samedi 5 octobre 2024

Le pasteur Elie Vidal (1887-1967), pasteur à Saint-Brieuc 1944-1945

 


Le pasteur Elie Vidal (1887-1967) et son épouse. Photo 1948

 
 
Origines

 
Elie (Charles François) Vidal est né le 7 juillet 1877 à Ganges dans l'Hérault (34) fils de (Jean) Eugène Vidal (né en 1848) âgé de 29 ans et de Adèle Emery (née en 1853), domiciliés rue de la Halle à Ganges. Son père et sa mère sont fileurs de bas, ce qui est une profession courante dans le village de Ganges. On en trouve quinze, simplement dans la rue de la Halle. Entre 1886 et 1891, le nom de la rue de la Halle disparait et retrouve la famille domiciliée au 161 Rue Place couverte.
 
Elie est l'aîné des enfants mais la famille se compose de son frère, Charles né en 1880, Lydie née en 1885, Jean né en 1888, Paul né en 1890.



Registre des naissances juillet 1877 Elie Vidal, commune de Ganges. Photo Luce Legendre



Dans le recensement de 1891, en plus des cinq enfants et des parents, la famille se compose aussi de la grand-mère Louise, 70 ans et de Hermance, 46 ans, la soeur d'Eugène. 

Elie Vidal à 13 ans est fileur de bas et travaille avec ses parents. Puis il va poursuivre des études pour pouvoir exercer par la suite la profession de comptable. Il réside alors à Le Vigan dans le Gard. Ses parents, Eugène Vidal et Adèle Hemery habitent aussi au Vigan en 1897.


 
 
Premiers postes de pasteur

 
Après ses études de théologie, Elie Vidal va beaucoup bouger comme il est indiqué dans les archives militaires. Ces lieux doivent correspondre à ses postes successifs :
 
24 avril 1901, Paris, 16 rue de Nemours, 11ème Arr.
8 janvier 1903, Neuilly sur Seine, boulevard de Saussaye (le temple réformé de Neuilly se trouve au 18 bld Inkermann à Neuilly à 1km de l'adresse d'E. Vidal)
1er mars 1904, Codognan (Gard 30)
4 octobre 1906, Bihorel (Seine-Maritime 76), 20 rue de Baunay
21 décembre 1906, Rouen, 132 rue de la République
23 octobre 1907, Vallerauge (Gard. 30)
10 octobre 1911, Nancy, 18 rue du Joli coeur
30 juillet 1914, Guernesey


 
 
Guerre 14-18

 
Elie Vidal est incorporé dans le 38ème Régiment d'artillerie, matricule 2440, et participe aux combats pendant la Guerre 14-18 avec le régiment d'Artillerie de Nîmes (du 14.08.1914 au 21.09.1914 puis du 5.09.1915 au 4.11.1918 et enfin du 18.12.1918 au 5.02.1919). Il est nommé caporal le 15.12.1916 puis sergent le 28.06.1917.



 
 
Pasteur à Ganges

 
Après guerre, le 29 avril 1919, Elie Vidal retourne à Ganges d'où il est originaire mais il y revient en tant que pasteur. Il habite dans le centre, rue Saunier.

Note : Ganges est une terre où le protestantisme est très bien implanté. Son imposant temple de 1851 et son clocher de 30 mètres de haut en sont aussi des preuves.
Elie Gounelle (père d'André Gounelle), pasteur, figure du christianisme social et de l'oecuménisme dans l'entre-deux guerres, est mort dans sa maison à Ganges en 1950. Une rue porte son nom.


Le temple de Ganges. Plan de l'Ormeau. Photo Luce Legendre


L'année suivante Elie Vidal déménage à Levallois-Perret (Seine), 39 rue Lannois où il habite à partir du 22 octobre 1920.
Il devient pasteur méthodiste à Levallois-Perret (en 1927 mais certainement dès 1920). Il participe par exemple le 15 janvier 1922, à la chapelle Malherbes à Paris, à la consécration du pasteur Gabriel Quetin. (journal des missions évangéliques 1922, ci-dessous)



En 1933, on trouve la trace d'Elie Vidal : "Octobre-décembre 1933, volume 82 Assemblée générale de la société d’histoire du protestantisme français : Elie Vidal, secrétaire général de la fédération".
 
