vendredi 8 août 2025

André Féat (1916-1945), pasteur de l’Église Baptiste de Morlaix, Résistant et déporté.

André Féat est un pasteur de l’Église baptiste de Morlaix qui était résistant. Il a été déporté au camp de Flossenbürg et il est mort à Dachau en 1945. 

A partir de cet article, des recherches menées début 2025 par Carole Féat, la petite fille d'André Féat. Ces nouveaux éléments, en particulier sur le sauvetage de juifs, vont permettre d'enrichir notre connaissance de l'action de ce jeune pasteur. 

L’Église baptiste à Morlaix
A Morlaix, une communauté baptiste protestante existe depuis l'arrivée du premier pasteur, un missionnaire gallois, John Jenkins, en 1834.
Un premier temple est construit en 1846, au 32, rue de Paris. 
La langue galloise, proche du breton, qui permet de traduire la Bible, explique l'arrivée de missionnaires dans les campagnes bretonnes où la religion catholique domine. John Jenkins est le premier pasteur de Morlaix, de 1834 à 1872.
Le temple de Morlaix était le plus ancien lieu de culte de la Fédération des églises évangéliques baptistes de France. Ce premier temple a aujourd'hui disparu. Il a été remplacé, au même endroit, par l'actuel au 32 rue de Paris, inauguré en 1923 et construit entre 1922 et 1924.  
Même s'il n'y a jamais eu de grande communauté, celle-ci se composant seulement de quelques dizaines de membres, une présence baptiste s'est toujours maintenue.
Dans la vie locale, les baptistes sont présents au niveau social, notamment au début du XXe siècle où l'église s'occupe d'écoles et d'hospices. Elle est présente au Diben (à Plougasnou) mais aussi à Lannéanou, à Huelgoat ou encore à Trémel, dans les Côtes-d'Armor. 
Temple baptiste de Morlaix, 32 rue de Paris 2016. Image Google street

André Féat, pasteur assistant à Morlaix dans les années 40, fait partie d'une longue lignée de pasteurs. Beaucoup se sont succédé sans rester très longtemps à Morlaix, peut-être à l'exception d'Alfred Somerville (1925-1955), d'Henri Razzano (1975-1984), de José Loncke (1984-1996) et d'André Letzel (2002-2008). Il faut aussi noter l'apport de Robert Somerville, ancien pasteur et figure nationale du protestantisme national, qui a toujours été proche de l'église de Morlaix et attentif à son développement.
Enfin, l’Écossaise Alison Wyld est devenue officiellement la première pasteure de l’Église baptiste de Morlaix le 14 février 2021.
Le pasteur Gerson Tomaz et son épouse, Sonia (au centre), Le Télégramme. Morlaix 10 septembre 2016.
Une famille engagée politiquement
André Féat naît à Morlaix le 20 octobre 1916, dans un contexte compliqué car la maman, Marie Simon, est célibataire et n'a que seize ans. L'enfant, André Marie Simon, est reconnu par sa mère le 13 novembre 1916 et plus tard, par le père avec le mariage des époux Pierre Féat et Marie Simon le 20 janvier 1919 à Morlaix. Pierre est alors mobilisé au 19e Régiment d'Infanterie.
En 1936, la famille Féat, dont tous les membres sont originaires de Morlaix, habite Rampe Saint-Nicolas. On a Pierre, le père, né en 1898, menuisier dans la Compagnie d'ameublement de Morlaix ; Jeanne, mère au foyer, née en 1900 ; André, fils, né en 1916, typographe ; Pierre, fils, né en 1924 ; Marguerite, née en 1927 ; François, né en 1932.  
 

Famille Féat Morlaix recensement 1936, vue 10 sur 199. Archives du Finistère. Attention aux erreurs Marguerite n'est pas de 1927 mais de 1922.

