Le livre "Les protestants français pendant la seconde guerre mondiale." établit une liste de pasteurs, étudiants ou futurs étudiants en théologie, déportés. Certains n'ont pas survécu et cet article leur est consacré.
Des communautés vont être également très touchées. Citons par exemple l’Eglise Luthérienne du Pays de Montbéliard qui a compté environ 350 déportés en 1945 dont au moins 50 ne sont pas revenus des camps. La circonscription de l’E.R.F de Montpellier compte 8 morts, 5 dont on est sans nouvelles et 91 déportés revenus.
Le pasteur Yves Crespin de l'Église Réformée de France
(E.R.F) Saint-Brieuc est mort à Dora le 11 mars 1944.
Son histoire complète est à retrouver en cliquant ici
André Féat, pasteur de l’Église Baptiste de Morlaix, a été déporté au camp de Flossenbürg et il est mort à
Dachau.
Son histoire complète est à retrouver en cliquant ici.
En dehors de ces deux pasteurs Résistants en Bretagne, quatre autres pasteurs sont morts en
déportation. Voici l'histoire de Marcel Heuzé et Charles Roux de Marseille, René Juteau et Yann Roullet.
Marcel Heuzé, E.R.F Marseille,
mort à Ravensbrück
Marcel (Léon) Heuzé est
né le 16 décembre 1897 au Havre. Il se marie avec Simone Courtial le 4
août 1924 en Isère, le couple aura deux enfants.
Il est d’abord pasteur à Lens de 1926 à 1939 puis part
à Marseille où il habite au numéro 68 rue de la République. Pendant l'Occupation, il aide au placement d'enfants juifs au sein du réseau André. Il oriente Joseph Bass vers le Chambon-sur-Lignon.
En
1943, sa vie va basculer après une cérémonie dont il a la charge dans
le cadre de l'exercice de ses fonctions de pasteur : dans une
conversation privée avec les enfants d’une dame dont
il venait de célébrer l’enterrement, il critique la brutalité des nazis
qui viennent
d’évacuer le Vieux Port. Il est dénoncé par ces derniers et il est
arrêté peu
après chez lui le 27 février 1943 et passe plusieurs mois à la prison
Saint-Pierre
de Marseille. Il est placé avec les détenus juifs et célèbre pour eux
des cultes et
forme des groupes de dialogue.
En septembre, il est déporté et le 18 septembre 1943, il arrive au camp
de Buchenwald
(matricule 21 242, détenu politique). Rapidement il est affecté au
Kommando
de Dora, en novembre 1943, où il reste jusqu’au début d’avril 1945. Il y
fera la rencontre des deux pasteurs Yves Crespin et Henri Orange, avec
qui il célèbre la Pâques 1944.
En 1945, il est évacué vers Ravensbrück
et meurt d’épuisement dans ce trajet, probablement le 26 avril 1945.
Marcel Heuzé sera distingué de la Médaille de la Résistance française à titre posthume en 1960.
Une rue porte son nom à Marseille.Une plaque commémorative est placée dans le cimetière de Luynes (Indre-et-Loire)
Sources
État civil en ligne de la commune du Havre (Seine-Maritime), registre des naissances, cote 4E 13 046
État civil en ligne de la commune du Havre (Seine-Maritime), registre des naissances, cote 4E 13 046
Article en ligne avec le témoignage de Mme Heuzé
Témoignage
de Mme Orange, épouse du pasteur Orange, cité dans le livre "Les
protestants français pendant la Seconde guerre mondiale".
Site Mémorial Marcel Heuzé (plaque commémorative), cliquer ici
Musée de la Résistance en ligne de Marseille-Provence, photo et évocation du parcours du pasteur Heuzé (article numéro 50), cliquer ici
A voir en bas de page, 13 autres documents
sur le pasteur Marcel Heuzé dans les camps
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Portrait de Marcel Heuzé publié sur le blog de "Liens protestants" |
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Fiche du pasteur Marcel Heuzé. Source Arolsen |
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Plaque de la rue du pasteur Heuzé à Marseille. |
La plaque en marbre mesure environ 50 x 50 cm. Elle est placée sur le mur d'enceinte, directement à droite du portail d'entrée principal.
" En Mémoire du Pasteur
MARCEL HEUZE
1897 - 1945
Mort en déportation à Ravensbrück
Rien ne pourra nous
séparer de la mort de Dieu
en Jésus-Christ notre Seigneur
Rom. 8. 59"
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Plaque au cimetière de Luynes |
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Charles Roux, E.R.F Marseille,
mort à Buchenwald.