En mai 1937, Elie Vidal se trouve à Livron pour l'assemblée des Méthodistes et il assiste à la consécration du pasteur François Manac'h.

Archives du pasteur Manac'h. Temple de Saint-Brieuc. Photo 1937


 
 
Pasteur à Niort sous l'Occupation
 
 
Après la région parisienne, Elie Vidal exerce à Niort de 1939 à 1942. Il vient en remplacement du pasteur Cabrol mobilisé. 
 
Elie Vidal est sollicité pour présider les obsèques de Ernest Pérochon (prix Goncourt en 1920). E. Pérochon était de culture protestante par ses deux parents mais lui-même n'était pas pratiquant. Les obsèques se déroulent sous une forme très restreinte car les autorités (le Préfet) ne voulaient pas d'une cérémonie officielle E. Perochon ayant pris position contre la Collaboration.

 
Qui était Ernest Pérochon ?
 
Auteur écrivant sur le monde rural, il est très vite sollicité par le Régime de Vichy pour collaborer. Il refuse et se voit considéré comme «gaulliste, propagandiste, agitateur de la jeunesse». Les pressions qui sont exercées sur l’écrivain provoquent chez lui une seconde attaque cardiaque qui lui est fatale en février 1942.


Le 10 février 2022, dans Ouest-France, on apprend que Erick Kocher-Marboeuf, président de l’Association des amis d’Ernest-Pérochon, s’est félicité que l’on continue d’honorer la mémoire d’Ernest-Pérochon, prix Goncourt en 1920. Un écrivain qui fit preuve au printemps 1940, "de générosité envers les réfugiés de l’exode qui affluèrent à Niort en juin" a souligné Erick Kocher-Marboeuf. Et d’ajouter : "L’absence d’hommage officiel lors de ses obsèques et l’interdiction faite aux maîtres des écoles d’accompagner le cercueil constituèrent une injustice et une insulte à la bienveillance de la population niortaise envers son romancier."
 
Cérémonie en 2022 en hommage à Ernest Pérochon. Photo Jean-Luc Simon

 

 
 
Élie Vidal à Saint-Brieuc, mars 44 à mai 45

 
Le  pasteur Elie Vidal est déjà en retraite quand il accepte de venir à Saint-Brieuc dans des circonstances exceptionnelles puisqu'il va remplacer le pasteur Crespin, déporté.
D'après les mémoires d'Erling Hansen, en décembre 1943, l'autorité allemande refuse au pasteur Vidal de s'installer au temple de St Brieuc. Il ne peut l'obtenir qu'en février 1944 après maintes démarches et c'est finalement un capitaine allemand, protestant, qui permettra son installation.

Le pasteur Vidal reste à St Brieuc de mars 1944 à mai 1945. Il habite chez le docteur Hansen, alors que Madame Crespin continue de demeurer dans le logement du temple de Saint-Brieuc avec ses enfants. Il s'occupe aussi des protestants disséminés en Bretagne et des protestants réfugiés de Lorient et Brest.
On remarque ainsi qu'en 1944, le pasteur Vidal a assuré le culte à Saint -Quay, au Val André  et "aussi régulièrement que possible à Brest". Il a aussi effectué des déplacements à Vannes.
Le 20 mars 1945, il se rend au Synode au Mans où il représente l'Eglise de St Brieuc mais aussi celle de Brest. Il sera accompagné par le pasteur Jean Scarabin qui assure les remplacements du pasteur Vidal à St Brieuc quand celui-ci doit s'absenter.

Notons que le pasteur Vidal a célébré un certain nombre de cérémonies :

Baptême de Arlette Madeleine Gauthier, née le 10 janvier 1943 à St Brieuc
Baptême de Suzanne Gaudron, née le 25 mai 1928
Baptême de Yann Hansen, née le 18 septembre 1943 à St Brieuc, fils de Erling Hansen


Mariage le 3 août 1944 de Camille Eugène Ladevèze, né à Pamiers et Léonnie Jeanne Corbel, née à Plélo
Mariage le 8 février 1945 de Pierre Albert Testard, militaire, né à Boulogne sur mer, demeurant au Val André et Georgette Emilienne Le Clerc, née à Brest, demeurant au Val André

La communauté protestante a été très reconnaissante envers le pasteur Vidal du travail qu'il a accompli dans des moments si difficiles à St Brieuc et dans la région, sur les plans humain et matériel.

