samedi 5 octobre 2024

Wilhelm Nicolaysen (1875-1914), militaire et protestant



Wilhem Nicolaysen (1875-1914)



Origines

 
Dans les membres fondateurs et jusqu'en 1913, nous trouvons dans les registres de la paroisse protestante de St Brieuc Wilhelm Ingwald Nicolaysen, né à Douarnenez (29) le 17 août 1875, marié le 28 mai 1906 à St Brieuc avec Nelly Trouessart, résidant Boulevard Pasteur à St Brieuc. Le capitaine Nicolaysen est le fils du consul norvégien de Douarnenez (Finistère). Le père de son épouse est directeur de la Banque de France à St Brieuc.
Le couple aura trois enfants. Ses trois filles, Hilda, Dagny et Yanhe, qui habitaient à Saint-Brieuc, venaient régulièrement passer leurs vacances à Douarnenez chez leur oncle Valentin qui avait également trois filles. Dans la famille, on précisait donc : les trois filles Nicolaysen de Douarnenez et les trois filles Nicolaysen de Saint-Brieuc.



Carrière et Guerre 14-18

Le capitaine Wilhelm Nicolaysen est d’origine norvégienne mais il opte pour la nationalité française. Il fait partie de la classe 1895 et son bureau de recrutement est Quimper. On lui attribue le matricule n°895. Il entre à l'Ecole militaire d'Infanterie de Saint-Maixent, promotion 1899-1900.

Pendant la guerre de 14-18, il est affecté au 31e bataillon de chasseurs, et meurt à Breschwiller (Alsace) le 22 août 1914.
Extrait du "Tableau d'honneur de la Grande-Guerre" : "A tenu la plus brillante conduite. Blessé grièvement en soutenant la retraite de son bataillon le 21 août 1914, est décédé à l'ambulance des suites de ses blessures."
Son nom est inscrit sur le monument aux morts dressé au cimetière de Douarnenez.

Il fut tué à la guerre de 1914-1918. C'était le premier officier de l'armée française, et protestant, qui ne portait pas un nom français. La revue L'Illustration rapporte que c'est à ce titre que les allemands lui firent des funérailles particulières.

  
 

Sources
 

Registre des membres Temple de Saint-Brieuc
Site Généanet. Fiche établie par Joël Chirol 
Site Généanet. Fiche sur sa fille, Hilda née à St Brieuc (6.11.1910), Dagny née à St Brieuc (17.06.1907) et Yanhe née à Saint-Dié dans les Vosges (4.06.1914)
Forum 14-18, anciens élèves de Saint-Maixent, recherches Francine Laude, fiche Wilhem Nicolaysen



 

 

   

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Le pasteur Victor Bouhon (1834-1908)

 

 
 
Victor Bouhon (1834-1908) est né le 9 septembre 1834 à Paris. Il s'engage dans le protestantisme missionnaire (Ecole des Missions de Passy en 1856) et part à Haïti en 1861 mais il est rapatrié en 1862.
Juste avant son départ pour Haïti, il a épousé Frances Elisabeth Dockery (1836-1878) à Londres le 25 mai 1861.
  Le 28 mai a lieu la cérémonie religieuse à la chapelle Eliatah-Islington, Comté de Middlesex (GB)

Après leur année très éprouvante à Haïti, Victor et Francès habitent St Brieuc, rue des petites Forges. Cinq enfants naitront de cette union. C'est à leur domicile de St Brieuc que Francès décède le 18 février 1878 à l'âge de 39 ans.

A la mort de son épouse, Victor Bouhon se remarie avec Marie Olive Corlay, née le 9 septembre 1852 à Guingamp. 
Le 22 mai 1878 le mariage est célébré à Saint Brieuc.

Victor Bouhon va essayer de rassembler  les protestants de Guingamp, de Lannion ou de St Brieuc à partir de 1862-1863. A cette époque, les protestants ne pouvaient pas exercer leurs droits tout à fait comme les autres.


Le 18 septembre 1864, Victor Bouhon célèbre un premier culte protestant dans la maison de Mme Veuve Young au numéro 7 de la rue Saint Guillaume.
Bientôt, les ennuis vont s'accumuler (voir l'article sur les origines de l'Eglise méthodiste dans les Côtes-du-Nord)

Mais après de nombreuses années en Bretagne, Victor Bouhon part à Montrouge, en région parisienne, puis à Paris, rue de Rivoli. C'est à Montrouge que décède son épouse Marie, le 20 novembre 1900 à l'âge de 48 ans.

Victor Bouhon décède quelques années plus tard à la Charité-sur-Loire (58) le 31 mai 1908, à l'âge de 73 ans.

Victor Bouhon aura de nombreux enfants de ses deux mariages. Les registres d'état-civil et le site de généalogie Généanet, nous permettent d'apporter quelques précisions :

Victor et Charles, décédés à la naissance en 1861
Elisabeth (1863-1929), mariée à Montrouge le 25 février 1892.
Victor Emile Noël Bouhon, né  le 22 septembre 1864 à Guingamp, décédé à l'âge de 19 ans à St Brieuc le 29 novembre 1883 à St Brieuc. La mention "étudiant" est portée sur l'acte de décès.
Marie Catherine, née le 24 avril 1867 à Guingamp, décédée en 1938.
Henriette Caroline Bouhon est née le 17 juin 1871 à St Brieuc, elle est décédée à Billancourt (Seine et Oise) le 13 août 1953.
Charles Adolphe Bouhon (1873-1960)
Henri Auguste Bouhon (1875-1956)

Les enfants nés de son deuxième mariage sont :
Edouard Louis Bouhon (1880-1941)

Maurice Olivier Bouhon (27 sept 1883-1915)
Emile Alexandre Bouhon (1889-1930)
Daniel François Bouhon (1893-1960)



Histoire d'une photo


Victor Bouhon apparaît sur une photographie de groupe, en 1857, durant ses études à la Société des missions évangéliques de Paris, en compagnie de son professeur et de ses condisciples.

Le pasteur Victor Bouhon (3e à l’arrière-plan à partir de la gauche), placé à Saint-Brieuc par le pasteur Jenkins,  fut le mentor du jeune Guillaume Le Coat après sa conversion. Il l’orienta vers l’Ecole normale protestante de Courbevoie. 

Cette photo a été publiée sur le site Histoire et Protestants en Centre-Bretagne

 


 


 


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Sources 

Archives départementales 22 en ligne :  
Marie Catherine Bouhon, registre des naissances Guingamp 1867, page 37
Bouhon Maurice
Bouhon Henriette,  registre des naissances St Brieuc 1871, page 89 
Victor Emile, registre de 1864 des naissances Guingamp page 210
Victor Emile Noël Bouhon, registre des décès St Brieuc 1883, page 503, 

Site Généanet, fiche sur Victor Bouhon établie par Jean-Jacques Bouhon

Article de Jean-Yves Carluer sur Victor Bouhon
 
 
 

Jean-Claude Chevalier (1931-2019), protestant à Saint-Brieuc



Jean-Claude Chevalier (1931-2019). Photo 2009


 
Jean-Claude Chevalier est né en 1931 à Mamers dans la Sarthe. Il se marie en 1975 avec Agnès de Singly. Dans les années 70, il fait connaissance avec le milieu protestant à Angers. Assez rapidement, il entame une formation de prédicateur laïc à Nantes sous la conduite du pasteur Laurent Schlumberger. 
 