Charles Roux est né le 30 janvier 1878 dans le 8e arrondissement de Paris.
Dans les années 40, il exerce des responsabilités dans le monde protestant puisqu’il est le Président du conseil régional de Provence de l’Eglise Réformée de France. Il est dans l’entourage proche du pasteur résistant Jacques Monod.
Au moment de son arrestation en juin 43, il a trois enfants, son épouse s’appelle Henriette, ils habitent Chemin du Roucas-Blanc à Marseille. Leur fils est opérateur-radio pour le compte d’un agent américain, ce qui leur vaut d’être arrêtés tous les deux.
Charles Roux est envoyé au camp de Buchenwald le 19 janvier 1944 (matricule 39581) et son décès est enregistré le 3 février 1944 au camp de Weimar.
Henriette Roux, femme du pasteur Charles Roux, de Marseille a également été internée mais au camp de concentration de Ravensbrück. Elle en est revenue vivante.
Sources
Charles Roux est cité dans le livre de Patrick Cabanel « De la
paix aux résistances : les protestants de France (1930-1945)" et dans le
livre « La Gestapo française » de Gérard Chauvy et Philippe Valode.René Juteau,
Église Évangélique Luthérienne de France,
mort à
Dora.
René Juteau est un pasteur mais aussi, dans
les années 40, le directeur du lycée protestant de Glay dans le Doubs. Ce lycée
était situé à huit kilomètres de la frontière avec la Suisse, dans une région
avec une forte opposition aux troupes allemandes. Des élèves du lycée
participent aux activités d’un groupe de la Résistance.
En octobre 1943, trois
élèves sont arrêtés ainsi que le surveillant général et le directeur, René Juteau qui est déporté en Haute-Silésie. Il s'évade mais il est repris. Il
meurt dans le camp de Dora en avril 1945 (une autre source indique son décès au camp de Nordhausen le 8 avril 1945).
Son nom figure sur le monument aux
morts de Glay dans le Doubs : « A la mémoire des résistants de
l’institut de Glay, morts en camp de concentration, directeur : Pasteur
Juteau René, 29 ans ». Suivent les noms de 4 élèves de 16 et 17 ans.
Sources
Sources
Témoignage de Robert Salomon, élève du Lycée
de Glay.
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Fiche du pasteur René Juteau. Camp de Dora. Source Arolsen |
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Fiche du pasteur René Juteau. Camp de Dora. Source Arolsen |
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Commune de Glay, plaque commémorative. Photo Université de Lille |
Yann Roullet, E.R.F, pasteur à Mougon,
Yann Roullet est né le 13 février 1915 à La Rochelle (Charente-Maritime). Son père est négociant en cognac.
Fin
1938, il décide de devenir pasteur et commence ses études.
Ci-dessous, on peut voir Yann Roullet au dernier rang, 4e en partant de la gauche, cravate, gilet clair. Cette photo a été prise vers 1938 au cours d'une réunion oecuménique au centre de La Roche-Dieu (Bièvres). Elle a été publiée dans l'ouvrage Les protestants français pendant la seconde guerre mondiale. Actes du colloque de Paris. 1992 Supplément au bulletin de la Société d'Histoire du Protestantisme Français.
En 1942, il soutient
un mémoire de licence sur le sujet : « Mon Dieu, mon Dieu pourquoi
m’as-tu abandonné ». Ce texte mystique édité chez Plon en 1950 avec une
préface de Daniel Rops, ainsi que l’édition en 1947 aux éditions Neuchâtel d’un
recueil de lettres lui valent de figurer sur la plaque commémorative "Aux
écrivains morts pour la France" au Panthéon, à Paris.
Il se marie le 2 septembre 1942 à Bordeaux avec Madeleine Ohmstède avec qui il aura une fille, Anne.
En septembre 1943, il est nommé pasteur à Mougon (Deux-Sèvres). Il entre dans la
Résistance au réseau Alliance (cliquer ici pour en savoir plus sur ce réseau Alliance), rattaché au groupe de La Rochelle où son grand-père Léonce Vieljeux, joue un rôle essentiel. Il est chargé de trouver des refuges pour héberger des agents recherchés.
Yann Roullet est arrêté le 9 mars 1944 avec l'un de ses paroissiens, M. Girard. Il est déporté au camp
de Schirmeck (Bas-Rhin), où il arrive par le convoi du 29 avril 1944. Tous les
jours, selon le témoignage d’un survivant du massacre, le docteur Lacapère, le
pasteur Roullet procédait à haute voix à une méditation écoutée de tous.
