samedi 23 décembre 2023

Priscilla Johnson, née Johnson (1894-1983) missionnaire protestante à Plouha puis à Coatilliau

 

Priscilla Hoops est une missionnaire protestante américaine qui a consacré sa vie aux enfants orphelins. Elle passera plusieurs décennies  au XXe siècle dans les Côtes-du-Nord, à trois endroits différents. Priscilla Hoops est née le 30 janvier 1892 à Newark dans le New Jersey aux États-Unis. Par mariage, elle deviendra Mme Johnson. 


L'oeuvre de Priscilla Johnson à Plouha.1928-1930

Avant qu'elle ne quitte les États-Unis pour s'installer France en 1927, ses amis lui adressent un message : « Élargis l'espace de ta tente ; qu'on déploie les couvertures de ta demeure. »(cité dans Ouest-France, édition du 16 juin 2017)

Arrivée en France, le premier lieu trouvé en 1928 par Priscilla Hoops, pour s'occuper d'orphelins et d'enfants défavorisés, est une location à Plouha. La maison se trouve au niveau de la plage du Palus et s'appelle la Maison des roses. En 1930, Priscilla Hoops déménage à Paris avec les enfants dont elle a la charge.

Le 19 septembre 1931, Priscilla Hoops se marie avec un protestant, Kenric Arnot Johnson (1890-1950).

En 1940, la guerre oblige le couple Johnson, et vingt-trois enfants qui leur avaient été confiés, à se réfugier en Angleterre.

La villa Les Roses en Plouha, site Jean-Yves Carluer

Hector Arnéra, missionnaire à Plouha.

Dans la même mouvance que les Johnson, dans le recensement de 1931, au Palus à Plouha, on trouve la famille d'Hector Arnéra (1890-1966), missionnaire évangélique. Après avoir servi dans l'armée italienne comme aumônier bénévole pendant la guerre 14-18, il ouvre une Église évangélique à Cannes, en 1920. Il voyage et s'installe à Plouha, autour des années 30, où son fils Alexandre Louis Virgile est né le 21 juillet 1927 (peut-être lors d'une mission en été ?). On sait que Hector Arnéra a effectué plusieurs missions dans ce secteur, parfois avec ses frères, en 1927, 1928, 1930, 1931,1932... puis en 1946 au Château de Coatelliau chez les Johnson.

Cette maison de Plouha sert de base à Hector Arnéra pour loger sa famille mais lui, de son côté, parcourt les routes de France jusque dans le sud pour continuer d'effectuer des missions.

Hector Arnéra. Recensement 1931 à Plouha.Vue 50. Archives départementales

 

L'oeuvre de Priscilla Johnson à Coatilliau en Ploubezre. 1946-1955

Les enfants de Priscilla Johnson au Château de Coatilliau, en 1952.

 

Ouest-France dans son édition du 16 juin 2017 raconte cette histoire de Priscilla Johnson à Coatilliau. On y apprend qu'en 1945, alors qu'elle est en Angleterre, le Ministère de la Santé lui demande de revenir en France pour s'occuper d'enfants déshérités.

Sous l'impulsion de Priscilla Johnson, 46 enfants sont hébergés au château de Coatilliau entre 1946 et 1955. Ce lieu se situe à Ploubezre au sud de Lannion ; à proximité de la Mission évangélique de Trémel qui héberge également des enfants. Les deux communautés entretiennent de bonnes relations.

Madame Johnson restera dix années dans le Trégor à aider de jeunes orphelins.

Ce château de Coatilliau est entouré de seize hectares de terre. Seize enfants forment le premier groupe de pensionnaires : « Le toit du château est en très mauvais état et nous pouvons compter cinquante-trois vitres brisées ou manquantes », écrit-elle.

Le Château au sud de Lannion. Carte Google

La missionnaire et son équipe se mettent au travail pour réussir à rénover le château. Bien vite, de tout le Trégor, on envoie des vêtements et diverses choses de première nécessité. Mme Johnson organise la redistribution pour ceux qui en ont encore plus besoin Des habitants du secteur envoient même leurs  enfants aux études bibliques.

« Nous l'appelions Tanté, se souvient Michèle Le Biennec, qui passait des après-midi et des nuits entières chez Priscilla Johnson. La maison était toujours ouverte, on y trouvait une réelle chaleur humaine. » 

Le missionnaire Hector Arnéra vient rejoindre les Johnson et tient des réunions d'évangélisation dans le château mais aussi dans les alentours. (D'après Les Frères larges. S Aharonian)

Et après le décès de Ken Jonhson en juin 1949, le Gallois John Morris arrive auprès de Mme Johnson en 1950 à Coatilliau et l'Américaine Louise Allen en 1954.

