Affichage des articles dont le libellé est André Féat. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est André Féat. Afficher tous les articles

samedi 3 février 2024

Six pasteurs protestants morts en déportation en 1944 et 1945, Heuzé, Roux, Juteau, Roullet


Le livre "Les protestants français pendant la seconde guerre mondiale." établit une liste de pasteurs, étudiants ou futurs étudiants en théologie, déportés. Certains n'ont pas survécu et cet article leur est consacré.


Des communautés vont être également très touchées. Citons par exemple l’Eglise Luthérienne du Pays de Montbéliard qui a compté environ 350 déportés en 1945 dont au moins 50 ne sont pas revenus des camps. La circonscription de l’E.R.F de Montpellier compte 8 morts, 5 dont on est sans nouvelles et 91 déportés revenus. 
 
Le pasteur Yves Crespin de l'Église Réformée de France (E.R.F) Saint-Brieuc est mort à Dora le 11 mars 1944. 
Son histoire complète est à retrouver en cliquant ici

 
André Féat, pasteur de l’Église Baptiste de Morlaix, a été déporté au camp de Flossenbürg et il est mort à Dachau. 
Son histoire complète est à retrouver en cliquant ici.
 
En dehors de ces deux pasteurs Résistants en Bretagne, quatre autres pasteurs sont morts en déportation. Voici l'histoire de Marcel Heuzé et Charles Roux de Marseille, René Juteau et Yann Roullet.
 

 
Marcel Heuzé, E.R.F Marseille, 
mort à Ravensbrück
 
Marcel (Léon) Heuzé est né le 16 décembre 1897 au Havre. Il se marie avec Simone Courtial le 4 août 1924 en Isère, le couple aura deux enfants.
Il est d’abord pasteur à Lens de 1926 à 1939 puis part à Marseille où il habite au numéro 68 rue de la République. Pendant l'Occupation, il aide au placement d'enfants juifs au sein du réseau André. Il oriente Joseph Bass vers le Chambon-sur-Lignon.
En 1943, sa vie va basculer après une cérémonie dont il a la charge dans le cadre de l'exercice de ses fonctions de pasteur : dans une conversation privée avec les enfants d’une dame dont il venait de célébrer l’enterrement, il critique la brutalité des nazis qui viennent d’évacuer le Vieux Port. Il est dénoncé par ces derniers et il est arrêté peu après chez lui le 27 février 1943 et passe plusieurs mois à la prison Saint-Pierre de Marseille. Il est placé avec les détenus juifs et célèbre pour eux des cultes et forme des groupes de dialogue.
 

Le pasteur Marcel Heuzé. Bulletin de l’Église réformée évangélique de Marseille, 1er février 1946.


En septembre, il est déporté et le 18 septembre 1943, il arrive au camp de Buchenwald (matricule 21 242, détenu politique). Rapidement il est affecté au Kommando de Dora, en novembre 1943, où il reste jusqu’au début d’avril 1945. Il y fera la rencontre des deux pasteurs Yves Crespin et Henri Orange, avec qui il célèbre la Pâques 1944.
En 1945, il est évacué vers Ravensbrück et meurt d’épuisement dans ce trajet, probablement le 26 avril 1945.

Marcel Heuzé sera distingué de la Médaille de la Résistance française à titre posthume en 1960.

Une rue porte son nom à Marseille. 
Une plaque commémorative est placée dans le cimetière de Luynes (Indre-et-Loire)
 

Sources
État civil en ligne de la commune du Havre (Seine-Maritime), registre des naissances, cote 4E 13 046
Article en ligne avec le témoignage de Mme Heuzé
Témoignage de Mme Orange, épouse du pasteur Orange, cité dans le livre "Les protestants français pendant la Seconde guerre mondiale".
Site Mémorial Marcel Heuzé (plaque commémorative), cliquer ici 
Musée de la Résistance en ligne de Marseille-Provence, photo et évocation du parcours du pasteur Heuzé (article numéro 50), cliquer ici 
 

A voir en bas de page, 13 autres documents 
sur le pasteur Marcel Heuzé dans les camps


Portrait de Marcel Heuzé publié sur le blog de "Liens protestants"


Fiche du pasteur Marcel Heuzé. Source Arolsen

Plaque de la rue du pasteur Heuzé à Marseille.

La plaque en marbre mesure environ 50 x 50 cm. Elle est placée sur le mur d'enceinte, directement à droite du portail d'entrée principal.

 

" En Mémoire du Pasteur

MARCEL HEUZE

1897 - 1945

Mort en déportation à Ravensbrück

Rien ne pourra nous

séparer de la mort de Dieu

en Jésus-Christ notre Seigneur

Rom. 8. 59"

 

Plaque au cimetière de Luynes


  Retour au sommaire, ici 
 

Charles Roux, E.R.F Marseille, 
mort à Buchenwald.
 