Le 14 novembre 1938 à Morlaix, André Féat se marie avec Germaine Eve, employée de commerce (Annonce dans La Dépêche de Brest du 15 novembre 1938). Le couple habite alors 22 Place des Halles à Morlaix.
La famille n'a pas de racines protestantes mais les parents sont engagés politiquement.
Le père, ouvrier adhérent au Parti Communiste, est fait prisonnier en 1940 pour suspicion d’appartenance au Parti. Il est arrêté et emprisonné cinq mois à la prison de Rennes.  
Dans un entretien au Télégramme du 9 mars 2019, Marguerite, la fille Féat, évoque des souvenirs de cette époque et se souvient des voyages effectués par sa mère une fois par semaine pour effectuer des visites à la prison de Rennes. Pendant ce temps, Marguerite s’occupe de ses frères cadets, dont le petit dernier, Yvan, né le 16 mai 1938. « Un prénom à la russe, refusé par l’Église », explique-t-elle. Hippolyte et André sont inscrits sur son acte de baptême. André, comme son frère aîné, est alors élève pasteur.
Un pasteur dans la Résistance
Dans les années trente, André Féat adhère à la S.F.I.O, dans le groupe des jeunesses socialistes de Morlaix. En 1939, il devient le trésorier fédéral des Jeunesses Socialistes du Finistère. Lors des campagnes électorales, il épaule Tanguy-Prigent, un socialiste qui deviendra ministre de l’Agriculture du Général de Gaulle après guerre.
Parallèlement, André exerce comme pasteur assistant à Morlaix, il habite toujours au numéro 22 de la Place des Halles. Son engagement politique le conduit également à adhérer au Parti Socialiste clandestin.
Il participe à la Résistance au sein du mouvement Libération-Nord et du Réseau Henri Vincent de protection des juifs (d'après sa soeur il a recueilli des juifs pour les soustraire à la barbarie). Il est spécialement chargé de la diffusion de journaux clandestins dans la région de Morlaix.
En tant que pasteur, au Temple de Morlaix (situé en face la Kommandantur), il va marier  sa sœur Marguerite et Jean Hameury son beau-frère, recherché par les Allemands comme réfractaire au Service du Travail Obligatoire. 
Sa soeur raconte : « Mon frère Dédé nous a mariés au Temple, situé face à la Kommandantur, en pleine Occupation alors que Jean, mon fiancé, était recherché car réfractaire au S.T.O ». L’inconscience de la jeunesse ou l’envie de défier l’ennemi ? « Un peu des deux probablement », analyse la vieille dame, dont le regard se perd dans les tréfonds de sa mémoire.
Otage 
Le 26 décembre 1943, André Féat fait partie d'une liste de 60 otages arrêtés  à Morlaix après un attentat contre les Allemands dans la commune (son beau-frère, Georges Le Roy, mari de sa sœur Josée est également arrêté)
La déportation
André Féat passe par la prison de Rennes et par  le camp de Compiègne avant d'arriver à Buchenwald le 24 janvier 1944 (numéro de matricule  42 907).
Fiche du pasteur André Féat à Flossenbürg. Source Arolsen     
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André Féat est transféré au camp de concentration Flossenbürg, en Bavière, le 24 février 1944 ( numéro de matricule 6941). 
Le travail dans le camp de Flossenbürg tourne autour de deux grands axes : l’industrie d’armement, en particulier dans l’aéronautique avec des usines Messerschmitt (c'est dans ce kommando que décèdera son beau-frère), et les travaux usants dans les carrières de granit, le forage de tunnels et d’usines souterraines.
Le 26 janvier 1945, André Féat fait partie d'un convoi de 750 détenus transférés à Kamenz (kommando de Gross-Rosen) où ils arrivent le 28 janvier. Enfin, il est transféré à Dachau le 16 mars, dans un convoi de 200 détenus dans le cadre d’une évacuation du camp de Gross-Rosen.
Il meurt le 3 avril 1945 à Dachau en Allemagne, dans ce qu'on a appelé "la baraque des prêtres" où 2720 prêtres et pasteurs ont été déportés entre 1938 et 1945 : 1034 d'entre eux y laisseront la vie parmi lesquels André Féat.
 
La famille apprend la triste nouvelle des semaines plus tard par un courrier transmis à son épouse. Un simple avis de décès des Jeunesses socialistes l’annonce publiquement. 
Le pasteur Alfred Somerville (1899-1975) sera très affecté de la mort d'André Féat qui était en formation au moment de son arrestation. Il aurait pu seconder le pasteur Somerville dans de nombreuses taches. Joseph Plassard (1919-1944), un autre membre de la communauté protestante, a lui aussi été otage à Morlaix, déporté et n'est pas revenu des camps.
Le nom d'André Féat figure sur un monument commémoratif à Morlaix.

