mardi 4 juillet 2023

Albert Trubert (1916-2010), pasteur à Lannion 1950-1951 et Lorient 1951-1965


Le pasteur Albert Trubert en 2006.



Les origines et la famille d'Albert Trubert

Albert Trubert (1916-2010) est né le 7 octobre 1916 à Poissy (78) dans une famille protestante de 5 enfants. Il est le fils de Henri Charlemagne Trubert (né le 24 août 1878 à Poissy), menuisier et de Salomé Abel (née en 1880), journalière. La famille est domiciliée au 40 rue des Capucines à Poissy. 
En 1925 la famille déménage à Beaumont-sur-Oise, rue Edmond Turcq (95).

Après avoir passé son Certificat d’Études, Albert Trubert devient apprenti dans l'entreprise de son oncle et suit des cours du soir après le travail pour préparer un C.A.P. Curieux de toucher à différents domaines, il passe plusieurs C.A.P : serrurier, ajusteur, ferronnier d'art, dessinateur...
Il était destiné à prendre la suite d'un de ses oncles dans la ferronnerie mais le sort en décidera autrement...
De son mariage contracté le 22 juillet 1950 avec Christiane (Lucienne) Geoltrain à Poissy, le pasteur Trubert a eu 5 enfants : Théodore, Henri, Irène, Georges et David. 

 

Albert Trubert pendant la guerre 39-45

En 1937, Albert Trubert part faire son service militaire sur la ligne Maginot et en 1939, alors qu'il était libérable, c'est la déclaration de guerre et il rejoint en fait son régiment d'origine. Albert Trubert est fait prisonnier à côté de Nancy en mai 1940, il est déporté, s'évade d'un Stalag. A partir de là, Albert Trubert va vivre un parcours particulièrement difficile. Il est jugé à Berlin et perd son statut de prisonnier de guerre. Il est envoyé en Ukraine. 
C'est dans le camp de Rawa-Ruska qu'Albert Trubert découvre sa vocation, en devenant pasteur "sur le tas", choisi par ses camarades d'infortune. Il raconte cet épisode : 
"On s'était réuni à une vingtaine, tous protestants, pour essayer de rétablir un culte. Il n'y avait pas de pasteur. J'ai accepté de faire la prière, et je suis devenu aumônier malgré moi..."(Ouest-France, 29 mars 2000)

Le texte « Itinéraires de résistants-prisonniers : ceux de Rawa-Ruska », de Laurent Barcello nous donne quelques éléments sur la vie dans ce camp :

 

"Ironie du sort, le camp de Rawa-Ruska est dirigé par un officier allemand du nom de Fournier, descendant d’expatriés protestants français. Ce personnage a frappé les esprits des détenus...

Les témoignages établissent l’organisation d’une vie culturelle à Rawa-Ruska qui, en la matière, ne fait pas exception. Les samedis et dimanches, sur un podium transformé en ring, se produisent les amuseurs et les lutteurs, les catcheurs et les boxeurs. Des équipes de football et de rugby sont constituées. Surtout, de nombreux prisonniers éprouvent le besoin de soigner leurs âmes. Les fidèles, catholiques et protestants, s’organisent".

 


 
Ci-dessous, à Rawa-ruska, les trois responsables du culte protestant : Albert Trubert, Lamouroux, Shaeffer et le capitaine Furreck en uniforme. 
Cette photo est extraite du livre du père Célestin Lavabre  "Ceux de l'an 40". Éditions Subervie 1981.
 

L’abbé Célestin Lavabre, est né le 30 mai 1912, à Vezins (Aveyron). Après le grand séminaire de Rodez, il est ordonné prêtre en juin 1936. Mobilisé en septembre 39, il est fait prisonnier, le 12 juin 40, s’évade de son stalag en février 42. Repris à la frontière belge, il est envoyé au camp de représailles de Rawa-Ruska, où il séjourne six mois. Bien plus tard, en 1978, il prend une semi-retraite et rassemble ses souvenirs afin de rédiger un livre.

 
Albert Trubert à gauche.

 

Ne pesant plus que 39 kilos mais survivant miraculeusement à des conditions effroyables de détention, au moment de la libération des camps en 1945,  il parvient à rejoindre les troupes américaines.

 


Engagement dans l’Église protestante.  Lannion 1950-1951

 
Revenu du "Triangle de la mort" (Auschwitz, Rawa, Tréblinka), à son retour en France Albert Trubert veut "officialiser" son rôle de pasteur exercé dans les camps. Pour cela, il entreprend des études de théologie à Montpellier. Son premier poste, il l'occupera à Lille, ensuite c'est la Bretagne.
Il vient d'abord dans le Trégor où il ne fait qu'un court séjour. Il s'installe à Trébeurden puis à Lannion de 1950 à 1951. 
 
On trouve une trace de l'activité du pasteur Trubert à Lannion au détour d'un article de Ouest-France du 11 mai 1951. Le pasteur Trubert y donne une conférence en compagnie du pasteur Paul Raynaud. De plus, le public peut découvrir une exposition sur le protestantisme dans la salle des Fêtes et une camionnette de l'Alliance biblique circule dans la ville.
 
 
11 mai 1951 Ouest-France

 
Le logement du pasteur est situé au 19 rue des Frères Lagadec à Lannion. Il est pendant une année seulement le pasteur de la paroisse de Lannion-Perros-Trébeurden.
Le 15 juillet 1951, il baptise lui-même son fils Théodore, né à Trébeurden le 14 mai 1951. Cet enfant a pour parrain Pierre Geoltrain et pour marraine Paulette Le Tourneur.

 
 
Albert Trubert, pasteur et militant de la Croix-Bleue, l'oeuvre de toute une vie.
 