Le pasteur Vidal arrête définitivement ses activités en 1958.
Il est décédé le 23 janvier 1967 à Vanves (Hauts-de-Seine), il avait 80 ans.

 
 
Dans un texte de mémoires lu au temple de Saint-Brieuc en décembre 1987,Erling Hansen évoque le souvenir du pasteur Vidal : 
« Le pasteur Vidal dont le dernier poste de pasteur était à Paris, exerça son ministère à Saint-Brieuc de 1943 à 1945. Il logea chez moi, la famille du pasteur Crespin logeant au temple. Nous gardons de lui un souvenir ému car il avait plus de 70 ans, était en retraite, et venait bénévolement pour « dépanner » notre communauté. Il lui fallait assurer des services à Dinan, à Saint-Malo, à Brest et ailleurs si c’était nécessaire. N’ayant ni voiture, ni vélo, ses déplacements, toujours longs, se faisaient en train. Nous lui devons beaucoup. »

 
 
 
 
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Sources

Registre de l'association cultuelle de St Brieuc, 1944-1945

Fonds Erling Hansen, Mémoires, manuscrit, bibliothèque de Saint-Brieuc.
 
Texte de mémoires lu au temple de Saint-Brieuc en décembre 1987 par Erling Hansen. Archives du Temple.

La photo de 1948 a été datée à l'aide d'une mention manuscrite d'Erling Hansen au dos de cette photo.


Etat civil de la commune de Ganges dans l'Hérault. Page 66 Registre des naissances 1887.

Recensement de la commune de Ganges page 97. Année 1881

Photos de Luce Legendre à Ganges. Avril 2019

Archives administratives militaires du Gard. Classe 1897. 
 
Histoire de la paroisse de Niort, cliquer ici


Liste des pasteurs ERF. Page 65. Document PDF


 
 
 
Documents

Article de la revue le Christianisme au XXe siècle 3 mars 1944. Nomination d'Elie Vidal en Bretagne.





 
 
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Madagascar dans l'histoire de la paroisse réformée de Saint-Brieuc.



Des engagements forts pour Madagascar

Madagascar tient une place à part dans l'histoire de la paroisse. Après-guerre, plusieurs conférences sont programmées en 1947 et début 48 : le pasteur Edmond Brunel (missionnaire à Madagascar) expose en décembre les activités de la Société des missions et au début de l'année 48, le pasteur André Roux fait une série d'exposés sur Madagascar. Sur la question de la décolonisation, des intellectuels protestants ont demandé que le gouvernement français cesse les massacres à Madagascar dès 1947.

En 1959, c'est après les inondations à Madagascar que la paroisse de Saint-Brieuc récolte des dons. 

Inondations en 1959 à Madagascar

Des liens avec Madagascar sont établis depuis que deux enseignants malgaches et protestants sont venus en juin 1958 au Temple de Saint-Brieuc à l'invitation du pasteur Marquer.
M. Ratsitchara, directeur d'école et M. Dantès, professeur de Cours complémentaire, ont alors pu rendre compte de la réalité vécue dans ce pays, dans un contexte où l'indépendance du pays était proche (le 26 juin 1960). Bien plus tard, en 1995, au Temple on organise une opération "bol de riz" au bénéfice d'un village malgache avec la participation de Mlle Homburger, missionnaire à Madagascar et membre de la communauté oecuménique de Granchamp.

Dans le cadre de la CIMADE, un projet local de partenariat est engagé avec le village malgache d'Ambatomiranty  d'où est originaire un couple de la paroisse protestante (Albertine et Albert Razanokolona).
Dans les années 90, M et Mme Razanokolona pourrait d'ailleurs bien représenter les premiers protestants d'origine malgache inscrits dans la paroisse protestante réformée de Saint-Brieuc.

Albertine Razanokolona dans une école du Finistère. Décembre 1991

En 1995, une association est créée "L'oiseau bleu", dont le siège social est au Temple. Le premier objectif est de fournir un groupe électrogène en vue de faire fonctionner une machine pour décortiquer le riz et de faire fonctionner des machines à coudre. L'association L'oiseau bleu, association loi 1901, est inscrite le 25 avril 1995 à la Préfecture et son but est d'établir un partenariat avec le village d'Ambatomiranty pour son développement économique, social et culturel
La présidente est Valérie Commault, la vice-présidente Albertine Razanokolona, le secrétaire Guy Froment, le trésorier Bernard Lenot. On note aussi dans les membres la présence de Françoise Galaup, infatigable militante, première présidente du Collectif tiers-Monde des Côtes d'Armor (épouse de Jacques Galaup, adjoint à la culture de St Brieuc de 1965 à 1989, militant PSU bien connu).