Le saviez-vous ?
Le pasteur Henri Whelpton, de l’Église méthodiste de Lannion est venu plusieurs fois au Temple baptiste de Morlaix pour y donner des conférences. La presse des années 20 et 30 en conserve deux traces. La première se situe le 19 novembre 1925 (annonce dans Ouest-Eclair).
Conférence du pasteur Whelpton. 19 novembre 1925

La deuxième conférence va se dérouler le 2 mars 1933, Henri Whelpton évoque une page de l'histoire d'Angleterre : "L'homme qui sauva son pays, le destin de John Wesley."
 

 
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Sources 
-Etat civil de Morlaix, archives départementales du Finistère :
20 octobre 1916, registre des naissances, André Simon, reconnu et devenu André Féat ; 1919, mariage Pierre Féat et Jeanne Simon ; 14 mars 1922, naissance Marguerite Féat ; 1936, recensement Morlaix.
-La Dépêche de Brest, 14 novembre 1938, annonce de mariage André Féat et Germaine Eve.
-Documents des camps de Flossenbürg et Dachau (Base Arolsen, cliquer ici)
-Article du Télégramme, dans l'édition du 26 avril 2019, consacré aux souvenirs de Marguerite Hameury, soeur du pasteur André Féat, cliquer ici
-Article du Télégramme du 10 septembre 2016 sur l'histoire du Temple baptiste de Morlaix, cliquer ici
-Fiche de l'association Flossenbürg, cliquer ici 
-Article très complet sur les déportés de Morlaix dans les camps nazis Le chiffon rouge, P.C.F Morlaix, cliquer ici
-150 ans de protestantisme dans la région de Morlaix, document de l'Eglise baptiste de Morlaix, cliquer ici 
-Blog de l'histoire de l'Eglise protestante unie des Côtes d'Armor, article sur Henri Whelpton, cliquer ici
  
Famille Féat  
(Des recherches sont encore en cours)
 
Le père, Pierre Marie Féat, né le 7 juin 1898, rue de la gare à Morlaix, menuisier, médaille d'argent du travail (publication le 16 juillet 1957 dans Ouest-France), décédé le 11 novembre 1960 à Morlaix, retraité des tabacs, 10 rampe Saint-Nicolas (fiche Généanet ici).
La mère, Marie Féat, née Simon, née le 18 avril 1900 à Morlaix. Mariage le 20 janvier 1919 à Morlaix, décédée le 8 mars 1969 à Morlaix. 
Le couple Pierre et Marie Féat aura 5 enfants :
André, 20 octobre 1916, marié avec Germaine Eve, ouvrier typographe puis pasteur, décédé le 3 avril 1945. 
Marguerite, née le 14 mars 1922, mariée avec Jean Hameury le 18 septembre 1943 à Morlaix. Le couple aura un fils, Serge. Marguerite est décédée en juillet 2022. 
Pierre, né en 1924. 
François, né en 1932.
Hippolyte, André (appelé Yvan) né en 1938. 
Marguerite Féat fait aussi état dans un article du Télégramme de Josée qui serait sa soeur aînée, mariée avec Georges Le Roy (déporté). Georges Le Roy décède à 24 ans le 21 juillet 1944 dans le Kommando du camp de Flossenbürg.
Autre point à éclaircir : André Féat aurait été nommé pasteur à Ploufragan en 1944 (alors qu'il est arrêté en 1943!), une information à vérifier...
Marguerite Hameury, née Féat photographiée dans l'édition du 9 mars 2019 au sujet du droit de vote des femmes en 1945. A droite sa photo quand elle avait 20 ans.

Document
Transcription d'une lettre de Mme André Féat, transmise en août 2025 par Joëlle Gueguen membre de l'Eglise évangélique de Roscoff.



 
 
Documents sur la déportation. 
1944-1945

Fiche du pasteur André Féat à Flossenbürg. Source Arolsen     













 

 

 

 

 


 
 
 
 
Buchenwald. Fiche du pasteur André Féat à Buchenwald. Source Arolsen

 
Fiche du pasteur André Féat. Source Arolsen

Camp de Flossenburg. Fiche du pasteur André Féat à Flossenbürg. Source Arolsen

Fiche du pasteur André Féat. Source Arolsen

Camp de Dachau. Fiche du pasteur André Féat à Dachau. Source Arolsen

 
Fiche du pasteur André Féat à Flossenbürg, recto.