Yann Roullet est exécuté le 2 septembre 1944 au camp de Natzweiler-Struthof, à Natzwiller
(Bas-Rhin).
Il fut déclaré Mort pour la France et reçut la Croix de
guerre à titre posthume, médaillé de la Résistance par décret du 3 août 1946 et au Journal Officiel du 13 octobre 1946.
Son nom figure sur le monument aux morts de Mougon
(Deux-Sèvres) ainsi que sur celui de la commune des Vans en Ardèche avec celui
de son grand père Léonce Vieljeux qui en était originaire. Il figure également
sur la plaque du réseau S.R. Alliance au camp de concentration du Struthof, à
Natzwiller (Bas-Rhin), voir ci-dessous.
Sources
Ce portrait de Yann Roullet est un condensé d’un article publié sur le site LE MAITRON
Un très grand merci aux deux auteurs, Jean-Louis Ponnavoy et Michel Thébault, qui ont travaillé à partir des documents suivants : MémorialGenWeb. François Dermange, Yann Roullet, un pasteur mystique in La Mystique face aux deux guerres mondiales sous la direction de Dominique de Courcelles et Ghislain Waterlot, PUF ed. Paris 2010. Wikipédia "Réseau Alliance" et "camp de concentration de Natzweiler-Struthof". Marie-Madeleine Fourcade "L’Arche de ¨Noé" Fayard 1968. État civil. Réseau Alliance
Un très grand merci aux deux auteurs, Jean-Louis Ponnavoy et Michel Thébault, qui ont travaillé à partir des documents suivants : MémorialGenWeb. François Dermange, Yann Roullet, un pasteur mystique in La Mystique face aux deux guerres mondiales sous la direction de Dominique de Courcelles et Ghislain Waterlot, PUF ed. Paris 2010. Wikipédia "Réseau Alliance" et "camp de concentration de Natzweiler-Struthof". Marie-Madeleine Fourcade "L’Arche de ¨Noé" Fayard 1968. État civil. Réseau Alliance
Généanet, cliquer ici
Les protestants français pendant la seconde guerre mondiale. Actes du colloque. 1992
Biographie dans le Réseau L'Alliance, cliquer ici
Plaquette "Résister en Pays Méllois 1940-1945. CRRL Thouars
Livre Mémorial des Déportés de France - FMD - Paris; Editions Tirésias.
Une biographie a été écrite par Daniel Rops.
Lien
Extraits en version PDF de l'ouvrage de Yann Roullet (cliquer sur le lien ci-dessous)
« Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné », texte édité chez Plon en 1950
« Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné », texte édité chez Plon en 1950
A noter que Ernest Ungerer, étudiant en théologie à Strasbourg est un résistant du réseau ORA et qu'il a été arrêté en Bretagne.
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D'autres documents sur le pasteur Marcel Heuzé
Fiche du pasteur Heuzé. Camp de Mittelbau. Source Arolsen |
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Fiche du pasteur Heuzé, camp de Buchenwald. Source Arolsen |
Fiche du pasteur Heuzé. Source Arolsen |
Fiche du pasteur Heuzé. Source Arolsen |
Fiche du pasteur Heuzé. Source Arolsen |
Document
Protestants et Résistance, la mission de
Trémel (22)
Une grande histoire de Résistance dans
les Côtes-du-Nord, liée au protestantisme, fut l'oeuvre de quelques personnes
admirables et se déroulèrent à la Mission baptiste de Trémel.En 2016, Guillaume et Marie-Yvonne Le Quéré ont été déclarés Justes parmi les Nations pour leur aide aux juifs pourchassés pendant l'Occupation.
Ces faits sont relatés avec beaucoup de détails sur le site de Jean-Yves Carluer.
à lire sur le blog de Jean-Yves Carluer
Les justes de Trémel 1
Les justes de Trémel 2
Les justes de Trémel 3
Les justes de Trémel 4 La mission baptiste, lieu de refuge
Les justes de Trémel 5 L'été de tous les dangers
Les justes de Trémel 6 Marie-Yvonne Droniou-Le Quéré, Juste parmi les Nations
Des vidéos relatent aussi ces événements et on peut y découvrir le témoignage de survivants :
Vidéo 1. France 3 Bretagne
Vidéo 2. Le Télégramme