dimanche 25 février 2024

Les constructions de Harry Stamp à Saint-Brieuc. 1926-1952

 

Villa Le Rayon de Soleil, 2 impasse de Coetlogon à Saint-Brieuc. Photo RF 2024

Robert Henry Stamp, appelé Harry, est né le 9 septembre 1881 en Angleterre. C'est un protestant évangélique dont le domaine professionnel est le commerce de charbon. En 1914, il s'installe en Bretagne, à Saint-Brieuc exerçant comme directeur d'une entreprise de charbonnage. Son épouse est Louise Flament, le couple s'est marié le 19 décembre 1916 à l'Église Baptiste du Tabernacle à Paris.

M et Mme Stamp vont avoir plusieurs enfants, tous nés à Saint-Brieuc : Ruben Henry né le 9 décembre 1917 ; Isabella Louise, née le 11 avril 1920 ; Jacques Charles, né  le 21 mai 1927.

La famille Stamp va déménager à cinq reprises : 45 rue Brizeux de février 1915 à décembre 1916 ; 4 rue de Gouédic de 1916 à septembre 1919 ; 17 rue Victor Hugo d'octobre 1919 à septembre 1922 ; 2 rue des Bouchers d'octobre 1922 à septembre 1929.

Leur logement devenant trop petit avec leurs trois enfants, en 1929, ils décident de faire construire une maison 2 impasse Coëtlogon. Ils y resteront jusque dans les années 60.

Mais M. Stamp aura fait bâtir plusieurs constructions à Saint-Brieuc : deux maisons, dont une surélevée dans un second temps ; des garages transformés en salle de prière pour les activités de l’Église évangélique dont il s’occupait ; et une salle de prière dans le quartier de Robien, avant 1945. 


L'impasse Coëtlogon à Saint-Brieuc. Plan Google.


Première maison, 2 impasse Coëtlogon. 1926

Pour la petite histoire, c'est Louise Stamp qui a commencé à dessiner les croquis de la maison et ils ont été parachevés par son beau-frère l’architecte Bernard Datcharry. Cet architecte a été diplômé de l'École des Beaux-Arts, le 6 juin 1923. Il fut notamment architecte dans les services de la ville de Paris. On lui doit par exemple l’École et le gymnase Roquépine.Il a travaillé pour les asiles psychiatriques de Villejuif et Sainte-Anne.


La  première demande de permis de construire pour Harry Stamp remonte au 28 juillet 1926. M. Hervin, architecte 2 Place Saint-Pierre à Saint-Brieuc,  sollicite l’autorisation de construire une maison au 24 bis rue Coëlogon prolongée, devenue 2 impasse Coëtlogon peu de temps après. Il joint « les plans, façades et coupe, en double exemplaire, de la construction projetée ». Par contre, on a l'impression qu'il y a une inversion entre la façade rue et la façade jardin...(Archives municipales 2T10)
Ci-dessous, les plans.

Façade sur rue (mais en fait façade sur jardin). Plan 1926

 
Coupe, projet 1926

Un nouveau courrier parvient au cabinet du Maire le 26 octobre 1927. Le toit terrasse reste, mais la distribution des pièces est modifiée, le garage et l’escalier extérieur disparaissent. (Archives municipales 2T11).
Ci-dessous, plans et situation comparative avec deux photos

Façade sur jardin. 1927

 
Façade sur rue. 1927

 

Coupe.1927


Comparaison des deux façades sur jardin, 1926 et 1927


Surélévation de la maison 2 impasse Coëtlogon. 1950
Le 11 avril 1950, R-H Stamp agissant pour le compte de sa fille, B. Piaget, demande la délivrance d’un permis concernant une surélévation à entreprendre sur la maison du 2 impasse Coëtlogon dont il est devenu l’usufruitier après un acte notarié. « La direction technique des travaux est assurée par M. Bernard Datcharry, architecte D.P.L.G, 9 bis avenue Raymond Croland, Fontenay-aux-Roses (Seine), sans aucune participation financière de l’État» précise M. Stamp. Il s'agit de remplacer la toiture terrasse par des combles mansardées. L’autorisation est délivrée le 17 mai 1950.(Archives municipales 2T77)

Ci-dessous, papier à en-tête, devis estimatif, plan de situation et photo comparative.


 




 

Façade sur rue. 1950

Façade sur jardin. 1950

Comparaison entre le plan de 1950 et l'état en 2024. Photo RF

Souvenirs, souvenirs

Souvenirs familiaux (Iris Stamp) :
« De l’impasse Coëtlogon, un élégant portail en fer forgé s’ouvrait sur un petit jardin donnant directement sur la porte principale. Cette partie de la maison était orientée au Nord-Ouest et constituait l’entrée principale. Une porte latérale donnait accès à l’arrière de l’immeuble, le plus privilégié par le site. C’est de ce côté que se situait l’agréable salon avec ses hautes portes fenêtres donnant sur une terrasse cimentée. Le restant du rez-de-chaussée était essentiellement conçu à usage domestique et comportait également un logement pour les visiteurs, tandis que la famille occupait le premier étage, où la salle à manger centrale constituait le pôle de la vie familiale. 

