mardi 2 avril 2024

Abraham Jean Bird (1852-1937) Héloïse, Maud, Clarice, Gertrude, Winifred, Béatrix, Alice, Jean Bird

LA FAMILLE BIRD, au port du Légué


Jean Bird, agent maritime au Légué à l'époque où les bateaux à vapeur permettaient de relier St Brieuc à Jersey.


L'histoire des Bird est très précieuse pour nous car elle montre comment, non pas un individu isolé, mais une famille toute entière, à travers chacun de ses membres, a pu marquer la communauté protestante par son engagement et son implication sur plusieurs décennies. Si l'on ajoute la présence de la famille Hansen, des protestants venus de Norvège également dans les affaires maritimes, on comprend pourquoi les protestants se sont rapidement implantés au port du Légué.

L'histoire de la famille Bird montre aussi l'apport très important des protestants venus des îles Anglo-normandes et de l'Angleterre en Bretagne. L'histoire de la paroisse de St Brieuc en est une belle illustration. 

En plus de la famille Bird (de Guernesey), citons par exemple dans les membres à l'origine de la paroisse de St Brieuc : Philippe William Aubin (grand-père du pasteur de St Brieuc Émile Le Cozannet), né à Jersey et son épouse Clara ; Pierre Joseph Audrain, breton mais venu au protestantisme à Jersey ; Sarah Breedon Bryant (Angleterre) ; Miss Nellie Dyson (Angleterre); Miss Wood ; Miss Brooks... 

Rappelons que le courant méthodiste, qui est celui qui a prévalu à St Brieuc de 1909 à 1938, est arrivé à Jersey en 1774. Le premier ministre méthodiste de Jersey a été nommé en 1783 et John Wesley a prêché à Guernesey en 1787 et à Jersey en août 1789. La première chapelle wesleyenne a été construite à Guernesey en 1788.



Registre des membres de la paroisse protestante de St Brieuc. 1906. Familles Aubin (Jersey) et Bird (Guernesey)
 
Abraham Jean Bird (1852-1937) est un membre fondateur de la communauté protestante de St Brieuc en 1906 et le trésorier de l'association cultuelle. Il occupera aussi la fonction de secrétaire jusqu'en 1930.

Abraham Jean (John de son nom d'état civil) Bird est né à Guernesey le 3 mars 1852. Il se marie le 23. 09. 1873 à Guernesey dans l'église anglicane de Trinity Church (St Peter Port) avec Héloïse Eliza Rouly (22 septembre1855 - 7 mars1932). 


Guernesey, l'église anglicane de Trinity Church (St Peter Port)


 

Le couple aura 6 enfants dont plusieurs seront engagés dans la communauté protestante de St Brieuc quand la famille s'y fixera, en 1874 au plus tard, année de naissance de Maud, leur première fille, cette année-là à St Brieuc. Abraham Bird réside au début du siècle avec sa famille route neuve du Légué à St Brieuc. Le 90 rue du Légué est également cité comme adresse.
M. Bird est le représentant d'une compagnie qui effectue des trajets entre le Légué et l'Angleterre. 

Le 9 juillet 1880, un bail de trois ans lui est consenti pour une concession d'un terrain situé sur le port du Légué, sur le quai de Nemours. Ce bail est renouvelé en 1883.
On le connaît bien à St Brieuc et au port du Légué car il est un agent maritime très apprécié. 


1884. Article communiqué par Philippe Saudreau.



Dès 1885, la presse locale signale son esprit d'entreprise à l'occasion de nouveaux services de bateaux à vapeur, inaugurés le 18 juillet. Le premier bateau, un steamer appelé "Le Terrible", dessert les îles Anglo-normandes et Saint-Brieuc, Pontrieux et Tréguier. C'est un service appréciable pour les passagers et un atout commercial indéniable pour les villes de la côte qui vont pouvoir transporter leurs marchandises, de manière régulière, vers Jersey et Guernesey. Le second bateau permet de relier Saint-Brieuc et Londres.

Le 26 janvier 1891, A-J Bird adresse un courrier à M. Le Coat, responsable de la Mission évangélique de Trémel dans les Côtes-du-Nord. Cette mission compte beaucoup sur son "Bazar breton à Guernesey" pour faire avancer son projet d'école et d'orphelinat.  Dans son journal Le Trémelois du 25 janvier 1892, M. Le Coat renouvelle son appel "à tous les amis des îles de la Manche, d'Angleterre, de Suisse et de France, qui s'intéressent à ce bazar, de vouloir aimablement envoyer leurs dons à M. Matth Jehan, rue poudreuse, Saint-Martin, Guernesey, en ayant la bonté de le prévenir par carte postale de leur envoi, afin qu'il puisse les réclamer en dûtemps au bureau des bateaux". 