L'association s'engage sur plusieurs années, dans différentes manifestations, pour rassembler l'argent nécessaire (repas, vente d'objets, marche sponsorisée à Étables...) Enfin, en novembre 1997, les fonds sont suffisants pour acheter la décortiqueuse de riz.


A noter que les protestants de France et de Madagascar ont, depuis longtemps, tissé des liens très étroits. Les premiers missionnaires anglais sont arrivés en 1818, avant la colonisation. Ils ont introduit la technique de la brique cuite et de la pierre taillée que l'on retrouve encore aujourd'hui sur les hauts plateaux. Ils ont fixé la langue par écrit. Au XXe siècle, des protestants Malgaches (réformés et luthériens) ont créé en 1959 l’Église protestante malgache en France (F.P.M.A). Elle est devenue membre associé de la Fédération protestante de France dès 1979. Elle compte environ 38 paroisses en France.


Ils ont été marqués par Madagascar

Le pasteur Samuel Bourguet et Lucie, son épouse

Le pasteur Samuel Bourguet, après avoir exercé à Lannion-Perros-Guirec de 1924 à 1928, part à Madagascar fin 1928 avec la Société des Missions évangéliques de Paris. La SMEP est implantée à Madagascar depuis 1896. Prenant rapidement des cours du soir pour apprendre le malgache, il va pouvoir prêcher dans la langue du pays au bout d'un an.   

Jusqu’en 1940, il assure la fonction de directeur de l'école primaire-supérieure d'Ambohijatovo nord à Tananarive. Puis de 1940 à 1945, on lui confie la direction d’un vaste district (le Vonizongo) et d’une école biblique à Fihaonana où l'on forme des prédicateurs laïcs. Au début du mois de septembre 1940, la famille déménage à Fihaonana. Les déplacements pour visiter les paroisses s'effectuent en pousse-pousse, en chaise à porteur pour les distances les plus courtes ou au volant de la vieille Citroën quand il faut se rendre à la capitale pour des conférences par exemple.
Le pasteur est très actif dans la Croix-Bleue car de nombreux malgaches ont des soucis avec l'alcool. Il s'emploie à créer de nouvelles sections. Samuel Bourguet assure la présidence de cette association à Madagascar.


Les retours en métropole sont rares et la première fois se produira après 5 ans sur place, en 1933. Le pasteur est chargé de faire des conférences en France pour parler du travail de la mission à Madagascar et récolter des fonds afin de poursuivre le travail commencé.
Le deuxième retour en France en 1939 est annulé à cause de la déclaration de guerre et de la suppression des bateaux vers la France. La famille Bourguet reste donc à Madagascar plus de dix ans sans revenir en métropole. Ce n'est qu'en novembre 1945 que cette longue expérience s'achève.


Ensuite, au retour de Madagascar, après une période de repos, le pasteur occupe la fonction d'aumônier militaire. Il est particulièrement chargé d'accompagner les militaires malgaches qui retournent dans leur pays par le port de Marseille.
Le pasteur Bourguet exerce ensuite dans la paroisse de Milhaud dans le Gard de 1947 à 1961. Il s'inscrit comme pasteur de l'Eglise Réformée de France en 1947 et y restera officiellement jusqu'en 1963.
Il faut aussi rappeler le rôle de Lucie Bourguet (née Nüsslé, 1902-1992) qui a eu six enfants dont elle s'est occupée dans des conditions très rudimentaires pendant de longues années à Madagascar de 1928 à 1945.


Jean-Claude Chevalier, conseiller presbytéral

Jean-Claude Chevalier est né en 1931 à Mamers dans la Sarthe. Après avoir exercé des responsabilités dans l’Église catholique qui le conduiront dans différentes parties du monde, Jean-Claude Chevalier se marie en 1975 avec Agnès de Singly. Dans les années 70, il fait connaissance avec le milieu protestant à Angers et entame une formation de prédicateur laïc à Nantes. Plus tard, il devient membre de l’Église Réformée de St Brieuc en mai 2003 et rentre au Conseil presbytéral en mars 2004. Il assurera cette fonction pendant huit ans. Jean-Claude Chevalier s'est finalement éteint en février 2019.

