dimanche 25 février 2024

Les constructions de Harry Stamp à Saint-Brieuc. 1926-1952

 

Villa Le Rayon de Soleil, 2 impasse de Coetlogon à Saint-Brieuc. Photo RF 2024

Robert Henry Stamp, appelé Harry, est né le 9 septembre 1881 en Angleterre. C'est un protestant évangélique dont le domaine professionnel est le commerce de charbon. En 1914, il s'installe en Bretagne, à Saint-Brieuc exerçant comme directeur d'une entreprise de charbonnage. Son épouse est Louise Flament, le couple s'est marié le 19 décembre 1916 à l'Église Baptiste du Tabernacle à Paris.

M et Mme Stamp vont avoir plusieurs enfants, tous nés à Saint-Brieuc : Ruben Henry né le 9 décembre 1917 ; Isabella Louise, née le 11 avril 1920 ; Jacques Charles, né  le 21 mai 1927.

La famille Stamp va déménager à cinq reprises : 45 rue Brizeux de février 1915 à décembre 1916 ; 4 rue de Gouédic de 1916 à septembre 1919 ; 17 rue Victor Hugo d'octobre 1919 à septembre 1922 ; 2 rue des Bouchers d'octobre 1922 à septembre 1929.

Leur logement devenant trop petit avec leurs trois enfants, en 1929, ils décident de faire construire une maison 2 impasse Coëtlogon. Ils y resteront jusque dans les années 60.

Mais M. Stamp aura fait bâtir plusieurs constructions à Saint-Brieuc : deux maisons, dont une surélevée dans un second temps ; des garages transformés en salle de prière pour les activités de l’Église évangélique dont il s’occupait ; et une salle de prière dans le quartier de Robien, avant 1945. 


L'impasse Coëtlogon à Saint-Brieuc. Plan Google.


Première maison, 2 impasse Coëtlogon. 1926

Pour la petite histoire, c'est Louise Stamp qui a commencé à dessiner les croquis de la maison et ils ont été parachevés par son beau-frère l’architecte Bernard Datcharry. Cet architecte a été diplômé de l'École des Beaux-Arts, le 6 juin 1923. Il fut notamment architecte dans les services de la ville de Paris. On lui doit par exemple l’École et le gymnase Roquépine.Il a travaillé pour les asiles psychiatriques de Villejuif et Sainte-Anne.


La  première demande de permis de construire pour Harry Stamp remonte au 28 juillet 1926. M. Hervin, architecte 2 Place Saint-Pierre à Saint-Brieuc,  sollicite l’autorisation de construire une maison au 24 bis rue Coëlogon prolongée, devenue 2 impasse Coëtlogon peu de temps après. Il joint « les plans, façades et coupe, en double exemplaire, de la construction projetée ». Par contre, on a l'impression qu'il y a une inversion entre la façade rue et la façade jardin...(Archives municipales 2T10)
Ci-dessous, les plans.

Façade sur rue (mais en fait façade sur jardin). Plan 1926

 
Coupe, projet 1926

Un nouveau courrier parvient au cabinet du Maire le 26 octobre 1927. Le toit terrasse reste, mais la distribution des pièces est modifiée, le garage et l’escalier extérieur disparaissent. (Archives municipales 2T11).
Ci-dessous, plans et situation comparative avec deux photos

Façade sur jardin. 1927

 
Façade sur rue. 1927

 

Coupe.1927


Comparaison des deux façades sur jardin, 1926 et 1927


Surélévation de la maison 2 impasse Coëtlogon. 1950
Le 11 avril 1950, R-H Stamp agissant pour le compte de sa fille, B. Piaget, demande la délivrance d’un permis concernant une surélévation à entreprendre sur la maison du 2 impasse Coëtlogon dont il est devenu l’usufruitier après un acte notarié. « La direction technique des travaux est assurée par M. Bernard Datcharry, architecte D.P.L.G, 9 bis avenue Raymond Croland, Fontenay-aux-Roses (Seine), sans aucune participation financière de l’État» précise M. Stamp. Il s'agit de remplacer la toiture terrasse par des combles mansardées. L’autorisation est délivrée le 17 mai 1950.(Archives municipales 2T77)

Ci-dessous, papier à en-tête, devis estimatif, plan de situation et photo comparative.


 




 

Façade sur rue. 1950

Façade sur jardin. 1950

Comparaison entre le plan de 1950 et l'état en 2024. Photo RF

Souvenirs, souvenirs

Souvenirs familiaux (Iris Stamp) :
« De l’impasse Coëtlogon, un élégant portail en fer forgé s’ouvrait sur un petit jardin donnant directement sur la porte principale. Cette partie de la maison était orientée au Nord-Ouest et constituait l’entrée principale. Une porte latérale donnait accès à l’arrière de l’immeuble, le plus privilégié par le site. C’est de ce côté que se situait l’agréable salon avec ses hautes portes fenêtres donnant sur une terrasse cimentée. Le restant du rez-de-chaussée était essentiellement conçu à usage domestique et comportait également un logement pour les visiteurs, tandis que la famille occupait le premier étage, où la salle à manger centrale constituait le pôle de la vie familiale. 

