mardi 2 janvier 2024

Madagascar dans l'histoire de la paroisse réformée de Saint-Brieuc.



Des engagements forts pour Madagascar

Madagascar tient une place à part dans l'histoire de la paroisse. Après-guerre, plusieurs conférences sont programmées en 1947 et début 48 : le pasteur Edmond Brunel (missionnaire à Madagascar) expose en décembre les activités de la Société des missions et au début de l'année 48, le pasteur André Roux fait une série d'exposés sur Madagascar. Sur la question de la décolonisation, des intellectuels protestants ont demandé que le gouvernement français cesse les massacres à Madagascar dès 1947.

En 1959, c'est après les inondations à Madagascar que la paroisse de Saint-Brieuc récolte des dons. 

Inondations en 1959 à Madagascar

Des liens avec Madagascar sont établis depuis que deux enseignants malgaches et protestants sont venus en juin 1958 au Temple de Saint-Brieuc à l'invitation du pasteur Marquer.
M. Ratsitchara, directeur d'école et M. Dantès, professeur de Cours complémentaire, ont alors pu rendre compte de la réalité vécue dans ce pays, dans un contexte où l'indépendance du pays était proche (le 26 juin 1960). Bien plus tard, en 1995, au Temple on organise une opération "bol de riz" au bénéfice d'un village malgache avec la participation de Mlle Homburger, missionnaire à Madagascar et membre de la communauté oecuménique de Granchamp.

Dans le cadre de la CIMADE, un projet local de partenariat est engagé avec le village malgache d'Ambatomiranty  d'où est originaire un couple de la paroisse protestante (Albertine et Albert Razanokolona).
Dans les années 90, M et Mme Razanokolona pourrait d'ailleurs bien représenter les premiers protestants d'origine malgache inscrits dans la paroisse protestante réformée de Saint-Brieuc.

Albertine Razanokolona dans une école du Finistère. Décembre 1991

En 1995, une association est créée "L'oiseau bleu", dont le siège social est au Temple. Le premier objectif est de fournir un groupe électrogène en vue de faire fonctionner une machine pour décortiquer le riz et de faire fonctionner des machines à coudre. L'association L'oiseau bleu, association loi 1901, est inscrite le 25 avril 1995 à la Préfecture et son but est d'établir un partenariat avec le village d'Ambatomiranty pour son développement économique, social et culturel
La présidente est Valérie Commault, la vice-présidente Albertine Razanokolona, le secrétaire Guy Froment, le trésorier Bernard Lenot. On note aussi dans les membres la présence de Françoise Galaup, infatigable militante, première présidente du Collectif tiers-Monde des Côtes d'Armor (épouse de Jacques Galaup, adjoint à la culture de St Brieuc de 1965 à 1989, militant PSU bien connu).

L'association s'engage sur plusieurs années, dans différentes manifestations, pour rassembler l'argent nécessaire (repas, vente d'objets, marche sponsorisée à Étables...) Enfin, en novembre 1997, les fonds sont suffisants pour acheter la décortiqueuse de riz.


A noter que les protestants de France et de Madagascar ont, depuis longtemps, tissé des liens très étroits. Les premiers missionnaires anglais sont arrivés en 1818, avant la colonisation. Ils ont introduit la technique de la brique cuite et de la pierre taillée que l'on retrouve encore aujourd'hui sur les hauts plateaux. Ils ont fixé la langue par écrit. Au XXe siècle, des protestants Malgaches (réformés et luthériens) ont créé en 1959 l’Église protestante malgache en France (F.P.M.A). Elle est devenue membre associé de la Fédération protestante de France dès 1979. Elle compte environ 38 paroisses en France.


Ils ont été marqués par Madagascar

Le pasteur Samuel Bourguet et Lucie, son épouse

Le pasteur Samuel Bourguet, après avoir exercé à Lannion-Perros-Guirec de 1924 à 1928, part à Madagascar fin 1928 avec la Société des Missions évangéliques de Paris. La SMEP est implantée à Madagascar depuis 1896. Prenant rapidement des cours du soir pour apprendre le malgache, il va pouvoir prêcher dans la langue du pays au bout d'un an.   

Jusqu’en 1940, il assure la fonction de directeur de l'école primaire-supérieure d'Ambohijatovo nord à Tananarive. Puis de 1940 à 1945, on lui confie la direction d’un vaste district (le Vonizongo) et d’une école biblique à Fihaonana où l'on forme des prédicateurs laïcs. Au début du mois de septembre 1940, la famille déménage à Fihaonana. Les déplacements pour visiter les paroisses s'effectuent en pousse-pousse, en chaise à porteur pour les distances les plus courtes ou au volant de la vieille Citroën quand il faut se rendre à la capitale pour des conférences par exemple.
Le pasteur est très actif dans la Croix-Bleue car de nombreux malgaches ont des soucis avec l'alcool. Il s'emploie à créer de nouvelles sections. Samuel Bourguet assure la présidence de cette association à Madagascar.


Les retours en métropole sont rares et la première fois se produira après 5 ans sur place, en 1933. Le pasteur est chargé de faire des conférences en France pour parler du travail de la mission à Madagascar et récolter des fonds afin de poursuivre le travail commencé.
Le deuxième retour en France en 1939 est annulé à cause de la déclaration de guerre et de la suppression des bateaux vers la France. La famille Bourguet reste donc à Madagascar plus de dix ans sans revenir en métropole. Ce n'est qu'en novembre 1945 que cette longue expérience s'achève.


