samedi 2 décembre 2023

André Féat (1916-1945), pasteur de l’Église Baptiste de Morlaix, Résistant et déporté.

 

André Féat est un pasteur de l’Église baptiste de Morlaix qui était résistant. Il a été déporté au camp de Flossenbürg et il est mort à Dachau en 1945.
 
 
L’Église baptiste à Morlaix
A Morlaix, une communauté baptiste protestante existe depuis l'arrivée du premier pasteur, un missionnaire gallois, John Jenkins, en 1834.
Un premier temple est construit en 1846, au 32, rue de Paris. 
La langue galloise, proche du breton, qui permet de traduire la Bible, explique l'arrivée de missionnaires dans les campagnes bretonnes où la religion catholique domine. John Jenkins est le premier pasteur de Morlaix, de 1834 à 1872.
Le temple de Morlaix était le plus ancien lieu de culte de la Fédération des églises évangéliques baptistes de France. Ce premier temple a aujourd'hui disparu. Il a été remplacé, au même endroit, par l'actuel au 32 rue de Paris, inauguré en 1923 et construit entre 1922 et 1924.  
Même s'il n'y a jamais eu de grande communauté, celle-ci se composant seulement de quelques dizaines de membres, une présence baptiste s'est toujours maintenue.
Dans la vie locale, les baptistes sont présents au niveau social, notamment au début du XXe siècle où l'église s'occupe d'écoles et d'hospices. Elle est présente au Diben (à Plougasnou) mais aussi à Lannéanou, à Huelgoat ou encore à Trémel, dans les Côtes-d'Armor. 

Temple baptiste de Morlaix, 32 rue de Paris 2016. Image Google street

André Féat, pasteur assistant à Morlaix dans les années 40, fait partie d'une longue lignée de pasteurs. Beaucoup se sont succédé sans rester très longtemps à Morlaix, peut-être à l'exception d'Alfred Somerville (1925-1955), d'Henri Razzano (1975-1984), de José Loncke (1984-1996) et d'André Letzel (2002-2008). Il faut aussi noter l'apport de Robert Somerville, ancien pasteur et figure nationale du protestantisme national, qui a toujours été proche de l'église de Morlaix et attentif à son développement.
Enfin, l’Écossaise Alison Wyld est devenue officiellement la première pasteure de l'Eglise baptiste de Morlaix le 14 février 2021.
 
Le pasteur Gerson Tomaz et son épouse, Sonia (au centre), Le Télégramme. Morlaix 10 septembre 2016.



Une famille engagée politiquement
André Féat naît à Morlaix le 20 octobre 1916, dans un contexte compliqué car la maman, Marie Simon, est célibataire et n'a que seize ans. L'enfant, André Marie Simon, est reconnu par sa mère le 13 novembre 1916 et plus tard, par le père avec le mariage des époux Pierre Féat et Marie Simon le 20 janvier 1919 à Morlaix. Pierre est alors mobilisé au 19e Régiment d'Infanterie.
 
En 1936, la famille Féat, dont tous les membres sont originaires de Morlaix, habite Rampe Saint-Nicolas. On a Pierre, le père, né en 1898, menuisier dans la Compagnie d'ameublement de Morlaix ; Jeanne, mère au foyer, née en 1900 ; André, fils, né en 1916, typographe ; Pierre, fils, né en 1924 ; Marguerite, née en 1927 ; François, né en 1932.  
 

Famille Féat Morlaix recensement 1936, vue 10 sur 199. Archives du Finistère. Attention aux erreurs Marguerite n'est pas de 1927 mais de 1922.


Le 14 novembre 1938 à Morlaix, André Féat se marie avec Germaine Eve, employée de commerce (Annonce dans La Dépêche de Brest du 15 novembre 1938). Le couple habite alors 22 Place des Halles à Morlaix.
 
La famille n'a pas de racines protestantes mais les parents sont engagés politiquement.
Le père, ouvrier adhérent au Parti Communiste, est fait prisonnier en 1940 pour suspicion d’appartenance au Parti. Il est arrêté et emprisonné cinq mois à la prison de Rennes.  
Dans un entretien au Télégramme du 9 mars 2019, Marguerite, la fille Féat, évoque des souvenirs de cette époque et se souvient des voyages effectués par sa mère une fois par semaine pour effectuer des visites à la prison de Rennes. Pendant ce temps, Marguerite s’occupe de ses frères cadets, dont le petit dernier, Yvan, né le 16 mai 1938. « Un prénom à la russe, refusé par l’Église », explique-t-elle. Hippolyte et André sont inscrits sur son acte de baptême. André, comme son frère aîné, est alors élève pasteur.
 