Fiche du pasteur André Féat à Flossenbürg, verso avec écriture manuscrite

 
André Féat, fiche à Flossenbürg, kommando Gross-Rosen 26 janvier 1945. Profession : Typographe
 
 
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dimanche 1 juin 2025

Hommage à Georges Bessis au Hinglé, mai 2024

 

Une journée de commémoration s'est déroulée le vendredi 31 mai 2024 au Hinglé à la salle polyvalente. Jacqueline Besrets en a été la coordinatrice et l'animatrice. Toute l'association Le peuple des Carrières avait œuvré de longue date pour organiser cette journée.


Les résistants fusillés le 31 mai 1944 à La Maltière à Saint-Jacques-de-la-Lande ont été honorés. Il s'agit de Marcel Blanchard, Jean Baptiste Brault et Jean Baptiste Garnier. A ce moment de mémoire ont été associés Georges Bessis (déporté), Raymond Corvellec (travailleur requis par la loi du 4 septembre 1942) et Marcel Miletto (Mort Pour la France en 1940). 

Les enfants de l'école du Hinglé et un groupe d'une cinquantaine de personnes étaient présentes tout au long du parcours des "rues de l'Histoire" avec lectures, poèmes, chants.

Départ du groupe dans l'impasse Georges Bessis

 

Devant la mairie, Gérard Berhault, maire du Hinglé, s'est adressé aux participants et aux enfants de la classe de CM2 de Marie-Pierre Gauvin.


A partir de la gauche Jacqueline Besrets, maire de Bobital et Gaëtan Accoh, maire du Hinglé.

Jacqueline Besrets et différentes personnes ont retracé le parcours de toutes les personnes (fusillés, déportés, Résistantes) dont un nom de rue avait été donné au Hinglé. A l'issue du parcours, Richard Fortat a présenté brièvement l'histoire de Georges Bessis.


Dans la salle polyvalent, les écoliers et la chorale Méli'Mélody ont interprété le Chant des partisans, le poème Liberté, la Marseillaise...



A 18 heures, une conférence a rassemblé une cinquantaine de personnes sur le thème « Le Hinglé (1939/1945) : morts aux combats, déportés et fusillés ». Alain Prigent et Richard Fortat, historiens, ont retracé le parcours des différentes personnes inscrites sur le Monument aux Morts du Hinglé en lien avec cette période de l'histoire.

 

Articles de presse

Ouest-France 30 mai 2024, présentation de la journée d'hommage

 
Ouest-France 4 juin 2024

Un an après, le 2 juin 2025, un article est paru dans Ouest-France, pour faire savoir qu'un fascicule avait été publié avec 32 témoignages issus de cette journée commémorative. Un beau travail !

Le Hinglé 2 juin 2025 Ouest-France

 

Sources-Liens

Article dans ce blog sur Georges Bessis, cliquer ici 

1939-1945 : Histoire et Mémoire dans les Côtes-d'Armor, blog de Jimmy Tual, cliquer ici

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Samuel Bourguet (1899-1981), pasteur à Lannion de 1924 à 1928

 
Le pasteur Samuel Bourguet et sa famille à Perros-Guirec 1924-1928

 Origines

Le pasteur Samuel Bourguet (1899-1981) est né  le 4 septembre 1899 à Cannes-et-Clairan dans le Gard (30). Sa famille était protestante et dans le milieu viticole. Louis, son père, s'était tourné jeune vers l'Armée du Salut. Il s'est trouvé dans des conditions difficiles en poste à Marseille avant de revenir, pour des raisons de santé, à la vigne. Il a adhéré à l’Église méthodiste (Alès) et a exercé la fonction de prédicateur laïc avant de s'engager dans le mouvement évangélique.
Samuel avait deux frères, dont l'un appelé Jean (né en 1902), originellement viticulteur, est devenu lui aussi pasteur.


Etudes 

Samuel Bourguet ne va pas reprendre la vigne familiale mais se destine aux études. Après l'école primaire, il va aller à Nîmes en Cours complémentaire et à l’Ecole normale d’instituteurs. Il devient instituteur à Sauve dans le Gard en 1920-1921. Choisissant ensuite des études de théologie, il part à Genève, en Suisse, et à son retour en France, il s'engage au Service Chrétien à Paris.
C'est là qu'il rencontre une bénévole qui va devenir sa future épouse. Il s'agit de Lucie Nusslé (1902 Anglade-1992). Celle-ci est la fille du pasteur Paul Nüsslé (pasteur de l'Eglise Réformée
Évangélique 1870-1954).


