vendredi 1 décembre 2023

Georges Bessis (1915-1945), éducateur, protestant et Résistant


Venu en Bretagne, à côté de Dinan, pour prendre la direction d'une maison de jeunes délinquants, Georges Bessis est arrêté en 1943 puis déporté avec d'autres protestants comme le docteur Hansen et le pasteur Crespin.


 


Les années de jeunesse

 

Georges Amran Bessis est le fils d'Henri et Georgette Bessis. Il est né d'un père marocain et d'une mère originaire de Morlaix. Ses parents se marient à Casablanca en 1914 où Georges est né lui-même, un peu plus tard le 9 avril 1915. 

C'est au Maroc qu'il fait la connaissance du scoutisme unioniste qu'il fréquente avec son frère, prénommé comme son père, Henri. 

 

Carte d'Eclaireur unioniste de Georges Bessis.1929 Photo famille Bessis


Carte d'Eclaireur unioniste de Georges Bessis.1929 Photo famille Bessis

Georges Bessis se convertit, se fait baptiser par le pasteur Jean Jousselin et s'engage dans le protestantisme. Ses écrits de jeunesse révèlent une personnalité tournée vers le mysticisme, le Christ est son modèle.

Sur le plan professionnel, il travaille dans une étude de notaire et suit des cours de droit le soir.

 

 

La Guerre

Georges Bessis va être pris dans le tourbillon des années où la guerre se prépare. 

Il effectue son service militaire à la caserne Bessières, Porte de Saint Ouen, en 1936 (classe 1935).
Après ses deux années de service, il est mobilisé en mars 1939. Il se marie le 6 novembre 1939 au Temple d'Alençon avec Adeline Doranlo, éducatrice de jeunes enfants à Paris, qu'il rencontre dans le milieu du scoutisme protestant.

Sa Compagnie est sur le front de guerre lors de l'attaque des allemands le 24 mai 1940. La Compagnie et le reste de l'armée reculent vers Lille le 26 mai et elle est plusieurs jours sous les obus. Georges Bessis est blessé par des morceaux d'obus qui le touchent aux bras et à la tête le 31 mai à Haubourdin. Il est évacué vers l'hôpital Saint-Sauveur dans les faubourgs de Lille où il est opéré le 4 juin. Réformé le 14 août, il rentre à Paris.

 

 

La rencontre avec Jean Jousselin

 

Dans le milieu protestant, il établit une relation forte avec le pasteur Jean Jousselin, pasteur de La Maison Verte en 1941, rue Marcadet dans le 18e arrondissement. C'est Jean Jousselin qui le baptise en 1941 et qui lui propose alors un poste d'évangélisation avec la Mission Populaire Evangélique. 

Jean Jousselin a créé le Comité protestant des Colonies de Vacances en 1943 qui permettra d'organiser le sauvetage de 85 enfants juifs. Jean Jousselin sera désigné comme "Juste entre les Nations" en 1980. 
 
Jean Jousselin, Commissaire national des Éclaireurs Unionistes et Directeur du Centre de Jeunesse de Sillery (à Savigny-sur-Orge) recrute Georges Bessis.
Il travaille avec Jean Laborey au Ministère de la Jeunesse dont dépend le Centre.

Georges Bessis est d’abord éducateur puis Directeur adjoint, puis Directeur du centre de formation de Sillery (de septembre/octobre 1940 au printemps/été 1941) qui prépare des futurs directeurs de centres de jeunes chômeurs en 3 semaines 24/24, ces Centres sont répartis dans toute la France pour échapper au Service du Travail Obligatoire.
Il dirige neuf camps de Sillery d'août 1940 au mois de mars 1941. Il est nommé Chef de Centre pour la quatrième session de formation à Sillery le 24 octobre1940.

Georges Bessis est ensuite nommé Directeur d’un centre de formation au Château de Montry (Est de Paris), début avril 1941, toujours pour former des responsables de centres de jeunesse jusqu’à la fin de l’été 1941.
 