Voici l'une de ses dernières paroles : « Je remercie toutes les personnes qui m'ont permis de mieux comprendre les richesses de la nature humaine, et cela de la personne la plus humble, à mes proches, ma famille; j'en ai pris conscience à 35 ans à Madagascar, expérience qui a bousculé ma vie et m'a permis de mesurer cette richesse ».

 

La chorale, spécificité des communautés malgaches.

Le chant tient une grande place dans les traditions malgaches, quelles soient religieuses ou profanes. Il n'est pas étonnant de retrouver l'expression de la foi à travers le chant collectif. En particulier le gospel peut être considéré comme un moyen de se délivrer des tristesses et des douleurs. Plusieurs exemples dans l’ouest de la France suffisent à montrer que les chorales malgaches sont une spécificité dans le monde protestant.
Le chant polyphonique, accompagné par les frappés de mains, est souvent pratiqué dans la tradition malgache.

Tout d’abord à Rennes, la chorale malgache Midera est créée en 1998. A son répertoire on trouve des chants polyphoniques et traditionnels de compositeurs malgaches mais aussi du classique (Jean-Sébastien Bach), du gospel ou des chansons françaises. Midera se produit au niveau régional avec d’autres chorales de l’église protestante malgache en France.

En 2014


A Nantes en 1995 naissait la paroisse nantaise L'Église protestante malgache en France et la chorale Antsan'ny Lanitra (« Mélodie du ciel »), dirigée par Francis Randriarimanga. 

La chorale animait régulièrement les cultes au temple protestant tout en chantant aussi pour les mariages en interprétant des airs de Madagascar. Le répertoire de la chorale comprend des textes tirés de la Bible mais aussi des classiques comme le Messie de Haendel ou du gospel. Cette Eglise se définit comme « jeune et dynamique, issue de l'immigration, contribuant à enrichir la fédération protestante ».

Chorale de Nantes


 

Dans les années 2000, la chorale malgache Mirana, effectue de nombreux concerts dans les églises évangéliques. Le pasteur Frédéric Sourisseau, responsable de la communauté évangélique de la Maison blanche à Quévert, proche de Dinan, la fait venir en mai 2004. La chorale Mirana s'est,constituée autour du pasteur évangélique de Rennes, Roger Rajaobelina. Les fonds récoltés vont soutenir l'association Tsiky qui oeuvre auprès d'enfants de Madagascar.

A la Maison blanche. 18 mai 2004 Ouest-France


La chorale malgache Mirana se produit en concert dans l’Église évangélique de Robien en octobre 2004. 

Chorale malgache à Robien. Photo Le Télégramme 20 octobre 2004

 

Pendant quelques années à partir de 2013, le groupe Kejan Armoric Gospel de Saint-Brieuc a réuni une quinzaine de membres provenant de divers horizons professionnels et religieux, ou pas, et se retrouvait régulièrement au temple protestant réformé.


 

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Si vous avez des remarques à partager ou des renseignements à communiquer sur la communauté malgache protestante, merci d'utiliser le formulaire de contact. 

 

Sources 


Article sur le pasteur Samuel Bourguet, cliquer ici

Photos du pasteur Bourguet à Madagascar, ici

Lien pour accéder à un texte sur les activités du pasteur Bourguet à Madagascar de 1939 à 1941, ici

Pour la reproduction des deux photos du pasteur Bourguet à Madagascar, merci à  Claire-Lise Lombard de la Bibliothèque du Défap-service protestant de mission 102 Bld Arago 75 014 Paris.