Dans cette même édition du journal, Abraham Jean Bird, assure M. Le Coat de son soutien et lui signifie que toutes ces expéditions pour l'oeuvre missionnaire seront convoyées franco de port dans ses bateaux.

25 janvier 1892, Le Trémelois. Reproduction RF Musée de l'Histoire du Protestantisme.


En 1895, dans la compagnie où travaille M. Bird, ce sont les steamers  "Channel-Queen" et le "Commerce" qui assurent la liaison entre St Brieuc et les îles Anglo-normandes. 
Quelques années plus tard, la fin du Channel-Queen est tragique puisqu'il va s'échouer le 1er février 1898 au nord de Guernesey : 16 passagers et 5 membres d'équipage vont périr. 


La compagnie conserve son deuxième bateau, le "Commerce", avec à sa tête le capitaine J. Collings (voir l'annonce ci-dessous).


Le "Commerce", photo du Musée de Bretagne, collection Binet. Site Histoire du Légué.




En 1902, la presse nous renseigne sur les nouveaux services apportés par la compagnie dont M. Bird est l'agent au Légué : la liaison maritime Jersey-St Brieuc est assurée par le steamer "Barrow Castle" tous les mardis, le retour s'effectue le mercredi et le jeudi le trajet se poursuit vers Guernesey et Plymouth. Les passagers et les marchandises peuvent ensuite relier Londres et les autres grandes villes de la Grande-Bretagne, et même l'Australie et l'Afrique du Sud. Le steamer "Margaret" est également affrété par la compagnie pour effectuer les liaisons selon une annonce passée le 31 mars 1902 dans Ouest-Eclair.

En septembre 1906, A. Bird et Oscar Hansen font partie de l'organisation de grandes fêtes dans le bassin à flot du Légué. On trouve entre autre chose dans le  programme des réjouissances : course à la nage pour les jeunes gens de 12 à 15 ans, concours de fumeurs, course en sabots, course à l'aviron pour canot à quatre rameurs, course à la godille pour femmes, joutes nautiques, course aux canards, course aux cochons, course d'ânes et la nuit, fête vénitienne et feux de bengale. Un train partira à 20h30 de la gare centrale de St Brieuc vers le Légué et le retour pourra s'effectuer en train également à 23h30.

En 1909, Abraham Bird passe le relais provisoirement à Oscar Hansen, qu'il connaît bien comme membre de la communauté protestante, en attendant qu'un agent soit nommé au Légué pour représenter "The Anglo-French Steamship Company Limited". Le bateau de cette compagnie qui circule à l'époque est Le Devonia dont le capitaine est E.J Collins..


1909. Article communiqué par Philippe Saudreau.


En 1911, changement de statut pour M. Bird qui obtient la naturalisation française. La presse marque sa satisfaction: "Tous les Briochins connaissent M. Bird. Depuis de longues années parmi nous, il a su acquérir la confiance, l'estime de tous ceux qui l'ont approché. Français de cœur, il devient Français de droit, nous en sommes heureux et lui envoyons l'assurance de toute notre sympathie".
C'est aussi l'année où M. Bird fait l'acquisition d'un nouveau bateau à vapeur, le "Jacques Cartier" pour organiser en été des excursions dans la baie de St Brieuc. Ce bateau a été construit à Cantenay en 1903. Il faisait une trentaine de mètres de long.


1911. Article communiqué par Philippe Saudreau.

M. Bird se fait remarquer plus tard, dans la presse (Ouest-Eclair du 3 novembre 1914), pendant la Première guerre mondiale en fournissant des secours venant de Guernesey. Il est à l'origine d'un grand mouvement de générosité dans l'île et de la création d'un comité de secours aux soldats hospitalisés en France.

En 1922, la presse locale mentionne son remarquable travail pour rétablir des liaisons maritimes entre St Brieuc et Jersey. La Compagnie Transinsulaire Française est dirigée par M. Bobignier et M. Bird est son second, "un briochin dont l'activité est à la hauteur de toutes les tâches et qui connaît le port dans tous ses détails". Pour l'arrivée du premier navire à vapeur "Le Celuta", les discours sont prononcés par le directeur de la compagnie, le bailli de St Hélier (Jersey), par la municipalité et par M. Bird.
Le 30 juin 1922, sa compagnie fait paraître une publicité dans le journal Ouest-Eclair pour d'autres liaisons possibles vers les ports du Nord, à partir de St Brieuc ou vers St Brieuc.