Georges Bessis, chef du Centre rural de Montry.1941

 

Dans le journal Ici les Jeunes on trouve un compte-rendu de l'ambiance dans la septième session de Sillery, dirigée par jean Jousselin. La promotion prend le titre de Ténacité.

Au paragraphe Des constructeurs, c'est de Georges Bessis dont il est question :

"Il faut aussi rendre hommage au chef de Centre Bessis, à son adjoint Meillant, et à son jeune chef de chantier Masse. Jeunes parmi les jeunes ils ont su nous faire réfléchir, par des mots d'ordre appropriés et utiles, au relèvement du pays. Aujourd'hui, nous sommes convaincus que la vie n'est pas plus pour certains un fardeau, que pour d'autres une série de plaisirs, mais qu'elle est pour tous un service et que, même au milieu des dés illusions de l'existence, elle vaut la peine d'être vécue lorsqu'on a la patrie à soutenir et un patrimoine à défendre".

 

Publication Ici les jeunes. 8 février 1941

Le 7 mai 1941, Jean Jousselin est révoqué  de son poste au Ministère de la Jeunesse pour des problèmes politiques et reprend du service pastoral à Montmartre à la mission populaire « La Maison Verte ».

Georges Bessis travaille alors pour le Ministère de la Jeunesse (de septembre 1941 à mars 1942), au Château de Madrid (en bordure du Bois de Boulogne), il s’agit de l’Ecole Supérieure des Cadres pour les adolescents et les jeunes chômeurs puis à Marly le Roi (Château du Val Fleuri) en tant que Directeur adjoint, le Directeur est M. Thiebault.



Une nouvelle orientation professionnelle

 

Après la rencontre avec Jean Jousselin, Georges Bessis va faire la rencontre de Charles Péan, Major de l’Armée du Salut. 

Charles Péan de l'Armée du Salut.

Charles Péan est sollicité pour aller voir ce qu’il serait possible de faire pour améliorer un centre de délinquants proche de Dinan dans les Côtes-du-Nord. Cette histoire est racontée dans le livre Ker-Goat. Le salut des enfants perdus.

Dans la préface du livre Charles Péan lui-même raconte son arrivée sur les lieux :

« C’est ainsi qu’en décembre 1941, dans les Côtes-du-Nord, je découvris une ferme sordide, flanquée de baraquements lépreux : le « Centre du Hinglé ». Il faisait froid et les pluies saisonnières avaient transformé les chemins en fondrières. Encadrés par quelques très jeunes gens, inexpérimentés et dévoués, des enfants étaient là, loqueteux, sales, malheureux, au nombre de quarante à cinquante, de 14 à 15 ans.

Plusieurs étaient couchés de jour et de nuit, faute de vêtements et de sabots, et parce qu’ils avaient froid. Il n’y avait pas d’eau, sauf celle apportée à bras d’homme ; pas de lumière, sauf celle des courtes journées d’hiver ; pas de lits, sauf d’immondes grabats…

Il n’y avait ni principes, ni méthodes, ni argent, ni  vivres… Bref tout manquait, sauf le mépris des voisins, l’inquiétude des autorités, l’antipathie des notables. Tout était décevant, repoussant.

 Je fus consterné. Je ne pouvais me défendre d’établir certaines analogies entre ce que j’avais vu tant de fois au bagne de Cayenne et ce qui était ici. La perspective d’un autre combat à livrer m’était insupportable. Je voulus fuir, retourner chez moi à Paris… »

 


Le découragement de Charles Péan n’est que de courte durée et pensant au sort de ces jeunes, il entreprend d’accepter cette mission :

« La tâche fut dure. Il fallut tout changer : quitter les locaux impropres, rompre avec les habitudes mauvaises, renouveler les cadres…

Enfin, au printemps 1942, comme des tâches plus étendues m’éloignaient peu à peu de la Bretagne, j’installais au Centre Georges Bessis, un homme, un chrétien, un chef".

 


Le 3 février 1942, Georges Bessis est appelé à se présenter pour prendre la direction de cette maison d’enfants de jeunes délinquants en Bretagne.

Georges Bessis se rend à Ker Goat, au Hinglé, proche de Dinan, dans le cadre de l’Association pour la Sauvegarde de l’Enfance et de l’Adolescence des Côtes-du-Nord. 