 
Un pasteur dans la Résistance
Dans les années trente, André Féat adhère à la S.F.I.O, dans le groupe des jeunesses socialistes de Morlaix. En 1939, il devient le trésorier fédéral des Jeunesses Socialistes du Finistère. Lors des campagnes électorales, il épaule Tanguy-Prigent, un socialiste qui deviendra ministre de l’Agriculture du Général de Gaulle après guerre.
Parallèlement, André exerce comme pasteur assistant à Morlaix, il habite toujours au numéro 22 de la Place des Halles. Son engagement politique le conduit également à adhérer au Parti Socialiste clandestin.
Il participe à la Résistance au sein du mouvement Libération-Nord et du Réseau Henri Vincent de protection des juifs (d'après sa soeur il a recueilli des juifs pour les soustraire à la barbarie). Il est spécialement chargé de la diffusion de journaux clandestins dans la région de Morlaix.
 
En tant que pasteur, au Temple de Morlaix (situé en face la Kommandantur), il va marier  sa sœur Marguerite et Jean Hameury son beau-frère, recherché par les Allemands comme réfractaire au Service du Travail Obligatoire. 
Sa soeur raconte : « Mon frère Dédé nous a mariés au Temple, situé face à la Kommandantur, en pleine Occupation alors que Jean, mon fiancé, était recherché car réfractaire au S.T.O ». L’inconscience de la jeunesse ou l’envie de défier l’ennemi ? « Un peu des deux probablement », analyse la vieille dame, dont le regard se perd dans les tréfonds de sa mémoire.

 
Otage 
Le 26 décembre 1943, André Féat fait partie d'une liste de 60 otages arrêtés  à Morlaix après un attentat contre les Allemands dans la commune (son beau-frère, Georges Le Roy, mari de sa sœur Josée est également arrêté)
 
 
La déportation
André Féat passe par la prison de Rennes et par  le camp de Compiègne avant d'arriver à Buchenwald le 24 janvier 1944 (numéro de matricule  42 907).
Il est transféré au camp de concentration Flossenbürg, en Bavière, le 24 février 1944 ( numéro de matricule 6941). 
Le travail dans le camp de Flossenbürg tourne autour de deux grands axes : l’industrie d’armement, en particulier dans l’aéronautique avec des usines Messerschmitt (c'est dans ce kommando que décèdera son beau-frère), et les travaux usants dans les carrières de granit, le forage de tunnels et d’usines souterraines.
 
Le 26 janvier 1945, André Féat fait partie d'un convoi de 750 détenus transférés à Kamenz (kommando de Gross-Rosen) où ils arrivent le 28 janvier. Enfin, il est transféré à Dachau le 16 mars, dans un convoi de 200 détenus dans le cadre d’une évacuation du camp de Gross-Rosen.
Il meurt le 3 avril 1945 à Dachau en Allemagne, dans ce qu'on a appelé "la baraque des prêtres" où 2720 prêtres et pasteurs ont été déportés entre 1938 et 1945 : 1034 d'entre eux y laisseront la vie parmi lesquels André Féat.
 

 
La famille apprend la triste nouvelle des semaines plus tard par un courrier transmis à son épouse. Un simple avis de décès des Jeunesses socialistes l’annonce publiquement. 
Le pasteur Alfred Somerville (1899-1975) sera très affecté de la mort d'André Féat qui était en formation au moment de son arrestation. Il aurait pu seconder le pasteur Somerville dans de nombreuses taches. Joseph Plassard (1919-1944), un autre membre de la communauté protestante, a lui aussi été otage à Morlaix, déporté et n'est pas revenu des camps.
 
Le nom d'André Féat figure sur un monument commémoratif à Morlaix.
 