Après avoir déménagé à Orléans, il s’investit dans l’Eglise protestante comme Conseiller presbytéral, trésorier, avant d'être élu vice-président de l'Eglise Réformée d'Orléans.
 
Arrivé en Bretagne, il devient membre de l’Eglise Réformée de St Brieuc en mai 2003 et rentre au Conseil presbytéral en mars 2004. Il assurera cette fonction pendant huit ans.

Avec le pasteur Solange Weiss-Déaux, Jean-Claude Chevalier commence en 2007 à animer un atelier mensuel pour former des prédicateurs laïcs. Au départ du pasteur, non remplacé en juillet 2009, l'équipe de prédicateurs peut assurer le culte à tour de rôle. Les tâches sont réparties pour assurer le bon fonctionnement de la paroisse.
 
Jean-Claude Chevalier devient, pendant un an et demi, le président du Conseil presbytéral de juillet 2009 à fin 2010 et, à ce titre, dirige la paroisse et coordonne l'action des différents responsables. 
On lui doit en particulier de nombreuses initiatives sur le plan du dialogue entre les religions sur St Brieuc. Jean-Claude Chevalier est alors présent dans les groupes oecuméniques d'études bibliques, de préparation aux célébrations oecuméniques, présent dans les rencontres entres Eglises protestantes et dans le dialogue avec les musulmans de St Brieuc.
Il est également engagé dans l'association d'Entraide protestante, dans l'ACAT et dans la Cimade. Il est à l'initiative d'un groupe de protestants appelés "Les disséminés" sur le secteur de Lamballe.


En mai 2018, selfie de Jean-Claude Chevalier (1931-2019)




 
Prenant part ensuite activement à de nombreux groupes de réflexion jusqu'en 2018, Jean-Claude Chevalier s'est finalement éteint en février 2019.
 
Voici l'une de ses dernières paroles:  
"Je remercie toutes les personnes qui m'ont permis de mieux comprendre les richesses de la nature humaine, et cela de la personne la plus humble, à mes proches, ma famille; j'en ai pris conscience à 35 ans à Madagascar, expérience qui a bousculé ma vie et m'a permis de mesurer cette richesse.
La vie est une découverte permanente de la richesse humaine, richesse universelle."


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Sources

Cette biographie a été vérifiée et complétée par Jean-Claude Chevalier lui-même en 2018.


Lien 






 
 
 

Histoire des protestants à Pontivy 1560-2018

 

Le château des Rohan à Pontivy. Photo RF 2024

 
Pontivy a une histoire ancienne avec le protestantisme. En 1560, le vicomte Henri I de Rohan fonde l’Église protestante de Pontivy. En 1562 se déroule le premier culte protestant, quand le vicomte de Rohan, propriétaire du château, décide de dédier sa chapelle aux Huguenots et non plus au culte catholique. Un synode régional y est organisé en 1572.
 
La chapelle du château des Rohan à Pontivy. Photo RF 2024


 
La chapelle du château des Rohan à Pontivy. Photo RF 2024

 
En 1598, l’Édit de Nantes met fin aux guerres de religion et accorde six places de mariage aux protestants de France. La chapelle du château est l'une d'elles mais en 1686, la chapelle repasse dans le camp des catholiques une années après la révocation de l’Édit de Nantes. Le protestantismesous sa forme collective et rituelle disparait à Pontivy... Et nous arrivons au XXe siècle !

Bien que se situant dans le département du Morbihan, mais à la lisère des Côtes-d'Armor, Pontivy s'est retrouvé à différentes époques dans le secteur géographique des pasteurs de St Brieuc. C'est pour cette raison que nous avons quelques archives...

En 1950, on note l'existence d'un petit foyer de protestants (5 personnes).

De 1951 à 1958, le pasteur Paul Marquer, de St Brieuc, a assuré la desserte du poste de Pontivy. Les cultes ont alors lieu une fois par mois, avec au début seulement deux familles présentes.

Le 30 janvier 1954, le pasteur Marquer procède à St Brieuc à la bénédiction religieuse de Claude Rousseau et de Madeleine Guillôme, demeurant à Pontivy.

Le 26 mars 1954, dans la salle du Théâtre de Pontivy, le pasteur Marquer procède à la bénédiction religieuse de Gabriel Pérot, forain demeurant à Pontivy, et de Germaine Lebreton.
En 1953, un culte mensuel rassemble un petit groupe de protestants. Le 1er décembre 1953, le pasteur Marquer procède à l'inhumation de Mme Elisabeth Masson au cimetière de Pontivy, décédée à Pontivy le 29 novembre.

En 1954, pour la première fois (et jusqu'en 1963) les protestants de Pontivy figurent dans les registres des membres avec ceux de la paroisse de St Brieuc. Il s'agit de Jeanne Guégan, Michel et Simone Masson.

En 1955, le pasteur Paul Marquer écrit dans un courrier : "Pontivy, au cœur de la Bretagne, là depuis trois ans nous avons un petit noyau qui a doublé (cela ne fait quand même que 10 foyers).

En 1958, le pasteur Mattei de Vannes prend en charge à partir du mois d'août ce qui est déjà appelé "une annexe". Le groupe s'est étoffé pour atteindre 25 personnes (12 foyers). Les "routiers du Christ" passent une semaine dans la ville pour promouvoir le protestantisme.
En juillet 58, le pasteur marquer procède à l'inhumation de M. Gerbeur (d'origine mennonite) au cimetière de Pontivy, décédé à Pontivy.

En 1959, l'annexe de Pontivy est officiellement inscrite dans le secteur dépendant de St Brieuc.
Le pasteur Marquer y tient des réunions d'étude biblique, elles regroupent 10 personnes.
 
En 1960 (ou 1961?) les protestants se réunissent chez M. Masson à Pontivy pour y célébrer un culte du Vendredi Saint. Mme Velly rejoint le groupe des membres de l'ERF de Pontivy
Le 3 septembre 1960, le pasteur Marquer préside l'enterrement de Mme Jeanne Tifaine à la maison mortuaire de Pontivy, décédée à Pontivy le 31 août.
 
Le 28 août 1961, le pasteur Marquer préside à Pontivy à l'enterrement de Mme Simone Masson, née Bondu, décédée à Pontivy le 25 août.
 
Le 13 janvier 1962, le pasteur Kieffer préside à Pontivy à l'enterrement de M Eugène Chedeville, décédé à Pontivy le 11 janvier.
Le 6 août 1962, un pasteur suffragant d'Aubenas (en poste à St Brieuc) préside à Pontivy à l'enterrement de M Jacques Masson, décédé à Rambouillet le 2 août.
 
En 1963, M et Mme Perrot rejoignent le groupe des membres de l'ERF de Pontivy

De 1962 à 1971, le pasteur Kieffer, de St Brieuc, a assuré par intermittence la desserte de ce poste.