Ouest-Eclair 30 juin 1922.



La vie bien remplie d'Abraham Bird va s'achever le 22 octobre 1937, il avait 83 ans. 

 


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Sources   

Registres des membres, des naissances, des mariages et des inhumations 1906-1938. Archives du temple de St Brieuc.

Merci à Françoise Verde pour son travail à propos de la famille Bird, mis en ligne sur le site Généanet. Fiche sur Abraham Bird et ses descendants. Lien en cliquant ici  

Merci à toute l'équipe de passionnés qui anime le site sur l'Histoire maritime du Légué et à Philippe Saudreau, pour tous les articles de presse qu'il nous a communiqués sur M. Bird.
Nous vous conseillons d'aller voir ce remarquable site internet sur l'histoire maritime du Légué.
La base de données sur les bateaux du Légué a été utile pour cet article.

Le naufrage du Channel-Queen est parfaitement raconté sur le site de l'Histoire maritime du Légué.
et très bien détaillé également sur le site histomar.net

Article paru dans Le Réveil 1916, vue 172; 1917, R 34 vue 43; 16 avril 1922, vue 62 (site des archives 22 en ligne). 


Avril 1922, le Réveil. A.J Bird est cité comme agent.


 

 

Héloïse Bird (née Rouly) était en 1906 dans les membres fondateurs de la paroisse protestante de St Brieuc, elle est restée membre de la paroisse, comme son mari, jusqu'en 1930. Elle était née à Guernesey le 24 septembre 1854. Mariée avec Abraham Bird, elle a élevé ses enfants dans la maison familiale route du Légué à St Brieuc, puis 22 rue du Port et bien plus tard elle habita rue des Merles. Elle est décédée le 6 mars 1932. C'est le pasteur Henri Whelpton qui a présidé ses obsèques le 10 mars 1932. Son époux et ses enfants étaient présents ainsi qu'un "très grand nombre d'amis, de toutes les classes de la population".
  
Sources
Fiche sur Généanet
Registres des membres et des inhumations 1906-1938, page 73

 

La famille Bird au cimetière St Michel

 

Plusieurs personnes de la famille Bird sont inhumées au cimetière Saint-Michel à St Brieuc, tout près du carré militaire, facilement reconnaissable.  

Certaines plaques sont illisibles à cause de l'usure du temps, d'autres après avoir été nettoyées laissent apparaitre des marques. Elles sont présentées ci-dessous.

Tombes et plaques de la famille Bird au cimetière St Michel à St Brieuc. Photo RF 2022

 


Maud Héloïse Bird  est née à Plérin le 4 octobre 1874, le premier témoin mentionné sur l'acte de naissance s'appelle Jean Richard, il demeure habituellement à Guernesey comme laboureur et le deuxième témoin n'est autre que Louis Moulin, boulanger à Plérin. 

Maud Bird est en 1906 dans les membres fondateurs de la paroisse protestante de St Brieuc. Elle participe activement à la vie de la paroisse comme membre de 1906 à 1930. Elle prend aussi quelques responsabilités, comme le poste d'assesseur en remplacement de Mme Ricoeur en janvier 1910. Après une interruption dans les années 30, elle va reprendre ensuite des activités dans la paroisse jusqu'en 1943.
Sur le plan professionnel, elle était pourvue d'un Certificat d'Aptitude à l'enseignement de l'anglais et enseignait au Mans au collège puis au Lycée de jeunes filles avant d'être nommée professeur de Lettres et d'Anglais au Cours secondaire de jeunes filles à St Brieuc le 9 octobre 1906, en remplacement de Mlle Verharne (Revue mensuelle de l'enseignement des jeunes filles).
Maud Bird exerce donc le métier de  professeur à St Brieuc. Elle est promue "Officier d'Académie", promotion Violette du 14 juillet 1914 (citation dans "Le Matin de Paris" 14.07.1914). Elle passe de la 5ème à la 4ème classe en 1913 puis de la 4ème classe à la 3ème classe en 1918.
Elle reste célibataire toute sa vie et habite avec ses parents. Elle décède le 23 décembre 1944 à St Brieuc et le 27 décembre, une cérémonie d'inhumation, présidée par le pasteur Élie Vidal, se déroule au temple. 

27 décembre 1944, inhumation de Maud Bird, archive du temple de St Brieuc



Sources
Fiche sur Généanet.  
Etat civil en ligne de la commune de Plérin (22) année 1874 page 150.
Registres des membres et des inhumations du temple,1944.