Une particularité originale de cette pièce  était une ouverture octogonale dans le plafond, correspondant au plancher du bureau de Harry situé juste au dessus. Ce bureau était une petite tour, comme un belvédère, dont les fenêtres donnaient sur un toit plat. L’ouverture du plafond de la salle à manger était protégée des poussières de l’étage au dessus par un voile de fine mousseline et elle était entourée d’une rambarde en bois. Cette disposition ingénieuse permettait à Harry de rester près de la famille tout en travaillant… »

« Plus bas, le long du boulevard, de petits trains à vapeur sur une voie unique, assuraient un service régulier entre Saint-Brieuc et Paimpol, procurant un divertissement constant aux enfants. »

« Louise soignait ses treilles, et elle planta une glycine sous le balcon… »
 

« Harry aimait beaucoup l’hospitalité et il était courant qu’il amenât à la maison pour déjeuner un hôte inattendu, et parfois une personne tout à fait étrangère. Souvent des personnes des environs étaient invitées à déjeuner ou à diner, telles qu’un jardinier démuni, une veuve solitaire ou un ouvrier du dépôt de charbon de Harry ».
 

Une maison de famille

D'après les souvenirs familiaux, l'ambiance était souvent joyeuse et accueillante dans la maison du Rayon de Soleil. Et dans la famille Stamp, on aimait faire des blagues, y compris aux visiteurs de passage ! Il était difficile de réunir tout le monde mais pendant l’été 1950, une réunion de famille rassembla tous les enfants, leurs conjoints et six petits-enfants.

 

Seconde maison, 10 impasse Coëtlogon 1952-1954
Le 10 mars 1952, R-H Stamp demande la délivrance d’un permis concernant la construction d’un pavillon d’habitation et d’un garage à entreprendre au 10 impasse Coëtlogon, sur un terrain situé à l’angle du boulevard Harel-de-la-Noë et de la Vieille Côte du Légué, figurant au cadastre sous le numéro 124p et 125p, dit « La Bosse ».
C'est effectivement un terrain avec une forte dénivellation, on s'en rend compte en étant au croisement du boulevard Harel-de-la-Noë, en apercevant la maison sur la hauteur (voir la photo contemporaine ci-dessous).  

La direction technique des travaux est assurée par M. Bernard Datcharry, architecte. Le certificat d’achèvement des travaux est consigné le 6 mai 1954. (2T224 archives municipales)

Ci-dessous : plan de situation, façades.


 

Façade ouest, plan 1952

 

Façade Est, plan 1952

Au fond de l'impasse, on aurait du mal à dire que c'est la maison dont les plans ont été dressés par l'architecte, surtout en l'absence de tourelle. Mais observant la façade Est de la maison, on s'aperçoit que c'est bien elle : même nombre de fenêtres, deux colonnes au premier étage. 

Par contre, tout n'a pas été réalisé comme le plan le prévoyait : un seul escalier extérieur et donc absence de tourelle du côté sud.

Le 10 de l'impasse de Coetlogon. Photo RF Février 2024

Au milieu des années 60, Harry Stamp vend son affaire et une grande partie du terrain de la maison, en particulier le verger et le court de tennis, et il fait don du local de rue Harel-de-la-Noë. Il quitte Saint-Brieuc à l'été 1970 et décède peu de temps après.

 

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A suivre sur ce blog

L'histoire de l’Église évangélique dans la suite de l’Église Bonne nouvelle de M. Stamp, ici

 

Sources

Archives municipales, dossier des permis de construire.
 

Le fil d'Or, Iris Stamp.

Localisation de l'emplacement de la Salle de Bonne Nouvelle, avec Google street, 44 boulevard Harel de la Noé, en cliquant ici

 

Complément, Bernard Datchary

Biographie complète rédigée par Marie-Laure Crosnier Leconte  sur le site : Datcharry, Bernard (21/05/1892 - ) - Agorha
Agorha https://agorha.inha.fr

 

Bernard Datcharry, né à Olargues (arrondissement de Saint-Pons, Hérault) le 21 mai 1892, fils de Jean Baptiste Datcharry, gendarme, et de Catherine Folléas. En tant qu'architecte, il est subventionné par le département du Vaucluse et la Ville d'Avignon entre 1911 et 1922. Plus tard, il devient architecte à Fontenay-aux-Roses, Hauts-de-Seine entre 1931 et 1962 ; architecte fonctionnaire à la Direction des Services d'architecture et d'Urbanisme de la Préfecture de la Seine de 1925 à 1953, architecte divisionnaire principal de la Ville de Paris et de la Préfecture de la Seine, architecte départemental adjoint de la Ville de Paris...

vendredi 23 février 2024

Adèle-Hélène Babut (1872-1951), professeure agrégée, protestante.

Maison Babut 60 rue Ville Gautier, Le Courtil Etables. Image Google

Une éducation protestante

Hélène Babut (1872-1951) est née le 19 juin 1872 à Nîmes dans le Gard. Son premier prénom était Adèle mais elle se faisait appeler par le second, Hélène.
Sa famille est protestante et son père, Charles-Edouard Babut (1835-1916) est un pasteur de premier plan au XIXe siècle ; par exemple il préside l'ouverture du synode en 1872 et en 1879. Une rue porte son nom à Nîmes.
En 1868, Charles épouse, à Francfort, Hélène Bonnet (1840-1918), fille du pasteur Louis Bonnet (1805-1892), avec qui il aura dix enfants dont Adèle (Hélène) (1872-1951).