En octobre1951, Albert Trubert part à Lorient pour remplacer le pasteur Dietz, tombé malade. Il habite dans la chapelle en bois qui a été édifiée en centre ville, rue Jules Legrand, et qui fait office de Temple. 
La communauté est toute petite et "le jeune pasteur est tout de suite frappé par l'alcoolisme endémique qui sévit dans les cités provisoires. Il commence à aider les buveurs, mais il se heurte à une difficulté majeure. Il n'y a pas de lieu qui permette de les accueillir pour les couper de leur milieu habituel". 

Donc, dès 1951, en dehors de toute structure, n'écoutant que son envie d'agir, le pasteur Trubert commence à travailler dans l’esprit de la Croix-Bleue.
Mais le groupe est officiellement créé en 1953-1954, c'est  aussi la base d'un centre de post-cure qui permet encore de nos jours aux anciens alcooliques de se ressourcer. Ce sera le combat de la vie d’Albert Trubert...
A partir du mois de juin 1959, une équipe démarre la construction d’un centre de post-cure, rue Alphonse Tanguy, juste derrière le temple de la rue de l’Eau-Courante.

"Ici on travaille pour Dieu et pour les copains"


Faute de subventions, le pasteur travaille avec les Castors et le projet est mené à bien après cinq années d'efforts, 18 000 heures de travail bénévole.
Mais dans un premier temps, ce centre n'est pas bien vu du Ministère de la Santé qui regrette qu'il soit implanté en pleine ville.

Inauguré en 1965, le nouveau centre connait des débuts difficiles. Trois directeurs se succèdent en un an. C'est alors que le pasteur Trubert prend la décision de démissionner de sa fonction de pasteur et de devenir le directeur du centre de cure. Pour le Conseil presbytéral, ce choix s'impose à un moment où cette tâche accapare de plus en plus le pasteur qui ne peut plus être aussi disponible que nécessaire pour faire vivre la paroisse dont il a la charge.

Albert Trubert est remplacé par le pasteur Hervé à la tête de la paroisse.


Le 13 juin 1967, on peut lire dans la presse locale un aperçu de ce qui s’est passé à Port-Louis où la section de la Croix-Bleue organisait une conférence dont le thème était « Vivre en homme avec les amis de la Croix-Bleue ». On notera la présence de la section bordelaise, des témoignages et bien entendu du pasteur Trubert.

La Croix-Bleue. 13 juin 1967 à Port-Louis. Photo Ouest-France
 

En décembre 1967, Ouest-France fait le compte-rendu d’une réception organisée pour le 90e anniversaire de la Croix-Bleue.
Le pasteur Kieffer est venu de Saint-Brieuc pour être aux côtés du pasteur Trubert, président de la section morbihannaise et directeur du centre de post-cure de Lorient. Le docteur Chateau du comité départemental de lutte contre l'alcoolisme et M. Bertrand, président d'honneur départemental de la Croix-Bleue sont également présents. (Ouest-France 13 décembre 1967)

M. Bertrand et Albert Trubert à droite. Lorient. Ouest-France 13 décembre 1967
 

En octobre 1968, le Sous-Préfet préside l’inauguration de l’extension du centre de post-cure de la Croix-Bleue dont la réalisation a, cette fois, été confiée à des entreprises. 

Titre du 28 octobre 1968 Ouest-France

A longueur d’année, avec en moyenne 25 pensionnaires dont le séjour est au minimum de trois mois, le centre reçoit les malades qui lui sont adressés par les assistantes sociales ou les médecins, parfois après une cure de désintoxication. Les pensionnaires reçoivent un accompagnement psychologique, spirituel mais non-confessionnel, et une formation professionnelle, si nécessaire. Quatre moniteurs font partie de l’encadrement et les anciens buveurs devenus sobres apportent un soutien indéniable.

Le pasteur Trubert va aussi créer "La Jeunesse-Croix-Bleue", qui fonctionne un peu comme une sorte de scoutisme rassemblant les enfants des familles de personnes victimes d'addictions. 

Le groupe de la Croix-Bleue de Vannes, présidé par le pasteur Breye fait parler de lui dans la presse comme en mai 1969, au moment de la remise de l’insigne de l’association qui marque l’engagement de plus de six mois dans l’abstinence. Le pasteur Trubert est présent avec une délégation de Lorient, d’autres viennent d’Hennebont et de Nantes.

La Croix-Bleue de Vannes. 12 mai 1969 Ouest-France
 
La fête annuelle de la Croix-Bleue Morbihanaise en janvier 70 donne lieu à un rassemblement auquel participent plus de 220 personnes. Depuis sa fondation, le centre a déjà reçu en 1970 plus de 400 personnes, venus des quatre coins de la France avec une proportion de 60% de Bretons.

La grande fête familiale de la Croix-Bleue à Lorient. Ouest-France 15.01.1970


Sur le chantier à l'extérieur.

Travail et psychologie vont de pair sous la conduite des moniteurs


En 1978, Albert Trubert quitte le centre de post-cure où il est remplacé par M. Houysset, pour diriger un centre de post-cure féminin à Kerdido en Guidel. Cette annonce fait l'objet d'un article dans la presse car le pasteur est bien connu localement.

Ce centre a été construit pour l’Association Morbihannaise d’Aide aux Jeunes éthyliques (A.M.A.F.E).

Le pasteur Trubert le 17 janvier 1979 dans Ouest-France

 

Le pasteur Trubert revient dans les Côtes-du-Nord en octobre 1979 pour soutenir l'initiative de Mme Hervé, 23 rue du port à Saint-Brieuc, qui souhaite constituer une association d'aide aux femmes victimes d'alcoolisme.