Clarice Constance Bird (Verde par mariage), est en 1906 dans les membres fondateurs de la paroisse protestante de St Brieuc et reste membre de la paroisse jusqu'à son départ en 1909 après son mariage. 
Clarice est née à Plérin le 8 novembre 1882.
En 1906, elle est mentionnée comme sans profession et résidant à St Brieuc. Elle se marie le 8 septembre 1909 avec Edmond Verde, né à Paris le 7 septembre 1885, mobilisé de 1914 à 1919 (décédé en 1950). La cérémonie de mariage se déroule au Temple sous la présidence du pasteur Théophile Roux. Le couple aura un enfant, Max Verde (5.10.1910 -11.07.1988). 
La famille va déménager à Paris après le mariage, puis à Darnétal en 1913 (Seine-Inférieure) et enfin à Rouen en 1930.
Clarice est décédée le 23 Avril 1936 à Rouen.

Sources
Fiche sur Généanet
Registre des membres du temple de St Brieuc et des mariages 1909, page 24. 
Registre des naissances Plérin année 1882, page 76.
Etat signalétique et des services militaires, ville de Paris, classe 1905, Edmond Verde


Gertrude Marie Bird (Hillion par mariage), elle est membre fondateur en 1906 et membre de la paroisse jusqu'en  1919 environ. Elle exerce le métier de professeur.
Gertrude est née à Plérin le 21 décembre 1880
, résidant à St Brieuc en 1906 puis partie à Rennes, mariée avec Joseph Hillion
Joseph Hillion est né le 27 janvier 1884 à St Brieuc.
Gertrude et Joseph Hillion auront trois enfants, Joseph, Michel et Jean. 
Michel est né à Rennes le 11 octobre 1908, il a été baptisé le dimanche 29 décembre 1918 au temple de St Brieuc par le pasteur Théophile Roux. Son parrain est M. Paul Hillion, son oncle et sa marraine Mrs Turner, sa tante.
Jean est né à Manonviller (54) le 21 août 1913, il a été baptisé le dimanche 29 décembre 1918 au temple de St Brieuc par le pasteur Théophile Roux. Son parrain est M. Charles Hillion, son oncle et sa marraine Mme Quintin, sa tante.

Gertrude est décédée le 18 juin 1932. Son fils, Michel Hillion, lieutenant, est décédé en 1936 et une cérémonie s'est déroulée au temple et au cimetière St Michel à St Brieuc présidée par la pasteur Jean Scarabin. "Le colonel Hillion, père du défunt assistait au service".  Après le décès de son épouse, Joseph Hillion s'est remarié le 30 janvier 1936 à Casablanca. Joseph est décédé à Toulouse le 4 mai 1971.

Sa plaque est au cimetière St Michel, on peut distinguer en bas Juin 1932 qui est la date de son décès.

 


 


Sources
Fiche sur Généanet
Registres des membres du temple de st Brieuc. Registre des naissances Plérin 1880 page 193.
Registre des baptêmes de 1918 page 8 et  des inhumations de 1936, page 74
Registre des naissances St Brieuc 1884, page 20 pour Joseph Hillion et fiche militaire sur Généarmor


Winifred Elise Bird, membre fondatrice en 1906 puis membre inscrit de la paroisse jusqu'en 1921, sans profession en 1906.
Winifred est
née à St Brieuc le 18 septembre 1885, elle réside à St Brieuc en 1906 puis elle est partie en Angleterre vers 1920. Elle est décédée le 31 mars 1953. 

Sources
Fiche sur Généanet
Registres des membres du temple de St Brieuc.  
Registre des naissances de St Brieuc, année 1885 page 399



Béatrix Marie Bird (Quintin par mariage), n'était pas membre fondateur en 1906. Son prénom usuel était Béatrice (et non Béatrix comme dans l'état civil). Elle est née le 25 février 1887, elle se marie le 6 juin 1912 avec Louis-Alexandre Quintin, la cérémonie se déroule au temple de St Brieuc sous la présidence du pasteur Jean Scarabin. Le couple aura deux enfants Noëlle et Hélène. 
Leur fille Hélène (Mirian), née à St Brieuc le 18 mars 1913, est baptisée par le pasteur Jean Scarabin le dimanche 20 avril 1913. Le parrain est son oncle, Edmond Verde et sa marraine Mlle Mirian Leale de Guernesey.
Un véritable drame survient car le mari de Béatrix, Louis Quintin-Bird, né en 1885, décède le 30 novembre 1915 pendant son service militaire  des suites d'une maladie pulmonaire. La cérémonie se déroule le 3 décembre au 55 rue du Légué où réside la famille Bird, puis au Temple et enfin au cimetière St Michel à St Brieuc. 