Ci-dessous, deux photographies de Charles Babut. La première provient du volume de Sermons choisis qui a été édité en 1913, à l’occasion des cinquante ans de ministère du pasteur. Sur ce cliché, Babut semble avoir environ cinquante ans, ce qui situerait le portrait vers 1885. La deuxième photo a été publiée avec des recueils de sermons posthumes. Elle montre le pasteur vers la fin de sa vie. Ses rouflaquettes ont pris des dimensions impressionnantes" (site dvarim).

C-E Babut, site dvarim

C-E Babut, site dvarim

De brillantes études
Hélène Babut fait de brillantes études et elle est admise cinquième, au niveau national, à l'agrégation des Lettres pour la session de 1899. Son succès est mentionné dans la gazette littéraire La vie Montpelliéraine du 1er octobre 1899. Son frère Ernest est reçu la même année à l'agrégation d'histoire-géographie. Promis à une carrière exceptionnelle (déjà historien, écrivain, professeur à la faculté de Montpellier), il meurt au combat en 1916.


Mlle Babut enseigne comme répétitrice au Lycée de jeunes filles du Havre en septembre 1897.

L'année suivante, elle est nommée au Cours secondaire de jeunes filles de Montpellier à partir du 5 septembre 1898, avant son agrégation, enseigne par la suite au Lycée de jeunes filles de Nîmes à partir de septembre 1906. Elle est nommée Officier de l'Instruction public en 1911 (J.O 17 juillet 1911).

Pour l'année scolaire 1917-1918, Mlle Babut est inscrite sur la liste d'aptitude aux fonctions de professeur dans les lycées de jeunes filles de Paris et de Versailles. Le 21 juillet 1917, elle est nommée au lycée Victor-Duruy à Paris, comme professeur de 4e classe.


Hélène Babut fait valoir ses droits à la retraite à la fin de l'année scolaire 1932-1933. Elle a alors 38 ans 9 mois et 24 jours d'ancienneté de services. Sa pension de retraite lui sera versée à partir du 1er octobre 1933 et elle bénéficie d'une indemnité pour charges de famille (Journal Officiel de la République, lois et décrets, 17 novembre 1933, page 11 569).


Professeure en Bretagne

Mlle Babut arrive en Bretagne après 1933. On ignore encore pourquoi cette implantation en Bretagne : est-ce un projet concerté avec Eleonore Scott qui est également professeur et de confession protestante ? A-t-elle des attaches familiales ?


Les amies : Jeanne Blanc et Eleanore Scott

Fidèle à ses engagements religieux, elle s’inscrit comme membre au Temple protestant de Saint-Brieuc. On retrouve son nom dans les registres de la paroisse où elle figure pour la première fois en 1934. Son nom est mentionné avec ceux de mesdames Scott et Blanc, avec qui elle partage la même adresse : le Courtil à Etables. En 1939, on trouve à cette adresse madame Scott et Mme Scott-Babut. En 1941 : Scott, Scott Marie, Babut et Blanc et en 1942 Babut, Scott, Blanc. Après 1942 Mlles Babut, Scott et Blanc ne sont plus inscrites dans les registres.

A noter que dans le registre de recensement d'Etables en 1936, ci-dessous, on a Jeanne Babut née en 1880, secrétaire, soeur d'Hélène (avec une erreur sur le nom écrit Rabut).

Recensement Etables 1936 Page 34



Adoption

Sur le plan familial, Hélène Babut va adopter une fille, Marie Thuet-Babut née le 30 mai 1920 (Paris 13e) ; elle deviendra institutrice. Plus tard, Marie Thuet-Babut prend le nom de Marie Gugenheim (1920-2011) après son mariage le 30 août 1946 avec Léon Gugenheim (né à Paris 17e le 15 juin 1911). La cérémonie était présidée par le pasteur Barre et le pasteur Henri Whelpton. Le couple aura deux enfants Françoise et Pierre.

Mme Gugenheim était bien connue dans la communauté protestante d’Étables car elle tenait l'harmonium lors des cultes d'été. Dans les années 80, Mme Gugenheim était également engagée dans l'association d'aide au Tiers-monde "Terre des Hommes" ; dans un tout autre registre, elle s'occupait du club de bridge. Marie Gugenheim est décédée le 1er janvier 2011, elle a été incinérée le 18 janvier, jour où s'est déroulé une cérémonie au Temple de Saint-Brieuc. Elle repose au cimetière d'Etables depuis 2011.

Ci-dessous, pour les témoins du mariage de Marie Huet-Scott-Babut avec Léon Gugenheim en 1946, on note les différentes signatures des parents, Eleanor Scott et Adèle Babut, ainsi que celles des pasteurs Barre et Whelpton.


Marie Thuet, institutrice dans les Côtes-du-Nord de 1939 à 1945.

Marie Thuet, dite Scott-Babut, rentre à l’école Normale  de Saint-Brieuc en 1938. Elle y passe son Brevet élémentaire puis son Brevet supérieur en 1941.  

Solveig Hansen (une protestante née en 1916) a connu Marie Gugenheim, née Thuet : "Elle n'était pas encore mariée et elle effectuait sa formation d'institutrice à l’École normale de Saint-Brieuc où j'exerçais comme surveillante à ce moment-là" (Témoignage recueilli le 24 mai 2023). 

