéré Uzel en Trémel, travaille à Uzel.
Le Grall Madeleine, née le 15 novembre 1912 Plourac’h, chez Mlle Le Quéré Uzel en Trémel, décédée en 1927.
Sourimant Anna, née le 22 février 1916 Trémel, travaille à la tricoterie d’Uzel
Sourimant Louise, née le 3 novembre 1919 Trémel, travaille à la tricoterie
Quélen Lucienne, née le 19 janvier 1914 Kérity, père décédé, chez Mlle Le Quéré Uzel en Trémel
Silliau Marie, née le 25 juillet 1913 Huelgoat, chez Mlle Le Quéré Uzel en Trémel
Rolland Marie, née le 10 juin 1913 Plougras, mission évangélique
Rolland Rosalie, née le 26 juin 1916 Bolazec, mission évangélique
Silliau Marie-Françoise, née le 28 novembre 1916 Huelgoat, mission évangélique
Piolet Germaine, née le 17 juin 1917 Plounérin

 

Liste des 410 élèves garçons de l'école de Trémel de 1888 à 1906

L'école des garçons. 1er février 1906 Le Trémelois. Photo RF mars 2024





 

Le Noël 1908

Un vrai petit régal avec l'évocation de ce Noël 1908 dans l'édition du Trémelois du 1er février 1909.





Mariages et enterrements à Trémel

Dans l'édition du Trémelois du 1er janvier 1912, Guillaume Le Coat, fait état de deux mariages dont l'un se déroule à Trémel, entre Yves-Marie Le Lan et Marie-Claudine Le Long, en présence du missionnaire M. Terrell de Paimpol.


Et dans l'édition du Trémelois du 1er mars 1912, Guillaume Le Coat, dresse la liste de toutes les personnes enterrées à Trémel. Pour l'histoire de cette communauté ces renseignements sont précieux et peuvent permettre de retracer des parcours singuliers dans le monde protestant en Bretagne.




Après la seconde guerre mondiale

La photo ci-dessous présente le sonneur Louis Abgrall qui, au nom de Dañs Treger, a remis à Thérèse Bourhis, maire, un exemplaire du mémoire de maîtrise sur "Le protestantisme à Trémel", de Jean-Gabriel Fichau, en présence de Robert Somerville, pasteur retraité, à droite.

 

Trémel Le Télégramme 10 novembre 2010


Un article du journal Le Télégramme daté du 10 novembre 2010 évoque la vie de l'orphelinat et du Foyer des enfants à la Mission de Trémel :

"Localement, les Trémelois se souviennent de l'orphelinat de jeunes filles et du foyer qui accueillait des jeunes gens en difficulté, après la Seconde guerre mondiale. «J'ai gardé des contacts avec des enfants qui y ont été élevés», indique Robert Somerville. Qui a lui-même animé des camps de jeunesse à Trémel, avant de les déplacer à Plougasnou, plus accessible et plus proche de la mer. C'est en 1974 que la Mission bretonne de Trémel a fermé ses portes. «Cela devenait difficile pour deux raisons: la DDASS voulait tout contrôler, c'était devenu une institution religieuse suspecte. Et c'était l'époque du laisser-aller chez les moniteurs. Quand le foyer a fermé, l'église aussi a fermé», résume Robert Somerville".


Trémel 1er juillet 1948 Ouest-France
 
Uzel en Trémel, image Google Map.

Sources

Archives départementales des Côtes-d'Armor : 1T195, création d’écoles et d’emplois ; 1T289 ouverture d’écoles libres

Journal Le Trémélois, consultation de la collection disponible au Musée d'Histoire du Protestantisme à Paris en mars 2024.

Site Protestants bretons, Jean-Yves Carluer, portrait de Guillaume Le Coat, ici

Site Wikipédia, commune de Trémel, ici

Histoire des protestants en Centre-Bretagne, article sur la Mission de Trémel, ici 

Inventaire du patrimoine culturel en Bretagne, mission protestante de Trémel, ici 

Le Trégor, article du 30 novembre 2021, ici 

Fichau, Jean-Gabriel, “Trémel, centre du protestantisme en Bretagne au XIXe siècle,” XIXe siècle en mémoires, Archives départementales (Côtes-d'Armor) - 500J/91