En 1955, le bail de location arrive à expiration et Mme Johnson doit chercher un autre lieu pour continuer sa mission auprès des enfants. Ce sera à l'autre extrémité du département des Côtes-du-Nord, à Quévert, à côté de Dinan.


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A lire aussi dans ce blog

L'histoire de Priscilla Hoops à la Maison blanche à Quévert, ici

 

Sources

Ouest-France, édition du 16 juin 2017

Blog de Jean-Yves Carluer, article sur la famille Arnéra, ici.

Les Frères larges, S Aharonian. 2016

France-Mission, Gilbert Presle-Fabio Morin, éditions Silas 2017

Généanet, Hector Arnéra ici

Généanet, Alexandre Arnéra né à Plouha en 1927, ici 

Inventaire du Patrimoine Culturel en Bretagne, notice sur le château de Coatilliau, ici

 

vendredi 22 décembre 2023

La Maison Blanche à Quévert (22), une oeuvre protestante de Priscilla Johnson, née Hoops. 1955

 

Priscilla Johnson en 1981

La vie de Priscilla Johnson mérite d'être mieux connue. Avant de venir à Quévert en 1955, Priscilla Johnson s'était déjà occupée d'une institution pour les enfants à Plouha avant 1930 puis d'une autre à Coatalliau, à côté de Ploubezre après 1945 (voir cette histoire en cliquant ici).

Depuis 1955, au 26 rue Sainte-Anne, le centre protestant de Quévert, appelé La Maison blanche se trouve dans un ancien bâtiment, racheté par l'Américaine Priscilla Johnson, pour un prix de sept millions deux cent cinquante mille francs, payé en trois fois. Le financement est assuré par des dons d'institutions de familles protestantes anglo-saxonnes. La maison située sur un terrain de 4,5 hectares se révèle vite insuffisante pour loger les enfants et le personnel d'encadrement. Pour créer un dortoir et un réfectoire, deux autres bâtiments annexes sont aménagés. Dans un de ces bâtiments, "150 personnes viennent écouter P. John Morris prêcher à l’occasion de Noël en 1957". (Les Frères larges. S Aharonian. 2016). John Morris restera jusqu'en 1963 avant de partir quatre ans mais pour revenir de 1967 à 1967 à la tête de l'institution.

La Maison blanche en Quévert. Photo du site Centres de vacances chrétiens.

La structure est gérée par un financement propre basé sur des dons et le bénévolat fait le reste. Les valeurs chrétiennes sont à la base du projet éducatif.

La mission de Mme Johnson est celle d'établir les bases d'un orphelinat protestant pouvant accueillir une quarantaine d'enfants. "En 1956, l'établissement est agréé comme Maison à caractère social et pouvant recevoir des pupilles de l’État."(Les Frères larges. S Aharonian", page 462)


L'association loi 1901, appelée La Maison blanche-Parole de vie, est déclarée officiellement à la sous-préfecture de Dinan le 28 mars 1960 et la parution est effective le 3 juillet 1960. Son objet est le suivant : "Organiser des camps agréés par jeunesse et sport ; rencontres pour les jeunes adolescents ; les couples et leurs familles qui désirent connaitre partager la foi chrétienne ; recevoir des groupes familles ou personnes individuelles qui désirent passer un temps de repos de détente ou de recherche spirituelle ; organiser des séminaires conférences rencontres sportives formations destinées aux membres de l'association ; apporter assistance aux églises locales pour les aider dans la mise en place et le suivi des groupes de jeunes et la formation biblique de leurs adhérents ; aider les jeunes désemparés décidés à changer de vie et apporter une aide aux nécessiteux migrants et personnes dans le besoin ; proposer des animations et des services ponctuels journées familles aides diverses personnes en contact direct ou indirect avec l'association ; ainsi rendre un témoignage du salut en Jésus Christ".