Dossier Marie Thuet, dite Scott-Babut. Archives départementales. Série 1T

En 1941, Marie Thuet enseigne à l’école publique d’Étables et d’Hillion en tant que stagiaire.
A la sortie de l’École normale, elle est nommée à Rostrenen en Cours complémentaire au mois d’octobre. L'école est récente puisque le chantier a commencé en 1938.

Le Cours complémentaire de jeunes filles. Rostrenen. 28 mars 1938 Ouest-Eclair

En janvier 1941, après avoir passé son C.A.P, elle est titularisée sur ce même poste où elle reste jusqu’au 30 septembre 1945.

Dossier Marie Thuet, dite Scott-Babut. Archives départementales. Série 1T

Le 15 mai 1945, elle est inspectée dans sa classe à Rostrenen et le rapport d’inspection nous apprend beaucoup de choses sur le poste occupé par Marie Thuet. Elle est chargée d’une partie de l’enseignement littéraire et de l’éducation physique pour les jeunes filles du Cours complémentaire. Les élèves ne sont que trois et se préparent toutes au concours de recrutement des élèves institutrices. L’inspecteur assiste à son exposé adressé aux élèves sur le thème de « La Résistance de l’esprit », d’après « Les cahiers de Londres ». De plus, la jeune institutrice se consacre aux œuvres post scolaires : chorale d’élèves et d’anciens élèves des écoles publiques, association sportive féminine de basket-ball, organisation de fêtes au profit des prisonniers, cantine scolaire, compagnie d’Éclaireuses Neutres Croix d’Or Lorraine, groupe de C.R.F.J (Croix-Rouge de la Jeunesse)… L’appréciation générale de l’inspecteur départemental est élogieuse : « Mlle Thuet est une jeune institutrice intelligente, active et dévouée. Elle a certainement une haute idée de ses fonctions et de son activité dans les œuvres sociales… ».
L’inspecteur d’académie, quant à lui, ne tarit pas d’éloges en juin 1945 au moment où il est amené à donner son avis, à l’Inspecteur d’Académie de Strasbourg, sur la demande de changement de région souhaitée par Marie Thuet : « Mlle Thuet, dite Scott-Babut, a fait preuve dans son service d’une conscience exceptionnelle et d’une réelle distinction d’esprit. Elle enseigne l’anglais et la musique avec beaucoup de goût. Désirant poursuivre ses études dans l’une ou l’autre de ces spécialités, elle souhaiterait avoir un poste à proximité d’un centre d’enseignement supérieur ». L’Inspecteur poursuit en rappelant la difficulté d’être identifiée comme protestante dans une Bretagne catholique, bien qu'enseignant à l'école publique : « Elle n’a pas obtenu à Rostrenen l’aide et la compréhension (Mlle Thuet est protestante) qu’elle était en droit d’espérer. Elle peut rendre de grands services à la cause française en Alsace où son tact, son éducation, son idéalisme enthousiaste, trouveront une meilleure atmosphère. Je souhaite vivement que l’on puisse lui accorder un poste à proximité de Strasbourg qui lui permette de parfaire sa culture et de donner toute la mesure de ses dons, elle le mérite. »

 

Pendant l'Occupation

On peut lire quelques lignes consacrées à une action courageuse de Mlles Scott et Babut dans le livre Etables-sur-Mer, des lieux, des vies au fil du temps. Editions Etables Entre Terre et Mer : « Elles recueillirent la famille Zerna, des Allemands fuyant les persécutions nazies à la fin des années 30. Pour obtenir la nationalité française, Monsieur Zerna s’engagea dans le Légion étrangère. Il trouva la mort lors de l’attaque japonaise des garnisons françaises en Indochine. Son nom figure sur le monument aux morts d’Etables-sur-Mer. »

Effectivement, Fritz Paul ZERNA est né le 10 août 1908 à Berlin en Allemagne. Il s’engage dans l’armée avec la Légion Étrangère. Combattant en Indochine, il décède le 10 mars 1945 à Ha Giang dans l’ex province du Tonkin.
(Sources : Service historique de la Défense, Caen, cote AC 21 P 280321)

Le nom de Zerna sur le Monument aux Morts d'Etables.

En 1948-1949, dans les membres du groupe protestant de Binic-Etables on trouve le nom de Mme Zerna et dans les résultats du bac du 8 juillet 1954 à Saint-Brieuc, Peter Zerna, avant de trouver son nom le 15 juillet 1959 après avoir réussi des examens de physiologie animale à la Faculté de Rennes.


Échanges avec le pasteur Crespin

Dans l'histoire protestante, on sait que Mlle Hélène Babut s'est adressée au pasteur Yves Crespin dans une lettre où elle n'était pas satisfaite de la présence du pasteur à une réunion à Saint-Brieuc où l'invité d'honneur était l'amiral Darlan. Le pasteur lui avait répondu le 21 octobre 1942 dans une longue lettre d'explication qui a été conservée dans les archives du Temple. 

Le pasteur Crespin devait apprécier les idées du père d'Hélène comme l'atteste ce livre du pasteur Charles Babut "Enseigne-nous à prier", La Cause, octobre 1930. La mention "Yves M. Crespin" figure en page de garde de cet ouvrage retrouvé dans la bibliothèque des pasteurs du temple de Saint-Brieuc, .

