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| Le pasteur Samuel Bourguet et sa famille à Perros-Guirec 1924-1928 |
Origines
Le pasteur Samuel Bourguet (1899-1981) est né le 4 septembre 1899
à Cannes-et-Clairan dans le Gard (30). Sa famille était protestante et
dans le milieu viticole. Louis, son père, s'était tourné jeune vers
l'Armée du Salut. Il s'est trouvé dans des conditions difficiles en
poste à Marseille avant de revenir, pour des raisons de santé, à la
vigne. Il a adhéré à l’Église méthodiste (Alès) et a exercé la
fonction de prédicateur laïc avant de s'engager dans le mouvement
évangélique.
Samuel avait deux frères, dont l'un appelé Jean (né en 1902), originellement viticulteur, est devenu lui aussi pasteur.
Etudes
Samuel Bourguet ne va pas reprendre la vigne familiale mais se destine aux études. Après l'école primaire, il va aller à
Nîmes en Cours complémentaire et à
l’Ecole normale d’instituteurs. Il devient instituteur à Sauve dans le
Gard en 1920-1921. Choisissant ensuite des études de théologie, il part à
Genève, en Suisse, et à son retour en France, il s'engage au Service Chrétien à Paris.
C'est là qu'il rencontre une bénévole qui va devenir sa future épouse. Il s'agit de Lucie Nusslé (1902 Anglade-1992). Celle-ci est la fille du pasteur Paul Nüsslé (pasteur de l'Eglise Réformée Évangélique 1870-1954).
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| Samuel Bourguet à l'école normale d'instituteurs. 3ème tout en haut à gauche dans l'encadrement de la fenêtre. |
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| Samuel Bourguet instituteur à Sauve dans le Gard. 1920-1921 |
En Bretagne
Il débute loin de son sud natal comme proposant, en Bretagne, à la fin de l'année 1924 auprès du pasteur Henri Whelpton à Lannion-Perros. Il seconde le pasteur Whelpton à Lannion mais également sur les communes de l'Ile grande et de Trébeurden.
Le
pasteur Bourguet après avoir fini ses études, passé ses examens et
soutenu sa thèse, veut s'affranchir de la tutelle du pasteur Whelpton.
Il veut louer une maison à Perros-Guirec en 1927 et la meubler. Pour
cela, il demande une augmentation de son traitement et une indemnité
complémentaire pour son ameublement. L'accord finit par arriver et il
s'établit à Perros pour un an avec sa petite famille. Il s'est marié
quelques temps avant avec Lucie Nüsslé le 8 septembre 1925 à
Saint-Avit-du-Moiron (33), ancien nom de St-Avit-de-St-Nazaire. Ils
auront 6 enfants : Jacques, Yvonne, Pierre, Georges, Jean-Louis et Anne-Marie.
Samuel
Bourguet s'intéresse à la région au point qu'il publie en 1928 un
ouvrage sur un missionnaire gallois (qui aurait écrit l'hymne de la
Bretagne).
Un pionnier de l'évangélisation en Bretagne, William-Jenkyn Jones. Auteur Samuel Bourguet. Clamard. Edition Je sers. 1928.
Cet ouvrage sert de référence à un long article publié en première page, dans La dépêche de Brest, publié le 14 juin 1939.
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A partir du livre de Samuel Bourguet. 14 juin 1939 La Dépêche de Brest
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| Le pasteur Samuel Bourguet au presbytère de Perros 1924-1928. Photo A-M Bourguet |
Madagascar
Après avoir exercé en Bretagne de 1924 à 1928, le pasteur Bourguet part à Madagascar fin 1928 avec la Société des Missions évangéliques de Paris. La SMEP est implantée à Madagascar depuis 1896.
Prenant rapidement des cours du soir pour apprendre le malgache, il va pouvoir prêcher dans la langue du pays au bout d'un an.
Jusqu’en 1940, il assure la fonction de directeur de l'école primaire-supérieure d'Ambohijatovo nord
à
Tananarive. Puis de 1940 à 1945, on lui confie la direction d’un vaste
district (le Vonizongo) et d’une école biblique à Fihaonana où l'on
forme des prédicateurs laïcs. Au début du mois de septembre 1940, la
famille déménage à Fihaonana. Les déplacements pour visiter les
paroisses s'effectuent en pousse-pousse, en chaise à porteur pour les
distances les plus courtes ou au volant de la vieille Citroën quand il
faut se rendre à la capitale pour des conférences par exemple.
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Liste des collègues de Samuel Bouguet à Madagascar
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Le pasteur est très actif dans la Croix-Bleue car
de nombreux malgaches ont des soucis avec l'alcool. Il s'emploie à
créer de nouvelles sections. Samuel Bourguet assure la présidence de
cette association à Madagascar.
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| Samuel Bourguet avec des membres de la Croix Bleue. Madagascar.1935 |
La vie de famille n'est pas facile car la vie quotidienne est rudimentaire (éclairage à la bougie).