 
Le saviez-vous ?
Le pasteur Henri Whelpton, de l'Eglise méthodiste de Lannion est venu plusieurs fois au Temple baptiste de Morlaix pour y donner des conférences. La presse des années 20 et 30 en conserve deux traces. La première se situe le 19 novembre 1925 (annonce dans Ouest-Eclair).
Conférence du pasteur Whelpton. 19 novembre 1925

La deuxième conférence va se dérouler le 2 mars 1933, Henri Whelpton évoque une page de l'histoire d'Angleterre : "L'homme qui sauva son pays, le destin de John Wesley."
 

 

 
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Sources 
Etat civil de Morlaix, archives départementales du Finistère :
20 octobre 1916, registre des naissances, André Simon, reconnu et devenu André Féat ; 1919, mariage Pierre Féat et Jeanne Simon ; 14 mars 1922, naissance Marguerite Féat ; 1936, recensement Morlaix.
 
La Dépêche de Brest, 14 novembre 1938, annonce de mariage André Féat et Germaine Eve.
 
Documents des camps de Flossenbürg et Dachau (Base Arolsen, cliquer ici)
 
Article du Télégramme, dans l'édition du 26 avril 2019, consacré aux souvenirs de Marguerite Hameury, soeur du pasteur André Féat, cliquer ici
 
Article du Télégramme du 10 septembre 2016 sur l'histoire du Temple baptiste de Morlaix, cliquer ici
 
Fiche de l'association Flossenbürg, cliquer ici 
 
Article très complet sur les déportés de Morlaix dans les camps nazis Le chiffon rouge, P.C.F Morlaix, cliquer ici
 
150 ans de protestantisme dans la région de Morlaix, document de l'Eglise baptiste de Morlaix, cliquer ici 
 
Blog de l'histoire de l'Eglise protestante unie des côtes d'Armor, article sur Henri Whelpton, cliquer ici
 
 
 
Famille Féat  
(quelques recherches sont encore en cours)
 
Le père, Pierre Marie Féat, né le 7 juin 1898, rue de la gare à Morlaix, menuisier, médaille d'argent du travail (publication le 16 juillet 1957 dans Ouest-France), décédé le 11 novembre 1960 à Morlaix, retraité des tabacs, 10 rampe Saint-Nicolas (fiche Généanet ici).
La mère, Marie Féat, née Simon, née le 18 avril 1900 à Morlaix. Mariage le 20 janvier 1919 à Morlaix, décédée le 8 mars 1969 à Morlaix. 
Le couple Pierre et Marie Féat aura 5 enfants :
André, 20 octobre 1916, marié avec Germaine Eve, ouvrier typographe puis pasteur, décédé le 3 avril 1945. 
Marguerite, née le 14 mars 1922, mariée avec Jean Hameury le 18 septembre 1943 à Morlaix. Le couple aura un fils, Serge. Marguerite est décédée en juillet 2022. 
Pierre, né en 1924. 
François, né en 1932.
Hippolyte, André (appelé Yvan) né en 1938. 
 
Marguerite Féat fait aussi état dans un article du Télégramme de Josée qui serait sa soeur aînée, mariée avec Georges Le Roy (déporté). Georges Le Roy décède à 24 ans le 21 juillet 1944 dans le Kommando du camp de Flossenbürg.
 
Autre point à éclaircir : André Féat aurait été nommé pasteur à Ploufragan en 1944 (alors qu'il est arrêté en 1943!), une information à vérifier...
 
Marguerite Hameury, née Féat photographiée dans l'édition du 9 mars 2019 au sujet du droit de vote des femmes en 1945. A droite sa photo quand elle avait 20 ans.

 
 
 
Documents des camps. 
1944-1945
 

Fiche du pasteur André Féat à Flossenbürg. Source Arolsen     













 

 

 

 

 


 
 
 
 
Buchenwald. Fiche du pasteur André Féat à Buchenwald. Source Arolsen

 
Fiche du pasteur André Féat. Source Arolsen

Camp de Flossenburg. Fiche du pasteur André Féat à Flossenbürg. Source Arolsen

Fiche du pasteur André Féat. Source Arolsen

Camp de Dachau. Fiche du pasteur André Féat à Dachau. Source Arolsen

 
Fiche du pasteur André Féat à Flossenbürg, recto.