Ensuite, au retour de Madagascar, après une période de repos, le pasteur occupe la fonction d'aumônier militaire. Il est particulièrement chargé d'accompagner les militaires malgaches qui retournent dans leur pays par le port de Marseille.
Le pasteur Bourguet exerce ensuite dans la paroisse de Milhaud dans le Gard de 1947 à 1961. Il s'inscrit comme pasteur de l'Eglise Réformée de France en 1947 et y restera officiellement jusqu'en 1963.
Il faut aussi rappeler le rôle de Lucie Bourguet (née Nüsslé, 1902-1992) qui a eu six enfants dont elle s'est occupée dans des conditions très rudimentaires pendant de longues années à Madagascar de 1928 à 1945.


Jean-Claude Chevalier, conseiller presbytéral

Jean-Claude Chevalier est né en 1931 à Mamers dans la Sarthe. Après avoir exercé des responsabilités dans l’Église catholique qui le conduiront dans différentes parties du monde, Jean-Claude Chevalier se marie en 1975 avec Agnès de Singly. Dans les années 70, il fait connaissance avec le milieu protestant à Angers et entame une formation de prédicateur laïc à Nantes. Plus tard, il devient membre de l’Église Réformée de St Brieuc en mai 2003 et rentre au Conseil presbytéral en mars 2004. Il assurera cette fonction pendant huit ans. Jean-Claude Chevalier s'est finalement éteint en février 2019.

Voici l'une de ses dernières paroles : « Je remercie toutes les personnes qui m'ont permis de mieux comprendre les richesses de la nature humaine, et cela de la personne la plus humble, à mes proches, ma famille; j'en ai pris conscience à 35 ans à Madagascar, expérience qui a bousculé ma vie et m'a permis de mesurer cette richesse ».

 

La chorale, spécificité des communautés malgaches.

Le chant tient une grande place dans les traditions malgaches, quelles soient religieuses ou profanes. Il n'est pas étonnant de retrouver l'expression de la foi à travers le chant collectif. En particulier le gospel peut être considéré comme un moyen de se délivrer des tristesses et des douleurs. Plusieurs exemples dans l’ouest de la France suffisent à montrer que les chorales malgaches sont une spécificité dans le monde protestant.
Le chant polyphonique, accompagné par les frappés de mains, est souvent pratiqué dans la tradition malgache.

Tout d’abord à Rennes, la chorale malgache Midera est créée en 1998. A son répertoire on trouve des chants polyphoniques et traditionnels de compositeurs malgaches mais aussi du classique (Jean-Sébastien Bach), du gospel ou des chansons françaises. Midera se produit au niveau régional avec d’autres chorales de l’église protestante malgache en France.

En 2014


A Nantes en 1995 naissait la paroisse nantaise L'Église protestante malgache en France et la chorale Antsan'ny Lanitra (« Mélodie du ciel »), dirigée par Francis Randriarimanga. 

La chorale animait régulièrement les cultes au temple protestant tout en chantant aussi pour les mariages en interprétant des airs de Madagascar. Le répertoire de la chorale comprend des textes tirés de la Bible mais aussi des classiques comme le Messie de Haendel ou du gospel. Cette Eglise se définit comme « jeune et dynamique, issue de l'immigration, contribuant à enrichir la fédération protestante ».

Chorale de Nantes


 

Dans les années 2000, la chorale malgache Mirana, effectue de nombreux concerts dans les églises évangéliques. Le pasteur Frédéric Sourisseau, responsable de la communauté évangélique de la Maison blanche à Quévert, proche de Dinan, la fait venir en mai 2004. La chorale Mirana s'est,constituée autour du pasteur évangélique de Rennes, Roger Rajaobelina. Les fonds récoltés vont soutenir l'association Tsiky qui oeuvre auprès d'enfants de Madagascar.

A la Maison blanche. 18 mai 2004 Ouest-France


La chorale malgache Mirana se produit en concert dans l’Église évangélique de Robien en octobre 2004. 

Chorale malgache à Robien. Photo Le Télégramme 20 octobre 2004

 

Pendant quelques années à partir de 2013, le groupe Kejan Armoric Gospel de Saint-Brieuc a réuni une quinzaine de membres provenant de divers horizons professionnels et religieux, ou pas, et se retrouvait régulièrement au temple protestant réformé.


 

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Si vous avez des remarques à partager ou des renseignements à communiquer sur la communauté malgache protestante, merci d'utiliser le formulaire de contact. 

 

Sources 


Article sur le pasteur Samuel Bourguet, cliquer ici

Photos du pasteur Bourguet à Madagascar, ici

Lien pour accéder à un texte sur les activités du pasteur Bourguet à Madagascar de 1939 à 1941, ici

Pour la reproduction des deux photos du pasteur Bourguet à Madagascar, merci à  Claire-Lise Lombard de la Bibliothèque du Défap-service protestant de mission 102 Bld Arago 75 014 Paris.

Biographie complète de Jean-Claude Chevalier, ici
 

Place et rôles des temples protestants malgaches dans la construction d'une communauté à Paris, par Hery Andry I.V Rakotonanahary. Université Denis Diderot Paris 7 - DEA Sociologie 2002. Cliquer ici

Site de l’Église malgache de Nantes

Facebook, Eglise protestante malgache, ici

Archives de Ouest-France et du Télégramme


1 commentaire:

  1. Nous avons reçu le commentaire suivant : "Il faut remarquer que les malgaches prient beaucoup par les chants. Lors de célébrations religieuses, nul n'est besoin de chorale constituée, de même si elles existent, les chants s'élèvent des coeurs de la terre jusqu'au ciel. Même les enfants, des plus petits jusqu'aux ados, connaissent quasiment par coeur les chants liturgiques, et les cantiques se chantent naturellement à 2 voix. Cela apporte beaucoup de ferveur dans les invocations et les louanges..."

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