Samuel Bourguet à l'école normale d'instituteurs. 3ème tout en haut à gauche dans l'encadrement de la fenêtre.

Samuel Bourguet instituteur à Sauve dans le Gard. 1920-1921


 

En Bretagne

Il débute loin de son sud natal comme proposant, en Bretagne, à la fin de l'année 1924 auprès du pasteur Henri Whelpton à Lannion-Perros. Il seconde le pasteur Whelpton à Lannion mais également sur les communes de l'Ile grande et de Trébeurden.
Le pasteur Bourguet après avoir fini ses études, passé ses examens et soutenu sa thèse, veut s'affranchir de la tutelle du pasteur Whelpton. Il veut louer une maison à Perros-Guirec en 1927 et la meubler. Pour cela, il demande une augmentation de son traitement et une indemnité complémentaire pour son ameublement. L'accord finit par arriver et il s'établit à Perros pour un an avec sa petite famille. Il s'est marié quelques temps avant avec Lucie Nüsslé le 8 septembre 1925 à Saint-Avit-du-Moiron (33), ancien nom de St-Avit-de-St-Nazaire. Ils auront 6 enfants : Jacques, Yvonne, Pierre, Georges,
Jean-Louis et Anne-Marie.

Samuel Bourguet s'intéresse à la région au point qu'il publie en 1928 un ouvrage sur un missionnaire gallois (qui aurait écrit l'hymne de la Bretagne). 
Un pionnier de l'évangélisation en Bretagne, William-Jenkyn Jones. Auteur Samuel Bourguet. Clamard. Edition Je sers. 1928.

Cet ouvrage sert de référence à un long article publié en première page, dans La dépêche de Brest, publié le 14 juin 1939.

A partir du livre de Samuel Bourguet. 14 juin 1939 La Dépêche de Brest

Le pasteur Samuel Bourguet au presbytère de Perros 1924-1928. Photo A-M Bourguet




Madagascar

Après avoir exercé en Bretagne de 1924 à 1928, le pasteur Bourguet part à Madagascar fin 1928 avec la Société des Missions évangéliques de Paris. La SMEP est implantée à Madagascar depuis 1896.

Prenant rapidement des cours du soir pour apprendre le malgache, il va pouvoir prêcher dans la langue du pays au bout d'un an.
Jusqu’en 1940, il assure la fonction de directeur de l'école primaire-supérieure d'Ambohijatovo nord à Tananarive. Puis de 1940 à 1945, on lui confie la direction d’un vaste district (le Vonizongo) et d’une école biblique à Fihaonana où l'on forme des prédicateurs laïcs. Au début du mois de septembre 1940, la famille déménage à Fihaonana. Les déplacements pour visiter les paroisses s'effectuent en pousse-pousse, en chaise à porteur pour les distances les plus courtes ou au volant de la vieille Citroën quand il faut se rendre à la capitale pour des conférences par exemple. 

Liste des collègues de Samuel Bouguet à Madagascar


Le pasteur est très actif dans la Croix-Bleue car de nombreux malgaches ont des soucis avec l'alcool. Il s'emploie à créer de nouvelles sections. Samuel Bourguet assure la présidence de cette association à Madagascar.

Samuel Bourguet avec des membres de la Croix Bleue. Madagascar.1935


La vie de famille n'est pas facile car la vie quotidienne est rudimentaire (éclairage à la bougie). 
Les retours en métropole sont rares et la première fois se produira après 5 ans sur place, en 1933. Le pasteur est chargé de faire des conférences en France pour parler du travail de la mission à Madagascar et de récolter des fonds afin de poursuivre le travail commencé.
Le deuxième retour en France en 1939 est annulé à cause de la déclaration de guerre et de la suppression des bateaux vers la France. La famille Bourguet reste donc à Madagascar plus de dix ans sans revenir en métropole. Ce n'est qu'en novembre 1945 que cette longue expérience s'achève. 

Madagascar. Triple consécration pastorale. Debout de gauche à droite, on reconnait les pasteurs Samuel Bourguet, Peyrat, Lods, Robert de Becker et Delord (6ème). Photo A-M Bourguet


Retour dans le sud
Ensuite, au retour de Madagascar, après une période de repos, le pasteur occupe la fonction d'aumônier militaire. Il est particulièrement chargé d'accompagner les militaires malgaches qui retournent dans leur pays par le port de Marseille.
Le pasteur Bourguet exerce ensuite dans la paroisse de Milhaud dans le Gard de 1947 à 1961.
Il s'inscrit comme pasteur de l’Église Réformée de France en 1947 et y restera officiellement jusqu'en 1963.