En page Morbihan, Ouest-France titre le 10 juin 1982, « Au centre de Kerdudo en Guidel, la Bible en renfort contre l’éthylisme au féminin ».
C’est visiblement un journaliste conquis qui fait le commentaire suivant :
« Ce pourrait être une résidence comme les autres si elle n’avait été conçue pour une vie communautaire,  ç’aurait pu être un hôpital comme les autres si l’on ne s’y employait à soigner non pas les « effets » de l’alcoolisme sur le corps des femmes, mais ses « causes » : ce désaccord profond entre l’âme et le corps, l’âme et son environnement. L’âme fatiguée qui en vient à détruire son temple ».
Il faut dire que l’alcoolisme féminin n’est pas souvent traité de manière spécifique en France dans les années 80. On ne trouve que quatre centres à Nantes, Nonancourt (Eure), Saint-Omer (Pas-de-Calais) et Guidel.
Pour Albert Trubert l’alcoolisme est moins une affaire de médicament que de dialogue car cette « honte cachée » ne peut s’enrayer facilement.


Et qu’on ne compte pas trouver dans ce centre des activités récréatives : « Ce n’est pas avec du macramé ou de la peinture sur soie qu’on se guérit », prévient Albert Trubert.
Les pensionnaires, croyantes ou incroyantes, sont libres de choisir leur type de psychothérapie. Albert Trubert fonde la sienne sur l’étude de la Bible « où chacun puise des lumières adaptées à son cas ».
Les anciennes malades viennent aussi rendre visite aux nouvelles et apportent leur témoignage.

Anciennes et nouvelles,10 juin 1982 Ouest-France
 
Et les résultats sont probants, trois cents femmes ont déjà suivi la cure de trois à quatre mois et le taux de réussite est de 60 à 70%.
En 1982, le pasteur Bernard Poulet-Goffard succède à Albert Trubert à la direction de l’établissement.
En 1984, le centre rénove et aménage une maison d’habitation à 500 mètres pour l’accueil temporaire.

En septembre 1988, le centre de soins de l’AMAFE Bretagne de Kerdudo fait le point après dix années d’existence. Au mois d’août, le centre accueillait la 1200e pensionnaire. L’équipe est composée de onze personnes à temps plein et de quelques vacataires (médecins, ergothérapeute, assistantes sociales), aidée par des bénévoles.

Les 10 ans du centre de Kerdudo. 24 septembre 1988 Ouest-France
 
L’infatigable Albert Trubert continue d’être présent lors de certaines activités de l’AMAFE, par exemple à Pontivy où il organise chaque troisième lundi du mois une réunion ouverte à toutes et à tous. L’AMAFE du Morbihan est forte de 350 militantes, des femmes guéries de l’alcoolisme, « un fléau qui fait autant de ravages que la dépendance avec les drogues dures », explique Albert Trubert lors d’une réunion publique le 16 novembre 98 à Pontivy.(Ouest-France 18 novembre 1998)

 
 

Pasteur de 1951 à 1965 au Temple de Lorient

On a vu dans tout ce qui est dit précédemment sur le pasteur Trubert que l'oeuvre de sa vie aura été son combat acharné contre l'alcoolisme. Mais revenons aussi à sa mission pastorale qu'il aura menée aussi avec la même passion.

Après être arrivé en 1951 à Lorient dans des conditions difficiles, le pasteur Trubert va participer à un grand évènement. En effet, au mois de juin 1956, le nouveau Temple de Lorient est inauguré. Les plans de ce temple situé rue de l’Eau-Courante, ont été dressés par l’architecte M. Périn. 

 

Ci-dessous, titre de Ouest-France du 4 juin 1956


La cérémonie est placée sous la présidence d’honneur de M. Philipson, Préfet du Morbihan. De nombreuses personnalités civiles et religieuses assistent à la cérémonie conduite par Daniel Chéradane, Président régional de l’Eglise Réformée et d’Albert Trubert, chargé de l’Eglise de Lorient. La prédication est donnée par le pasteur J.P Benoit, directeur de la Société Centrale d’Évangélisation. On note la présence de nombreux pasteurs de la région, Marquer de Saint-Brieuc, Manach de Lannion, Forget de Saint-Servan, Rainaud de Quimper, Mme Desse de Vannes, du docteur Amphoux de Vannes. Les gitans protestants sont représentés par Jean Reinhard.
Les bénévoles de la Croix-Bleue offrent ensuite un « jus de fruit d’honneur ». (Ouest-France du 4 juin 1956)

Le Temple de l'Eglise Réformée de Lorient (EPUDF) Image Google-Street

 


Un pasteur très présent dans la vie locale

Dans les années 50-60, le pasteur Trubert aura été très présent dans la vie locale du pays de Lorient, en particulier autour de toutes les cérémonies sur la Déportation et la Résistance.
 

Ainsi on le retrouve en juillet 1954, dans le comité départemental chargé de la souscription pour édifier un mémorial de la déportation à Struthof, en Alsace.

Au mois de mars 1957, il fait partie des personnalités invitées lors de la visite de Sir Gladwynn Jebb, l'ambassadeur de Grande-Bretagne, venu à Lorient. Dépôt de gerbes au monument aux morts, discours à la Mairie...

A. Trubert tout à fait à gauche. 7 mars 1957 Ouest-France Lorient


En avril 1958, à la Journée du souvenir pour les Déportés,  après une cérémonie à Notre-Dame-de-la-Victoire, une seconde cérémonie religieuse rassemble tous les participants au temple. La cérémonie patriotique se déroule ensuite au Monument aux morts avec des gerbes déposées par le Maire de Lorient et par les représentants des déportés. (Ouest-France 29 avril 1958)

En juillet 1961, M. Triboulet, ministre des Anciens Combattants, inaugure le cimetière national à Sainte-Anne-d’Auray : 1338 soldats de diverses confessions reposent dans ce cimetière. Les cérémonies religieuses sont le reflet de la diversité des soldats.  Une première cérémonie est présidée par Monseigneur Le Bellec, la deuxième par le pasteur Trubert, le troisième par M. Tidjani-Lahkar Fithiza, Imam de Rennes et le chef du Consistoire israélite s’est fait représenter. (Ouest-France 31 juillet 1961)

 

Ci-dessous, on reconnait le pasteur Trubert, tout à fait sur la droite de l'image. 