Son nom figure sur le monument funéraire de la famille Bird et un ange représentant sa fille est juste devant.


à droite Hélène Quintin



Noëlle née le 23 décembre 1914, la fille de feu Louis Quintin, est baptisée le dimanche 29 décembre 1918 au temple de St Brieuc par le pasteur Théophile Roux. Son parrain est M. Decambos et sa marraine Mme Bird, sa grand-mère. 
Béatrice se remarie le 3 avril 1919 avec Louis Decambos au temple de St Brieuc. La cérémonie est présidée par le pasteur Théophile Roux. Louis Decambos est né à Tourville le 15.11.1890, il est alors sous-lieutenant d'infanterie.
Beatrix est décédée à Codève dans l'Hérault le 16 mars 1976.

Sources
Fiche sur Généanet
Registres du temple protestant des membres, des mariages 1912, page 26 et en 1919 page 38; des décès page 65. 
Registre baptême, 1913, page 4 et baptême 1918 page 8.
Registre des naissances de St Brieuc 1887 page 41

Signature des mariés et témoins du mariage de Béatrix Bird. 1912. Archives du temple de St brieuc


 

Hélène Aline Juliette Bird, n'est pas membre fondateur en 1906 mais s'inscrit comme membre en 1909 et y restera jusqu'en 1956. Elle est née à St Brieuc le 17 septembre 1888.
Hélène décède le 24 septembre 1957, la cérémonie présidée par le pasteur Paul Marquer se déroule au cimetière St Michel de St Brieuc. Une plaque commémorative est visible au cimetière St Michel.

Heureux ceux qui meurent dans le seigneur

 


 

Sources
Fiche sur Généanet
Registres des membres du temple de St Brieuc.
Registre des naissances de St Brieuc, année 1888 page 177



Alice Mathilda Bird, née le 7 juillet 1876, mariée avec Pierre Le Gall (1876-1918) qui était droguiste. Le couple habitait au 4 rue de la Halle à St Brieuc. Alice est  décédée le 16 septembre 1918, à l'âge de 42 ans.
Alice et Pierre Le Gall ont eu un fils, Georges Frédéric Le Gall, né le 8 janvier 1915 à St Brieuc, décédé le 20 janvier 1950 au Kremlin-Bicêtre (Seine)

Sources
Généanet mais pas de trace dans les registres de naissance de St Brieuc...
État civil  aux archives municipales de St Brieuc pour la naissance de Georges, le fils d'Alice et Pierre en 1915.


Jean Bird est né le 4 octobre 1894 mais malheureusement il va décéder à l'âge de 15 ans. Le 18 octobre 1908, un service funèbre  est présidé au Temple protestant de St Brieuc par le pasteur Théophile Roux et au cimetière par le pasteur Jean Scarabin.

Décès Jean Bird 20 octobre 1908 La dépêche de Brest

Jean Bird est inhumé au cimetière Saint-Michel à St Brieuc.

 


Source
Registre des inhumations, temple protestant de St Brieuc.
Article dans la presse locale, Ouest-Eclair 20 octobre 1908. et La dépêche de Brest.

 

 

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vendredi 23 février 2024

Adèle-Hélène Babut (1872-1951), professeure agrégée, protestante.

Maison Babut 60 rue Ville Gautier, Le Courtil Etables. Image Google

Une éducation protestante

Hélène Babut (1872-1951) est née le 19 juin 1872 à Nîmes dans le Gard. Son premier prénom était Adèle mais elle se faisait appeler par le second, Hélène.
Sa famille est protestante et son père, Charles-Edouard Babut (1835-1916) est un pasteur de premier plan au XIXe siècle ; par exemple il préside l'ouverture du synode en 1872 et en 1879. Une rue porte son nom à Nîmes.
En 1868, Charles épouse, à Francfort, Hélène Bonnet (1840-1918), fille du pasteur Louis Bonnet (1805-1892), avec qui il aura dix enfants dont Adèle (Hélène) (1872-1951).

Ci-dessous, deux photographies de Charles Babut. La première provient du volume de Sermons choisis qui a été édité en 1913, à l’occasion des cinquante ans de ministère du pasteur. Sur ce cliché, Babut semble avoir environ cinquante ans, ce qui situerait le portrait vers 1885. La deuxième photo a été publiée avec des recueils de sermons posthumes. Elle montre le pasteur vers la fin de sa vie. Ses rouflaquettes ont pris des dimensions impressionnantes" (site dvarim).