Au total, entre 1950 et 1963, les pasteurs de St Brieuc ont célébré à Pontivy trois mariages, deux baptêmes et six enterrements.

Dans les années 90, des cultes se pratiquent de temps en temps. C'est ce que rapporte le pasteur Schluchter de l’Église Réformée, responsable de Lorient-Vannes qui préside un culte exceptionnel le 26 septembre, dans la chapelle du château de Pontivy. Ce rassemblement réunit ce jour-là 80 personnes, dont le Maire de Pontivy et son adjoint.

 
 
Sources

Archives du temple de St Brieuc : registre des mariages (1939-1958), des baptêmes (1939-1969) St Brieuc et Côtes-du-Nord, registre des membres de la paroisse. 
 
Généanet, fiche sur Michel Masson, protestant, maire de Pontivy de 1971 à 1983, cliquer ici


Années 70, conférence à Pontivy du pasteur Kieffer.

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Pierre Charlot (1929-2019), I.E.N, protestant et président de l'U.T.L de Guingamp


Pierre Charlot (1929-2019)


Origines

Pierre Charlot est né le 18 mai 1929 dans le 18e arrondissement de Paris d’un père d’origine haut-marnaise et d’une mère bretonne. Des deux familles, il ne connaîtra que ses grands-parents maternels, de solides Rostrenois.

 
 
Études et carrière professionnelle
 

Après l’obtention du baccalauréat, série philosophie en 1948, Pierre Charlot entre sur concours au lycée La Fontaine où a été ouverte une classe de préparation au Certificat d’Aptitude à l’Éducation musicale.
 
Pierre Charlot (1929-2019)
 
Nommé au Collège moderne de Nancy comme professeur d’Éducation musicale, il voit sa carrière interrompue par la nécessité d’accomplir ses obligations militaires. Appelé pour une durée de douze mois, temps d’abord imposé à sa classe d’âge, il restera en réalité 29 mois sous les drapeaux en raison des événements ayant ensanglanté l’Algérie. Passé par l’école de formation des officiers de Saint-Maixant, il sera affecté à la formation des jeunes recrues.

Libéré en janvier 1958 et affecté au lycée Poincaré de Nancy, vers 1965, l’ouverture d’un centre de préparation au Certificat d’Aptitude à l’Inspection primaire le pousse à se renouveler. Ledit certificat lui est attribué en 1967 et une nouvelle carrière s’ouvre devant lui dès le mois de janvier suivant. Il effectue d’abord diverses tâches avant d’obtenir à la rentrée 1968 le poste de Pont-à-Mousson où il restera jusqu’en 1974. 

 
Retour en Bretagne


En 1974, il ne résistera pas à l’appel de la Bretagne. Deux postes étaient vacants à Guingamp : ses états de service et son ancienneté lui ont permis d’obtenir l’un d’eux caractérisé par sa dimension essentiellement rurale, chefs-lieux de canton et écoles de campagne, ce qui n’était pas pour lui déplaire.


Admis à la retraite en 1990, il devait être écrit qu'il ne se libérerait pas aussi facilement de ses attaches avec le milieu puisqu’il lui fut demandé de fonder à Guingamp une section de l’Université du Temps Libre dont il s'est retiré après dix-sept ans de présidence.
 



Engagement dans le protestantisme


Concernant son engagement dans le protestantisme, voilà ce que Pierre Charlot en dit : " Parler de la foi c’est déjà ouvrir une porte sur le jardin secret. Je m’en dispenserai donc. Mais alors que j’étais en classe de quatrième, sous l’influence d’un professeur convaincant je présume, j’avais formé trois vœux : visiter Berlin (nous étions en 1942 !), voir Carthage (souvenirs du « Delenda Carthago est » de Caton l’Ancien ) et devenir protestant.
 
Les trois vœux ont été accomplis, le troisième non sans difficulté. Je ne connaissais personne apte à m’orienter, pas même un camarade de classe et ma famille au plan religieux manifestait une certaine tiédeur. J’ai lu, je me suis documenté et c’est à l’occasion de mon installation en Bretagne que j’ai pu établir le contact avec le docteur Hansen alors responsable de notre communauté".


Pierre Charlot 17 mai 2006 Ouest-France




Responsabilités dans la paroisse



C'est  d'abord le pasteur Le Cozannet qui s’est assuré de la solidité de la culture religieuse de Pierre Charlot et lui a rapidement confié des responsabilités au sein de l’Église. 
 
Ensuite, un évènement est venu accélérer la prise de responsabilité de Pierre Charlot. En effet, le pasteur Guy Froment,  un an avant sa retraite, a été autorisé à ne plus exercer son ministère qu'à mi-temps. Le conseil presbytéral a alors proposé à Pierre Charlot, qui en était le vice-président d'assurer, en liaison avec le pasteur, la responsabilité de l’Église en 1993-1994. Les tâches ont donc été partagées: M. Froment a conservé les affaires délicates, le Conseil presbytéral devant assurer le culte et les autres tâches. 
 
 Dans la photo qui illustre l'article ci-dessous, on reconnait Pierre Charlot tout à fait à gauche. Il y explique le fonctionnement d'une communauté protestante avec beaucoup de clarté.
 
 
Pierre Charlot (tout à fait à gauche) à Perros. 27 février 1994 Le Télégramme

 
 
Pierre Charlot à Perros. 27 février 1994 Le Télégramme

 
 
M. Charlot entre aussi au conseil de Consistoire et en devient le secrétaire. Les actions entreprises par le pasteur Froment seront poursuivies cette année-là. Lors de la nomination du pasteur Thomas Mentzel, M. Charlot conservera son poste de président du conseil presbytéral. Toutefois, il ne sollicitera pas le renouvellement de son mandat aux élections de 1997 en raison de son éloignement géographique. C'est un briochin, M. André de Kerpezdron qui lui succédera à cette date

A noter aussi qu'en 1978, M. Charlot a remplacé à l'harmonium la dévouée et assidue Mme Marie Gugenheim. Il a assuré cette tâche pendant des années par la suite. On peut retenir également un moment important pour Pierre Charlot, celui où on lui a confié le discours d'accueil des participants réunis à St Brieuc en novembre 1991 pour le Synode régional. Enfin, on doit reconnaître qu'il a aussi beaucoup œuvré pour développer l'œcuménique sur le secteur de Guingamp. 


Pierre Charlot est décédé le 30 juillet 2019 à l'hôpital de Guingamp à l'âge de 90 ans. Un culte d'action de grâce a eu lieu le 8 août à la salle polyvalente de Pabu. A cette occasion, son ami John Colomb a lu la confession de foi de Luther,  Magali Lenot et Daniel Colin ont célébré le culte.
 
 
Pierre Charlot 2 octobre 2004 Ouest-France

 



Sources

Par modestie et discrétion, Pierre Charlot a longtemps esquivé la proposition de livrer certains éléments sur sa vie. Finalement, cette biographie a été établie, vérifiée et complétée par Pierre Charlot lui-même en juin 2019, peu avant son décès.
 
 
 
 

Annexes

Pierre Charlot était membre fondateur de l’Université du temps Libre de Guingamp et on le retrouve régulièrement dans la presse locale entre 2001 et 2008 (année où il passe la main en tant que président de l’UTL).

