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Erling Hansen (1909-2008) |
A Saint-Brieuc
Erling se marie à Maïe (Marie-Josephe Le Gouard, selon son état civil) le 4 juin 1938 à Saint-Brieuc.
Léna va naître le 17 décembre 1941.
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Mai 1940, départ pour le Front. Daniel Manac'h prend la photo. Einar, Solveig, Thorleif, Erling Hansen. Photo Solveig Hansen |
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Mai 1940, départ pour le Front. Daniel Manac'h prend la photo. Famille Hansen et Manac'h. Photo Solveig Hansen |
"Je voudrais d'abord vous dire comment naquit ma résistance. J'étais médecin-lieutenant dans le 109e Régiment d'artillerie lourde de Châteaudun. Les plus gros canons tractés par des chevaux (20 chevaux par canon), nous sommes tranquillement montés jusqu'à l'extrémité de la Ligne Maginot et du Luxembourg, et là on s'enterra à moitié. Les Allemands ayant pris l'initiative, il a fallu redescendre, et nous avons été capturés dans le bois de Nancy, au Bois de Haye, puis envoyés prisonniers. Je fus envoyé dans l'Oflag 6D, à Münster, en Westphalie.
Nous étions mille officiers, environ 150 médecins, 50 protestants. Nous n'avions pas de pasteur et deux ou trois laïcs faisaient le culte le dimanche, comme ils pouvaient, bien maladroitement.
Voilà, les trois raisons de ma résistance : en une demi-heure, ce SS m'avait converti à la Résistance.
Lien pour accéder à un article sur le parcours du Dr Hansen dans les camps
Mais Erling Hansen est membre actif d'un réseau de résistance où se trouve aussi le pasteur Crespin. Ils effectuent des émissions de radio clandestines.
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Fiche Erling Hansen. Base de données Arolsen. |
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Fiche Erling Hansen. Base de données Arolsen. |
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Fiche Erling Hansen. Base de données Arolsen. |
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Fiche Erling Hansen. Base de données Arolsen. |
Erling parvient à réchapper à l'enfer des camps en avril 45, mais en plus son action aura permis de sauver de nombreuses vies.
La lecture de ses mémoires fait apparaitre l'importance de sa famille et de sa foi protestante. Erling Hansen a pu se procurer du papier dans le camp et écrit au jour le jour. Pour bien comprendre le texte qui suit, Erling Hansen utilise le "nous" pour dire "je".
8 octobre 1944 : "Nous pensons aussi bien sûr à toute notre famille, à tous nos amis de St Brieuc, à tous ceux qui, ce matin, ont prié pour nous au Temple"
14 mars 1945 : "Commencé la rédaction de ma causerie sur le Protestantisme. Nous regardons les photos que nous avons de Maïe et des enfants. Nous le faisons souvent...mais nous n'avons pas voulu en parler encore. Nous les avons reçu dans un des colis!"
Jeudi 22 mars 1945 : "Pensé à l'anniversaire d'Einar"... "Le soir, fait une causerie aux malades sur conception-hérédité, comment se perpétue notre vie"
Lundi 26 mars 1945 : "Nous avons commencé à écrire une étude sur "Qu'est-ce que le christianisme?
Pourquoi la Réformation au 15ème siècle? Comment croire?"
Il exerce différentes responsabilités et conduit le culte le dimanche quand cela est nécessaire, rédigeant lui-même ses prédications.
Maïe, son épouse, décède en 1994 à St Brieuc.
Inlassablement, le docteur Hansen intervient lors de colloques, de conférences. A La Roche Jagu en 1994, il va porter une parole de Paix :
Leur médecin
briochin les avait tous maintenus en vie
Retrouvailles d'anciens de Buchenwald
Des anciens déportés des kommandos Schonebeck et Mülhausen du camp de
concentration de Buchenwald se sont retrouvés samedi à Plérin, autour du
médecin du kommando de Mülhausen, Erling Hansen.
Avec les veuves, ils étaient 91 à Plérin, dont la moitié d'anciens déportés.
Anciens des kommandos de Schonebeck (1 200 déportés) et Mülhausen (600
déportés). Voilà 25 ans qu'ils ont pris l'habitude de se retrouver pour
échanger leurs souvenirs, penser à leurs camarades morts, resserrer les liens
de solidarité qui leur ont permis de survivre. Venus de toute la France, c'est
la 2e fois (la 1re, c'était en 1980) qu'ils choisissent Plérin, la ville natale
du médecin briochin Erling Hansen.