Le temple de Milhaud dans le Gard. Carte postale


En 1971 il est admis comme membre de l'Académie de Mautauban.
Lors du discours de réception du pasteur Bourguet à l’académie de Montauban, le 8 novembre 1971, le pasteur Plet déclara :
« Dans les tâches qu’il a remplies, le pasteur Bourguet est resté un homme de Dieu, avant tout, ce qui ne lui a nullement interdit d’être aussi un administrateur de qualité, un théologien averti, un homme de grande culture. Retiré à Montauban, il pourra donner à l’académie le meilleur de cette riche expérience".
Il aura l'occasion de donner diverses conférences dans le cadre de cette Académie.


Lucie et Samuel Bourguet à Mautauban au début des années 70. Photo A-M Bourguet


L’Église Protestante Unie de France (ancienne Église réformée de France) est  installée à Mautauban au Temple des Carmes, dans ce même lieu où le premier culte réformé a été célébré en 1793. La paroisse s’organise autour de ce temple, ainsi que ceux des alentours Barry d’Islemade, Meauzac et au Fau. 
C'est dans cette petite paroisse de Fau, rattachée à Montauban,  que le pasteur Bourguet a donné un coup de main bénévolement pendant des années, alors qu'il était à la retraite. Il a également assuré  la fonction d'aumônier à l'hôpital.


Le temple protestant de Le Fau

Samuel Bourguet décèdera en 1981 à Montauban.
Il faut souligner que Samuel Bourguet est l'auteur de photos très intéressantes prises à Madagascar entre 1928 et 1946. Elles sont consultables sur dans un album Google-photo et sur le site de "Service protestant de Mission" (les liens sont indiqués plus bas).


1945. Groupe de missionnaires à Madagascar devant la maison de la famille Bourguet à Tananarive.

Samuel Bourguet est le quatrième debout en partant de la droite. En partant de lui et en allant vers la gauche, devant lui, la femme est Mme Pilet, son mari avec des lunettes est à côté d'elle, devant M.Pilet, légèrement flouté se trouve Mme Bourguet.
Tout à fait à droite, debout, l'homme en costume sombre c'est Jean-Claude Pilet, et un peu caché derrière lui on voit un visage souriant, c'est Yvonne Bourguet.
Tout à fait sur la gauche maintenant, on voit un grand monsieur avec un beau costume et derrière lui, le jeune homme, c'est Pierre Bourguet. Sur ce côté gauche, avec une sorte d'uniforme, c'est Oeschner de Coninck, après on voit un homme distingué en costume blanc, barbu, avec une cravate, c'est M. Lods. a côté de lui, en costume sombre c'est M. Bonzo. Tout à fait à droite, le jeune homme est André Lods.
Pour retrouver les femmes de pasteurs, on reprend à gauche, dans la rangée debout la première est Mme Dautry, après c'est une inconnue, ensuite en blanc Mme Cruzer, Mme Bozon, Mme Devine (avec la tête penchée)...
Enfin, au premier rang, sur la gauche, coincé entre une jeune fille complètement à gauche et une maman avec son bébé sur les genoux, c'est Anne-Marie Bourguet. Merci à elle pour avoir fourni toutes ces informations 74 ans plus tard !   
Crédit photo Défap-service protestant de mission, Paris.




Nous savons donc que "Samuel Bourguet est le quatrième en partant de la droite, tête bien ronde et crane chauve" dans ce groupe. Renseignement fourni par André Bourguet, son neveu, que nous remercions ici. André nous a donné d'autres informations sur son grand-père et son oncle. 
Anne-Marie Bourguet, fille du pasteur, a permis d'identifier les autres personnes sur la photo. 

Toutes ces personnes assistaient  à la Conférence missionnaire, on note la présence des pasteurs : Augier, Barnaud, Bourguet, Bonzon, Brunel, Burgurieu, Delord, de Visme, Kruger, Lods, Oeschner de Coninck, Pilet, et leurs familles.

Le pasteur Samuel Bourguet au milieu de ses élèves à la veille du Certificat d'Etudes du Second Degré.
Crédit photo Défap-service protestant de mission, Paris.