Il est arrivé à plusieurs reprises à Pierre Charlot de faire partager ses recherches sur la Bible ou l’histoire du protestantisme comme on le voit dans les articles suivants datés de 2001 et 2002.

Pierre Charlot. 2003. Ouest-France

 

Article du 24 octobre 2001

UTL : d'hier à aujourd'hui, nouveau regard sur la Bible.

Comme d'habitude, Marcel Le Moal, le président de l'UTLCOB, a introduit la conférence. Les chrétiens reconnaissent l'ensemble des textes sacrés du peuple juif sous le nom d'Ancien Testament. Avec les livres du Nouveau Testament (Evangile et lettres des apôtres), ils constituent la référence spirituelle de tous les chrétiens, quels qu'ils soient.

Marcel Le Moal à gauche et P. Charlot. 24 octobre 2001. OF

La seconde partie du Coran, qui évoque les patriarches et les prophètes, confirme une continuité entre les livres saints. « Ils sont à la base des grandes religions monothéistes révélées, branches issues d'un même tronc, qui a nourri la postérité d'Abraham, même si ces frères, qui ont puisé aux mêmes sources spirituelles, se sont, souvent, comportés, dans l'Histoire et encore aujourd'hui, comme des frères ennemis. »  


Pierre Charlot, le conférencier, a exercé des responsabilités au sein de l’Église réformée de Saint-Brieuc. D'autre part, il s'est spécialisé dans la recherche sur le protestantisme en Bretagne aux XVIe et XVIIe siècles. Il a expliqué à son auditoire comment ont été élaborés les textes de la Bible, puis comment s'est constituée la Bible hébraïque. Ensuite, il a indiqué la manière dont s'est effectuée la transmission en différentes langues avec les ajouts, dont les principaux sont ceux des chrétiens, après la mort de Jésus.

Aujourd'hui, le fond hébraïque constitue l'Ancien Testament et les livres essentiellement chrétiens le Nouveau Testament. « Ces derniers sont éclairés par l'Ancien Testament qui a été conservé pour cette raison. » Dans un second temps, Pierre Charlot a montré en quoi ces textes nous concernent encore aujourd'hui. « Quelle lecture un chrétien peut-il faire de la Bible aujourd'hui ? » Le conférencier a développé trois exemples en s'appuyant sur des paraboles tirées des Évangiles de Luc et Mathieu : la parabole « des Vierges folles et des vierges sages », celle « des dix lépreux » et celle « de la joue tendue ».


Pierre Charlot 2 octobre 2004. OF

 

26 février 2002

UTL : les adhérents sont venus écouter l'histoire d'Henri II de Rohan

Inspecteur départemental de l'Éducation nationale à la retraite, Pierre Charlot, président de l'Université du temps libre (UTL) de Guingamp, est venu lundi après-midi présenter une conférence sur Henri II de Rohan. Le Palais des Congrès avait presque fait le plein, tant la vie de ce descendant d'une des plus grandes familles bretonnes passionne les amateurs d'histoire. « Le protestantisme est une période de l'Histoire un peu oubliée, regrette Pierre Charlot. Protestant moi-même, c'est logiquement que je me suis intéressé à Henri II de Rohan. »

Lors de cette conférence, il a abordé les différentes périodes de la vie de « ce huguenot rebelle sous Louis XIII », sa participation aux guerres politico-religieuses et la période où il a troqué son épée pour la plume.

 
 
 
 
 
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Pierre Charlot en 2007 Ouest-France

 
 
 

Erling Hansen (1909-2008), médecin, protestant et Résistant


Erling Hansen (1909-2008)


 
Erling Hansen tient une place à part dans la communauté protestante des Côtes d'Armor en raison de la place qu'il a occupée au sein de l'Eglise. De par l'engagement de son père, dans les premiers membres fondateur de la paroisse, il a côtoyé tous les pasteurs se succédant de 1904 jusqu'en 2008, année de son décès. De par son parcours personnel dans les camps de concentration en Allemagne, il s'est forgé une foi et un engagement hors du commun. Lorsque la paroisse a été sans pasteur à deux reprises, c'est lui qui a assuré la présidence du Conseil presbytéral permettant ainsi la continuité de la vie de l'Eglise.

 
 
Origines et études

 
Erling Hansen est né le 13 mars 1909 au Légué à Plérin (22). Il est le fils d'Oscar Hansen, responsable de la communauté protestantes depuis les premières heures, et de Anna Magnussen. Erling fait ses études primaires à l'école du Légué puis va au Lycée de garçons de St Brieuc de 1921 à 1929 (actuel Collège Le Braz). Après son Bac, il rentre en prépa "Physique-Chimie-Biologie" puis entreprend des études de médecine. Il est désigné Président de l’Union Chrétienne de Jeunes Gens à Rennes (UCJG) en 1933, il fut en même temps, du fait de ses origines norvégiennes, Président du rassemblement des étudiants étrangers. Dans ce groupe il y avait autour de lui, des anglais, une écossaise, un gallois, une américaine, deux allemandes, une autrichienne … Comme interne en médecine, il débuta à l’hôpital de Saint-Brieuc, comme interne, avant de s'installer à son propre cabinet en 1938 (ou 1940?) comme médecin. C'est à l'hôpital qu'il rencontre sa future épouse qui exerçait comme infirmière.
 
 



A Saint-Brieuc

 
Suivant la voie tracée dans sa famille (fils d'Oscar Hansen, co-fondateur de la première association cultuelle protestante en 1906), il participe activement à la vie de cette église. En 1929, l’assemblée générale de l’Église méthodiste va l'élire conseiller presbytéral pour la première fois à l’âge de 20 ans. Il fait partie du bureau du conseil à partir du 5 février 1938 comme trésorier. De 1938 à 1940 il assure aussi le secrétariat du conseil presbytéral. Après ses années de déportation il restera membre du conseil presbytéral jusqu'en 1987.

Erling se marie à Maïe (Marie-Josephe Le Gouard, selon son état civil) le 4 juin 1938 à Saint-Brieuc. 
 
 
29 Juin 1938 annonce de mariage Hansen. Ouest-France

 
 
 
Léna va naître le 17 décembre 1941.
 
Annonce parue le 22 décembre 1941 dans Ouest-Eclair

 
 
Les membres de la communauté de St Brieuc connaitront leur fille Léna, née en 1941 (mariée avec Jean-Louis Saccardy) et leur fils Yann, né en 1943.



Erling Hansen en 1931 au Légué (22 ans)



 
 
 
L'accueil des réfugiés espagnols
 
 
On sait peu de choses sur l'aide apportée par Erling Hansen dans le cadre du Comité qui avait été créé par Louis Guilloux au moment de l'arrivée des réfugiés espagnols à Saint-Brieuc avant la Guerre 39-45.

Le pasteur Crespin y figurait en bonne place au nom de la communauté protestante, mobilisée sur le sujet.

Un document d'archives mentionne Erling Hansen, comme médecin (en tant qu'interne ou déjà installé?) étant autorisé à se trouver sur le quai de la gare de Saint-Brieuc juste au moment de l'arrivée des trains.