Arrivé à Buchenwald en janvier 1944, Hansen a été nommé médecin du kommando Martha, celui de Mülhausen : 600 hommes qui travaillaient dans une usine Junker. Outre Erling Hansen, plusieurs habitants des Côtes-du-Nord étaient de ce kommando. Le Plérinais François Jegou, arrêté à Maël-Carhaix en août 1943, qui arriva à Buchenwald après un court crochet par Auschwitz, se souvient notamment d'Albert Hellien, plus tard maire de Lanrodec.
« Il y avait aussi un Briochin, Fromentin, mais je ne l'ai pas beaucoup connu. » Erling Hansen, lui, en, garde un souvenir net : « Il était boxeur et un peu masseur. Le directeur de l'usine où travaillait le kommando souffrait de crampes. Je lui ai conseillé Fromentin ». Après le premier massage, « il ne pouvait plus marcher. Il était furieux. J'ai dit à Fromentin d'y aller plus doucement. Et pendant un mois, ça lui a fait une soupe supplémentaire ».
Erling Hansen a pu maintenir en vie ses 600 kommandos jusqu'
à la libération du camp : « Un cas unique », dont il est fier. « J'ai eu une chance », celui d'être sous la surveillance du SS Friedrich Hartz, un instituteur de 46 ans, entraîné contre son gré dans la tourmente nazi, qui fit tout ce qui était en son pouvoir pour aider les déportés :
« A mon retour, tout le monde était contre les Allemands, et c'était bien normal, se souvient Erling Hansen. Mais je peux en témoigner, sans lui nous ne serions pas tous rentrés ».
Texte intégral de l'article du
29 mars 2008 présenté ci-dessus
Né au Légué, de parents norvégiens, ancien élève du lycée Le Braz, de 1921 à 1929, et docteur en médecine, il exerçait place Saint-Michel où il fut arrêté sur dénonciation, le 2 novembre 1943. Résistant dans l'armée secrète du commandant Armand Vallée et brutalisé par la Gestapo après son arrestation, il est déporté à Buchenwald.
Couvert par son nom d'origine germanique et bénéficiant de son statut professionnel, Erling Hansen s'est aussitôt mis à la disposition des détenus, dont il partagea le sort inhumain. « Ma grande satisfaction est d'avoir pu ramener au camp 600 hommes du commando Martha, au complet, à la fin d'une marche épuisante de 100 km effectuée en quatre jours... J'ai eu une chance, nous disait-il en 1994, c'est d'être sous la surveillance du SS Friedrich Harz, un instituteur de 46 ans, entraîné contre son gré dans la tourmente nazie, qui fit tout ce qui était en son pouvoir pour aider les déportés. À mon retour, tout le monde était contre les Allemands, et c'était bien normal. Mais je peux témoigner, sans lui nous ne serions pas tous rentrés. » Tous les détails de cette période douloureuse ont été consignés dans un journal et des carnets. Erling Hansen ne quittera le camp de Buchenwald qu'avec les derniers détenus. C'était le 26 avril 1945.
Lors du centième anniversaire de la naissance de Louis Guilloux, il retrouve à Saint-Brieuc l'écrivain, ancien ministre espagnol, Jorge Semprun. L'auteur de L'écriture ou la vie fut l'un de ses camarades de déportation à Buchenwald.
Pilier de l'Eglise réformée, il a effectué un travail de titan pour retrouver la mémoire de la paroisse née en 1906. Son travail a débouché sur un album. André de Kerpezdron y a collaboré.
La cérémonie religieuse sera célébrée au temple de l'église réformée de Saint-Brieuc, 3, rue Victor-Hugo, lundi, à 15 h.
Texte complet de l'article du 27 mai 2015 illustré par la photo ci-dessus.
L'histoire
Né au Légué, de parents norvégiens, ancien élève du lycée Le-Braz de 1921 à 1929 et docteur en médecine, le Dr Erling Hansen exerce place Saint-Michel. C'est là, à 7 h, le 2 novembre 1943, qu'il est arrêté par les Allemands.