Ouest-France 31 juillet 1961


Ci-dessous, le pasteur Trubert, tout à fait sur la droite de l'image, derrière Monseigneur Le Bellec. 


Photo Ouest-France 31 juillet 1961

 
 
Albert Trubert, auteur.
 
 

 
C'est un livre de mémoire sur les deux grands combats qu'il a menés dans sa vie.
 
Albert Trubert. 29 mars 2000 Ouest-France

 

 
Une vie bien remplie
 
Ceux qui l'ont côtoyé décrivent l'homme comme "un fonceur", quelqu'un qui aimait aller vite, à sa manière, quelque peu excessif, et sa vie familiale eut parfois à en souffrir. Son passé d'indomptable dans les camps nazis ne l'avait pas complètement quitté... Il aura eu une vie bien remplie, qu'on en juge avec les différents éléments qui suivent :
 
Quatorze années comme pasteur de la paroisse de Lorient. 
 
Douze années à la tête du centre de post-cure de Lorient. 
 
Quatre années à la direction du centre de post-cure de Guidel. 
 
Secrétaire général des églises réformées pendant onze ans.  
 
Président de l'Alliance Évangélique Bretonne dans les années 70.
 
Vice-président du Comité départemental d’éducation sanitaire du Morbihan.
 
Chevalier de l’Ordre du Mérite.
 
Médaillé de la Résistance et de la Déportation.
 
Croix du Combattant volontaire.
 
 
Le pasteur Albert Trubert en 1998


Albert Trubert est décédé le 7 avril 2010. La cérémonie a été menée par le pasteur Hervé Stücker au Temple de Lorient. Albert Trubert repose dans le cimetière de Guidel (56).
 
Son épouse, Christiane Geoltrain-Trubert, ancienne monitrice à l'école d'infirmières de Lorient, est décédée un mois plus tard, en mai 2010, à Lorient, dans sa 85ème année. Elle aura partagé discrètement les différents engagements de son mari, dans le monde protestant et dans la lutte contre l'alcoolisme.
 

 
 
Liens
 
Dans la suite du combat du pasteur Trubert avec la Croix-Bleue, découvrez le portrait de Magdeleine Léonora Whelpton, épouse du pasteur Henri Welpton (de Perros). Un article de Victoria Afanasyeva : cliquer ici
 
L'incroyable histoire de la chapelle en bois de Lorient puis de Vannes, cliquer ici 
 
Pour commander par correspondance le livre du pasteur Trubert aux éditions de La Cause, cliquer ici
 
Pour lire l'article sur la vie dans le camp de Rawa-Ruska, cliquer ici  
 
Pour lire des extraits du livre du Père Lavabre sur le camp de Rawa, cliquer ici
 

 
 

 
 
Sources
 
Archives du Temple de Saint-Brieuc et de Lannion
 
Nombreuses recherches dans les archives de Ouest-France
 
Archives départementales des Yvelines, acte de naissance de l'année 1916, page 38 avec mention de mariage.
 
Regard d'espérance, revue mensuelle publiée par le Centre missionnaire de Carhaix, février 2010 n°243 
 
Fiche mémoire des Hommes, cliquer ici 
 
Merci à David Trubert, à Hervé Stücker pour leurs différentes informations et à Jean-Pierre Etcheverry pour la photo du pasteur Trubert dans le camp de Rawa.
 


Retour au sommaire, ici 

 

Ci-dessous d'autres articles qui évoquent le souvenir du pasteur Trubert...

18 octobre 2004 Ouest-France

23 octobre 2017 Ouest-France

 

 

 


François Barre (1915-2007), pasteur à Saint-Brieuc de 1945 à 1947



Le pasteur François Barre en 1945. Photo Archives Saint-Brieuc



François Barre est né le 25 février 1915 à Dreux (28). François (Georges, Jacques) est le fils de Jacques Barre, minotier et de Geneviève Courtier. 

 

François Barre. Année 1915. Dreux, registre des naissances. Archives en ligne vue 13

Il  est nommé après ses études de théologie à Arvert (Charente-inférieure) en 1943, puis à Saint-Brieuc comme proposant (période d'essai) de septembre 1945 à septembre 1947. Il dessert en même temps la ville de Brest en même temps que Saint-Brieuc, une tache difficile, surtout après guerre. 

Il doit faire face au traumatisme enduré par les paroissiens après le décès dans les camps de concentration du pasteur Yves Crespin.

Ouest-France 28 juillet 1947

 

Le pasteur François Barre a célébré trois mariages au Temple de St Brieuc :

Le 15 juin 1946. Yvonne Jeanne Duval née à Lorient le 24 décembre 1922, demeurant à St Laurent en Plérin (22) et Geoffrey Elcoat né à Newcastle en Angleterre le 12 avril 1921.

Le 31 août 1946. Marie Scott née à Paris le 20 mai 1920, institutrice, demeurant à Étables, le Courtil et Léon Gugenheim, né à Paris le 15 juin 1911, ingénieur, demeurant à Nevers (après le mariage).

Le 10 août 1947. Andrée Flaugeac, née au Creusot le 31 mai 1917, demeurant au Val André et  Marcel Boulat, né à Paris le 9 avril 1906, voyageur de commerce, demeurant au Val André.