Ces rares personnes, le plus souvent responsables d'associations, étaient munies d'un laissez-passer.
 
 
 
Document 27 mai 1938. Archives départementales.

 

 
 
 
 
La Guerre 39-45
 
Erling Hansen est déjà médecin quand commence la Seconde guerre mondiale. Il est mobilisé le 25 août 1939 comme médecin-lieutenant dans le 109e Régiment d'artillerie lourde de Châteaudun. 
Son régiment part dans le Nord-est de la France, dans un secteur proche de la Ligne Maginot et du Luxembourg. Les Allemands attaquent, prennent vite le dessus et avec ses camarades ils sont capturés puis envoyés dans un camp de prisonniers, l'Oflag VI D, à Münster, en Westphalie.
 
 

Mai 1940, départ pour le Front. Daniel Manac'h prend la photo.
Einar, Solveig, Thorleif, Erling Hansen. Photo Solveig Hansen
 
 
 
Mai 1940, départ pour le Front. Daniel Manac'h prend la photo.
Famille Hansen et Manac'h. Photo Solveig Hansen
 
Un cousin norvégien, Solveig, Einar, Oscar, Anna, Erling et devant, Thorleif. Photo Solveig Hansen.
 
 
 
 
 
Engagement
 
 
Ce témoignage figure page 626 dans le livre " Les protestants pendant la seconde guerre mondiale, actes du colloque de Paris 1992. 
Supplément au Bulletin de l’histoire du protestantisme français, n°3 juillet, août, septembre 1994. Textes réunis par André Encrevé et Jacques Poujol".

"Je voudrais d'abord vous dire comment naquit ma résistance. J'étais médecin-lieutenant dans le 109e Régiment d'artillerie lourde de Châteaudun. Les plus gros canons tractés par des chevaux (20 chevaux par canon), nous sommes tranquillement montés jusqu'à l'extrémité de la Ligne Maginot et du Luxembourg, et là on s'enterra à moitié. Les Allemands ayant pris l'initiative, il a fallu redescendre, et nous avons été capturés dans le bois de Nancy, au Bois de Haye, puis envoyés prisonniers. Je fus envoyé dans l'Oflag 6D, à Münster, en Westphalie.
Nous étions mille officiers, environ 150 médecins, 50 protestants. Nous n'avions pas de pasteur et deux ou trois laïcs faisaient le culte le dimanche, comme ils pouvaient, bien maladroitement. 
 
Au bout de quelques mois vint l'ancien directeur des missions protestantes de Paris, le pasteur Émile Schloesing (biogaphie ici). Nous eûmes à partir de ce moment-là des sermons formidables que ma mémoire me permettait de transcrire presque intégralement chaque après-midi. J'écrivais à ma femme : "Grâce à lui, le moral est bon". Puis un jour je fus convoqué par le commandant de la Gestapo du camp : "Vous n'avez pas un nom français", me dit-il. "Non, je suis d'origine norvégienne", lui dis-je. "Ah, ah, de père ou de mère?". "De père et de mère". "Alors, me dit-il en colère, comment se fait-il que vous, pur aryen, vous soyez avec ces salauds de latins?". 
 
Il poursuivit en critiquant la France et les Français, mais s'il croyait me convertir il faisait fausse route. "Connaissez-vous des juifs?", me demanda-t-il . J'en connaissais : il y en avait deux dans mon régiment. Mais j'ai franchement menti, nettement, sans hésitation, en disant "Non!". C'est alors qu'il reprit : "Si par hasard vous en rencontrez, veuillez nous donner noms et adresses, parce que, voyez-vous, nous avons des camps spéciaux pour eux"... Deuxième raison pour faire de la résistance ! Puis il me dit :"Vous êtes de Saint Brieuc? Dans les Côtes-du-Nord?. "Oui", lui dis-je. "Alors vous connaissez des Bretons, des Bretons parlant breton... Voyez-vous, nous savons que certains Bretons se plaignent de la France. Alors nous avons l'intention de les convoquer et de leur expliquer que, dans certaines conditions, ils seront libérés avant les autres" !.
Voilà, les trois raisons de ma résistance : en une demi-heure, ce SS m'avait converti à la Résistance.

Lien pour accéder à un article sur le parcours du Dr Hansen dans les camps





 
 
Résistance 

 
De retour du camp où il était prisonnier, Erling Hansen reprend ses activités comme médecin place Saint-Michel à Saint-Brieuc, dans une ville occupée depuis le 27 janvier 1941. Il exerce aussi comme médecin scolaire et médecin de travail, ce qui l'amène à connaitre de nombreux secteurs et à beaucoup circuler.
Mais Erling Hansen est membre actif d'un réseau de résistance où se trouve aussi le pasteur Crespin. Ils effectuent des émissions de radio clandestines. 
 
 
Mars 1941 au Légué, Erling avec son épouse. Photo famille Hansen

 
 
En tant que médecin, Erling Hansen n'hésite pas à fournir de faux certificats médicaux pour que des jeunes gens soient dispensés d'une affectation en Allemagne dans le cadre du Service du Travail Obligatoire (S.T.O). Mais toutes ces activités sont regardées par la police allemande, informée par des indicateurs.

 
Arrestation et déportation
Erling Hansen est arrêté par la Gestapo en novembre 1943 en même temps que le pasteur Crespin et d'autres membres de la paroisse. Il est emprisonné à St Brieuc puis à Rennes et déporté à Buchenwald puis Mühlausen.


Fiche Erling Hansen. Base de données Arolsen.
Fiche Erling Hansen. Base de données Arolsen.
Fiche Erling Hansen. Base de données Arolsen.



Fiche Erling Hansen. Base de données Arolsen.




Erling parvient à réchapper à l'enfer des camps en avril 45, mais en plus son action aura permis de sauver de nombreuses vies.

La lecture de ses mémoires fait apparaitre l'importance de sa famille et de sa foi protestante. Erling Hansen a pu se procurer du papier dans le camp et écrit au jour le jour. Pour bien comprendre le texte qui suit, Erling Hansen utilise le "nous" pour dire "je".

8 octobre 1944 : "Nous pensons aussi bien sûr à toute notre famille, à tous nos amis de St Brieuc, à tous ceux qui, ce matin, ont prié pour nous au Temple"

14 mars 1945 : "Commencé la rédaction de ma causerie sur le Protestantisme. Nous regardons les photos que nous avons de Maïe et des enfants. Nous le faisons souvent...mais nous n'avons pas voulu en parler encore. Nous les avons reçu dans un des colis!"

Jeudi 22 mars 1945 : "Pensé à l'anniversaire d'Einar"... "Le soir, fait une causerie aux malades sur conception-hérédité, comment se perpétue notre vie"

Lundi 26 mars 1945 : "Nous avons commencé à écrire une étude sur "Qu'est-ce que le christianisme?
Pourquoi la Réformation au 15ème siècle? Comment croire?
"



 
De retour des camps après-guerre

 
Revenu à Saint-Brieuc, après le départ du pasteur Vidal, il débute dès 1946 comme prédicateur laïc et le 10 février le conseil l’appelle à sa vice-présidence. A partir de 1947 il assure les fonctions de trésorier de la Société d’Évangélisation de Bretagne qui regroupe les églises de Saint-Servan-Saint-Malo, Saint-Brieuc, Lannion-Perros-Guirec, Brest-Quimper, Lorient et Vannes.
Il exerce différentes responsabilités et conduit le culte le dimanche quand cela est nécessaire, rédigeant lui-même ses prédications.
 