Enseigne-nous à prier. E-C Babut. La Cause octobre 1930.

Pasteur Yves M. Crespin Saint-Brieuc

 

Disparition des demoiselles Babut, Scott, Blanc

Hélène Babut est décédée le 7 avril 1951 à Bégard à l’âge de 78 ans. Un service dirigé par le pasteur Marquer a eu lieu au Temple d’Étables le 10 avril 1951. Sa disparition est signalée dans la revue Femmes diplômées en 1952. Elle repose au cimetière d'Etables depuis le 19 mai 1956.



Jeanne Blanc, née en 1866, est décédée le 28 septembre 1946 et la cérémonie a eu lieu au cimetière
d’Étables le 30 septembre. L'annonce est parue beaucoup plus tard dans Ouest-France, dans l'édition du 16 octobre 1946.
 

Eleanor Scott, née en 1868 à Paris, est décédée à Étables le 29 mars 1954 et le pasteur Paul Marquer a procédé à la cérémonie d'inhumation au cimetière d’Étables le 31 mars. 

Marie Gugenheim (Marie Thuet-Scott-Babut ), née le 30 mai 1920 dans le 13e arrondissement de Paris, repose au cimetière d’Étables depuis 2011.

14 janvier 2011 Ouest-France

Ci-dessous, trois photos au cimetière d'Etables-sur-Mer (22)




 

Hélène Babut et Eleanor Scott dans la mémoire collective.

"Impasse Eleanor-Scott" et "Impasse Adèle-Babut" sont deux noms qui ont été donnés par le Conseil municipal de la commune de Binic-Etables le 27 avril 2022 pour le lotissement "Les Villas Manoir". Dans sa délibération numéro 13, conduite par Hélène Lutz, le Conseil écrit : "Elles ont toutes les deux été enseignantes dans la commune, Adèle Babut ayant été la première agrégée de France et elles ont rendu des services à la commune en adoptant notamment plusieurs enfants".

Le Conseil municipal a montré un peu trop d'enthousiasme en écrivant qu'Adèle Babut avait été la première agrégée. En effet, les premières femmes agrégées ont été reçues en 1883 (6 en lettres et 6 en sciences). Cette agrégation féminine avait alors été créée, deux ans après la fondation de l'École normale supérieure de jeunes filles (appelée « Sèvres). 

Il reste encore beaucoup à découvrir sur la vie d'Adèle Babut, d'Elenaor Scott et de Jeanne Blanc...

En haut à gauche, localisation des Impasses Scott et Babut à Etables. Image Google




A lire
 
L'histoire de la communauté protestante d’Étables, cliquer ici

 
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Documents d'archives du Temple de Saint-Brieuc
 
10 avril 1951. Cérémonie d'enterrement protestant. Adèle Babut. Archives du Temple

 
31 mars 1954. Cérémonie d'enterrement protestant. Eleanor Scott. Archives du Temple

30 septembre 1946. Cérémonie d'enterrement protestant. Jeanne Blanc. Archives du Temple

31 août 1946. Bénédiction de mariage protestant. Marie Gugenheim. Temple de Saint-Brieuc

 
Sources

Registre des membres du temple de Saint-Brieuc, 1934-1942
 
Registre des décès, archives du temple de Saint-Brieuc.
 
Recensement Etables-sur-Mer 1936 page 34. Archives départementales.
 
La vie Montpelliéraine 1er octobre 1899
 
Publication L'enseignement secondaire des jeunes filles. 1899. 

Site Généanet, Adèle Babut, ici
 
Ouest-France 14 janvier 2011, obsèques Marie Gugenheim 

Biographie Charles Babut, site dvarim, cliquer ici

Biographie d'Ernest-Charles Babut, frère d'Hélène, cliquer ici
 
Compte-rendu du conseil municipal d'Etables-Binic, 2022
 
 
 
 

jeudi 22 février 2024

Ernest Prigent (1898-1980), entrepreneur, conseiller municipal, protestant et Résistant

 

Ernest Prigent est né le 14 avril 1898 à Plouégat-Moysan dans le Finistère. Dans la vie publique, il a été connu dans le secteur de Saint-Brieuc comme entrepreneur, conseiller municipal, protestant et Résistant.

Ernest Prigent (1898-1980)

 
La conversion au protestantisme
Ernest Prigent se marie le 19 juin 1922 à Trémel avec Hélène Somerville (1897-1984), née à Trémel, fille du pasteur Georges Somerville. Un des frères d'Hélène deviendra lui-même pasteur à Morlaix. 
Pour Ernest, le protestantisme n'est pas familial, il va se convertir. Ernest et Hélène Prigent vont d'abord habiter Morlaix, puis en 40-41, après la démobilisation, la famille s'installe à Saint-Brieuc au 32 Boulevard de la Tour d’Auvergne. Le couple est inscrit dans le registre des membres de l’Église protestante à partir de 1942. Plus tard, ils résident à Ker-Couantic, rue Duguay Trouin, dans une sorte de petit château au pied d'immeubles construits par Ernest Prigent. 
Ernest et Hélène Prigent vont être actifs au sein de la communauté protestante dirigée dans les années de guerre par le pasteur Yves Crespin. Ernest Prigent occupera la fonction de secrétaire du conseil presbytéral de 1946 à 1948.
 