Son tort ? Le Dr Erling Hansen l'expliquait ainsi : « J'apprenais aux jeunes gens affectés d'office au Service du travail obligatoire (STO), comment se plaindre de fausses affections dont j'attestais la réalité sur le certificat médical que je rédigeais en leur faveur, car ils devaient après ma visite, subir le contrôle d'un médecin allemand. Et d'ajouter, non sans humour : C'étaient vraiment de beaux certificats de complaisance ! »
Torturé par la Gestapo, il est par la suite déporté à Buchenwald puis à Mühlausen. « Son statut de médecin et un surveillant, un Allemand, instituteur francophile, lui ont permis d'éviter le pire », a rappelé hier son fils après avoir dévoilé, en compagnie de Bruno Joncour, une plaque au 28, place Saint-Michel. « Toutes ces raisons lui ont permis d'en réchapper mais aussi de sauver la vie de nombreux détenus qui lui furent confiés. » Comme ce jour où il ramena au camp les 600 hommes du commando Martha, au complet, à l'issue d'une marche épuisante de 100 km effectuée en quatre jours.
« Il incarnait parfaitement les valeurs de l'humanisme, a pour sa part salué Bruno Joncour : Intellectuellement, spirituellement, physiquement, pratiquement. » Dr Erling Hansen était de ces Médecins de l'impossible dont Christian Bernadac a tiré un livre. Des hommes et des femmes qui virent, plus que quiconque, l'horreur se figer au plus profond de la chair. Hansen quittera Buchenwald le 26 avril 1945 avec les tout derniers détenus. Il s'est éteint à Saint-Brieuc en 2008.
Transcription de l'article du 15 novembre 1968
Grâce à un médecin briochin, les 600 déportés d’un camp de concentration revinrent tous vivants
Dans les « Médecins de l'Impossible », consacré aux témoignages de 80 médecins déportés, notre confrère Christian Bernadac cite un cas unique dans les annales de la déportation : aucun décès ne fut constaté à Mühlausen, dépendant du sinistre camp de Buchenwald.
Six cents déportés affectés au commando de « Martha » ont résisté, onze mois durant, à la maladie. Malgré la sous-alimentation, malgré un travail pénible dans une usine d'armement, malgré aussi des sévices, tous étaient vivants, sinon en bonne santé, en avril 1945, à l'arrivée des troupes américaines.
Beaucoup devaient d'être encore en vie au médecin du camp.
Ce médecin était un déporté briochin, le Dr Hansen, actuel président de l’A.D .I.F. dans les Côtes-du-Nord. Le Dr Hansen nous a garanti l’authenticité de ce récit à peine croyable.
« Pendant de longs mois, j’ai tenu à jour à Buchenwald, puis à Muhlausen, mon cahier de déportation, des carnets que je noircissais au crayon. L’écriture s’est altérée. Mais Christian Bernadac a pu lire les 80 pages, que je lui ai adressées, avant de rédiger le chapitre concernant Muhlausen ».
Le directeur de l’usine voulait des hommes valides.
Avec 16 autres résistants, dont le pasteur Crespin et le commandant Vallée, le docteur avait été arrêté à son domicile le 2 novembre 1943. Le dénonciateur, un homme auquel il avait rendu service à de nombreuses reprises, a été condamné aux travaux forcés à vie.
Après quelques jours d’internement à Rennes, puis à Compiègne, le Dr Hansen arrivait à Buchenwald le 20 Janvier 1944
Le camp de Martha ne se trouvait qu’à quelques kilomètres. Six
cent déportés de toutes nationalités y travaillaient à !a construction d’éléments d’ailes de Junker, les avions de la Wehrmach.
Il fallait un médecin pour soigner ces 600 travailleurs. Les S.S
désignèrent le Dr Hansen. Ils lui remirent quelques médicaments traditionnels, ridiculement insuffisants.
Les installations sanitaires étaient d'autre part inexistantes, malgré la promesse d'installer une infirmerie dans une maison close réservée jusque-là aux plaisirs des S.S.
Le Dr Hansen protesta auprès du directeur de l'usine : « Les hommes ne pourront travailler guère longtemps s'ils ne sont pas soignés. Donnez moi des médicaments et je vous garantis que tout ira bien ».