Charles Roux est né le 30 janvier 1878 dans le 8e arrondissement de Paris.
Dans les années 40, il exerce des responsabilités dans le monde protestant puisqu’il est le Président du conseil régional de Provence de l’Eglise Réformée de France. Il est dans l’entourage proche du pasteur résistant Jacques Monod.
Au moment de son arrestation en juin 43, il a trois enfants, son épouse s’appelle Henriette, ils habitent Chemin du Roucas-Blanc à Marseille. Leur fils est opérateur-radio pour le compte d’un agent américain, ce qui leur vaut d’être arrêtés tous les deux.
Charles Roux est envoyé au camp de Buchenwald le 19 janvier 1944 (matricule 39581) et son décès est enregistré le 3 février 1944 au camp de Weimar.
Henriette Roux, femme du pasteur Charles Roux, de Marseille a également été internée mais au camp de concentration de Ravensbrück. Elle en est revenue vivante.


Sources  
Charles Roux est cité dans le livre de Patrick Cabanel « De la paix aux résistances : les protestants de France (1930-1945)" et dans le livre « La Gestapo française » de Gérard Chauvy et Philippe Valode.

Fiche du pasteur Charles Roux. Camp de Buchenwald. Source Arolsen
Fiche du pasteur Charles Roux. Camp de Buchenwald. Source Arolsen

Fiche du pasteur Charles Roux. Camp de Buchenwald. Source Arolsen


 
René Juteau
Église Évangélique Luthérienne de France, 
mort à Dora.
 
René Juteau est un pasteur mais aussi, dans les années 40, le directeur du lycée protestant de Glay dans le Doubs. Ce lycée était situé à huit kilomètres de la frontière avec la Suisse, dans une région avec une forte opposition aux troupes allemandes. Des élèves du lycée participent aux activités d’un groupe de la Résistance. 
En octobre 1943, trois élèves sont arrêtés ainsi que le surveillant général et le directeur, René Juteau qui est déporté en Haute-Silésie. Il s'évade mais il est repris. Il meurt dans le camp de Dora en avril 1945 (une autre source indique son décès au camp de Nordhausen le 8 avril 1945). 
Son nom figure sur le monument aux morts de Glay dans le Doubs : « A la mémoire des résistants de l’institut de Glay, morts en camp de concentration, directeur : Pasteur Juteau René, 29 ans ». Suivent les noms de 4 élèves de 16 et 17 ans.


Sources 
Témoignage de Robert Salomon, élève du Lycée de Glay.


Fiche du pasteur René Juteau. Camp de Dora. Source Arolsen

Fiche du pasteur René Juteau. Camp de Dora. Source Arolsen

Commune de Glay, plaque commémorative. Photo Université de Lille


  

Yann Roullet, E.R.F, pasteur à Mougon, 
mort au Struthof en 1944.
 
Yann Roullet, crédit photo Guy Brangier

Yann Roullet est né le 13 février 1915 à La Rochelle (Charente-Maritime). Son père est négociant en cognac.
Fin 1938, il décide de devenir pasteur et commence ses études. 
Ci-dessous, on peut voir Yann Roullet au dernier rang, 4e en partant de la gauche, cravate, gilet clair. Cette photo a été prise vers 1938 au cours d'une réunion oecuménique  au centre de La Roche-Dieu  (Bièvres). Elle a été publiée dans l'ouvrage Les protestants français pendant la seconde guerre mondiale. Actes du colloque de Paris. 1992 Supplément au bulletin de la Société d'Histoire du Protestantisme Français.
 
Vers 1938.

En 1942, il soutient un mémoire de licence sur le sujet : « Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ». Ce texte mystique édité chez Plon en 1950 avec une préface de Daniel Rops, ainsi que l’édition en 1947 aux éditions Neuchâtel d’un recueil de lettres lui valent de figurer sur la plaque commémorative "Aux écrivains morts pour la France" au Panthéon, à Paris.
Il se marie le 2 septembre 1942 à Bordeaux avec Madeleine Ohmstède  avec qui il aura une fille, Anne.
 
En septembre 1943, il est nommé pasteur à Mougon (Deux-Sèvres). Il entre dans la Résistance au réseau Alliance (cliquer ici pour en savoir plus sur ce réseau Alliance), rattaché au groupe de La Rochelle où son grand-père Léonce Vieljeux, joue un rôle essentiel. Il est chargé de trouver des refuges pour héberger des agents recherchés.
 

Extrait de "Les protestants français pendant la seconde guerre mondiale."