Fiche du pasteur André Féat à Flossenbürg, verso avec écriture manuscrite

 
André Féat, fiche à Flossenbürg, kommando Gross-Rosen 26 janvier 1945. Profession : Typographe

 
  
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jeudi 16 novembre 2023

Marcel Arnal (1901-1989), pasteur à Lannion de 1936 à 1939



Marcel Arnal le 23 juin 1957 au Grau du Roi dans le Gard lors d'une promenade de la paroisse (c'est le seul homme!).
Photo Jocelyne Carrière (présente au tout premier plan, de profil, assise avec une robe blanche)



Les origines de Marcel Arnal

Le pasteur Marcel Arnal (1901-1989) est né le 13 avril 1901 à Vergèze (30). Son père, Théophile est tonnelier, Elodie Cabanès, sa mère est sans profession. 
Dans les années 20, il fait des études de théologie à Paris et s'inscrit dans le courant du méthodisme.
 
Il se marie le 25 avril 1925 avec Julie Céleste Brun (née le 25 septembre 1897), institutrice à Vergèze. La fête a lieu dans la maison des parents de la mariée au Mas de St Pastour à Vergèze. C'est dans cette commune que réside Marcel Arnal qui termine ses études pour être pasteur.
 
Son épouse va arrêter de travailler après leur mariage car alors une femme de pasteur devait se consacrer uniquement au service de la paroisse de son mari. Julie recevait les paroissiens et veillait à la bonne marche de toutes les activités de la paroisse.
Le couple va avoir deux enfants, Renée (l'aînée, née à Nîmes le 27 ou 28 février 1928) et André-Pierre (né à Nîmes le 16 décembre 1939). Renée deviendra médecin et André-Pierre artiste peintre. 


Marcel Arnal en 1957



 
Premiers postes
 

Marcel Arnal va commencer à exercer à Béziers vers 1925. C'est là que va naître leur fille Renée en 1928. Puis il va à Lassale (30) dans les Cévennes dans le début des années 30 et y reste jusqu'en 1936. Il publie 5 livres entre 1933 et 1936 à Lassale.
Mais d'autres responsabilités l'attendant et il est nommé en Bretagne à la fin de l'année 1936.


A la conquête de la vie. Marcel Arnal 1933 Lassale. Photo Mélanie Arnal


 
Bretagne

En Bretagne, le pasteur Arnal succède au pasteur Raspail à Lannion à la fin de l'année 1936 et y restera jusqu'en septembre 1939. Il habite rue Kermaria.
Nous savons peu de choses sur cette période où Marcel Arnal était à Lannion mais des archives familiales, conservées dans la maison de sa fille, pourraient délivrer de futures découvertes.

On peut mentionner que le pasteur Arnal a écrit deux ouvrages pendant cette période et qu'ils ont été édités à Lannion :
Les Plus Belles histoires ou la Bible à la portée des enfants. III Les Juges. Édition : Lannion, 1936. 
Les Plus Belles histoires. Édition : Lannion : Edit. Lanra , 1937
  








Retour dans le sud 

Après la Bretagne, Marcel Arnal retourne dans son sud natal et exerce dans la paroisse de Codognan (30) de 1939 à 1945. En plus de son travail dans la paroisse, il se déplace pour faire de nombreuses conférences et circule jusque dans le Doubs. Il écrit aussi deux ouvrages en 1941 alors qu'il est dans cette paroisse.
Pendant une année seulement, la famille se retrouve à Vergèze (30) en 1945-1946.

Enfin Marcel Arnal s'installe à Lunel (34) en 1947. Longtemps resté fidèle aux méthodistes, c'est à cette époque qu'il aurait intégré l'Eglise Réformée de France, d'après les souvenirs de son fils. Le pasteur Arnal reste à Lunel jusqu'en 1966, date à laquelle il prend sa retraite.
Le pasteur est toujours secondé pendant toutes ces années par son épouse. Son fils, André-Pierre, qui a appris à jouer du piano, accompagne les chants à l'harmonium pendant quelques années. Eric Carrière, dont on connaît le très beau parcours par la suite dans ce domaine, tenait également l'harmonium dans la paroisse de Lunel à l'époque où exerçait le pasteur Arnal.



Intérieur du temple de Lunel.

 
Jocelyne Carrière qui a participé aux activités de la paroisse de Lunel depuis qu'elle est enfant, se souvient très bien du pasteur Arnal : 
 
"Il était connu à Lunel, c'était une personnalité. Beaucoup de gens le connaissaient parce qu'il avait des abeilles. Il disait "mes abeilles je les reconnais, elles ont toutes une croix huguenote".
Il allait faire des piqûres aux personnes qui souffraient de rhumatismes. Il se soignait lui-même avec cette technique.