Dès le début des années 60, des activités de plein air vont être proposées aux enfants par des personnes comme Monique et Dimitri Kalioudjoglou


Dans un texte écrit en 2017 par Monique Kalioudjoglou, nous nous transportons aux premières heures d’un travail commencé cinquante ans auparavant par Monique et son mari Dimitri, en lien avec la Maison blanche de Mme Johnson à Quévert :

« …C’est en 1962, lors de notre première année à la maison des enfants à Dinan, qu’un camp de jeunes avait été organisé à Saint-Jacut-de-la-Mer dans la maison annexe de la maison de Dinan dirigée par Mme Johnson assistée de Mr John Morris. Dans ce camp, beaucoup de jeunes avaient été bénis et fortifiés dans leur foi. Par la suite, sur la demande des jeunes des églises de St Brieuc, Dinard, et Dinan, nous avons pu organiser des week-end, et pendant deux ans refaire un camp d’été. Malheureusement, faute de locaux disponibles, nous avons dû arrêter ces camps. Les jeunes étaient déçus et se sentaient abandonnés, et l’équipe de la Maison Blanche de Dinan très frustrée. Cela nous a poussés à prier pour trouver une solution ». (extrait de "Du souffle dans tes voiles, infos 2017. Bulletin d’information du CDJ. 250 rue du Pont, 35800 St-Lunaire")

A noter qu'un autre centre de vacances sera ouvert à Saint-Quay-Perros.

En février 1965, Mme Johnson perd un collaborateur de la première heure en 1930, Lucien Dujon, décédé à l'âge de 90 ans à la Maison blanche et inhumé à Quévert le mardi 23 février. Lucien Dujon était une sorte de grand-père de substitution pour les enfants de l'orphelinat. Il avait exercé "comme secrétaire pour les missions baptistes du Tabernacle jusqu'en 1923". (page 460 Les Frères larges. S Aharonian)

Dans les collaborateurs on peut aussi citer le pasteur John Morris (jusqu'en 1969), Mlle Bodiou, Ivy Fisher (qui épousera Jean Paar)...

Le 28 septembre 1969, Priscilla Johnson fait construire la chapelle, à côté de la maison. Elle est appelée La Chapelle blanche et elle est inaugurée en présence du prédicateur évangélique suisse Gaston Racine.

Chapelle protestante de La Maison blanche. Quévert. Photo Richard Fortat 2023


Les enfants devant la Maison blanche en 1963. Photo Ouest-France 13 juillet 2000

 

Les années 70 et 80

En 1972 et 1973, M et Mme De Lepper dirigent La Maison blanche où on trouve une trentaine d'enfants de 6 à 16 ans. En 1974, Brenda et Gérald Sanchez remplace le couple de Lepper, ils resteront jusqu'en 1978 où le pensionnat ferme.

La Maison blanche reste discrète dans la presse locale dans les années 60, mais dans les années 70 la communauté s'ouvre de plus en plus au public. Par exemple dans l'édition de Ouest-France du 16 mars 1972, on trouve l'annonce d'une exposition organisée par La Maison blanche sur la Bible, dans la salle Beaumanoir à Dinan, .


Le 16 avril 1977, un groupe d'étudiants en théologie de l'Université biblique du Dorsetshire, séjournant à la Maison blanche, propose un programme de Gospel entrecoupé par des partages d'expériences de foi. Les jeunes se produisent à l'antenne du Centre social, pavillon Velléda dans la Cité Lécuyer avant d'aller la semaine suivante dans une salle de l'école des Cordeliers.

Toujours en 1977, au mois de novembre, une séance publique de cinéma est organisée à la Maison blanche avec un film sur les lépreux.

Le 21 avril 1978, le film "L'homme de Galilée" est projeté à l'hôtel de ville de Dinan. Ce film est présenté par la communauté évangélique et la Maison blanche. Le 26 mai 1978, c'est un autre film qui est proposé : L'enfant de la Paix, projeté à la Bibliothèque municipale de Dinan.

Alors qu'elle était déjà en retrait depuis des années, Mme Johnson prend définitivement sa retraite en 1978 et la Maison des enfants qui est l'association de gestion va perdre son agrément.

En 1979, l’Alliance Chrétienne et Missionnaire commence à gérer la Maison blanche.

Dans les années 80, cette communauté est identifiée comme étant une Église évangélique. Jean-Yves Carluer sur son blog de l'histoire des protestants en Bretagne précise à propos de la Maison blanche : "Lieu de culte, elle sert aussi de base d’appui pour la mise en place des Églises du réseau évangélique F.E.F dans le nord de la Bretagne (Dinard, Saint-Lunaire, Dinan), en relation avec le pasteur pionnier Claude Broux". 