 
En dehors de son engagement protestant, Erling Hansen est une figure importante de la Résistance. Il reçoit la Légion d'honneur  en 1952 des mains de René Pléven, alors Ministre de la Défense nationale. 
 
Le journal Ouest-France rend compte de cette cérémonie, avec beaucoup de détails, dans son édition du 19 mai 1952.
Aux côtés du ministre, on trouve notamment M. Fleury, le préfet, MM Le Cozannet et Maziers,  députés, M. Jézéquel, sénateur, M. Nicolas, maire de Saint-Brieuc, le Pasteur Marquer, l'abbé Barré, l'abbé Chéruel, tous les présidents d'associations de déportés et de Résistants.
 
René Pléven a tenu à montrer dans son discours que très souvent, la Légion d'Honneur était décernée à des personnes ayant accompli des actions d'éclat mais "en ce qui concerne le docteur Hansen, il s'agit d'une action d'éclat qui a duré plus d'une année, et dont chaque seconde a exigé un courage et une abnégation auxquels on ne saurait que rendre hommage."
 
 
 
"Erling Hansen est un des meilleurs français parmi les français" 
 
René Pléven


 
 
Lors de cette cérémonie, le docteur Hansen demanda à chacun "de garder le souvenir de ceux qui sont morts loin pour leur pays, et de rechercher toujours ce qui, au delà des opinions diverses, peut nous unir.
 
Évoquant les honneurs dont il était l'objet lors de cette cérémonie, il en reporta modestement tout le prix sur la formation humaine et religieuse que lui avaient donnée ses parents et qui fut toujours son soutien le plus efficace et le plus puissant".

 

 

Erling Hansen restera membre du conseil presbytéral jusqu’en 1987, après 47 ans de présence. Il  aura oeuvré pendant cette longue période auprès de sept pasteurs.
Maïe, son épouse, décède en 1994 à St Brieuc.


Inlassablement, le docteur Hansen intervient lors de colloques, de conférences. A La Roche Jagu en 1994, il va porter une parole de Paix :


"L'éducation doit corriger l'animalité de l'être humain"
 
Erling Hansen


 

 
 
Toujours en 1994, le 13 juin, le journal Ouest-France rend hommage à Erling Hansen dans un article :
 

Leur médecin briochin les avait tous maintenus en vie

Retrouvailles d'anciens de Buchenwald


Des anciens déportés des kommandos Schonebeck et Mülhausen du camp de concentration de Buchenwald se sont retrouvés samedi à Plérin, autour du médecin du kommando de Mülhausen, Erling Hansen.

Avec les veuves, ils étaient 91 à Plérin, dont la moitié d'anciens déportés. Anciens des kommandos de Schonebeck (1 200 déportés) et Mülhausen (600 déportés). Voilà 25 ans qu'ils ont pris l'habitude de se retrouver pour échanger leurs souvenirs, penser à leurs camarades morts, resserrer les liens de solidarité qui leur ont permis de survivre. Venus de toute la France, c'est la 2e fois (la 1re, c'était en 1980) qu'ils choisissent Plérin, la ville natale du médecin briochin Erling Hansen. 

Arrivé à Buchenwald en janvier 1944, Hansen a été nommé médecin du kommando Martha, celui de Mülhausen : 600 hommes qui travaillaient dans une usine Junker. Outre Erling Hansen, plusieurs habitants des Côtes-du-Nord étaient de ce kommando. Le Plérinais François Jegou, arrêté à Maël-Carhaix en août 1943, qui arriva à Buchenwald après un court crochet par Auschwitz, se souvient notamment d'Albert Hellien, plus tard maire de Lanrodec.

« Il y avait aussi un Briochin, Fromentin, mais je ne l'ai pas beaucoup connu. » Erling Hansen, lui, en, garde un souvenir net : « Il était boxeur et un peu masseur. Le directeur de l'usine où travaillait le kommando souffrait de crampes. Je lui ai conseillé Fromentin ». Après le premier massage, « il ne pouvait plus marcher. Il était furieux. J'ai dit à Fromentin d'y aller plus doucement. Et pendant un mois, ça lui a fait une soupe supplémentaire ». 

Erling Hansen a pu maintenir en vie ses 600 kommandos jusqu'

à la libération du camp : « Un cas unique », dont il est fier. « J'ai eu une chance », celui d'être sous la surveillance du SS Friedrich Hartz, un instituteur de 46 ans, entraîné contre son gré dans la tourmente nazi, qui fit tout ce qui était en son pouvoir pour aider les déportés : 

« A mon retour, tout le monde était contre les Allemands, et c'était bien normal, se souvient Erling Hansen. Mais je peux en témoigner, sans lui nous ne serions pas tous rentrés ».

 
En 1996, on le retrouve à la une de la presse locale pour la cérémonie aux lycéens martyrs de l'ancien Lycée Le Braz. Chaque année, c'est une cérémonie qu'il ne manque pour rien au monde.

Ouest-France, 11 décembre 1996



La presse locale ne manque pas une occasion de donner des nouvelles du docteur Hansen comme en 1998, dans un reportage sur la rue Chateaubriand dans le quartier Saint-Michel où Erling Hansen coule des jours tranquilles.



 
En 1999, avec André de Kerpezdron, il entreprend à l'âge de 90 ans de retracer l'histoire de la communauté protestante de Saint-Brieuc-Perros et d'en faire un album, comme on fait un album de famille. Il recontacte d'anciens pasteurs disséminés au quatre coins de la France, fait appel à ses souvenirs, consulte des archives... 
 
 
1999, 15 avril Ouest-France

 
 
 
 
 
La disparition d'Erling Hansen
 
 
Le docteur Erling Hansen décède le 27 mars 2008, à près de cent ans.  Cette nouvelle attriste de très nombreuses personnes car c'est un homme connu et estimé. 
 
La presse retrace les grandes étapes de sa vie.
 
 
29 mars 2008. Ouest-France

 
 

Texte intégral de l'article du 29 mars 2008 présenté ci-dessus

 

Né au Légué, de parents norvégiens, ancien élève du lycée Le Braz, de 1921 à 1929, et docteur en médecine, il exerçait place Saint-Michel où il fut arrêté sur dénonciation, le 2 novembre 1943. Résistant dans l'armée secrète du commandant Armand Vallée et brutalisé par la Gestapo après son arrestation, il est déporté à Buchenwald.