 

Lever du drapeau à Ker Goat. A gauche, les baraquements des jeunes et à droite, ceux des adultes. Photo Robert Basset

 

Nouvelle direction, nouvelles méthodes

 

Georges Bessis prend la direction le 11 mars 1942, il a 27 ans.

Rapidement il institue de nouvelles règles et de nouvelles méthodes car à cette époque les faits de maltraitance sont courants dans le milieu de l'éducation des jeunes délinquants envoyés par les tribunaux. 

 

Georges Bessis. Le Pays de Dinan 2016. Photo Robert Basset

Toujours dans le livre Ker-Goat. Le salut des enfants perdus, Henri Joubrel qui a succédé plus tard à Georges Bessis raconte son arrivée à Ker Goat :

« Un jeune homme, brun, athlétique, descend l’escalier. Il est vêtu d’un blouson bleu marine, d’une culotte courte et de bas blancs. Il se présente :

Georges Bessis, chef du centre.

Quelques mots d’accueil, puis il s’excuse, car c’est le moment du rassemblement.  Nous sortons sur le perron. Une cloche s’agite longuement, et fait sauter un écureuil dans les branches d’un hêtre… 

Une multitude de sabots claquent dans les allées. Comme par enchantement, six filles de dix garçons apparaissent soudain groupées face au chef ».

 


 

La Résistance

 

En Bretagne Georges Bessis ne tarde pas à prendre des contacts avec la Résistance. On apprendra plus tard qu'il faisait partie d'un réseau organisé de résistance appelé Libération.

On peut dire aussi qu'il avait une certaine proximité avec les protestants les plus engagés comme le docteur Hansen et le pasteur Crespin de St Brieuc qui  eux aussi, seront arrêtés dans le cadre d'une opération coordonnée. Son dénonciateur dira au procès, le 26 juin 1945 après-guerre, qu'il avait vu Georges Bessis au cabinet du docteur Hansen.
 

Georges Bessis dirigera Ker Goat jusqu'au 2 novembre 1943, jour où il est arrêté pour possession d'un poste émetteur. D'autre part "ses sentiments anglophiles étaient considérés comme dangereux pour les jeunes de son centre". (Fiche de l'Association Flossenbürg)

 

 

La Déportation

Dans un premier temps, Georges Bessis est détenu à St Brieuc puis à Rennes jusqu'au 17 janvier et il est  transféré vers le camp de Compiègne (départ le 22 janvier 44) avant d'arriver à Buchenwald en Allemagne le 24. 

Georges Bessis, Erling Hansen et Yves Crespin vont rester très unis jusqu’à leur transfert vers des camps différents.

Tout le temps où Hansen, Bessis et le pasteur Crespin étaient ensemble, ils se retrouvaient chaque jour dans le camp de Buchenwald pour prier. Erling Hansen raconte, en 1994, un moment qu’il n’a jamais oublié :

« Nous sentions confusément, que notre séparation pouvait survenir à tout moment ; comme d’habitude nous étions seuls tous les trois dans notre baraque ! Cette fois le pasteur semblait plus inquiet, comme s’il pressentait cette épreuve de la séparation, et que celle-ci allait survenir !

Après nos prières à tous les trois, faites pour notre église, nos familles, et pour nous-mêmes, le pasteur Crespin voulut nous communiquer ses appréhensions, d’abord, ses vœux ensuite, pour Bessis et pour moi.

Avec toute sa force de persuasion, et toute sa foi communicative, il nous dit : « Nous allons bientôt être séparés, ceci va-t-il être notre dernière rencontre ? Je ne sais, mais quoi qu’il arrive, de toute la force de mon âme, je demande une chose à celui ou ceux qui survivront à cette déportation, à toi Erling, à toi Georges, si je meurs de me remplacer pour l’annonce de l’Évangile…

Très émus, unis par les mêmes pensées, en nous tenant les mains, Crespin nous dit alors : « Rappelons-nous toujours chers amis, que quoiqu’il arrive à l’un ou l’autre, nous nous retrouverons ensemble là haut avec le Seigneur ».