Après la Bretagne

Après deux années passées à Saint-Brieuc, François Barre ne souhaite pas continuer sa mission dans le département. En effet, on lui demande de faire un travail d'évangélisation pour lequel il ne se sent appelé. Il décide alors de partir dans le sud. Il se marie le 18 juin 1946 à Montélimar avec Raymonde (Aline) Schwab.
Raymonde Schwab est une protestante, engagée dans le mouvement des Eclaireurs Unionistes. Elle est nommée "chef de meute adjointe" d'un groupe de scouts à Montélimar en 1937. 

Après 1947, François Barre rejoint la paroisse de Salies, dans le Béarn, une région de forte présence protestante. Son ordination a lieu en mars 1948. Il y reste jusque dans les années 50. 

En 1963 il a exercé à Rouen au Temple rue de Buffon et habitait Sotteville-les-Rouen. Puis François Barre est parti à Dieppe en 1969 où il succède à Alain Benoit qui n'était resté qu'une année. François Barre va s'installer à Dieppe pendant dix ans, jusqu'en 1979. Il sera remplacé par Colette Bergèse.

François Barre est décédé le 11 juin 2007 à Meudon dans les Hauts-de-Seine, à l'âge de 92 ans.

 


Retour au sommaire, ici 
 


Sources :

Etat civil de la commune de Dreux, registre des naissances de 1915, page 13
 acte de naissance en ligne

Archives du temple de St Brieuc. Registres du conseil presbytéral, registres des mariages.  

Courrier de François Barre à Erling Hansen (24 février 1965).

Site EEUdF Montélimar, histoire du scoutisme local

Actes du Synode national de Paris (Batignolles) mai 1943, page 159


Archives du centre d'étude du Béarn:  60 J 596/1 Photos de la consécration du pasteur François Barre (1950)
 
Pages internet sur le temple de Dieppe et ses pasteurs, cliquer ici



Retour au sommaire, ici 
 
 
 

Samuel Bourguet (1899-1981), pasteur à Lannion de 1924 à 1928

 

 

Le pasteur Samuel Bourguet et sa famille à Perros-Guirec 1924-1928

 




Origines

Le pasteur Samuel Bourguet (1899-1981) est né  le 4 septembre 1899 à Cannes-et-Clairan dans le Gard (30). Sa famille était protestante et dans le milieu viticole. Louis, son père, s'était tourné jeune vers l'Armée du Salut. Il s'est trouvé dans des conditions difficiles en poste à Marseille avant de revenir, pour des raisons de santé, à la vigne. Il a adhéré à l’Église méthodiste (Alès) et a exercé la fonction de prédicateur laïc avant de s'engager dans le mouvement évangélique.
Samuel avait deux frères, dont l'un appelé Jean (né en 1902), originellement viticulteur, est devenu lui aussi pasteur.


Etudes 

Samuel Bourguet ne va pas reprendre la vigne familiale mais se destine aux études. Après l'école primaire, il va aller à Nîmes en Cours complémentaire et à l’Ecole normale d’instituteurs. Il devient instituteur à Sauve dans le Gard en 1920-1921. Choisissant ensuite des études de théologie, il part à Genève, en Suisse, et à son retour en France, il s'engage au Service Chrétien à Paris.
C'est là qu'il rencontre une bénévole qui va devenir sa future épouse. Il s'agit de Lucie Nusslé (1902 Anglade-1992). Celle-ci est la fille du pasteur Paul Nüsslé (pasteur de l'Eglise Réformée Evangélique 1870-1954).


Samuel Bourguet à l'école normale d'instituteurs. 3ème tout en haut à gauche dans l'encadrement de la fenêtre.

Samuel Bourguet instituteur à Sauve dans le Gard. 1920-1921


 

En Bretagne

Il débute loin de son sud natal comme proposant, en Bretagne, à la fin de l'année 1924 auprès du pasteur Henri Whelpton à Lannion-Perros. Il seconde le pasteur Whelpton à Lannion mais également sur les communes de l'Ile grande et de Trébeurden.
Le pasteur Bourguet après avoir fini ses études, passé ses examens et soutenu sa thèse, veut s'affranchir de la tutelle du pasteur Whelpton. Il veut louer une maison à Perros-Guirec en 1927 et la meubler. Pour cela, il demande une augmentation de son traitement et une indemnité complémentaire pour son ameublement. L'accord finit par arriver et il s'établit à Perros pour un an avec sa petite famille. Il s'est marié quelques temps avant avec Lucie Nüsslé le 8 septembre 1925 à Saint-Avit-du-Moiron (33), ancien nom de St-Avit-de-St-Nazaire. Ils auront 6 enfants : Jacques, Yvonne, Jean-Louis, Pierre, Georges et Anne Marie.

Samuel Bourguet s'intéresse à la région au point qu'il publie en 1928 un ouvrage sur un missionnaire gallois (qui aurait écrit l'hymne de la Bretagne). 
Un pionnier de l'évangélisation en Bretagne, William-Jenkyn Jones. Auteur Samuel Bourguet. Clamard. Edition Je sers. 1928.

Cet ouvrage sert de référence à un long article publié en première page, dans La dépêche de Brest, publié le 14 juin 1939.

A partir du livre de Samuel Bourguet. 14 juin 1939 La Dépêche de Brest

Le pasteur Samuel Bourguet au presbytère de Perros 1924-1928. Photo A-M Bourguet




Madagascar

Après avoir exercé en Bretagne de 1924 à 1928, le pasteur Bourguet part à Madagascar fin 1928 avec la Société des Missions évangéliques de Paris. La SMEP est implantée à Madagascar depuis 1896.