Après son décès le 22 mai 1983 à Quévert, selon le voeu de Mme Johnson, le site reste dédié à la jeunesse.

 

Les années 90

En 1993, la Maison blanche est obligée de fermer après un incendie qui s'est déclaré dans la cheminée.

En 1994, l'association chrétienne, implantée aux États-Unis, Words of Live, Paroles de Vie, reprend cette mission. Le travail du pasteur reste axé sur les cérémonies et la vie religieuse. Le travail de l'association est effectué en direction de la jeunesse. L'activité principale de l'association est un camp d'été, en juillet.

Le pasteur Frédéric Sourisseau arrive en 1995. Voilà comment il raconte ses débuts dans un article du Télégramme du 31 août 2017 :  « Moi et ma femme habitions dans le Sud à l'époque, se rappelle le pasteur Frédéric Sourisseau, 55 ans, qui vient d'officier le culte. Nous avons entendu qu'une association chrétienne cherchait une église vivante pour l'accompagner. Il y avait une petite communauté à notre arrivée, et aucun pasteur depuis un an et demi. Les débuts ont été difficiles ! Ce n'est pas évident de faire partir une communauté. Là, on a trouvé un bon rythme, même si on préférerait que tous les âges soient représentés. »

En 1995, la Maison blanche fête son 40e anniversaire avec une retransmission par satellite d'un discours du pasteur Billy Graham.

15 mars 1995 Ouest-France

  

Arrivé en 1999, un jeune américain nommé Christopher (ou Kristopher) Stout. Il prend la direction de l'établissement. Un gros travail l'attend car la propriété n'est plus aussi bien entretenue qu'avant. Avec des bénévoles un travail de débroussaillage est entrepris et il faudra six années pour rénover les bâtiments et mettre en conformité.


Les années 2000

La maison blanche 13 juillet 2000 Ouest-France

 

En l'an 2000, un long article de Ouest-France fait découvrir au grand public l'histoire de la Maison blanche. 

En 2003, les camps d'été sont effectués sous tente, il faudra attendre 2006 pour que les jeunes soient hébergés dans les bâtiments.

Le pasteur Frédéric Sourisseau continue de son côté d'animer la communauté évangélique. Ainsi il fait venir une chorale malgache en mai 2004, constituée autour du pasteur évangélique de Rennes, Roger Rajaobelina. Les fonds récoltés vont soutenir l'association Tsiky qui oeuvre auprès d'enfants de Madagascar.


A la Maison blanche. 18 mai 2004 Ouest-France

En avril 2007, le pasteur invite le groupe américain Wings of Morning pour un concert gospel à la Chapelle blanche.

 

Camp de jeunes 8 août 2007 Ouest-France


 

Wings of Morning à Quévert 28 avril 2007 Ouest-France

Arrivé en 1999, Kristopher (Kris) et Debora (Debbie) Stout, quittent la Maison blanche avec leurs enfants en direction des États-Unis. Sous sa direction 200 adolescents, venus de toute la France, auront participé aux camps d'été. Pendant ses dix années à Quévert, Kristopher Stout a assuré la direction nationale de l'association chrétienne Words of Live. Un autre centre d'accueil pour la jeunesse a été créé à Paris Nord dans un ancien centre d'accueil protestant. Dans les années à venir La Maison blanche souhaite s'orienter vers la location pour des rencontres familiales et associatives. Kristopher Stout va prendre de nouvelles responsabilités avec la direction internationale de l'association Words of Live. Il n'est pas prêt d'oublier Quévert : "Deux de nos trois enfants sont nés ici. Quand on a fêté mon départ, j'ai vu arriver l'équipe de foot  de Quévert en cortège. Impressionnant !". Miguel Mendoza est chargé d'assurer la relève. (Ouest-France 24 avril 2009)

Au premier rang : Natalia, Luc et Michaël Stout. 24 avril 2009 Ouest-France

 

Les fêtes de Noël représentent une occasion pour la communauté évangélique de proposer un moment festif et c'est devenu une sorte de tradition. La presse s'en fait l'écho en 2011 et 2016.