Ernest Prigent 1948. Archives du temple de Saint-Brieuc. Photo RF

 
 
Les années 40, l'arrestation en 1943
 
Ernest Prigent est de cette génération qui aura été engagée dans deux guerres. Pendant la Première guerre mondiale, il est incorporé au 10e Régiment d’artillerie le 3 mai 1917 avant de passer au 301e régiment d’artillerie lourde le 14 avril 1918. Maréchal des logis le 19 juin 1918, il est démobilisé le 24 octobre 1919.
 
Pendant la Seconde guerre mondiale, il est rappelé sous les drapeaux le 7 septembre 1939 puis affecté à la Manufacture nationale d’armes de Tulle jusqu’au 14 janvier 1940.
 
A Saint-Brieuc, il s'engage auprès de ses amis protestants pour donner des coups de main. Par exemple, il participé activement à la désertion d'un soldat alsacien qui s'était présenté au Temple. Ayant habité Strasbourg, c'est lui qui interroge ce soldat pour s'assurer que c'est une personne fiable.
 
En 1943, Ernest Prigent est arrêté avec le pasteur Crespin, le docteur Hansen et d'autres protestants comme Jean Huck dont il est l'employeur. Ernest Prigent est incarcéré à Saint-Brieuc, transféré à la prison de Rennes où il reste pendant six semaines, puis il est libéré.
 
 
 
Ernest Prigent, dans la Résistance. 
Une fois libéré, Ernest Prigent, ne rentre pas dans le rang. Son fils, Pierre, se souvient d'une vie qui laissait une bonne place pour des actions clandestines : 

"Nous sommes arrivés à Saint-Brieuc avec mes parents au début de la guerre. Mon père était entrepreneur dans le bâtiment et il s'absentait beaucoup de la maison. 
Il passait deux à trois jours par semaine dans le secteur de Loudéac où il était en contact avec la Résistance dont de nombreux membres se cachaient dans la forêt. J'y suis allé une fois en vélo, avec mon père. Sur nos porte-bagages on remportait des cartons avec des paquets de tracts qui devaient être distribués ensuite à Saint-Brieuc. Sur le trajet, nous avons vu une patrouille et nous avons été obligés de nous cacher".
 
Sur la photo ci-dessous, prise par Pierre Prigent, on voit Ernest Prigent, son père en tenue de F.T.P : "C'était peu avant la Libération, à Uzel. Il y avait eu un accrochage ce jour-là".
 
Ernest Prigent en tenue de F.T.P à Uzel. Photo prise par son fils Pierre.

Ernest Prigent qui restera très marqué par l'arrestation et la déportation de ses amis protestants, interviendra à de nombreuses reprises lors des cérémonies commémoratives pour leur rendre hommage après-guerre.

 


Ernest Prigent reçoit la Légion d’Honneur en novembre 1954 à l’Hôtel de Ville de Saint-Brieuc. L'édition de Ouest-France du 4 novembre 1954 nous en fournit les détails et c'est l'occasion de revenir sur son parcours dans la Résistance.

De nombreuses personnalités sont présentes dont Victor Rault, le maire ; M. Royer, maire au moment de la Libération ; des adjoints ; le docteur Hansen, parrain du récipiendaire ; Mme Avril, épouse du défunt préfet Henri Avril ; Adolphe Vallée, président du tribunal de commerce et ancien chef de la Résistance ; Maître Fairier, notaire à La Chèze, conseiller général et maire ; des représentants de différentes associations patriotiques ; Oscar Hansen ; son gendre Jean Huck ; le pasteur Marquer…

Le docteur Hansen, Ernest Prigent, Victor Rault

Légion d'Honneur E.Prigent 5 novembre 1954 Ouest-France

Victor Rault « souligne l’action municipale de M. Prigent, sa compétence en matière de logements, ses idées pour contribuer à résoudre le problème des taudis.
Le docteur Hansen, président de l’A.D.I.F, prononce une émouvante allocution. Les assistants l’écoutent en se reportant 11 ans en arrière. C’est d’abord le rappel de la mort du pasteur Crespin et des camarades déportés, torturés en Allemagne dans les camps nazis ; la mort de Georges Bessis et combien d’autres…
Le docteur Hansen rappelle les arrestations en 1943, le départ en janvier 44, l’activité de M. Prigent, aidant le pasteur protestant à secourir les « déserteurs » alsaciens, en leur procurant un abri, des papiers, un travail, en aidant les réfractaires, les parachutistes qu’il fallait héberger avant de les aiguiller sur l’Angleterre.
M. Prigent a su, grâce à son tempérament, à son intelligence, à ses fonctions de Président des carbonisateurs du département, à son audace et à sa bravoure, servir la Résistance sous toutes ses formes

Ernest Prigent « a conscience d’avoir fait de son mieux pour servir. Il a joué un rôle d’agent de liaison, rôle dangereux, mais il a été bien secondé à son usine de Plémet, dans les contacts avec des résistants, dans les groupes qui s’ignoraient, dans l’étude des plans, des casemates, des réseaux de défense de la côte, renseignements fournis ensuite aux alliés, par postes émetteurs, et M. Prigent termine en montrant la Résistance sous son vrai visage et le beau rôle qu’elle a joué en faisant échec à sept divisions allemandes. »
Rappelons qu’Ernest Prigent occupait le grade de Lieutenant dans les forces de Libération dans le secteur de Plémet-La Chèze.