C'était un pasteur comme autrefois. Il aimait faire des visites à domicile. Avec les enfants il avait pris l'habitude d'offrir à certains un de ses livres au moment de la Communion. Il pouvait donner "A la conquête de la vie", "Il nous faut des certitudes", "Comment marcher avec Dieu".
 
Avec l'école du dimanche, pendant trois ou quatre ans, le pasteur nous faisait participer à un concours et à la fin de l'année il y avait une distribution des prix. La photo de la sortie au Grau du Roi en 1957 a été prise à cette occasion car on allait chercher nos prix dans une réunion du Consistoire.
 
C'est aussi en 1957 que le pasteur Arnal est très actif pour le centenaire de la construction du temple de Lunel."

La presse de l'époque (Le Midi Libre, 10 décembre 1957) rappelle qu'après le culte dirigé par le pasteur Barde de Nîmes, le pasteur Marcel Arnal a fait "un récapitulatif de quatre siècles pendant lesquels le protestantisme à Lunel a joué un rôle important". 





Écrivain

Marcel Arnal a connu une certaine célébrité dans le milieu protestant car il est l'auteur de nombreux ouvrages. Ceux qui ont eu pour but de mettre la Bible à la portée des enfants étaient recommandés à l'époque. Il a bénéficié de la complicité du talentueux dessinateur Joél Thézard pour les illustrations. 
On peut aussi noter que le pasteur Th. Roux a préfacé son ouvrage, A la conquête de la vie. Lasalle (Gard) 1933. 
Son fils André-Pierre se souvient que son père, le pasteur Arnal, faisait des colis pour envoyer ses ouvrages  en Afrique car ils étaient bien appréciés des missionnaires protestants. 
 
En 1958, il écrit son dernier livre au nom évocateur "Il nous faut des certitudes". Le pasteur y développe l'importance du message biblique : 
 
"Les voies de Dieu paraissent mystérieuses, jusqu’au jour où, avec un recul, on comprend pourquoi Dieu nous a fait passer par tel chemin plutôt que par tel autre. Or la Bible est le livre des certitudes. Des certitudes dans les deux sens : celui de la perdition pour les hommes qui nient Dieu ; celui du salut pour ceux dont Dieu est une réalité journalière".

 
Dans l'ensemble, ce sont des livres qui se sont bien vendus jusque dans les années 70. 

Enfin, remarquons l'espièglerie du pasteur qui, pour ses livres à compte d'auteur, a appelé sa maison d'édition Lanra (Arnal à l'envers !)
 
 


La retraite

Au moment de sa retraite Marcel Arnal s'est beaucoup intéressé aux abeilles, il avait des ruches et il passait beaucoup de temps dans son potager que certains décrivent comme un véritable "jardin extraordinaire" !

Marcel Arnal, est décédé le 5 janvier 1989 à Colognac dans le Gard et son épouse le 10 février 1995.
Renée, sa fille, mariée avec M. Jean Desvignes a commencé comme médecin mais rapidement elle a pris la direction d'une clinique psychiatrique à Nîmes. Elle est décédée en 2017 à l'âge de 88 ans.



 
La foi n'a pas d'âge

Pour terminer cette biographie du pasteur Marcel Arnal, on peut évoquer cette histoire extraordinaire d'un jeune homme perdu dans la drogue, il s'appelle Lionel Guibal. Après un véritable voyage en enfer en Amérique du sud où il a frôlé la mort, il ressent un appel intérieur et rencontre un chrétien convaincu qui va l'aider. Il s'achète une bible et finit par revenir dans la région de Nîmes, dont il était originaire. Il ne sait pas encore ce qu'il va faire de sa vie :

"Voilà qu’un jour, un monsieur âgé, avec un chapeau, est venu frapper à ma porte. Il voulait me parler. Il avait entendu parler de moi, il avait appris que j’étais revenu d’Amérique du Sud, que je m’étais converti. C’était le pasteur Marcel Arnal de Vergèze. Il nous a réunis et a commencé à nous parler de la Bible, du Seigneur Jésus. Ce qui nous a surpris c’est que lorsque ce croyant âgé, ce véritable chrétien, nous parlait, on sentait chez lui une jeunesse, une spontanéité, une vérité étonnante. Nous avions à l’époque 25 ans, mais avec notre drogue, à côté de lui, nous semblions être des vieillards, complètement décrépis.