Biographie complète de Jean-Claude Chevalier, ici
 

Place et rôles des temples protestants malgaches dans la construction d'une communauté à Paris, par Hery Andry I.V Rakotonanahary. Université Denis Diderot Paris 7 - DEA Sociologie 2002. Cliquer ici

Site de l’Église malgache de Nantes

Facebook, Eglise protestante malgache, ici

Archives de Ouest-France et du Télégramme


Marcel Arnal (1901-1989), pasteur à Lannion de 1936 à 1939



Marcel Arnal le 23 juin 1957 au Grau du Roi dans le Gard lors d'une promenade de la paroisse (c'est le seul homme!).
Photo Jocelyne Carrière (présente au tout premier plan, de profil, assise avec une robe blanche)



Les origines de Marcel Arnal

Le pasteur Marcel Arnal (1901-1989) est né le 13 avril 1901 à Vergèze (30). Son père, Théophile est tonnelier, Elodie Cabanès, sa mère est sans profession. 
Dans les années 20, il fait des études de théologie à Paris et s'inscrit dans le courant du méthodisme.
 
Il se marie le 25 avril 1925 avec Julie Céleste Brun (née le 25 septembre 1897), institutrice à Vergèze. La fête a lieu dans la maison des parents de la mariée au Mas de St Pastour à Vergèze. C'est dans cette commune que réside Marcel Arnal qui termine ses études pour être pasteur.
 
Son épouse va arrêter de travailler après leur mariage car alors une femme de pasteur devait se consacrer uniquement au service de la paroisse de son mari. Julie recevait les paroissiens et veillait à la bonne marche de toutes les activités de la paroisse.
Le couple va avoir deux enfants, Renée (l'aînée, née à Nîmes le 27 ou 28 février 1928) et André-Pierre (né à Nîmes le 16 décembre 1939). Renée deviendra médecin et André-Pierre artiste peintre. 


Marcel Arnal en 1957



 
Premiers postes
 

Marcel Arnal va commencer à exercer à Béziers vers 1925. C'est là que va naître leur fille Renée en 1928. Puis il va à Lassale (30) dans les Cévennes dans le début des années 30 et y reste jusqu'en 1936. Il publie 5 livres entre 1933 et 1936 à Lassale.
Mais d'autres responsabilités l'attendant et il est nommé en Bretagne à la fin de l'année 1936.


A la conquête de la vie. Marcel Arnal 1933 Lassale. Photo Mélanie Arnal


 
Bretagne

En Bretagne, le pasteur Arnal succède au pasteur Raspail à Lannion à la fin de l'année 1936 et y restera jusqu'en septembre 1939. Il habite rue Kermaria.
Nous savons peu de choses sur cette période où Marcel Arnal était à Lannion mais des archives familiales, conservées dans la maison de sa fille, pourraient délivrer de futures découvertes.

On peut mentionner que le pasteur Arnal a écrit deux ouvrages pendant cette période et qu'ils ont été édités à Lannion :
Les Plus Belles histoires ou la Bible à la portée des enfants. III Les Juges. Édition : Lannion, 1936. 
Les Plus Belles histoires. Édition : Lannion : Edit. Lanra , 1937
  








Retour dans le sud 

Après la Bretagne, Marcel Arnal retourne dans son sud natal et exerce dans la paroisse de Codognan (30) de 1939 à 1945. En plus de son travail dans la paroisse, il se déplace pour faire de nombreuses conférences et circule jusque dans le Doubs. Il écrit aussi deux ouvrages en 1941 alors qu'il est dans cette paroisse.
Pendant une année seulement, la famille se retrouve à Vergèze (30) en 1945-1946.

Enfin Marcel Arnal s'installe à Lunel (34) en 1947. Longtemps resté fidèle aux méthodistes, c'est à cette époque qu'il aurait intégré l'Eglise Réformée de France, d'après les souvenirs de son fils. Le pasteur Arnal reste à Lunel jusqu'en 1966, date à laquelle il prend sa retraite.
Le pasteur est toujours secondé pendant toutes ces années par son épouse. Son fils, André-Pierre, qui a appris à jouer du piano, accompagne les chants à l'harmonium pendant quelques années. Eric Carrière, dont on connaît le très beau parcours par la suite dans ce domaine, tenait également l'harmonium dans la paroisse de Lunel à l'époque où exerçait le pasteur Arnal.



Intérieur du temple de Lunel.

 
Jocelyne Carrière qui a participé aux activités de la paroisse de Lunel depuis qu'elle est enfant, se souvient très bien du pasteur Arnal : 
 
"Il était connu à Lunel, c'était une personnalité. Beaucoup de gens le connaissaient parce qu'il avait des abeilles. Il disait "mes abeilles je les reconnais, elles ont toutes une croix huguenote".
Il allait faire des piqûres aux personnes qui souffraient de rhumatismes. Il se soignait lui-même avec cette technique.