Cette séparation fut définitive, chacun ayant été désigné pour un commando différent, nous ne nous sommes jamais revus ici-bas".

Georges Bessis est transféré à Flossenbürg le 24 février 1944. Affecté au Kommando de Johanngeorgenstadt, dépendant de
Flossenbürg, le 6 mars 1944 d'où il est évacué le 16 avril 1945, par train. 

Le kommando de Johanngeorgenstadt est évacué le 16 avril 1945, par train. Départ le soir à 20 h. Le 18, arrêt en gare de Neu Rolhau (Nova Role). Débarquement et marche le 19 jusqu’à Karlsbad (Karlovy-Vary). Stationnement du 20 au 25 en gare. Reprise de la marche le 26 par Doubi, Rokov, Bochov, Lubenec, Dolansky, Zilhe et Blatno. Embarquement sur train à Blatno jusqu’à Lovosice, près de Theresienstadt (Terezin).

Après plusieurs jours de marche forcée, Georges Bessis arrive à Terezin (Theresienstadt) le 6 mai 1945. Il est libéré par les Russes à Terezin dans la nuit du 8 au 9 mai 1945 mais décède du typhus à l’hôpital à Terezin le 12 mai 1945. Il avait 30 ans.

Il sera accompagné jusqu'à sa mort par Jacques Adam qui survivra et pourra ainsi témoigner des derniers moments de Georges Bessis.

A titre posthume, Georges Bessis sera médaillé de l'Ordre de la Libération par décret du 31 mars 1947.



Attribution de la Médaille militaire à Georges Bessis. 1960.


Attribution de la Médaille militaire à Georges Bessis. 1960


Les traces de Georges Bessis dans la mémoire collective

Le nom de Georges Bessis figure sur le monument aux morts de Dinan et sur celui du Hinglé.

Monument aux morts à Dinan. Georges Bessis, déporté.

 

Une rue Georges Bessis a été donnée au Hinglé (22).

La presse locale a relaté la visite de Noëlle Bessis, fille de Georges, lorsqu'elle s'est rendue au Hinglé le 20 juin 2017.

Sur la photo Ouest-France ci-dessous, on reconnait Jacqueline Bessis, nièce de Georges Bessis, Noëlle Bessis fille de Georges Bessis, Danièle Téggia amie d’enfance de Noëlle et Gérard Berhault, maire du Hinglé.

 

Noëlle Bessis, 2e à gauche. Photo Ouest-France 20.06.2017

 

Le centre de Ker Goat a été nommé Centre d'éducation Georges Bessis-Ker Goat.  

En 1951, Ker Goat déménage dans la propriété du château de Pont-Phily à Pleurtuit (Ille-et-Vilaine).

 

Centre Georges Bessis à Pleurtuit. Carte postale Musée de Bretagne

 

 

Ker Goat après Guerre

La bienveillance et le chant font partie des nouvelles façons de faire avec les jeunes pour Paul Lelièvre, le successeur de Georges Bessis et son adjoint Jacques Dietz.

 

Trois responsables de Ker Goat. De gauche à droite, Georges Bessis, Leininger (?) et Paul Lelièvre. Le Pays de Dinan 2016. Photo Robert Basset

 

Une chorale est montée et on peut imaginer le déroulement de cette expérience à travers le film La cage aux rossignols (1944). C'est cette expérience qui sera également la source d'inspiration du film Les choristes en 2004.


1947 25 janvier Ouest-France Brest

Juste après-guerre, la chorale de Ker Goat va acquérir une certaine renommée en Bretagne puis dans toute la France, en Suisse et à la radio. La chorale fait une prestation remarquée à la Salle Pleyel à Paris.

L'article ci-dessous de Ouest-France daté du 9 juin 1947 relate une soirée se déroulant au Théâtre municipal de Dinan. Dans la  première partie, le public a pu écouter une conférence de Henri Joubrel, commissaire des Eclaireurs de France, délégué à la sauvegarde de l'Enfance.