Dans sa fiche de recensement militaire on apprend aussi que sa légion d’Honneur lui est attribuée pour son rôle d’agent de liaison « entre le Préfet de Villeneuve et un général en février 1944. Il a occupé d’une façon constante une dizaine de réfractaires au travail forcé en Allemagne. A toujours fait preuve durant l’Occupation d’une attitude courageuse et ferme devant les exigences allemandes comme exploitant forestier. Belle figure de patriote ». Cette nomination comporte l’attribution de la Croix de guerre avec Palme.

Ernest Prigent fut aussi décoré de l'Ordre national du mérite.

 
Pierre Prigent se souvient...
Notons que Pierre Prigent, le fils d'Ernest et Hélène, a été marqué par les cours d'éducation religieuse du pasteur Crespin. Par la suite, il va poursuivre de brillantes études. Muni d'un B.A.C passé au Lycée Anatole Le Braz à Saint-Brieuc, il conclut un cursus de théologie à Paris (dont la thèse est tapée par Solveig Hansen), part une année en Allemagne et entre au CNRS où il reste 15 ans. Il aura l'occasion de revenir à St Brieuc pour y donner des conférences (voir la rubrique "Dialogue entre les religions" dans les années 70). Il est l'auteur de nombreux ouvrages dont plusieurs aux éditions Olivétan, d'autres sont publiées aux éditions du Cerf.
 
Pierre Prigent, auteur, né en 1928.



 
Deux témoignages inédits.
 
Après la lecture du livre Yves Crespin, un chrétien dans la Résistance, Pierre Prigent a confié deux témoignages très intéressants lors d'un entretien téléphonique le 29 juin 2020 :
"Je me souviens qu'un jour dans le cours de l'aumônerie au Lycée Le Braz, avec le pasteur Crespin, nous avions eu une composition sur le Notre Père. En rendant les copies, le pasteur m'a dit : "C'est très bien, vous avez vu qu'il y a deux parties différentes dans cette prière, l'adoration de Dieu et l'aspect pratique".

Pierre Prigent évoque dans ses souvenirs d'enfance les cours de l'aumônerie du Lycée.
"J'avais dans ma classe le fils du Préfet (protestant) qui transmettait une image quelque peu déformée et un pasteur qui violait l'ordre établi, un pasteur qui faisait scandale en se faisant emprisonner !"

 

Ernest Prigent et la carbonisation du bois

Arrivé de Strasbourg, Ernest Prigent va créer une entreprise de carbonisation du bois par gazogène. Après deux fours expérimentaux, il construit cinquante fours métalliques pouvant produire vingt tonnes de charbon de bois par jour. En décembre 1940, avec M. de Lourmel, il implante 50 fours dans la Mayenne, atteignant une production de 50 00 tonnes par an pour les deux sociétés. Malgré son arrestation pendant trois mois en 1943, son entreprise continue de tourner. A la fin de la guerre, le retour de l’essence rend inutile la fabrication de charbon de bois pour les gazogènes. 

Camion avec gazogène, années 40

 

Ernest Prigent ingénieur et entrepreneur à Saint-Brieuc

Conscient de l’effort énorme de reconstruction du pays, Ernest Prigent prend une nouvelle orientation professionnelle dans le bâtiment à construction rapide. Il obtient un agrément technique grâce à Raoul Dautry, ministre de la Reconstruction dont il avait été attaché de cabinet entre 1925 et 1930. La première maison préfabriquée de Bretagne est construite à Binic et inaugurée par le ministre de la Reconstruction et de l'Urbanisme M.Letourneau en juillet 1947. Le ministre apprécie les explications détaillées de M. Prigent et la rapidité d'exécution d'une telle maison de 10 pièces dont le gros oeuvre est achevé en 15 jours par 4 maçons. Les propriétaires M et Mme Miniou en sont très satisfaits et le Ministre dira lui-même sur place : "Je souhaiterais être propriétaire d'une maison semblable... et j'aimerais aussi pouvoir loger rapidement tous les sinistrés de façon semblable..." (Ouest-France 29 juillet 1947)

Ouest-France 29 juillet 1947
 

Par la suite, M. Prigent fondera quinze Sociétés Civiles Immobilières, représentant 3 500 immeubles ou appartements. C'est ce qui explique qu'Ernest Prigent était très connu comme ingénieur du bâtiment et entrepreneur dans la région de Saint-Brieuc. 

Reconnaissons que les immeubles construits par Ernest Prigent ne sont pas les plus admirés de nos jours à Saint-Brieuc mais il faut les replacer dans le contexte de l'effort de construction de logements neufs après-guerre.

Dans son engagement au sein du conseil municipal, sous l'étiquette  du Mouvement Républicain Populaire (M.R.P), dans la mouvance du christianisme social et centriste, Ernest Prigent se montre très actif dans tous les programmes de développement du logement pour les classes populaires.

Ouest-France 25 avril 1953

Sa spécialité dans la construction en matériaux préfabriqués, appelée « pierre moulée » lui vaut d'être un pionnier en la matière. Dans une tribune de Ouest-France le 25 octobre 1949 il en présente tous les avantages : une économie de 1 à 4 par rapport à la pierre, le travail est 4 fois moins pénible pour les ouvriers. Ces matériaux utilisés à la Ville Ginglin ont un isolement thermique 3 fois supérieur aux murs en granit, ils sont imperméables, ils permettent de construire jusqu’à 5 étages sans ossature spéciale, de ne pas avoir de variations de température et font réaliser des économies de chauffage.