C-E Babut, site dvarim

C-E Babut, site dvarim

De brillantes études
Hélène Babut fait de brillantes études et elle est admise cinquième, au niveau national, à l'agrégation des Lettres pour la session de 1899. Son succès est mentionné dans la gazette littéraire La vie Montpelliéraine du 1er octobre 1899. Son frère Ernest est reçu la même année à l'agrégation d'histoire-géographie. Promis à une carrière exceptionnelle (déjà historien, écrivain, professeur à la faculté de Montpellier), il meurt au combat en 1916.


Mlle Babut enseigne comme répétitrice au Lycée de jeunes filles du Havre en septembre 1897.

L'année suivante, elle est nommée au Cours secondaire de jeunes filles de Montpellier à partir du 5 septembre 1898, avant son agrégation, enseigne par la suite au Lycée de jeunes filles de Nîmes à partir de septembre 1906. Elle est nommée Officier de l'Instruction public en 1911 (J.O 17 juillet 1911).

Pour l'année scolaire 1917-1918, Mlle Babut est inscrite sur la liste d'aptitude aux fonctions de professeur dans les lycées de jeunes filles de Paris et de Versailles. Le 21 juillet 1917, elle est nommée au lycée Victor-Duruy à Paris, comme professeur de 4e classe.


Hélène Babut fait valoir ses droits à la retraite à la fin de l'année scolaire 1932-1933. Elle a alors 38 ans 9 mois et 24 jours d'ancienneté de services. Sa pension de retraite lui sera versée à partir du 1er octobre 1933 et elle bénéficie d'une indemnité pour charges de famille (Journal Officiel de la République, lois et décrets, 17 novembre 1933, page 11 569).


Professeure en Bretagne

Mlle Babut arrive en Bretagne après 1933. On ignore encore pourquoi cette implantation en Bretagne : est-ce un projet concerté avec Eleonore Scott qui est également professeur et de confession protestante ? A-t-elle des attaches familiales ?


Les amies : Jeanne Blanc et Eleanore Scott

Fidèle à ses engagements religieux, elle s’inscrit comme membre au Temple protestant de Saint-Brieuc. On retrouve son nom dans les registres de la paroisse où elle figure pour la première fois en 1934. Son nom est mentionné avec ceux de mesdames Scott et Blanc, avec qui elle partage la même adresse : le Courtil à Etables. En 1939, on trouve à cette adresse madame Scott et Mme Scott-Babut. En 1941 : Scott, Scott Marie, Babut et Blanc et en 1942 Babut, Scott, Blanc. Après 1942 Mlles Babut, Scott et Blanc ne sont plus inscrites dans les registres.

A noter que dans le registre de recensement d'Etables en 1936, ci-dessous, on a Jeanne Babut née en 1880, secrétaire, soeur d'Hélène (avec une erreur sur le nom écrit Rabut).

Recensement Etables 1936 Page 34



Adoption

Sur le plan familial, Hélène Babut va adopter une fille, Marie Thuet-Babut née le 30 mai 1920 (Paris 13e) ; elle deviendra institutrice. Plus tard, Marie Thuet-Babut prend le nom de Marie Gugenheim (1920-2011) après son mariage le 30 août 1946 avec Léon Gugenheim (né à Paris 17e le 15 juin 1911). La cérémonie était présidée par le pasteur Barre et le pasteur Henri Whelpton. Le couple aura deux enfants Françoise et Pierre.

Mme Gugenheim était bien connue dans la communauté protestante d’Étables car elle tenait l'harmonium lors des cultes d'été. Dans les années 80, Mme Gugenheim était également engagée dans l'association d'aide au Tiers-monde "Terre des Hommes" ; dans un tout autre registre, elle s'occupait du club de bridge. Marie Gugenheim est décédée le 1er janvier 2011, elle a été incinérée le 18 janvier, jour où s'est déroulé une cérémonie au Temple de Saint-Brieuc. Elle repose au cimetière d'Etables depuis 2011.

Ci-dessous, pour les témoins du mariage de Marie Huet-Scott-Babut avec Léon Gugenheim en 1946, on note les différentes signatures des parents, Eleanor Scott et Adèle Babut, ainsi que celles des pasteurs Barre et Whelpton.


Marie Thuet, institutrice dans les Côtes-du-Nord de 1939 à 1945.

Marie Thuet, dite Scott-Babut, rentre à l’école Normale  de Saint-Brieuc en 1938. Elle y passe son Brevet élémentaire puis son Brevet supérieur en 1941.  

Solveig Hansen (une protestante née en 1916) a connu Marie Gugenheim, née Thuet : "Elle n'était pas encore mariée et elle effectuait sa formation d'institutrice à l’École normale de Saint-Brieuc où j'exerçais comme surveillante à ce moment-là" (Témoignage recueilli le 24 mai 2023). 