M. Joubrel a fait "un exposé sur les nouvelles méthodes utilisées au centre de Ker Goat, notamment pour rendre aux enfants, qui lui sont confiés, leur place normale dans la société".

Dans la deuxième partie, la chorale interprète son répertoire.

 

9 juin 1947 Ouest-France

 

La chorale de Ker-Goat vers 1950. Photo Musée de Bretagne

 

Sources 

 

Entretiens téléphoniques avec Noëlle Bessis, mai et juin 2020 à l'occasion de la sortie sur le livre Le pasteur Crespin, un chrétien dans la Résistance.
 

Documents fournis par Noëlle, la fille de Georges Bessis. 

Articles de Ouest-France : 26 juin 1945 et 20 juin 2017


Le Pays de Dinan, 2016, article de Robert Basset. 


Site Mémoire des Hommes, médaille, ici et publication au J.O du 29 janvier 1948.

Mariage enregistré le 6 novembre 1939 à Damigny dans l'Orne, fiche Généanet, ici


Marie Adeline Doranlo, épouse de G. Bessis, fiche Généanet, ici


Sites internet sur le pasteur Jean Jousselin et La Maison Verte.

 

Charles Péan, sur Wikipédia, ici  

A noter, mention de Georges Bessis dans le livre d'Eric Rondel "Zeller, un espion pour le IIIe Reich".


Biographie de Paul Lelièvre, directeur jusqu'en 1963 du Centre Georges Bessis, ici 


Souvenirs de Paul Lelièvre dans une vidéo, ici 

 

Ker Goat, site Enfants en justice, ici



Georges Bessis est cité dans le "Livre Mémorial des Déportés de France" de la F.M.D. Tome 2 (I.172) p 17

 

Ker Goat, Le salut des enfants perdus, livre en Pdf, ici 

 

Photo du musée de Bretagne et notice complète très détaillée, cliquer ici 

 

Parents de Georges Bessis : son père Henri, cliquer ici ; sa mère Georgette Delire, cliquer ici

 


Documents sur la déportation de Georges Bessis

  N° Matricule à Flossenbürg : 6858 et à Buchenwald : 42681

Fiche de Georges Bessis à Buchenwald. Source Arolsen

Fiche de Georges Bessis à Buchenwald. Source Arolsen
Fiche de Georges Bessis à Flossenburg. Source Arolsen

 
Fiche de Georges Bessis à Flossenburg. Source Arolsen

 

 

Ci-dessous, on peut remarquer la mention de la personne à joindre, son épouse "Frau B. Adeline".

Fiche de Georges Bessis à Flossenburg. Source Arolsen

  

 
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jeudi 16 novembre 2023

Marcel Arnal (1901-1989), pasteur à Lannion de 1936 à 1939



Marcel Arnal le 23 juin 1957 au Grau du Roi dans le Gard lors d'une promenade de la paroisse (c'est le seul homme!).
Photo Jocelyne Carrière (présente au tout premier plan, de profil, assise avec une robe blanche)



Les origines de Marcel Arnal

Le pasteur Marcel Arnal (1901-1989) est né le 13 avril 1901 à Vergèze (30). Son père, Théophile est tonnelier, Elodie Cabanès, sa mère est sans profession. 
Dans les années 20, il fait des études de théologie à Paris et s'inscrit dans le courant du méthodisme.
 
Il se marie le 25 avril 1925 avec Julie Céleste Brun (née le 25 septembre 1897), institutrice à Vergèze. La fête a lieu dans la maison des parents de la mariée au Mas de St Pastour à Vergèze. C'est dans cette commune que réside Marcel Arnal qui termine ses études pour être pasteur.
 
Son épouse va arrêter de travailler après leur mariage car alors une femme de pasteur devait se consacrer uniquement au service de la paroisse de son mari. Julie recevait les paroissiens et veillait à la bonne marche de toutes les activités de la paroisse.
Le couple va avoir deux enfants, Renée (l'aînée, née à Nîmes le 27 ou 28 février 1928) et André-Pierre (né à Nîmes le 16 décembre 1939). Renée deviendra médecin et André-Pierre artiste peintre. 