Les
retours en métropole sont rares et la première fois se produira après 5
ans sur place, en 1933. Le pasteur est chargé de faire des conférences
en France pour parler du travail de la mission à Madagascar et de
récolter des fonds afin de poursuivre le travail commencé.
Le
deuxième retour en France en 1939 est annulé à cause de la déclaration
de guerre et de la suppression des bateaux vers la France. La famille
Bourguet reste donc à Madagascar plus de dix ans sans revenir en
métropole. Ce n'est qu'en novembre 1945 que cette longue expérience
s'achève.
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| Madagascar.
Triple consécration pastorale. Debout de gauche à droite, on reconnait
les pasteurs Samuel Bourguet, Peyrat, Lods, Robert de Becker et Delord
(6ème). Photo A-M Bourguet |
Retour dans le sud
Ensuite,
au retour de Madagascar, après une période de repos, le pasteur occupe
la fonction d'aumônier militaire. Il est particulièrement chargé
d'accompagner les militaires malgaches qui retournent dans leur pays par
le port de Marseille.
Le pasteur Bourguet exerce ensuite dans la paroisse de Milhaud dans le Gard de 1947 à 1961.
Il s'inscrit comme pasteur de l’Église Réformée de France en 1947 et y restera officiellement jusqu'en 1963.
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| Le temple de Milhaud dans le Gard. Carte postale |
En 1971 il est admis comme membre de l'Académie de Mautauban.
« Dans les tâches qu’il a remplies, le pasteur Bourguet
est resté un homme de Dieu, avant tout, ce qui ne lui a nullement interdit
d’être aussi un administrateur de qualité, un théologien averti, un homme de grande culture. Retiré à Montauban, il pourra
donner à l’académie le meilleur de cette riche expérience".
Il aura l'occasion de donner diverses conférences dans le cadre de cette Académie.
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| Lucie et Samuel Bourguet à Mautauban au début des années 70. Photo A-M Bourguet |
L’Église Protestante Unie de France (ancienne Église réformée de France)
est installée à Mautauban au Temple des Carmes, dans ce même lieu où le premier
culte réformé a été célébré en 1793. La paroisse s’organise autour de ce
temple, ainsi que ceux des alentours Barry d’Islemade, Meauzac et au Fau.
C'est
dans cette petite paroisse de Fau, rattachée à Montauban, que le
pasteur Bourguet a donné un coup de main bénévolement pendant des
années, alors qu'il était à la retraite. Il a également assuré la
fonction d'aumônier à l'hôpital.
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| Le temple protestant de Le Fau |
Samuel Bourguet décèdera en 1981 à Montauban.
Il faut souligner que Samuel Bourguet est l'auteur de photos très intéressantes
prises à Madagascar entre 1928 et 1946. Elles sont consultables sur dans
un album Google-photo et sur le site de "Service protestant de Mission"
(les liens sont indiqués plus bas).
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1945. Groupe de missionnaires à Madagascar devant la maison de la famille Bourguet à Tananarive.
Samuel Bourguet est le quatrième debout en partant de la droite.
En partant de lui et en allant vers la gauche, devant lui, la femme est
Mme Pilet, son mari avec des lunettes est à côté d'elle, devant
M.Pilet, légèrement flouté se trouve Mme Bourguet.
Tout
à fait à droite, debout, l'homme en costume sombre c'est Jean-Claude
Pilet, et un peu caché derrière lui on voit un visage souriant, c'est
Yvonne Bourguet.
Tout
à fait sur la gauche maintenant, on voit un grand monsieur avec un beau
costume et derrière lui, le jeune homme, c'est Pierre Bourguet. Sur ce
côté gauche, avec une sorte d'uniforme, c'est Oeschner de Coninck, après
on voit un homme distingué en costume blanc, barbu, avec une cravate,
c'est M. Lods. a côté de lui, en costume sombre c'est M. Bonzo. Tout à
fait à droite, le jeune homme est André Lods.
Pour
retrouver les femmes de pasteurs, on reprend à gauche, dans la rangée
debout la première est Mme Dautry, après c'est une inconnue, ensuite en
blanc Mme Cruzer, Mme Bozon, Mme Devine (avec la tête penchée)...
Enfin,
au premier rang, sur la gauche, coincé entre une jeune fille
complètement à gauche et une maman avec son bébé sur les genoux, c'est
Anne-Marie Bourguet. Merci à elle pour avoir fourni toutes ces
informations 74 ans plus tard !
Crédit photo Défap-service protestant de mission, Paris. |
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Nous
savons donc que "Samuel Bourguet est le quatrième en partant de la
droite, tête bien ronde et crane chauve" dans ce groupe. Renseignement
fourni par André Bourguet, son neveu, que nous remercions ici. André nous a donné d'autres informations sur son grand-père et son oncle.