Prenant rapidement des cours du soir pour apprendre le malgache, il va pouvoir prêcher dans la langue du pays au bout d'un an.
Jusqu’en 1940, il assure la fonction de directeur de l'école primaire-supérieure d'Ambohijatovo nord à Tananarive. Puis de 1940 à 1945, on lui confie la direction d’un vaste district (le Vonizongo) et d’une école biblique à Fihaonana où l'on forme des prédicateurs laïcs. Au début du mois de septembre 1940, la famille déménage à Fihaonana. Les déplacements pour visiter les paroisses s'effectuent en pousse-pousse, en chaise à porteur pour les distances les plus courtes ou au volant de la vieille Citroën quand il faut se rendre à la capitale pour des conférences par exemple. 

Liste des collègues de Samuel Bouguet à Madagascar


Le pasteur est très actif dans la Croix-Bleue car de nombreux malgaches ont des soucis avec l'alcool. Il s'emploie à créer de nouvelles sections. Samuel Bourguet assure la présidence de cette association à Madagascar.

Samuel Bourguet avec des membres de la Croix Bleue. Madagascar.1935


La vie de famille n'est pas facile car la vie quotidienne est rudimentaire (éclairage à la bougie). 

Les retours en métropole sont rares et la première fois se produira après 5 ans sur place, en 1933. Le pasteur est chargé de faire des conférences en France pour parler du travail de la mission à Madagascar et de récolter des fonds afin de poursuivre le travail commencé.

Le deuxième retour en France en 1939 est annulé à cause de la déclaration de guerre et de la suppression des bateaux vers la France. La famille Bourguet reste donc à Madagascar plus de dix ans sans revenir en métropole. Ce n'est qu'en novembre 1945 que cette longue expérience s'achève. 


Madagascar. Triple consécration pastorale. Debout de gauche à droite, on reconnait les pasteurs Samuel Bourguet, Peyrat, Lods, Robert de Becker et Delord (6ème). Photo A-M Bourguet



Retour dans le sud

Ensuite, au retour de Madagascar, après une période de repos, le pasteur occupe la fonction d'aumônier militaire. Il est particulièrement chargé d'accompagner les militaires malgaches qui retournent dans leur pays par le port de Marseille.
Le pasteur Bourguet exerce ensuite dans la paroisse de Milhaud dans le Gard de 1947 à 1961.
Il s'inscrit comme pasteur de l'Eglise Réformée de France en 1947 et y restera officiellement jusqu'en 1963.


Le temple de Milhaud dans le Gard. Carte postale


En 1971 il est admis comme membre de l'Académie de Mautauban.
Lors du discours de réception du pasteur Bourguet à l’académie de Mautauban, le 8 novembre 1971, le pasteur Plet déclara :
« Dans les tâches qu’il a remplies, le pasteur Bourguet est resté un homme de Dieu, avant tout, ce qui ne lui a nullement interdit d’être aussi un administrateur de qualité, un théologien averti, un homme de grande culture. Retiré à Montauban, il pourra donner à l’académie le meilleur de cette riche expérience".
Il aura l'occasion de donner diverses conférences dans le cadre de cette Académie.


Lucie et Samuel Bourguet à Mautauban au début des années 70. Photo A-M Bourguet


L’Église Protestante Unie de France (ancienne Église réformée de France) est  installée à Mautauban au Temple des Carmes, dans ce même lieu où le premier culte réformé a été célébré en 1793. La paroisse s’organise autour de ce temple, ainsi que ceux des alentours Barry d’Islemade, Meauzac et au Fau. 
C'est dans cette petite paroisse de Fau, rattachée à Montauban,  que le pasteur Bourguet a donné un coup de main bénévolement pendant des années, alors qu'il était à la retraite. Il a également assuré  la fonction d'aumônier à l'hôpital.


Le temple protestant de Le Fau



Samuel Bourguet décèdera en 1981 à Montauban.

Il faut souligner que Samuel Bourguet est l'auteur de photos très intéressantes prises à Madagascar entre 1928 et 1946. Elles sont consultables sur dans un album google-photo et sur le site de "Service protestant de Mission" (les liens sont indiqués plus bas).


1945. Groupe de missionnaires à Madagascar devant la maison de la famille Bourguet à Tananarive.

Samuel Bourguet est le quatrième debout en partant de la droite. En partant de lui et en allant vers la gauche, devant lui, la femme est Mme Pilet, son mari avec des lunettes est à côté d'elle, devant M.Pilet, légèrement flouté se trouve Mme Bourguet.
Tout à fait à droite, debout, l'homme en costume sombre c'est Jean-Claude Pilet, et un peu caché derrière lui on voit un visage souriant, c'est Yvonne Bourguet.
Tout à fait sur la gauche maintenant, on voit un grand monsieur avec un beau costume et derrière lui, le jeune homme, c'est Pierre Bourguet. Sur ce côté gauche, avec une sorte d'uniforme, c'est Oeschner de Coninck, après on voit un homme distingué en costume blanc, barbu, avec une cravate, c'est M. Lods. a côté de lui, en costume sombre c'est M. Bonzo. Tout à fait à droite, le jeune homme est André Lods.
Pour retrouver les femmes de pasteurs, on reprend à gauche, dans la rangée debout la première est Mme Dautry, après c'est une inconnue, ensuite en blanc Mme Cruzer, Mme Bozon, Mme Devine (avec la tête penchée)...
Enfin, au premier rang, sur la gauche, coincé entre une jeune fille complètement à gauche et une maman avec son bébé sur les genoux, c'est Anne-Marie Bourguet. Merci à elle pour avoir fourni toutes ces informations 74 ans plus tard !   


Crédit photo Défap-service protestant de mission, Paris.




Nous savons donc que "Samuel Bourguet est le quatrième en partant de la droite, tête bien ronde et crane chauve" dans ce groupe. Renseignement fourni par André Bourguet, son neveu, que nous remercions ici. André nous a donné d'autres informations sur son grand-père et son oncle. 
Anne-Marie Bourguet, fille du pasteur, a permis d'identifier les autres personnes sur la photo. 