Marcel Arnal en 1957



 
Premiers postes
 

Marcel Arnal va commencer à exercer à Béziers vers 1925. C'est là que va naître leur fille Renée en 1928. Puis il va à Lassale (30) dans les Cévennes dans le début des années 30 et y reste jusqu'en 1936. Il publie 5 livres entre 1933 et 1936 à Lassale.
Mais d'autres responsabilités l'attendant et il est nommé en Bretagne à la fin de l'année 1936.


A la conquête de la vie. Marcel Arnal 1933 Lassale. Photo Mélanie Arnal


 
Bretagne

En Bretagne, le pasteur Arnal succède au pasteur Raspail à Lannion à la fin de l'année 1936 et y restera jusqu'en septembre 1939. Il habite rue Kermaria.
Nous savons peu de choses sur cette période où Marcel Arnal était à Lannion mais des archives familiales, conservées dans la maison de sa fille, pourraient délivrer de futures découvertes.

On peut mentionner que le pasteur Arnal a écrit deux ouvrages pendant cette période et qu'ils ont été édités à Lannion :
Les Plus Belles histoires ou la Bible à la portée des enfants. III Les Juges. Édition : Lannion, 1936. 
Les Plus Belles histoires. Édition : Lannion : Edit. Lanra , 1937
  








Retour dans le sud 

Après la Bretagne, Marcel Arnal retourne dans son sud natal et exerce dans la paroisse de Codognan (30) de 1939 à 1945. En plus de son travail dans la paroisse, il se déplace pour faire de nombreuses conférences et circule jusque dans le Doubs. Il écrit aussi deux ouvrages en 1941 alors qu'il est dans cette paroisse.
Pendant une année seulement, la famille se retrouve à Vergèze (30) en 1945-1946.

Enfin Marcel Arnal s'installe à Lunel (34) en 1947. Longtemps resté fidèle aux méthodistes, c'est à cette époque qu'il aurait intégré l'Eglise Réformée de France, d'après les souvenirs de son fils. Le pasteur Arnal reste à Lunel jusqu'en 1966, date à laquelle il prend sa retraite.
Le pasteur est toujours secondé pendant toutes ces années par son épouse. Son fils, André-Pierre, qui a appris à jouer du piano, accompagne les chants à l'harmonium pendant quelques années. Eric Carrière, dont on connaît le très beau parcours par la suite dans ce domaine, tenait également l'harmonium dans la paroisse de Lunel à l'époque où exerçait le pasteur Arnal.



Intérieur du temple de Lunel.

 
Jocelyne Carrière qui a participé aux activités de la paroisse de Lunel depuis qu'elle est enfant, se souvient très bien du pasteur Arnal : 
 
"Il était connu à Lunel, c'était une personnalité. Beaucoup de gens le connaissaient parce qu'il avait des abeilles. Il disait "mes abeilles je les reconnais, elles ont toutes une croix huguenote".
Il allait faire des piqûres aux personnes qui souffraient de rhumatismes. Il se soignait lui-même avec cette technique.

C'était un pasteur comme autrefois. Il aimait faire des visites à domicile. Avec les enfants il avait pris l'habitude d'offrir à certains un de ses livres au moment de la Communion. Il pouvait donner "A la conquête de la vie", "Il nous faut des certitudes", "Comment marcher avec Dieu".
 
Avec l'école du dimanche, pendant trois ou quatre ans, le pasteur nous faisait participer à un concours et à la fin de l'année il y avait une distribution des prix. La photo de la sortie au Grau du Roi en 1957 a été prise à cette occasion car on allait chercher nos prix dans une réunion du Consistoire.
 
C'est aussi en 1957 que le pasteur Arnal est très actif pour le centenaire de la construction du temple de Lunel."

La presse de l'époque (Le Midi Libre, 10 décembre 1957) rappelle qu'après le culte dirigé par le pasteur Barde de Nîmes, le pasteur Marcel Arnal a fait "un récapitulatif de quatre siècles pendant lesquels le protestantisme à Lunel a joué un rôle important". 