Noël à la Maison blanche de Quévert 12 décembre 2011

 

Noël à la Maison blanche de Quévert 5 décembre 2016

En 2017, la presse locale braque ses projecteurs sur "la discrète communauté" de la Maison blanche à l'occasion des 500 ans de la Réforme protestante et d'une exposition qui y est proposée. Le pasteur Sourisseau rappelle que la communauté regroupe une trentaine de membres à Dinan, une soixantaine en comptant les personnes sympathisantes. La communauté quévertoise est internationale, surtout l'été. (Le Télégramme 31 août 2017)
 

La Maison blanche 31 août 2017 Le Télégramme

 

Le pasteur Frédéric Sourisseau. Ouest-France 27 septembre 2017

Dans l'édition du journal Le Télégramme du 31 août 2017, Miguel Mendoza, le président de l'association (loi 1901) Maison Blanche-Parole de Vie, est interrogé sur l'histoire de la maison. 


Miguel Mendoza, président de l'association loi 1901 Maison Blanche Parole de vie, et Jean Lovat, administrateur du site de Quévert. Photo Le Télégramme 2017

 

Visite de la Maison blanche

Michel et Gisèle Audinet sont allés visiter la Maison blanche en 2023 et en ont rapporté deux photos intéressantes. La première représente l'histoire symbolisée du lieu et la seconde est celle de l'étonnant décor de cheminée en bois que l'on trouve dans cette maison.

Photo Michel Audinet 2023


Photo Michel Audinet 2023


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A lire aussi

Histoire de Priscilla Hoops à Plouha et Coatilliau dans le Trégor, ici

 

Sources

Articles du Télégramme et de Ouest-France

Site Généanet, ici 

Les Frères larges. S Aharonian. 2016

France-Mission, Gilbert Presle-Fabio Morin, éditions Silas 2017

Site des centres de vacances chrétiens, ici

CDJ infos 2017, texte de Monique Kalioudjoglou, ici

Blog de Jean-Yves Carluer, article sur Dimitri et Monique Kalioudjoglou, ici

Déclaration de l'association en 1960 ici

Facebook de l’Église Évangélique de Lannion, ici 

Autobiographie de Mme Hoops Johnson, Les enfants de mon coeur, IMEAF, La Bégude de Mazenc, 1983. 


 
Les enfants de mon coeur Priscilla Hoops




mardi 19 décembre 2023

Kérity en Paimpol, un temple protestant


 

Temple de Kérity en Paimpol. Photo R.F
 

Le temple de Kérity a une longue et intéressante histoire, il est d'origine baptiste. De nos jours, c'est une église évangélique baptiste affiliée, en particulier, à la fédération protestante de France.
Le temple se situe au 36 rue du professeur Jean Renaud, à l'entrée de Paimpol quand on arrive de Plouézec.


Un missionnaire gallois à l'origine
A Kérity en Paimpol, on note l'existence d'un temple protestant gallois. Son histoire est racontée le 30 mars 2018 dans le journal Regards protestants :

"L’histoire de l’Église évangélique baptiste de Paimpol reste plus que jamais liée au monde anglo-saxon. La proximité des côtes anglaises avec ce joli port de pêche breton explique sans doute ce lien. Mais pas seulement. En quelque 114 années, sur un total de huit pasteurs, cinq sont issus du monde anglo-saxon, du Royaume-Uni à l’Irlande en passant par les États-Unis. 
Tout débute à l’automne 1902 lorsque Charles Dickinson Terrell traverse la Manche en compagnie de sa femme Mabel pour venir évangéliser la région de Paimpol. Ce pasteur en provenance de Bristol fera construire le premier temple en bois en 1905 à Coatmer. Ce temple sera démonté et remonté à Paimpol en 1913 rue de l’Enfer (cela ne s’invente pas) aujourd’hui renommée rue de Goas Plat. 

A cette époque, les cultes dominicaux débutent. « En 1920, arrive l’homme clé de cette paroisse, Caradoc Jones. Un pasteur missionnaire gallois baptiste originaire de Cardiff, qui assurera son ministère pendant pas moins de 46 ans. Soutenu par Pioneer Mission, institution anglaise, Caradoc Jones donne son essor à la communauté baptiste. Celle-ci pourra acheter un terrain et faire construire le temple actuel au 36 de la rue du Professeur Jean Renaud », raconte Charles-Frank Thomas, pasteur de la paroisse, lui-même américain et parlant merveilleusement le français (Ouest-France).
 
Recensement 1936 Menguen en Kérity, vue 25. Archives 22 en ligne

 

Caradoc Jones, photo sur le site de l'Eglise de Plougrescant

 
L'inauguration du temple
Le temple est construit en 1929 et 1930 et l'inauguration donne lieu à des festivités où la population est invitée le 1er septembre 1930.