Dossier Marie Thuet, dite Scott-Babut. Archives départementales. Série 1T

En 1941, Marie Thuet enseigne à l’école publique d’Étables et d’Hillion en tant que stagiaire.
A la sortie de l’École normale, elle est nommée à Rostrenen en Cours complémentaire au mois d’octobre. L'école est récente puisque le chantier a commencé en 1938.

Le Cours complémentaire de jeunes filles. Rostrenen. 28 mars 1938 Ouest-Eclair

En janvier 1941, après avoir passé son C.A.P, elle est titularisée sur ce même poste où elle reste jusqu’au 30 septembre 1945.

Dossier Marie Thuet, dite Scott-Babut. Archives départementales. Série 1T

Le 15 mai 1945, elle est inspectée dans sa classe à Rostrenen et le rapport d’inspection nous apprend beaucoup de choses sur le poste occupé par Marie Thuet. Elle est chargée d’une partie de l’enseignement littéraire et de l’éducation physique pour les jeunes filles du Cours complémentaire. Les élèves ne sont que trois et se préparent toutes au concours de recrutement des élèves institutrices. L’inspecteur assiste à son exposé adressé aux élèves sur le thème de « La Résistance de l’esprit », d’après « Les cahiers de Londres ». De plus, la jeune institutrice se consacre aux œuvres post scolaires : chorale d’élèves et d’anciens élèves des écoles publiques, association sportive féminine de basket-ball, organisation de fêtes au profit des prisonniers, cantine scolaire, compagnie d’Éclaireuses Neutres Croix d’Or Lorraine, groupe de C.R.F.J (Croix-Rouge de la Jeunesse)… L’appréciation générale de l’inspecteur départemental est élogieuse : « Mlle Thuet est une jeune institutrice intelligente, active et dévouée. Elle a certainement une haute idée de ses fonctions et de son activité dans les œuvres sociales… ».
L’inspecteur d’académie, quant à lui, ne tarit pas d’éloges en juin 1945 au moment où il est amené à donner son avis, à l’Inspecteur d’Académie de Strasbourg, sur la demande de changement de région souhaitée par Marie Thuet : « Mlle Thuet, dite Scott-Babut, a fait preuve dans son service d’une conscience exceptionnelle et d’une réelle distinction d’esprit. Elle enseigne l’anglais et la musique avec beaucoup de goût. Désirant poursuivre ses études dans l’une ou l’autre de ces spécialités, elle souhaiterait avoir un poste à proximité d’un centre d’enseignement supérieur ». L’Inspecteur poursuit en rappelant la difficulté d’être identifiée comme protestante dans une Bretagne catholique, bien qu'enseignant à l'école publique : « Elle n’a pas obtenu à Rostrenen l’aide et la compréhension (Mlle Thuet est protestante) qu’elle était en droit d’espérer. Elle peut rendre de grands services à la cause française en Alsace où son tact, son éducation, son idéalisme enthousiaste, trouveront une meilleure atmosphère. Je souhaite vivement que l’on puisse lui accorder un poste à proximité de Strasbourg qui lui permette de parfaire sa culture et de donner toute la mesure de ses dons, elle le mérite. »

 

Pendant l'Occupation

On peut lire quelques lignes consacrées à une action courageuse de Mlles Scott et Babut dans le livre Etables-sur-Mer, des lieux, des vies au fil du temps. Editions Etables Entre Terre et Mer : « Elles recueillirent la famille Zerna, des Allemands fuyant les persécutions nazies à la fin des années 30. Pour obtenir la nationalité française, Monsieur Zerna s’engagea dans le Légion étrangère. Il trouva la mort lors de l’attaque japonaise des garnisons françaises en Indochine. Son nom figure sur le monument aux morts d’Etables-sur-Mer. »

Effectivement, Fritz Paul ZERNA est né le 10 août 1908 à Berlin en Allemagne. Il s’engage dans l’armée avec la Légion Étrangère. Combattant en Indochine, il décède le 10 mars 1945 à Ha Giang dans l’ex province du Tonkin.
(Sources : Service historique de la Défense, Caen, cote AC 21 P 280321)

Le nom de Zerna sur le Monument aux Morts d'Etables.

En 1948-1949, dans les membres du groupe protestant de Binic-Etables on trouve le nom de Mme Zerna et dans les résultats du bac du 8 juillet 1954 à Saint-Brieuc, Peter Zerna, avant de trouver son nom le 15 juillet 1959 après avoir réussi des examens de physiologie animale à la Faculté de Rennes.