C'était un pasteur comme autrefois. Il aimait faire des visites à domicile. Avec les enfants il avait pris l'habitude d'offrir à certains un de ses livres au moment de la Communion. Il pouvait donner "A la conquête de la vie", "Il nous faut des certitudes", "Comment marcher avec Dieu".
 
Avec l'école du dimanche, pendant trois ou quatre ans, le pasteur nous faisait participer à un concours et à la fin de l'année il y avait une distribution des prix. La photo de la sortie au Grau du Roi en 1957 a été prise à cette occasion car on allait chercher nos prix dans une réunion du Consistoire.
 
C'est aussi en 1957 que le pasteur Arnal est très actif pour le centenaire de la construction du temple de Lunel."

La presse de l'époque (Le Midi Libre, 10 décembre 1957) rappelle qu'après le culte dirigé par le pasteur Barde de Nîmes, le pasteur Marcel Arnal a fait "un récapitulatif de quatre siècles pendant lesquels le protestantisme à Lunel a joué un rôle important". 





Écrivain

Marcel Arnal a connu une certaine célébrité dans le milieu protestant car il est l'auteur de nombreux ouvrages. Ceux qui ont eu pour but de mettre la Bible à la portée des enfants étaient recommandés à l'époque. Il a bénéficié de la complicité du talentueux dessinateur Joél Thézard pour les illustrations. 
On peut aussi noter que le pasteur Th. Roux a préfacé son ouvrage, A la conquête de la vie. Lasalle (Gard) 1933. 
Son fils André-Pierre se souvient que son père, le pasteur Arnal, faisait des colis pour envoyer ses ouvrages  en Afrique car ils étaient bien appréciés des missionnaires protestants. 
 
En 1958, il écrit son dernier livre au nom évocateur "Il nous faut des certitudes". Le pasteur y développe l'importance du message biblique : 
 
"Les voies de Dieu paraissent mystérieuses, jusqu’au jour où, avec un recul, on comprend pourquoi Dieu nous a fait passer par tel chemin plutôt que par tel autre. Or la Bible est le livre des certitudes. Des certitudes dans les deux sens : celui de la perdition pour les hommes qui nient Dieu ; celui du salut pour ceux dont Dieu est une réalité journalière".

 
Dans l'ensemble, ce sont des livres qui se sont bien vendus jusque dans les années 70. 

Enfin, remarquons l'espièglerie du pasteur qui, pour ses livres à compte d'auteur, a appelé sa maison d'édition Lanra (Arnal à l'envers !)
 
 


La retraite

Au moment de sa retraite Marcel Arnal s'est beaucoup intéressé aux abeilles, il avait des ruches et il passait beaucoup de temps dans son potager que certains décrivent comme un véritable "jardin extraordinaire" !

Marcel Arnal, est décédé le 5 janvier 1989 à Colognac dans le Gard et son épouse le 10 février 1995.
Renée, sa fille, mariée avec M. Jean Desvignes a commencé comme médecin mais rapidement elle a pris la direction d'une clinique psychiatrique à Nîmes. Elle est décédée en 2017 à l'âge de 88 ans.



 
La foi n'a pas d'âge

Pour terminer cette biographie du pasteur Marcel Arnal, on peut évoquer cette histoire extraordinaire d'un jeune homme perdu dans la drogue, il s'appelle Lionel Guibal. Après un véritable voyage en enfer en Amérique du sud où il a frôlé la mort, il ressent un appel intérieur et rencontre un chrétien convaincu qui va l'aider. Il s'achète une bible et finit par revenir dans la région de Nîmes, dont il était originaire. Il ne sait pas encore ce qu'il va faire de sa vie :

"Voilà qu’un jour, un monsieur âgé, avec un chapeau, est venu frapper à ma porte. Il voulait me parler. Il avait entendu parler de moi, il avait appris que j’étais revenu d’Amérique du Sud, que je m’étais converti. C’était le pasteur Marcel Arnal de Vergèze. Il nous a réunis et a commencé à nous parler de la Bible, du Seigneur Jésus. Ce qui nous a surpris c’est que lorsque ce croyant âgé, ce véritable chrétien, nous parlait, on sentait chez lui une jeunesse, une spontanéité, une vérité étonnante. Nous avions à l’époque 25 ans, mais avec notre drogue, à côté de lui, nous semblions être des vieillards, complètement décrépis.