Nous avons aussi appris que ce pasteur priait depuis plus de 20 ans pour le village de Vergèze, pour qu’il y ait un réveil, pour que le Seigneur touche des âmes. La sœur de sa femme, Madame Brieu, qui avait été si gentille avec moi quand j’étais enfant, est venue un jour à la maison, et elle nous a dit : « Lionel cela fait presque 20 ans que je prie pour toi afin que le Seigneur touche ton cœur ». Ainsi ils ont vu la réponse à leurs prières.

Un jour, Monsieur Arnal nous a dit : 
 
« Il faudrait peut-être profiter de l’occasion pour rendre témoignage devant tous que vous êtes chrétiens, que vous avez la foi au Seigneur Jésus ». 


Une réunion s'est tenue au temple, plein ce jour-là, et quelques anciens drogués ont témoigné de leur foi. Le pasteur Arnal est devenu une sorte de père spirituel pour ce jeune homme. Le pasteur lui prêtait des livres
Plus tard Lionel Guibal est devenu aumônier protestant des prisons. Il exerce à Tarascon.





Sources


Mars 2019. Témoignage recueilli auprès de Christian Nouis d'Aubais qui a connu le pasteur Marcel Arnal à Vergèze. 

Mai 2019. Renseignements familiaux fournis par Mélanie Arnal, Jean Desvignes et Francine Janesther-Arnal. 

Un grand merci à André-Pierre Arnal, fils du pasteur, qui a permis de préciser de nombreux points d'histoire en mai 2019.

Mme Agosta des services de l'état civil de la commune de Vergèze. 

Photo du pasteur Arnal en 1957 transmise par Jocelyne Carrière après une recherche effectuée par Anne-Marie Bourguet. Un grand merci à toutes les deux.

Archives du temple de St Brieuc.

Archives nationales. Liste des pasteurs ERF. Page 47. Document PDF

Ministers and Probationers of the Méthodist Church.1932. 
Biographie des méthodistes. Lettre A 



 
 
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Bibliographie de Marcel Arnal

A la conquête de la vie. Lasalle (Gard) 1933. 


Les plus belles histoires ou La Bible à la portée des enfants. Ancien testament. I. - Période patriarcale. Édition : Lasalle (Gard), Lanra , 1934 In-16, 111 p.

 A l'aube de la vie, manuel de culture intérieure pour enfants. Édition : Anduze, impr. A. Puech ; Lasalle (Gard), Éditions Lanra, 1935. (21 avril 1936.) 

Les Plus Belles Histoires ou la Bible à la portée des enfants. Illustrations par Joél Thézard. [Ancien Testament. II : Période mosaïque.]. Édition : Niort, impr. A. Chiron ; Lasalle (Gard), Éditions Lanra , 1935. (21 avril 1936.) 127 p

Le Ciel ouvert, sermon prêché au Synode de Nancy le 26 juin 1935. Édition : Lasalle (Gard), Editions Lanra , (1936).

Les Plus Belles histoires ou la Bible à la portée des enfants. III Les Juges. Édition : Lannion, 1936. 112 p. 

Les plus belles histoires. Illustrations de Joel Thézard (1884-1957). 48 p.
Édition : Lannion : Editions Lanra , 1937

  
Vers la plénitude de la Vie. Editions Lanra Montpellier 01.01.1938. Ce livre est la suite de  l'ouvrage A la conquête de la Vie paru en 1933.


Comment marcher avec Dieu, ou A la découverte de la vie. Édition : Codognan (Gard), Lanra ; (Largentière, Ardèche, imprimerie de E. Mazel), 1941

Des hommes nouveaux. Édition : Codognan, Gard, Éditions Lanra , 1941. 55 p.


Préparons sa venue. Édition : Lunel, 8 rue Pascal ; (Valence-sur-Rhône, Imprimeries réunies), 1946.


L'effondrement du monde et les reconstructions de Dieu. 194 p. Édition : Lunel : M. Arnal, 1948

Il nous faut des certitudes. 167 p. Édition : Lunel : Lanra, 1958


Photo Mélanie Arnal.



Livre de Marcel Arnal 1938.