Anne-Marie Bourguet, fille du pasteur, a permis d'identifier les autres personnes sur la photo.
Toutes ces personnes assistaient à la Conférence
missionnaire, on note la présence des pasteurs : Augier, Barnaud, Bourguet,
Bonzon, Brunel, Burgurieu, Delord, de Visme, Kruger, Lods, Oeschner de Coninck,
Pilet, et leurs familles.
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Le pasteur Samuel Bourguet au milieu de ses élèves à la veille du Certificat d'Etudes du Second Degré.
Crédit photo Défap-service protestant de mission, Paris. |
Liens
(photos transmises par sa fille Anne-Marie en mars 2019)
Ouvrage
Un pionnier de l'évangélisation en Bretagne, William-Jenkyn Jones.
Samuel Bourguet. Clamard. Edition Je sers. 1928.
Sources
Recueil de l'académie de Montauban (dans
Gallica) 1971
Bibliothèque en ligne du Défap-service
protestant de mission Paris.
Pour la reproduction des deux photos à Madagascar, merci à Claire-Lise Lombard de la Bibliothèque du
Défap-service protestant de mission 102 Bld Arago 75 014 Paris.
Anne-Marie Bourguet, fille du pasteur.
Témoignage recueilli en mars 2019. Un très grand merci aussi à Anne-Marie pour
toutes les photos de familles transmises pour illustrer cette biographie.
André Bourguet, neveu du pasteur Samuel
Bourguet. Echanges par internet en mars 2019.
Jean-Marc Bouneau pour ces recherches
concernant la famille Bourguet sur le site Geneanet.
Catalogue de la Bibliothèque Nationale de
France en ligne. Fiche Samuel Bouguet
Ministers and Probationers of the Méthodist Church.1932.
Biographie des méthodistes. Lettre B
Répertoire des pasteurs de l'E.R.F. Page 50 Archives nationales. PDF.
Le livre de Samuel Bourguet sur le pasteur Jones peut être commandé avec les références suivantes sur le site de la BNF : 8-LK2-7555. Tolbiac - Rez de Jardin - Philosophie, histoire, sciences de l'homme - Magasin.
Cet ouvrage constitué de photocopies revient à une somme très importante, malheureusement.
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Document annexe
Cette
traduction (personnelle) vient d'un texte écrit en anglais, par un
auteur inconnu, autour de 1930. Son titre est "Protestantisme in
Brittany". Il fait référence au livre du pasteur Samuel Bourguet, c'est
pourquoi il a semblé utile de le mentionner ici.
Vous pouvez accéder au document original en anglais en cliquant ici
"Beaucoup de gens au Pays de Galle semblent penser qu’il n’y
a que des catholiques en Bretagne. En effet, la grande majorité des Bretons est
catholique, mais il y a aussi beaucoup de protestants et des Bretons
protestants, même si seulement une minorité a eu une grande importance dans le
mouvement du Renouveau celtique en Bretagne.
Page 2.
Au début du XVI eme siècle, une bible en breton a été
publiée à Londres par des Gallois. Il n’existe plus un seul exemplaire de cette
bible. Ce qui n’est pas étonnant quand on sait qu’il n’existe qu’une copie de
la première bible galloise imprimée à la même époque…
En 1889, le pasteur Le Coat de Trémel (dans le Trégor), a
publié une traduction complète de la Bible en breton. Un livre de chants fut
aussi publié « Chants chrétiens et vieux airs de Basse-Bretagne » par
le pasteur Le Coat de Trémel et « La harpe des chrétiens » par le
pasteur Jenkin Jones de Quimper, qui les édita à deux reprises. Beaucoup
d’autres hymnes aussi bien que des poèmes religieux furent publiés par le pasteur Omnès et
Monsieur Quéré, dans des feuillets aujourd’hui
perdus.
La seule école bilingue bretonne qui a existé à l’époque, a
été fondée par des protestants au XIXème siècle. Ils étaient si performants que
le journal catholique « « Arvor », publia un article donnant
cette école en exemple de ce qu’il faudrait faire en Bretagne…
L’influence du mouvement missionnaire gallois a été dominant
dans le nouveau mouvement protestant en Bretagne. Y a-t-il de meilleure preuve de cela que le livre
publié en 1927 par le pasteur S. Bourguet, lui même missionnaire français en
Bretagne, sous le titre « Un pionnier de l’évangélisation en Bretagne, W.
J. Jones » ? Dans la première partie de son livre, le pasteur S.
Bourguet dit que les Gallois ont davantage de facilités que les français pour
évangéliser les bretons, comme ils sont de la même race et que les bretons
ressemblent aux Gallois. Plus loin, il donne les conseils suivants « Afin
que l’esprit réussisse dans l’évangélisation en Bretagne, un étranger (Je parle
du français comme du Gallois) doit se donner lui-même complètement, pas
seulement à son travail d’évangélisation mais aussi à la Bretagne
elle-même. »