30 août 1930, Journal de Paimpol, vue 74. Archives 22 en ligne.

 
30 août 1930, Journal de Paimpol

 
Couverture du programme de l'inauguration du temple de Kérity 1930

 
Programme de l'inauguration du temple de Kérity en Paimpol. 31 août et 1er septembre 1930. Archives de la paroisse de St Brieuc

En observant le document ci-dessus, on notera que de nombreuses personnalités du monde protestant de cette époque ont apporté leur contribution pour cette inauguration du temple de Kérity :
M.A Mathews, les prédicateurs Dr A. M’Caig de Londres, M. Chas Phillips de Londres, le pasteur Théo Oriol de Paris, le pasteur Caradoc Jones, le pasteur S. Daullé de Brest, le pasteur Somerville de Morlaix, les prédicateurs J. Williams de Quimper et E. Benignus de Lorient.
 

Les années 30-40-50
En 1931 l'Almanak mat ar vretoned, en langue bretonne et en français, mentionne le pasteur baptiste, M. Mathéus qui dirigeait un culte chaque dimanche à 13 h dans la chapelle située route de Kérity. Il s'agit tout simplement du pasteur Mathews !
 
Dans l'entre deux-guerres, Caradoc Jones sera aidé dans sa mission par un colporteur évangélique Adolph Huck (1882-1959), colporteur évangélique à l'Eglise baptiste de la rue Meslay à Paris 3e puis au 48 de la rue de Lille (7e Arr) dans l'Eglise d'Arthur Blocher. Il était le père de Jean Huck (1914-1963) et le beau-père de Solveig Huck-Hansen.
Le pasteur Arthur Mathews aidera aussi grandement au développement de cette communauté. « Ces trois hommes feront équipe pendant une quarantaine d’années et formeront la communauté. A l’époque l’église était pleine », indique Charles-Frank Thomas. 
 
Notons aussi qu'à Plouha, en 1936, une petite maison de location servait de lieu de culte. Le vicaire du pasteur de Kérity y habitait et devait y rassembler quelques personnes. Le curé de Plouha mentionne ce fait et indique que quelques-uns de ses paroissiens assistent "plutôt en curieux" à ces moments de prières. 
En juillet 1938 de nombreuses paroisses protestantes vont intégrer l’Église Réformée de France. En Bretagne, St Brieuc, Perros, St Servan-St Malo et Quimper font ce choix mais les baptistes de Morlaix et Paimpol resteront en dehors de ce mouvement.
Au début des années 50 M. Chapellaz de Paimpol va régulièrement épauler le pasteur Omnès à Plougrescant et Caradoc Jones fera de même.


Le temple

Sur la route de Kérity, on a encore l’ancienne boulangerie de Fautin Le Berre, « Au Minguen ». À la suite d’un incendie en 1927, le boulanger a vendu des terrains à l’association de Caradoc Jones.

À l’entrée du temple, on trouve quatre pierres, et quelques noms : Caradoc Jones, Arthur Mac Caig, Morgan Davies, un véritable héritage Gallois en terres bretonnes. Le temple protestant de Paimpol, c’est une austérité voulue, où statues et reliques ne trouvent pas leur place : « Tu ne feras pas de représentation quelconque de ce qui est en haut dans le ciel, de ce qui est en bas sur la terre, de ce qui est dans les eaux plus bas que terre », disait le Chapitre 20 de l’Exode.

À l’intérieur, seuls bois et blanc se mêlent au culte. Avec toutefois cette particularité Paimpolaise : « Des versets de la Bible qui ornent les murs », note Geneviève Cleuziat, présidente de l’association de l’Église Évangélique Baptiste. Au fond, un baptistère remarquable, en marbre pour permettre l’immersion totale de tout nouveau membre à la communauté.(Ouest-France 20 février 2017)