Toutes ces personnes assistaient  à la Conférence missionnaire, on note la présence des pasteurs : Augier, Barnaud, Bourguet, Bonzon, Brunel, Burgurieu, Delord, de Visme, Kruger, Lods, Oeschner de Coninck, Pilet, et leurs familles.


Le pasteur Samuel Bourguet au milieu de ses élèves à la veille du Certificat d'Etudes du Second Degré.
Crédit photo Défap-service protestant de mission, Paris.



Liens



(photos transmises par sa fille Anne-Marie en mars 2019)


Ouvrage
 
Un pionnier de l'évangélisation en Bretagne, William-Jenkyn Jones.  
Samuel Bourguet. Clamard. Edition Je sers. 1928.

Article pour en savoir plus sur W. Jenkyn Jones


Sources 

Recueil de l'académie de Montauban (dans Gallica) 1971

Bibliothèque en ligne du Défap-service protestant de mission Paris. 
 
Pour la reproduction des deux photos à Madagascar, merci à  Claire-Lise Lombard de la Bibliothèque du Défap-service protestant de mission 102 Bld Arago 75 014 Paris.


Anne-Marie Bourguet, fille du pasteur. Témoignage recueilli en mars 2019. Un très grand merci aussi à Anne-Marie pour toutes les photos de familles transmises pour illustrer cette biographie.

André Bourguet, neveu du pasteur Samuel Bourguet. Echanges par internet en mars 2019. 
Jean-Marc Bouneau pour ces recherches concernant la famille Bourguet sur le site Geneanet. 

Catalogue de la Bibliothèque Nationale de France en ligne. Fiche Samuel Bouguet 

Ministers and Probationers of the Méthodist Church.1932. 
Biographie des méthodistes. Lettre B  

Répertoire des pasteurs de l'E.R.F. Page 50 Archives nationales. PDF. 

Le livre de Samuel Bourguet sur le pasteur Jones peut être commandé avec les références suivantes sur le site de la BNF : 8-LK2-7555. Tolbiac - Rez de Jardin - Philosophie, histoire, sciences de l'homme - Magasin.
Cet ouvrage constitué de photocopies revient à une somme très importante, malheureusement.



          

                Retour au sommaire, ici 


 
 
Document annexe

Cette traduction (personnelle) vient d'un texte écrit en anglais, par un auteur inconnu, autour de 1930. Son titre est "Protestantisme in Brittany". Il fait référence au livre du pasteur Samuel Bourguet, c'est pourquoi il a semblé utile de le mentionner ici.
Vous pouvez accéder au document original en anglais en cliquant ici

"Beaucoup de gens au Pays de Galle semblent penser qu’il n’y a que des catholiques en Bretagne. En effet, la grande majorité des Bretons est catholique, mais il y a aussi beaucoup de protestants et des Bretons protestants, même si seulement une minorité a eu une grande importance dans le mouvement du Renouveau celtique en Bretagne.

Page 2.
Au début du XVI ème siècle, une bible en breton a été publiée à Londres par des Gallois. Il n’existe plus un seul exemplaire de cette bible. Ce qui n’est pas étonnant quand on sait qu’il n’existe qu’une copie de la première bible galloise imprimée à la même époque…
En 1889, le pasteur Le Coat de Trémel (dans le Trégor), a publié une traduction complète de la Bible en breton. Un livre de chants fut aussi publié « Chants chrétiens et vieux airs de Basse-Bretagne » par le pasteur Le Coat de Trémel et « La harpe des chrétiens » par le pasteur Jenkin Jones de Quimper, qui les édita à deux reprises. Beaucoup d’autres hymnes aussi bien que des poèmes religieux  furent publiés par le pasteur Omnès et Monsieur Quéré, dans des  feuillets aujourd’hui perdus.
La seule école bilingue bretonne qui a existé à l’époque, a été fondée par des protestants au XIXème siècle. Ils étaient si performants que le journal catholique « « Arvor », publia un article donnant cette école en exemple de ce qu’il faudrait faire en Bretagne…

L’influence du mouvement missionnaire gallois a été dominant dans le nouveau mouvement protestant en Bretagne. Y a-t-il  de meilleure preuve de cela que le livre publié en 1927 par le pasteur S. Bourguet, lui même missionnaire français en Bretagne, sous le titre « Un pionnier de l’évangélisation en Bretagne, W. J. Jones » ? Dans la première partie de son livre, le pasteur S. Bourguet dit que les Gallois ont davantage de facilités que les français pour évangéliser les bretons, comme ils sont de la même race et que les bretons ressemblent aux Gallois. Plus loin, il donne les conseils suivants « Afin que l’esprit réussisse dans l’évangélisation en Bretagne, un étranger (Je parle du français comme du Gallois) doit se donner lui-même complètement, pas seulement à son travail d’évangélisation mais aussi à la Bretagne elle-même. »
 
 
 
 Retour au sommaire, ici 
 
 

La famille Quoniam-Ménégoz, protestants à Saint-Brieuc et Dinan

 

A Saint-Brieuc en 1906, on trouve le nom de Mina Quoniam dans la liste des membres de l’Église protestante. Elle est l'épouse de Louis Quoniam, capitaine en retraite et la mère d'Hélène Quoniam. Tous les trois sont inscrits comme protestants. Comment cette histoire a-t-elle commencé ?