Liens



(photos transmises par sa fille Anne-Marie en mars 2019)


Ouvrage
 
Un pionnier de l'évangélisation en Bretagne, William-Jenkyn Jones.  
Samuel Bourguet. Clamard. Edition Je sers. 1928.

Article pour en savoir plus sur W. Jenkyn Jones


Sources 

Recueil de l'académie de Montauban (dans Gallica) 1971

Bibliothèque en ligne du Défap-service protestant de mission Paris. 
 
Pour la reproduction des deux photos à Madagascar, merci à  Claire-Lise Lombard de la Bibliothèque du Défap-service protestant de mission 102 Bld Arago 75 014 Paris.

Anne-Marie Bourguet, fille du pasteur. Témoignage recueilli en mars 2019. Un très grand merci aussi à Anne-Marie pour toutes les photos de familles transmises pour illustrer cette biographie.

André Bourguet, neveu du pasteur Samuel Bourguet. Echanges par internet en mars 2019. 
Jean-Marc Bouneau pour ces recherches concernant la famille Bourguet sur le site Geneanet. 

Catalogue de la Bibliothèque Nationale de France en ligne. Fiche Samuel Bouguet 

Ministers and Probationers of the Méthodist Church.1932. 
Biographie des méthodistes. Lettre B  

Répertoire des pasteurs de l'E.R.F. Page 50 Archives nationales. PDF. 

Le livre de Samuel Bourguet sur le pasteur Jones peut être commandé avec les références suivantes sur le site de la BNF : 8-LK2-7555. Tolbiac - Rez de Jardin - Philosophie, histoire, sciences de l'homme - Magasin.
Cet ouvrage constitué de photocopies revient à une somme très importante, malheureusement.

          

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Document annexe

Cette traduction (personnelle) vient d'un texte écrit en anglais, par un auteur inconnu, autour de 1930. Son titre est "Protestantisme in Brittany". Il fait référence au livre du pasteur Samuel Bourguet, c'est pourquoi il a semblé utile de le mentionner ici.
Vous pouvez accéder au document original en anglais en cliquant ici

"Beaucoup de gens au Pays de Galle semblent penser qu’il n’y a que des catholiques en Bretagne. En effet, la grande majorité des Bretons est catholique, mais il y a aussi beaucoup de protestants et des Bretons protestants, même si seulement une minorité a eu une grande importance dans le mouvement du Renouveau celtique en Bretagne.

Page 2.
Au début du XVI eme siècle, une bible en breton a été publiée à Londres par des Gallois. Il n’existe plus un seul exemplaire de cette bible. Ce qui n’est pas étonnant quand on sait qu’il n’existe qu’une copie de la première bible galloise imprimée à la même époque…
En 1889, le pasteur Le Coat de Trémel (dans le Trégor), a publié une traduction complète de la Bible en breton. Un livre de chants fut aussi publié « Chants chrétiens et vieux airs de Basse-Bretagne » par le pasteur Le Coat de Trémel et « La harpe des chrétiens » par le pasteur Jenkin Jones de Quimper, qui les édita à deux reprises. Beaucoup d’autres hymnes aussi bien que des poèmes religieux  furent publiés par le pasteur Omnès et Monsieur Quéré, dans des  feuillets aujourd’hui perdus.
La seule école bilingue bretonne qui a existé à l’époque, a été fondée par des protestants au XIXème siècle. Ils étaient si performants que le journal catholique « « Arvor », publia un article donnant cette école en exemple de ce qu’il faudrait faire en Bretagne…

L’influence du mouvement missionnaire gallois a été dominant dans le nouveau mouvement protestant en Bretagne. Y a-t-il  de meilleure preuve de cela que le livre publié en 1927 par le pasteur S. Bourguet, lui même missionnaire français en Bretagne, sous le titre « Un pionnier de l’évangélisation en Bretagne, W. J. Jones » ? Dans la première partie de son livre, le pasteur S. Bourguet dit que les Gallois ont davantage de facilités que les français pour évangéliser les bretons, comme ils sont de la même race et que les bretons ressemblent aux Gallois. Plus loin, il donne les conseils suivants « Afin que l’esprit réussisse dans l’évangélisation en Bretagne, un étranger (Je parle du français comme du Gallois) doit se donner lui-même complètement, pas seulement à son travail d’évangélisation mais aussi à la Bretagne elle-même. »
 
 
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