Nous avons aussi appris que ce pasteur priait depuis plus de 20 ans pour le village de Vergèze, pour qu’il y ait un réveil, pour que le Seigneur touche des âmes. La sœur de sa femme, Madame Brieu, qui avait été si gentille avec moi quand j’étais enfant, est venue un jour à la maison, et elle nous a dit : « Lionel cela fait presque 20 ans que je prie pour toi afin que le Seigneur touche ton cœur ». Ainsi ils ont vu la réponse à leurs prières.

Un jour, Monsieur Arnal nous a dit : 
 
« Il faudrait peut-être profiter de l’occasion pour rendre témoignage devant tous que vous êtes chrétiens, que vous avez la foi au Seigneur Jésus ». 


Une réunion s'est tenue au temple, plein ce jour-là, et quelques anciens drogués ont témoigné de leur foi. Le pasteur Arnal est devenu une sorte de père spirituel pour ce jeune homme. Le pasteur lui prêtait des livres
Plus tard Lionel Guibal est devenu aumônier protestant des prisons. Il exerce à Tarascon.





Sources


Mars 2019. Témoignage recueilli auprès de Christian Nouis d'Aubais qui a connu le pasteur Marcel Arnal à Vergèze. 

Mai 2019. Renseignements familiaux fournis par Mélanie Arnal, Jean Desvignes et Francine Janesther-Arnal. 

Un grand merci à André-Pierre Arnal, fils du pasteur, qui a permis de préciser de nombreux points d'histoire en mai 2019.

Mme Agosta des services de l'état civil de la commune de Vergèze. 

Photo du pasteur Arnal en 1957 transmise par Jocelyne Carrière après une recherche effectuée par Anne-Marie Bourguet. Un grand merci à toutes les deux.

Archives du temple de St Brieuc.

Archives nationales. Liste des pasteurs ERF. Page 47. Document PDF

Ministers and Probationers of the Méthodist Church.1932. 
Biographie des méthodistes. Lettre A 



 
 
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Bibliographie de Marcel Arnal

A la conquête de la vie. Lasalle (Gard) 1933. 


Les plus belles histoires ou La Bible à la portée des enfants. Ancien testament. I. - Période patriarcale. Édition : Lasalle (Gard), Lanra , 1934 In-16, 111 p.

 A l'aube de la vie, manuel de culture intérieure pour enfants. Édition : Anduze, impr. A. Puech ; Lasalle (Gard), Éditions Lanra, 1935. (21 avril 1936.) 

Les Plus Belles Histoires ou la Bible à la portée des enfants. Illustrations par Joél Thézard. [Ancien Testament. II : Période mosaïque.]. Édition : Niort, impr. A. Chiron ; Lasalle (Gard), Éditions Lanra , 1935. (21 avril 1936.) 127 p

Le Ciel ouvert, sermon prêché au Synode de Nancy le 26 juin 1935. Édition : Lasalle (Gard), Editions Lanra , (1936).

Les Plus Belles histoires ou la Bible à la portée des enfants. III Les Juges. Édition : Lannion, 1936. 112 p. 

Les plus belles histoires. Illustrations de Joel Thézard (1884-1957). 48 p.
Édition : Lannion : Editions Lanra , 1937

  
Vers la plénitude de la Vie. Editions Lanra Montpellier 01.01.1938. Ce livre est la suite de  l'ouvrage A la conquête de la Vie paru en 1933.


Comment marcher avec Dieu, ou A la découverte de la vie. Édition : Codognan (Gard), Lanra ; (Largentière, Ardèche, imprimerie de E. Mazel), 1941

Des hommes nouveaux. Édition : Codognan, Gard, Éditions Lanra , 1941. 55 p.


Préparons sa venue. Édition : Lunel, 8 rue Pascal ; (Valence-sur-Rhône, Imprimeries réunies), 1946.


L'effondrement du monde et les reconstructions de Dieu. 194 p. Édition : Lunel : M. Arnal, 1948

Il nous faut des certitudes. 167 p. Édition : Lunel : Lanra, 1958


Photo Mélanie Arnal.



Livre de Marcel Arnal 1938.