Photo Ouest-France 2017

Photo Ouest-France 2017


L'orphelinat
 
L'oeuvre du pasteur Jones comprenait aussi un orphelinat ouvert quand le temple de Kérity a été mis en fonction. Un article du Télégramme donne la parole à deux personnes qui ont connu l'orphelinat, Yves Le Bihan et Madeleine : « C’était un homme simple, se souvient Yves Le Bihan, qui a pu côtoyer le pasteur à l’orphelinat de Goas Plat. Il s’est saigné pour faire entrer de l’argent du Pays de Galles, et pour construire ce Temple. Il voulait le bonheur des gens »... «C'était Miss Cave, une Anglaise aisée qui avait tout vendu pour subvenir aux besoins de l'orphelinat, qui s'occupait de nous, se souvient Yves, ému. Jamais un mot plus haut que l'autre, j'en garde un merveilleux souvenir. » Mais au moment de l'Occupation, elle doit repartir en Angleterre et le pasteur, Caradoc Jones, est placé sous surveillance. C'est Mrs Matthews, une Française, épouse d'un autre pasteur, qui reprend le flambeau. «Tout le monde l'appelait Tante Germaine et elle faisait des miracles pour trouver un peu de viande. Les commerçants de Paimpol étaient solidaires», se souvient Yves. (extraits de Ouest-France)
 
Des décennies plus tard, Madeleine et Yves Le Bihan sont complices et se retrouvent à l'office de l'église évangélique, tous les dimanches. Ils témoignent de leur vie dans l'orphelinat protestant de Paimpol dans Le Télégramme du 15 octobre 2012
Yves Le Bihan a vécu son enfance à l'orphelinat de Paimpol. Madeleine Le Roux y a travaillé. Malgré les moments difficiles, notamment pendant la guerre, ils s'en souviennent comme d'un endroit chaleureux et formateur.

Madeleine et Yves. Le Télégramme 15 octobre 2012


 
Après Caradoc Jones  
Caradoc Jones termine son pastorat en mai 1967 où se déroule un culte d'adieu. Le pasteur Jones meurt deux ans plus tard, le 12 janvier 1969.
Obsèques de C.Jones, avis le 31 janvier 1969 Ouest-France

Brian-Russel Jones prend la suite...
Maurice Decker est le premier pasteur français de l’église évangélique de Paimpol en 1970, Pierre Boulanger en 1979, Philippe Hamon, Michael Mac Gowan, prendront alors sa suite. Fabio Morin, pasteur de Lannion a aussi dirigé des offices quand il n’y avait plus de pasteur attitré sur Paimpol dans les années 2000. Après une décennie sans pasteur, Franck Thomas, venu des Etats-Unis reprend la tête de cette paroisse en 2017.
Le pasteur Franck Thomas à Kérity.18 novembre 2017 Ouest-France

En 2018, le pasteur Charles Du et son épouse prennent la suite de Franck Thomas.
Le Télégramme 22 septembre 2018

L'histoire continue....

 
Le saviez-vous ?
 
Dans l'histoire de la communauté baptiste de Paimpol, nous retrouvons, dans le recensement de 1931 au bourg Huguen à Kérity, Jean Huck, futur mari de Solveig Hansen et Adolph Huck, son beau-père. Solveig est une personnalité de la communauté protestante de Saint-Brieuc, un article lui est consacré (cliquez ici).
 
Recensement 1931 Kérity, vue 6. Bourg Huguen. Archives 22 en ligne

Adolphe Alphonse Huck est né le 9 février 1882 à Paris 14e arrondissement. Il s’est marié le 8 juin 1912 à Paris dans le 6e arrondissement avec Adèle Marie Randin (1889-1966). Le couple aura trois enfants : Andrée (1913-2008), Jean (1914-1963) et Daniel-Paul (1920-1965).
 
Ci-dessous, on peut voir au centre Jean Huck, au moment de son mariage avec Solveig Hansen. Adolphe Huck, est tout à fait à droite portant un chapeau, son épouse est la 4e personne à partir de la droite.
Photo Solveig Hansen.
 
Adolphe Huck est décédé le 3 juillet 1959 à Paimpol.
 
Obsèques A. Huck. 4 juillet 1959 Ouest-France


   
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Sources  

Maison du diocèse De Saint-Brieuc, archives, Questionnaires cote 3F11a et 3F11b. 
 
Article dans Regards protestants (cliquer ici)
 
Le Télégramme du 15 octobre 2012 

Article dans Ouest-France, 20 février 2017, cliquer ici

Almanak mat ar vretoned 1931, cliquer ici




Article : Paimpol et ses premiers protestants, observés par le pasteur Théophile Roux en 1908, sur le site de Jean-Yves Carluer, cliquer ici.

Entretien avec Solveig Huck, 28 septembre 2023
 
Histoire de l'Eglise de Plougrescant, ici
 
Site de l'Eglise de Kérity, cliquer ici