Écrivain

Marcel Arnal a connu une certaine célébrité dans le milieu protestant car il est l'auteur de nombreux ouvrages. Ceux qui ont eu pour but de mettre la Bible à la portée des enfants étaient recommandés à l'époque. Il a bénéficié de la complicité du talentueux dessinateur Joél Thézard pour les illustrations. 
On peut aussi noter que le pasteur Th. Roux a préfacé son ouvrage, A la conquête de la vie. Lasalle (Gard) 1933. 
Son fils André-Pierre se souvient que son père, le pasteur Arnal, faisait des colis pour envoyer ses ouvrages  en Afrique car ils étaient bien appréciés des missionnaires protestants. 
 
En 1958, il écrit son dernier livre au nom évocateur "Il nous faut des certitudes". Le pasteur y développe l'importance du message biblique : 
 
"Les voies de Dieu paraissent mystérieuses, jusqu’au jour où, avec un recul, on comprend pourquoi Dieu nous a fait passer par tel chemin plutôt que par tel autre. Or la Bible est le livre des certitudes. Des certitudes dans les deux sens : celui de la perdition pour les hommes qui nient Dieu ; celui du salut pour ceux dont Dieu est une réalité journalière".

 
Dans l'ensemble, ce sont des livres qui se sont bien vendus jusque dans les années 70. 

Enfin, remarquons l'espièglerie du pasteur qui, pour ses livres à compte d'auteur, a appelé sa maison d'édition Lanra (Arnal à l'envers !)
 
 


La retraite

Au moment de sa retraite Marcel Arnal s'est beaucoup intéressé aux abeilles, il avait des ruches et il passait beaucoup de temps dans son potager que certains décrivent comme un véritable "jardin extraordinaire" !

Marcel Arnal, est décédé le 5 janvier 1989 à Colognac dans le Gard et son épouse le 10 février 1995.
Renée, sa fille, mariée avec M. Jean Desvignes a commencé comme médecin mais rapidement elle a pris la direction d'une clinique psychiatrique à Nîmes. Elle est décédée en 2017 à l'âge de 88 ans.



 
La foi n'a pas d'âge

Pour terminer cette biographie du pasteur Marcel Arnal, on peut évoquer cette histoire extraordinaire d'un jeune homme perdu dans la drogue, il s'appelle Lionel Guibal. Après un véritable voyage en enfer en Amérique du sud où il a frôlé la mort, il ressent un appel intérieur et rencontre un chrétien convaincu qui va l'aider. Il s'achète une bible et finit par revenir dans la région de Nîmes, dont il était originaire. Il ne sait pas encore ce qu'il va faire de sa vie :

"Voilà qu’un jour, un monsieur âgé, avec un chapeau, est venu frapper à ma porte. Il voulait me parler. Il avait entendu parler de moi, il avait appris que j’étais revenu d’Amérique du Sud, que je m’étais converti. C’était le pasteur Marcel Arnal de Vergèze. Il nous a réunis et a commencé à nous parler de la Bible, du Seigneur Jésus. Ce qui nous a surpris c’est que lorsque ce croyant âgé, ce véritable chrétien, nous parlait, on sentait chez lui une jeunesse, une spontanéité, une vérité étonnante. Nous avions à l’époque 25 ans, mais avec notre drogue, à côté de lui, nous semblions être des vieillards, complètement décrépis.

Nous avons aussi appris que ce pasteur priait depuis plus de 20 ans pour le village de Vergèze, pour qu’il y ait un réveil, pour que le Seigneur touche des âmes. La sœur de sa femme, Madame Brieu, qui avait été si gentille avec moi quand j’étais enfant, est venue un jour à la maison, et elle nous a dit : « Lionel cela fait presque 20 ans que je prie pour toi afin que le Seigneur touche ton cœur ». Ainsi ils ont vu la réponse à leurs prières.

Un jour, Monsieur Arnal nous a dit : 
 
« Il faudrait peut-être profiter de l’occasion pour rendre témoignage devant tous que vous êtes chrétiens, que vous avez la foi au Seigneur Jésus ». 