Échanges avec le pasteur Crespin

Dans l'histoire protestante, on sait que Mlle Hélène Babut s'est adressée au pasteur Yves Crespin dans une lettre où elle n'était pas satisfaite de la présence du pasteur à une réunion à Saint-Brieuc où l'invité d'honneur était l'amiral Darlan. Le pasteur lui avait répondu le 21 octobre 1942 dans une longue lettre d'explication qui a été conservée dans les archives du Temple. 

Le pasteur Crespin devait apprécier les idées du père d'Hélène comme l'atteste ce livre du pasteur Charles Babut "Enseigne-nous à prier", La Cause, octobre 1930. La mention "Yves M. Crespin" figure en page de garde de cet ouvrage retrouvé dans la bibliothèque des pasteurs du temple de Saint-Brieuc, .

Enseigne-nous à prier. E-C Babut. La Cause octobre 1930.

Pasteur Yves M. Crespin Saint-Brieuc

 

Disparition des demoiselles Babut, Scott, Blanc

Hélène Babut est décédée le 7 avril 1951 à Bégard à l’âge de 78 ans. Un service dirigé par le pasteur Marquer a eu lieu au Temple d’Étables le 10 avril 1951. Sa disparition est signalée dans la revue Femmes diplômées en 1952. Elle repose au cimetière d'Etables depuis le 19 mai 1956.



Jeanne Blanc, née en 1866, est décédée le 28 septembre 1946 et la cérémonie a eu lieu au cimetière
d’Étables le 30 septembre. L'annonce est parue beaucoup plus tard dans Ouest-France, dans l'édition du 16 octobre 1946.
 

Eleanor Scott, née en 1868 à Paris, est décédée à Étables le 29 mars 1954 et le pasteur Paul Marquer a procédé à la cérémonie d'inhumation au cimetière d’Étables le 31 mars. 

Marie Gugenheim (Marie Thuet-Scott-Babut ), née le 30 mai 1920 dans le 13e arrondissement de Paris, repose au cimetière d’Étables depuis 2011.

14 janvier 2011 Ouest-France

Ci-dessous, trois photos au cimetière d'Etables-sur-Mer (22)




 

Hélène Babut et Eleanor Scott dans la mémoire collective.

"Impasse Eleanor-Scott" et "Impasse Adèle-Babut" sont deux noms qui ont été donnés par le Conseil municipal de la commune de Binic-Etables le 27 avril 2022 pour le lotissement "Les Villas Manoir". Dans sa délibération numéro 13, conduite par Hélène Lutz, le Conseil écrit : "Elles ont toutes les deux été enseignantes dans la commune, Adèle Babut ayant été la première agrégée de France et elles ont rendu des services à la commune en adoptant notamment plusieurs enfants".

Le Conseil municipal a montré un peu trop d'enthousiasme en écrivant qu'Adèle Babut avait été la première agrégée. En effet, les premières femmes agrégées ont été reçues en 1883 (6 en lettres et 6 en sciences). Cette agrégation féminine avait alors été créée, deux ans après la fondation de l'École normale supérieure de jeunes filles (appelée « Sèvres). 

Il reste encore beaucoup à découvrir sur la vie d'Adèle Babut, d'Elenaor Scott et de Jeanne Blanc...

En haut à gauche, localisation des Impasses Scott et Babut à Etables. Image Google




A lire
 
L'histoire de la communauté protestante d’Étables, cliquer ici

 
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Documents d'archives du Temple de Saint-Brieuc
 
10 avril 1951. Cérémonie d'enterrement protestant. Adèle Babut. Archives du Temple

 
31 mars 1954. Cérémonie d'enterrement protestant. Eleanor Scott. Archives du Temple

30 septembre 1946. Cérémonie d'enterrement protestant. Jeanne Blanc. Archives du Temple

31 août 1946. Bénédiction de mariage protestant. Marie Gugenheim. Temple de Saint-Brieuc

 
Sources

Registre des membres du temple de Saint-Brieuc, 1934-1942
 
Registre des décès, archives du temple de Saint-Brieuc.
 
Recensement Etables-sur-Mer 1936 page 34. Archives départementales.
 
La vie Montpelliéraine 1er octobre 1899
 
Publication L'enseignement secondaire des jeunes filles. 1899. 

Site Généanet, Adèle Babut, ici
 
Ouest-France 14 janvier 2011, obsèques Marie Gugenheim 

Biographie Charles Babut, site dvarim, cliquer ici

Biographie d'Ernest-Charles Babut, frère d'Hélène, cliquer ici
 
Compte-rendu du conseil municipal d'Etables-Binic, 2022