Annonce Ernest Prigent 13 avril 1954 Ouest-France

En juin 1951, on peut lire dans la presse qu'Ernest Prigent croit au logement bon marché et de qualité. C’est ainsi qu’il participe à une grande souscription au profit du Secrétariat Social en bâtissant une maison qui sera le prix pour le gagnant.

Maison construite par Ernest Prigent 6 juin 1951 Ouest-France

 
En 1952, à la Foire exposition, son stand est remarqué par les visiteurs, et par la presse !

Maison préfabriquée Prigent.12 septembre 1952 Ouest-France


Au mois d’août 1953, Victor Rault, le maire de Saint-Brieuc, visite le chantier de la « Cité Heureuse » rue Cordière qui comptera 42 logements en tout, construits selon les procédés d’Ernest Prigent. L’entrepreneur en profite pour développer son idée de construire des immeubles en hauteur en centre-ville pour abaisser les coûts.

Sur le chantier de l'immeuble rue Cordière 29 août 1953 Ouest-France

En novembre 1953, la première tranche est inaugurée.

Première tranche de l'immeuble 25 rue Cordière 7 novembre 1953 Ouest-France

25 rue Cordière. Image Google

Rue Cordière 7 novembre 1953. Ouest-France

Ernest Prigent est à l'origine d'un important projet immobilier pour lequel une annonce est publiée le 30 avril 1954 dans Ouest-France.

Annonce publicitaire. 30 avril 1954 Ouest-France

Le Parc Radieux dit Ker-Couantic est inauguré en octobre 1954, dans la propriété Champsavin, rue Duguay-Trouin proche du boulevard Lamartine dans le quartier Saint-Michel à Saint-Brieuc. Le premier étage du premier bloc vient de sortir de terre et à cette occasion de nombreuses personnalités sont présentes dont Victor Rault, maire de Saint-Brieuc ; Ernest Prigent, ingénieur et entrepreneur ; M. Bianchi, entrepreneur.


 

Dans son édition du 27 janvier 1955 un journaliste de Ouest-France rend compte de l’avancée du chantier : « Un Caterpillar de 100 CV tirait de la terre, des racines, des souches avec aisance… Ce Caterpillar fait en un jour et demi le travail de deux mois à une vingtaine d’ouvriers.» Le cinquième étage du bâtiment est commencé, le château reçoit des aménagements pour loger plusieurs familles et 60 logements sont prévus à Ker-Couantic.

Entreprise Prigent. Ker-Couantic Saint-Brieuc, 27 janvier 1955 Ouest-France


Entreprise Prigent. Ker-Couantic Saint-Brieuc, 27 janvier 1955 Ouest-France



Sur le chantier de Ker-Couantic à Saint-Brieuc, 27 janvier 1955 Ouest-France


Ker-Couantic en bas de l'image. Vue aérienne.10 février 1960 Ouest-France

Ernest Prigent cesse son activité de constructeur en 1971. Il lègue "son usine de fabrication à son personnel : bâtiments, matériel et stock prêt à la vente représentant 60 millions d'anciens francs. L'inadaptation du personnel à la gestion d'entreprise fit échouer cette expérience qui procédait d'un esprit généreux."

(Informations fournies dans la nécrologie parue dans Ouest-France le 17 janvier 1980)
 

L'entrée du Parc de Ker-Couantic


 

Maison de la famille Prigent, sur la droite, dans le parc de Ker-Couantic


La famille Prigent a habité de nombreuses années dans la grande maison située au milieu du parc de Ker-Couantic, immeubles construits par l'entreprise d'Ernest Prigent. (photos ci-dessus)

La petite épicerie à l'entrée du Parc de Ker Couantic. Photo G. Le Ker



La disparition d'Ernest Prigent
La disparition d'Ernest Prigent, le 14 janvier 1980 à Baye, a été marquée dans la presse locale par un long article retraçant sa vie (Ouest-France 17 janvier 1980). Plusieurs avis d'obsèques ont été publiés par la famille ; par les associés, la direction et le personnel de la Société Kaolinienne Armoricaine ; l'Association des Déportés et Internés et familles de Disparus des Côtes-du-Nord dont il était l'ancien trésorier.
La cérémonie, présidée par le pasteur Le Cozannet, a eu lieu le 18 janvier 1980 en l'église Saint-Michel, prêtée pour cette circonstance afin d'accueillir une plus large assemblée. 
 

Si vous avez des éléments pour compléter cet article  (photos, témoignages...) merci d'utiliser le formulaire de contact en haut à droite...

 

Sources

Recherches dans les archives de Ouest-France

Archives du temple protestant de Saint-Brieuc.

En 2020 et 2021, entretiens avec Pierre Prigent, fils d'Ernest Prigent

Fiche Ernest Prigent, site Généanet, cliquer ici

Acte de naissance, Plouégat-Moysan, 1898, cliquer ici

Mariage, tables décennales Trémel, page 7, registre 1913-1922, cliquer ici

Recensement militaire, classe 1918 Guingamp, matricule 124, cliquer ici

Un dossier sur Ernest Prigent est conservé au



 

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