Famille Quoniam 1906, registre du temple de Saint-Brieuc. Photo RF

Louis Auguste Quoniam (1829-1908)

Louis Auguste Quoniam est né le 9 août 1829 à Perpignan dans une famille de militaires et il a lui-même exercé dans l’armée comme capitaine au 45e Régiment d’Infanterie de ligne, il est chevalier de la Légion d’honneur. Il contracte un premier mariage avec Marguerite Doudin (née en Suisse) et on lui connaît deux fils issus de ce mariage : Paul Quoniam (né vers 1860), travaillant aux chemins de fer de l’Ouest, demeurant à Asnières en 1908 et Charles Quoniam (né le 4 janvier 1867 à Annecy en Haute-Savoie), militaire dans l’infanterie, matricule 2604 lors du recensement militaire, chevalier de la légion d’Honneur le 30 décembre 1901, demeurant à Rouen en 1908, officier de la Légion d’honneur le 3 juin 1915, croix de guerre avec deux palmes. Charles Quoniam va ensuite se fixer à Dinan où il se marie avec Alice Mary Lemercier, née à Jersey. Le couple habite Place Saint-Louis à Dinan. On notera que leur fille Germaine (1907-1991) a reçu la Légion d'honneur pour ses actes d'héroïsme dans la Résistance.

Charles Quoniam. Site Grand Mémorial

Marguerite Doudin décède le 18 février 1869 à Nevers dans la Nièvre.

Louis Quoniam, veuf en première noce, épouse alors en secondes noces Mina Ménégoz le 13 octobre 1869 à Algolsheim (68) ; elle a 25 ans.  

Algolsheim. Mariage 1869 vue 34

Avant 1900, la famille Quoniam se fixe à Saint-Brieuc. Leur fille Mina (du même prénom que sa mère) s'y marie en 1896. Les Quoniam habitent au 60 boulevard Charner.

1901. Recensement Saint-Brieuc, boulevard Charner. Archives départementales

Plusieurs enfants vont naitre de ce mariage dont Mina (comme sa mère) Berthe et Hélène Quoniam (née vers 1878)… On sait que Mina Quoniam, la fille, est née le 31 octobre 1871 à Bourg-en-Bresse dans l’Ain (acte 289, vue 82 sur 131). Elle est décédée à Neuilly sur Seine.


Mina Ménégoz, une éducation protestante

Mina Eugénie Quoniam, née Ménégoz, vient au monde en 1844 au presbytère d’Algolsheim dans le Haut-Rhin le 13 mai 1844. Elle est la fille de Louis Alexandre Ménégoz(1802-1872), un pasteur luthérien qui exerça pendant trente-six années dans la commune d'Algolsheim. Louis Ménégoz (1840-1887), le fils de ce pasteur, et donc frère de Mina, écrivit :

"Chers enfants et descendants de ma famille! Gardez éternellement en honneur et en respect la mémoire de mon très cher, bien aimé et toujours regretté père qui n'était qu'amour pour les siens, pour ses paroissiens et pour tous - sans distinction de religion ni de position.
Ses dernières paroles furent pour son Dieu, pour sa femme adorée, pour ses enfants et petits-enfants chéris et pour sa France qu'il avait tant aimée
".

(Citation ci-dessus et photos ci-dessous ont été publiées par Alexis Ménégoz sur Généanet)

Le pasteur Louis Alexandre Ménégoz

Le frère de Mina, Louis Eugène Ménégoz (1838-1921), a été doyen de la faculté protestante de Paris en 1901, pasteur de l’Église des Billettes (paroisse franco-allemande) à Paris. 

Le pasteur Louis Eugène Ménégoz

Un autre membre de la famille, Fernand Ménégoz est aussi une figure du protestantisme (cliquer ici)

Ouvrages d'Eugène Ménégoz


La disparition de Louis et Mina Quoniam

Louis Quoniam est décédé le 2 août 1908 à Saint-Brieuc. 


1908 Louis Quoniam. Acte de décès Saint-Brieuc, vue 202.

Mina Quoniam décède à l’âge de 85 ans le 10 novembre 1929 en son domicile, 24 rue de Colombes à Asnières.


La fille de Mina Ménégoz-Quoniam, Mina Quoniam entra dans la famille Farber en 1896 comme nous le détaillerons dans la partie suivante. Attention, certaines confusions peuvent venir du fait que la mère (mariée avec Louis Quoniam) et la fille (mariée avec Georges Faber) portent le même prénom... 

 

Famille Farber-Quoniam

Georges Faber (1839-1929) était venu de Suisse en 1857 et il avait ouvert une pâtisserie réputée à Saint-Servan. Le 21 octobre 1896 à Saint-Brieuc, son fils, Georges Antoine Farber, né le 3 octobre 1865 à Saint-Malo, se marie avec Mina Quoniam (née en 1871). 

Pour le mariage de Mina Quoniam et Georges Antoine Faber, on note la présence comme témoin de Vincent Arnoux, pasteur de l’Église protestante de Rennes, mentionné comme "ami des contractants".  Cette remarque atteste de l'ancrage de la famille Faber-Quoniam dans le monde protestant.

Georges Faber va reprendre l'affaire familiale... Cette histoire rejoint alors celle des pâtissiers protestants suisses venus s'établir en Bretagne. (à retrouver en cliquant ici)

1896 Mariage Quoniam-Faber. Saint-Brieuc


1896 Mariage Quoniam-Faber. Saint-Brieuc

 

Sources
Registre des membres de l’Église protestante réformée de Saint-Brieuc.

La colonie anglaise, 1800-1940, éditions Plessix, Diane Moore, pages 515 pour Alice, Charles et Germaine Quoniam.

Site Généanet : Alexis Ménégoz, cliquer ici

Site Généanet : Louis Eugène Ménégoz, cliquer ici

Merci à Jean-Claude Datin pour tous les renseignements donnés  sur l'histoire des familles suisses exilées en Bretagne.

La famille Taffatz, des protestants en Bretagne (avec le mariage Georges Faber- Mina Quoniam), cliquer ici

Retour au sommaire, ici