Yann Roullet est arrêté le 9 mars 1944 avec l'un de ses paroissiens, M. Girard. Il est déporté au camp de Schirmeck (Bas-Rhin), où il arrive par le convoi du 29 avril 1944. Tous les jours, selon le témoignage d’un survivant du massacre, le docteur Lacapère, le pasteur Roullet procédait à haute voix à une méditation écoutée de tous.
 
Yann Roullet

Yann Roullet est exécuté le 2 septembre 1944 au camp de Natzweiler-Struthof, à Natzwiller (Bas-Rhin).
Il fut déclaré Mort pour la France et reçut la Croix de guerre à titre posthume, médaillé de la Résistance par décret du 3 août 1946 et au Journal Officiel du 13 octobre 1946. 
Son nom figure sur le monument aux morts de Mougon (Deux-Sèvres) ainsi que sur celui de la commune des Vans en Ardèche avec celui de son grand père Léonce Vieljeux qui en était originaire. Il figure également sur la plaque du réseau S.R. Alliance au camp de concentration du Struthof, à Natzwiller (Bas-Rhin), voir ci-dessous
 
Yann Roullet, plaque du réseau S.R. Alliance au camp de concentration du Struthof 

 
Sources 
Ce portrait de Yann Roullet est un condensé d’un article publié sur le site LE MAITRON
Un très grand merci aux deux auteurs, Jean-Louis Ponnavoy et Michel Thébault, qui ont travaillé à partir des documents suivants : MémorialGenWeb. François Dermange, Yann Roullet, un pasteur mystique in La Mystique face aux deux guerres mondiales sous la direction de Dominique de Courcelles et Ghislain Waterlot, PUF ed. Paris 2010. Wikipédia "Réseau Alliance" et "camp de concentration de Natzweiler-Struthof". Marie-Madeleine Fourcade "L’Arche de ¨Noé" Fayard 1968. État civil. Réseau Alliance
Généanet, cliquer ici 
Les protestants français pendant la seconde guerre mondiale. Actes du colloque. 1992
Biographie dans le Réseau L'Alliance, cliquer ici 
Plaquette "Résister en Pays Méllois 1940-1945. CRRL Thouars
Livre Mémorial des Déportés de France - FMD - Paris; Editions Tirésias. 
Une biographie a été écrite par Daniel Rops.
 
Arbre généalogique publié sur Généanet par Pierre Manuel Viguie

 
Lien 
 
Extraits en version PDF de l'ouvrage de Yann Roullet (cliquer sur le lien ci-dessous)
« Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné », texte édité chez Plon en 1950




A noter que Ernest Ungerer, étudiant en théologie à Strasbourg est un résistant du réseau ORA et qu'il a été arrêté en Bretagne.
 
Retour au sommaire, ici     
 
 
 
 
 D'autres documents sur le pasteur Marcel Heuzé

Fiche du pasteur Heuzé. Camp de Mittelbau. Source Arolsen

Fiche du pasteur Heuzé, camp de Buchenwald. Source Arolsen

Pasteur Heuzé, Kommando de Dora. Source Arolsen

Fiche du pasteur Heuzé. Source Arolsen


31 mars 1944. Fiche du pasteur Heuzé, camp de Buchenwald. Source Arolsen

Mai 1944 Mandat pour le pasteur Heuzé, camp de Buchenwald. Source Arolsen

Fiche du pasteur Heuzé, camp de Buchenwald. Source Arolsen

Avril 1944. Mandat pour le pasteur Heuzé, camp de Buchenwald. Source Arolsen

Fiche du pasteur Heuzé, camp de Buchenwald. Source Arolsen

Fiche du pasteur Heuzé. Source Arolsen

Fiche du pasteur Heuzé. Source Arolsen


Fiche du pasteur Heuzé. Source Arolsen



 
Document
Protestants et Résistance, la mission de Trémel (22)
Une  grande histoire de Résistance dans les Côtes-du-Nord, liée au protestantisme, fut l'oeuvre de quelques personnes admirables et se déroulèrent à la Mission baptiste de Trémel.
En 2016, Guillaume et Marie-Yvonne Le Quéré ont été déclarés Justes parmi les Nations pour leur aide aux juifs pourchassés pendant l'Occupation.
Ces faits sont relatés avec beaucoup de détails sur le site de Jean-Yves Carluer.

à lire sur le blog de Jean-Yves Carluer 
Les justes de Trémel 1
Les justes de Trémel 2
Les justes de Trémel 3
Les justes de Trémel 4  La mission baptiste, lieu de refuge
Les justes de Trémel 5  L'été de tous les dangers
Les justes de Trémel 6  Marie-Yvonne Droniou-Le Quéré, Juste parmi les Nations


Des vidéos relatent aussi ces événements et on peut y découvrir le témoignage de survivants :

Vidéo 1. France 3 Bretagne

Vidéo 2. Le Télégramme