Le directeur de l'usine mit en cause le commandant des S .S. et fit tant de bruit que, pour sauver les malades, le Dr Hansen bénéficia de 20 marks par mois... Il obtint même l'autorisation de s'approvisionner à la pharmacie de Muhlausen.
« Le commandant S.S dont j’étais devenu le pire ennemi, me flanqua d’un sous-officier réserviste, du nom de Hartz. Instituteur dans le civil, cet homme âgé d'une quarantaine d'années détestait les nazis. I| avait été condamné à 3 mois de prison pour son hostilité à Hitler, ce que devaient ignorer ses supérieurs. Il parlait au surplus le français de façon convenable. De sorte que, préposé au rôle de garde-chiourme, il devint rapidement mon complice ».
Un traitement « de faveur »
Manœuvrant adroitement, le Dr Hansen en imposa aux S.S. et fit en sorte qu'ils eurent eux-mêmes recours à ses soins. Ceci évita aux déportés bien
des coups et leur fit bénéficier en même temps d’un traitement peu courant dans un camp de concentration.
Le rapport que le responsable de l’usine avait dressé contre le commandant de Muhlausen provoqua un contrôle des lieux.
« Martha
» obtint son infirmerie et son médecin français, le droit de se rendre en «
tram » à la pharmacie. On le chargea en outre de la surveillance sanitaire d'un
camp de femmes hongroises et polonaises déportées, elles aussi, à Muhlausen.
Ces déplacements lui permirent d'entrer en contact avec plusieurs membres du Deuxième Bureau qui s'étaient glissés dans un groupe
du S .T.O. Ceux d'entre-eux qui ne connaissaient pas le toubib français l'identifiaient par le couvre-chef (un béret basque) du Dr Hansen.
Davantage que des soucis humanitaires, la peur d'un rendement insuffisant, et donc de déplaire, animait probablement le directeur de l’usine.
Mais qu'importe ! Le médecin briochin avait obtenu gain de cause sur toute la ligne. Les sulfamides, qui venaient de faire leur apparition, lui permirent de guérir bien des affections pulmonaires.
Des ulcéreux de l’estomac reprirent espoir. II put amputer des accidentés. Des malades purent recevoir des fruits vitaminés. Bien mieux, quelques autres furent admis à l'hôpital civil de Muhlausen.
Et chose ignorée, des S.S du camp, plusieurs civils sollicitèrent les soins du médecin français !
Le 4 avril, à l'approche des Américains, le commando réintégrait le camp de Buchenwald où les alliés faisaient leur entrée une semaine plus tard.
La plupart des déportés furent rapatriés entre le 12 et le 15 avril
Le Dr Hansen demeura au chevet des malades Jusqu'à la fin du mois.
Les carnets de captivité avaient échappé aux fouilles des S.S grâce à la vigilance de l'homme qu'ils avaient affecte à la surveillance du médecin.
Le sous-officier Hartz entretint, la guerre terminée, une correspondance suivie avec le Dr Hansen.
Mme Hartz a annoncé, il y a quelques années, le décès de son mari.
La vigilance des nazis avait été déjouée dans le camp même dont ils avaient la responsabilité. L'homme en qui ils plaçaient leur confiance les avait trahis.
Les 600 déportés de Muhlausen revinrent vivant. Ce qui comptait bien plus.
Y. Le Gac
"Erling Hansen, c'est le docteur qui m’a fait venir au monde. Comme pour ma mère bien bretonne, peu habituée aux noms étrangers, ce docteur avait "un nom à coucher dehors", elle disait simplement "Le grand docteur". Une fois, on l'a croisé dans le Passage de la Poste, elle l'a salué et elle m'a dit : "Tu vois, c'est "Le grand docteur", c'est celui qui t'a mis au monde"... Sauf que, comme toute bretonne, elle avait du retard pour m'expliquer les secrets de la vie et du coup, je n'ai pas bien compris alors ce qu'avait vraiment fait ce grand docteur ! "
Gilles Rivière, novembre 2023
Lien pour accéder à une présentation de cette thèse, cliquer ici
Son épouse Maïe, de son vrai prénom Marie-Josephe Le Gouar est née à Trébrivan le 1er mars1909, elle est décédée le 12 juillet 1994. Une cérémonie présidée par le pasteur Guy Froment a eu lieu au temple de St Brieuc le 15 juillet 1994.
Erling et Maïe ont eu 3 enfants :
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