Couvert par son nom d'origine germanique et bénéficiant de son statut professionnel, Erling Hansen s'est aussitôt mis à la disposition des détenus, dont il partagea le sort inhumain. « Ma grande satisfaction est d'avoir pu ramener au camp 600 hommes du commando Martha, au complet, à la fin d'une marche épuisante de 100 km effectuée en quatre jours... J'ai eu une chance, nous disait-il en 1994, c'est d'être sous la surveillance du SS Friedrich Harz, un instituteur de 46 ans, entraîné contre son gré dans la tourmente nazie, qui fit tout ce qui était en son pouvoir pour aider les déportés. À mon retour, tout le monde était contre les Allemands, et c'était bien normal. Mais je peux témoigner, sans lui nous ne serions pas tous rentrés. » Tous les détails de cette période douloureuse ont été consignés dans un journal et des carnets. Erling Hansen ne quittera le camp de Buchenwald qu'avec les derniers détenus. C'était le 26 avril 1945.

Lors du centième anniversaire de la naissance de Louis Guilloux, il retrouve à Saint-Brieuc l'écrivain, ancien ministre espagnol, Jorge Semprun. L'auteur de L'écriture ou la vie fut l'un de ses camarades de déportation à Buchenwald.

Pilier de l'Eglise réformée, il a effectué un travail de titan pour retrouver la mémoire de la paroisse née en 1906. Son travail a débouché sur un album. André de Kerpezdron y a collaboré.

La cérémonie religieuse sera célébrée au temple de l'église réformée de Saint-Brieuc, 3, rue Victor-Hugo, lundi, à 15 h.

 
Les associations de résistants et déportés s'associent à la douleur des proches.



 
La municipalité de Saint-Brieuc organise plusieurs manifestations en 2015 pour les 50 ans de la libération des Camps de concentration.
L'évocation de la vie du docteur Hansen est un temps fort de ces célébrations.
 
 

 
 
Lors d'une cérémonie officielle, une plaque à sa mémoire est apposée sur sa maison à St Brieuc en 2015.
 
 

 

Texte complet de l'article du 27 mai 2015 illustré par la photo ci-dessus.
 

L'histoire

Né au Légué, de parents norvégiens, ancien élève du lycée Le-Braz de 1921 à 1929 et docteur en médecine, le Dr Erling Hansen exerce place Saint-Michel. C'est là, à 7 h, le 2 novembre 1943, qu'il est arrêté par les Allemands.

Son tort ? Le Dr Erling Hansen l'expliquait ainsi : « J'apprenais aux jeunes gens affectés d'office au Service du travail obligatoire (STO), comment se plaindre de fausses affections dont j'attestais la réalité sur le certificat médical que je rédigeais en leur faveur, car ils devaient après ma visite, subir le contrôle d'un médecin allemand. Et d'ajouter, non sans humour : C'étaient vraiment de beaux certificats de complaisance ! »

Torturé par la Gestapo, il est par la suite déporté à Buchenwald puis à Mühlausen. « Son statut de médecin et un surveillant, un Allemand, instituteur francophile, lui ont permis d'éviter le pire », a rappelé hier son fils après avoir dévoilé, en compagnie de Bruno Joncour, une plaque au 28, place Saint-Michel. « Toutes ces raisons lui ont permis d'en réchapper mais aussi de sauver la vie de nombreux détenus qui lui furent confiés. » Comme ce jour où il ramena au camp les 600 hommes du commando Martha, au complet, à l'issue d'une marche épuisante de 100 km effectuée en quatre jours.

« Il incarnait parfaitement les valeurs de l'humanisme, a pour sa part salué Bruno Joncour : Intellectuellement, spirituellement, physiquement, pratiquement. » Dr Erling Hansen était de ces Médecins de l'impossible dont Christian Bernadac a tiré un livre. Des hommes et des femmes qui virent, plus que quiconque, l'horreur se figer au plus profond de la chair. Hansen quittera Buchenwald le 26 avril 1945 avec les tout derniers détenus. Il s'est éteint à Saint-Brieuc en 2008.


Plaque commémorative sur la maison d'Erling Hansen,
place St Michel à St Brieuc (photo RF)



Erling Hansen en 2008. Photo famille Hansen




 
Médecin de l'impossible

 
Ci-dessous, cet article a été publié le 15 novembre 1968 à l'occasion de la sortie du livre Médecins de l'impossible de Christian Bernadac. 
 
L'histoire du docteur Hansen y est évoquée.

 
15 novembre 1968 Ouest-France

 
 

Transcription de l'article du 15 novembre 1968

 

Grâce à un médecin briochin, les 600 déportés d’un camp de concentration revinrent tous vivants

Dans les « Médecins de l'Impossible », consacré aux témoignages de 80 médecins déportés, notre confrère Christian Bernadac cite un cas unique dans les annales de la déportation : aucun décès ne fut constaté à Mühlausen, dépendant du sinistre camp de Buchenwald.

Six cents déportés affectés au commando de « Martha » ont résisté, onze mois durant, à la maladie. Malgré la sous-alimentation, malgré un travail pénible dans une usine d'armement, malgré aussi des sévices, tous étaient vivants, sinon en bonne santé, en avril 1945, à l'arrivée des troupes américaines.

Beaucoup devaient d'être encore en vie au médecin du camp.

Ce médecin était un déporté briochin, le Dr Hansen, actuel président de l’A.D .I.F. dans les Côtes-du-Nord. Le Dr Hansen nous a garanti l’authenticité de ce récit à peine croyable.

« Pendant de longs mois, j’ai tenu à jour à Buchenwald, puis à Muhlausen, mon cahier de déportation, des carnets que je noircissais au crayon. L’écriture s’est altérée. Mais Christian Bernadac a pu lire les 80 pages, que je lui ai adressées, avant de rédiger le chapitre concernant Muhlausen ».

 

Le directeur de l’usine voulait des hommes valides.

Avec 16 autres résistants, dont le pasteur Crespin et le commandant Vallée, le docteur avait été arrêté à son domicile le 2 novembre 1943. Le dénonciateur, un homme auquel il avait rendu service à de nombreuses reprises, a été condamné aux travaux forcés à vie.

Après quelques jours d’internement à Rennes, puis à Compiègne, le Dr Hansen arrivait à Buchenwald le 20 Janvier 1944

Le camp  de Martha ne se trouvait qu’à quelques kilomètres. Six

cent déportés de toutes nationalités y travaillaient à !a construction d’éléments d’ailes de Junker, les avions de la Wehrmach.

Il fallait un médecin pour soigner ces 600 travailleurs. Les S.S

désignèrent le Dr Hansen. Ils lui remirent quelques médicaments traditionnels, ridiculement insuffisants.

Les installations sanitaires étaient d'autre part inexistantes, malgré la promesse d'installer une infirmerie dans une maison close réservée jusque-là aux plaisirs des S.S.

Le Dr Hansen protesta auprès du directeur de l'usine : « Les hommes ne pourront travailler guère longtemps s'ils ne sont pas soignés. Donnez moi des médicaments et je vous garantis que tout ira bien ».

Le directeur de l'usine mit en cause le commandant des S .S. et fit tant de bruit que, pour sauver les malades, le Dr Hansen bénéficia de 20 marks par mois... Il obtint même l'autorisation de s'approvisionner à la pharmacie de Muhlausen.