Une particularité originale de cette pièce  était une ouverture octogonale dans le plafond, correspondant au plancher du bureau de Harry situé juste au dessus. Ce bureau était une petite tour, comme un belvédère, dont les fenêtres donnaient sur un toit plat. L’ouverture du plafond de la salle à manger était protégée des poussières de l’étage au dessus par un voile de fine mousseline et elle était entourée d’une rambarde en bois. Cette disposition ingénieuse permettait à Harry de rester près de la famille tout en travaillant… »

« Plus bas, le long du boulevard, de petits trains à vapeur sur une voie unique, assuraient un service régulier entre Saint-Brieuc et Paimpol, procurant un divertissement constant aux enfants. »

« Louise soignait ses treilles, et elle planta une glycine sous le balcon… »
 

« Harry aimait beaucoup l’hospitalité et il était courant qu’il amenât à la maison pour déjeuner un hôte inattendu, et parfois une personne tout à fait étrangère. Souvent des personnes des environs étaient invitées à déjeuner ou à diner, telles qu’un jardinier démuni, une veuve solitaire ou un ouvrier du dépôt de charbon de Harry ».
 

Une maison de famille

D'après les souvenirs familiaux, l'ambiance était souvent joyeuse et accueillante dans la maison du Rayon de Soleil. Et dans la famille Stamp, on aimait faire des blagues, y compris aux visiteurs de passage ! Il était difficile de réunir tout le monde mais pendant l’été 1950, une réunion de famille rassembla tous les enfants, leurs conjoints et six petits-enfants.

 

Seconde maison, 10 impasse Coëtlogon 1952-1954
Le 10 mars 1952, R-H Stamp demande la délivrance d’un permis concernant la construction d’un pavillon d’habitation et d’un garage à entreprendre au 10 impasse Coëtlogon, sur un terrain situé à l’angle du boulevard Harel-de-la-Noë et de la Vieille Côte du Légué, figurant au cadastre sous le numéro 124p et 125p, dit « La Bosse ».
C'est effectivement un terrain avec une forte dénivellation, on s'en rend compte en étant au croisement du boulevard Harel-de-la-Noë, en apercevant la maison sur la hauteur (voir la photo contemporaine ci-dessous).  

La direction technique des travaux est assurée par M. Bernard Datcharry, architecte. Le certificat d’achèvement des travaux est consigné le 6 mai 1954. (2T224 archives municipales)

Ci-dessous : plan de situation, façades.


 

Façade ouest, plan 1952

 

Façade Est, plan 1952

Au fond de l'impasse, on aurait du mal à dire que c'est la maison dont les plans ont été dressés par l'architecte, surtout en l'absence de tourelle. Mais observant la façade Est de la maison, on s'aperçoit que c'est bien elle : même nombre de fenêtres, deux colonnes au premier étage. 

Par contre, tout n'a pas été réalisé comme le plan le prévoyait : un seul escalier extérieur et donc absence de tourelle du côté sud.

Le 10 de l'impasse de Coetlogon. Photo RF Février 2024

Au milieu des années 60, Harry Stamp vend son affaire et une grande partie du terrain de la maison, en particulier le verger et le court de tennis, et il fait don du local de rue Harel-de-la-Noë. Il quitte Saint-Brieuc à l'été 1970 et décède peu de temps après.

 

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A suivre sur ce blog

L'histoire de l’Église évangélique dans la suite de l’Église Bonne nouvelle de M. Stamp, ici

 

Sources

Archives municipales, dossier des permis de construire.
 

Le fil d'Or, Iris Stamp.

Localisation de l'emplacement de la Salle de Bonne Nouvelle, avec Google street, 44 boulevard Harel de la Noé, en cliquant ici

 

Complément, Bernard Datchary

Biographie complète rédigée par Marie-Laure Crosnier Leconte  sur le site : Datcharry, Bernard (21/05/1892 - ) - Agorha
Agorha https://agorha.inha.fr

 

Bernard Datcharry, né à Olargues (arrondissement de Saint-Pons, Hérault) le 21 mai 1892, fils de Jean Baptiste Datcharry, gendarme, et de Catherine Folléas. En tant qu'architecte, il est subventionné par le département du Vaucluse et la Ville d'Avignon entre 1911 et 1922. Plus tard, il devient architecte à Fontenay-aux-Roses, Hauts-de-Seine entre 1931 et 1962 ; architecte fonctionnaire à la Direction des Services d'architecture et d'Urbanisme de la Préfecture de la Seine de 1925 à 1953, architecte divisionnaire principal de la Ville de Paris et de la Préfecture de la Seine, architecte départemental adjoint de la Ville de Paris...

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