« Le commandant S.S dont j’étais devenu le pire ennemi, me flanqua d’un sous-officier réserviste, du nom de Hartz. Instituteur dans le civil, cet homme âgé d'une quarantaine d'années détestait les nazis. I| avait été condamné à 3 mois de prison pour son hostilité à Hitler, ce que devaient ignorer ses supérieurs. Il parlait au surplus le français de façon convenable. De sorte que, préposé au rôle de garde-chiourme, il devint rapidement mon complice ».

 

Un traitement « de faveur »

Manœuvrant adroitement, le Dr Hansen en imposa aux S.S. et fit en sorte qu'ils eurent eux-mêmes recours à ses soins. Ceci évita aux déportés bien

des coups et leur fit bénéficier en même temps d’un traitement peu courant dans un camp de concentration.

Le rapport que le responsable de l’usine avait dressé contre le commandant de Muhlausen provoqua un contrôle des lieux.

« Martha » obtint son infirmerie et son médecin français, le droit de se rendre en « tram » à la pharmacie. On le chargea en outre de la surveillance sanitaire d'un camp de femmes hongroises et polonaises déportées, elles aussi, à Muhlausen.

Ces déplacements lui permirent d'entrer en contact avec plusieurs membres du Deuxième Bureau qui s'étaient glissés dans un groupe

du S .T.O. Ceux d'entre-eux qui ne connaissaient pas le toubib français l'identifiaient par le couvre-chef (un béret basque) du Dr Hansen.

Davantage que des soucis humanitaires, la peur d'un rendement insuffisant, et donc de déplaire, animait probablement le directeur de l’usine.

Mais qu'importe ! Le médecin briochin avait obtenu gain de cause sur toute la ligne. Les sulfamides, qui venaient de faire leur apparition, lui permirent de guérir bien des affections pulmonaires.

Des ulcéreux de l’estomac reprirent espoir. II put amputer des accidentés. Des malades purent recevoir des fruits vitaminés. Bien mieux, quelques autres furent admis à l'hôpital civil de Muhlausen.

Et chose ignorée, des S.S du camp, plusieurs civils sollicitèrent les soins du médecin français !

Le 4 avril, à l'approche des Américains, le commando réintégrait le camp de Buchenwald où les alliés faisaient leur entrée une semaine plus tard.

La plupart des déportés furent rapatriés entre le 12 et le 15 avril

Le Dr Hansen demeura au chevet des malades Jusqu'à la fin du mois.

Les carnets de captivité avaient échappé aux fouilles des S.S grâce à la vigilance de l'homme qu'ils avaient affecte à la surveillance du médecin.

Le sous-officier Hartz entretint, la guerre terminée, une correspondance suivie avec le Dr Hansen.

Mme Hartz a annoncé, il y a quelques années, le décès de son mari.

La vigilance des nazis avait été déjouée dans le camp même dont ils avaient la responsabilité. L'homme en qui ils plaçaient leur confiance les avait trahis.

Les 600 déportés de Muhlausen revinrent vivant. Ce qui comptait bien plus.

 

Y. Le Gac

 
 
Un témoignage
 
 
Gilles Rivière, né dans les années 50, conserve un souvenir amusant d'Erling Hansen :
"Erling Hansen, c'est le docteur qui m’a fait venir au monde. Comme pour ma mère bien bretonne, peu habituée aux noms étrangers, ce docteur avait "un nom à coucher dehors", elle disait simplement "Le grand docteur". Une fois, on l'a croisé dans le Passage de la Poste, elle l'a salué et elle m'a dit : "Tu vois, c'est  "Le grand docteur", c'est celui qui t'a mis au monde"... Sauf que, comme toute bretonne, elle avait du retard pour m'expliquer les secrets de la vie et du coup, je n'ai pas bien compris alors ce qu'avait vraiment fait ce grand docteur ! "
Gilles Rivière, novembre 2023

 
 
 
Le saviez-vous?
 
Erling Hansen était passionné par la culture bretonne et il était adhérent du Cercle Celtique du Penthièvre qui avait une très bonne réputation dans la région de Saint-Brieuc et bien au-delà. Il organisa une tournée du Cercle Celtique en Norvège en 1954. Roland Tostivint, un autre membre de la paroisse sera de cette expédition. 
Voilà comment Roland Tostivint raconte cette aventure dans l'édition de Ouest-France du 6 mars 1992 :  "Je ne connais rien à la musique. En 1954, le docteur Hansen m'a embarqué pour un voyage en Norvège. Avec Bernard Gauçon de Langueux, nous avons donné une représentation quotidienne pendant un mois avec un programme qui comportait cinq airs !"  (voir l'article sur Roland Tostivint en cliquant ici)
 
 
 
Sources
 

Archives du temple de Saint-Brieuc.

 
Documents transmis en 2018 et 2019 par Yann Hansen, fils d'Erling Hansen.

 
Manuscrit d'Erling Hansen sur sa vie pendant la seconde guerre mondiale. Fonds Hansen, bibliothèque André Malraux. St Brieuc
   
 
Témoignage d'Erling Hansen sur sa captivité au moment de la défaite des troupes françaises. Ce texte figure à la page 626 dans le livre " Les protestants pendant la Seconde guerre mondiale, actes du colloque de Paris 1992
Supplément au Bulletin de l’histoire du protestantisme français, n°3 juillet, août, septembre 1994. Textes réunis par André Encrevé et Jacques Poujol".
 
 
 
Lien pour accéder à un article de Ouest-France sur une commémoration devant la maison du Dr Hansen en 2015.

 
Histoire du camp de Dora, d'André Sellier, livre annoté personnellement par Erling Hansen. Bibliothèque André Malraux de St Brieuc

 
 
Base de données du centre d'Arolsen en Allemagne, cliquer ici
Cocher la case "J'accepte les conditions..." Ensuite taper le nom Erling Hansen dans l'outil de recherche
 


Thèse de Morgan Sedoud (présentation ici) réalisée entre  2019 et 2024, .

Cette thèse a été présentée le 11 décembre 2023 :  "Collecte des traces et effort de mémoire : Erling Hansen,résistant, médecin-détenu, rescapé et passeur. "

Sous la direction de Henry Rousso et de Dominique Varry.
Thèse préparée à Paris 8 , dans le cadre de ED Pratiques et théories du sens, en partenariat avec Institut d'histoire du temps présent (équipe de recherche).

Lien pour accéder à une présentation de cette thèse, cliquer ici



 
 
 
État civil et descendants d'Erling Hansen

 
Erling Hansen est né le 13 mars 1909 à Plérin, 22. Il est décédé en 2008.

Son épouse Maïe, de son vrai prénom Marie-Josephe Le Gouar est née à Trébrivan le 1er mars1909, elle est décédée le 12 juillet 1994. Une cérémonie présidée par le pasteur Guy Froment a eu lieu au temple de St Brieuc le 15 juillet 1994.

Erling et Maïe ont eu 3 enfants : 
 
Yves (1939-1939)
 
Léna (1941-2020) s'est mariée avec Jean-Louis Saccardy.
 
Yann est né le 18 septembre 1943, il a été baptisé au temple protestant de St Brieuc le 3 juin 1945 par le pasteur Élie Vidal. Yann vit dans la région de St Brieuc.
 
 
 
 
 
 
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