Une réunion s'est tenue au temple, plein ce jour-là, et quelques anciens drogués ont témoigné de leur foi. Le pasteur Arnal est devenu une sorte de père spirituel pour ce jeune homme. Le pasteur lui prêtait des livres
Plus tard Lionel Guibal est devenu aumônier protestant des prisons. Il exerce à Tarascon.





Sources


Mars 2019. Témoignage recueilli auprès de Christian Nouis d'Aubais qui a connu le pasteur Marcel Arnal à Vergèze. 

Mai 2019. Renseignements familiaux fournis par Mélanie Arnal, Jean Desvignes et Francine Janesther-Arnal. 

Un grand merci à André-Pierre Arnal, fils du pasteur, qui a permis de préciser de nombreux points d'histoire en mai 2019.

Mme Agosta des services de l'état civil de la commune de Vergèze. 

Photo du pasteur Arnal en 1957 transmise par Jocelyne Carrière après une recherche effectuée par Anne-Marie Bourguet. Un grand merci à toutes les deux.

Archives du temple de St Brieuc.

Archives nationales. Liste des pasteurs ERF. Page 47. Document PDF

Ministers and Probationers of the Méthodist Church.1932. 
Biographie des méthodistes. Lettre A 



 
 
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Bibliographie de Marcel Arnal

A la conquête de la vie. Lasalle (Gard) 1933. 


Les plus belles histoires ou La Bible à la portée des enfants. Ancien testament. I. - Période patriarcale. Édition : Lasalle (Gard), Lanra , 1934 In-16, 111 p.

 A l'aube de la vie, manuel de culture intérieure pour enfants. Édition : Anduze, impr. A. Puech ; Lasalle (Gard), Éditions Lanra, 1935. (21 avril 1936.) 

Les Plus Belles Histoires ou la Bible à la portée des enfants. Illustrations par Joél Thézard. [Ancien Testament. II : Période mosaïque.]. Édition : Niort, impr. A. Chiron ; Lasalle (Gard), Éditions Lanra , 1935. (21 avril 1936.) 127 p

Le Ciel ouvert, sermon prêché au Synode de Nancy le 26 juin 1935. Édition : Lasalle (Gard), Editions Lanra , (1936).

Les Plus Belles histoires ou la Bible à la portée des enfants. III Les Juges. Édition : Lannion, 1936. 112 p. 

Les plus belles histoires. Illustrations de Joel Thézard (1884-1957). 48 p.
Édition : Lannion : Editions Lanra , 1937

  
Vers la plénitude de la Vie. Editions Lanra Montpellier 01.01.1938. Ce livre est la suite de  l'ouvrage A la conquête de la Vie paru en 1933.


Comment marcher avec Dieu, ou A la découverte de la vie. Édition : Codognan (Gard), Lanra ; (Largentière, Ardèche, imprimerie de E. Mazel), 1941

Des hommes nouveaux. Édition : Codognan, Gard, Éditions Lanra , 1941. 55 p.


Préparons sa venue. Édition : Lunel, 8 rue Pascal ; (Valence-sur-Rhône, Imprimeries réunies), 1946.


L'effondrement du monde et les reconstructions de Dieu. 194 p. Édition : Lunel : M. Arnal, 1948

Il nous faut des certitudes. 167 p. Édition : Lunel : Lanra, 1958


Photo Mélanie Arnal.



Livre de Marcel Arnal 1938.





mercredi 8 novembre 2023

Wilhelm Nicolaysen (1875-1914)



Wilhem Nicolaysen (1875-1914)



Origines

 
Dans les membres fondateurs et jusqu'en 1913, nous trouvons dans les registres de la paroisse protestante de St Brieuc Wilhelm Ingwald Nicolaysen, né à Douarnenez (29) le 17 août 1875, marié le 28 mai 1906 à St Brieuc avec Nelly Trouessart, résidant Boulevard Pasteur à St Brieuc. Le capitaine Nicolaysen est le fils du consul norvégien de Douarnenez (Finistère). Le père de son épouse est directeur de la Banque de France à St Brieuc.
Le couple aura trois enfants. Ses trois filles, Hilda, Dagny et Yanhe, qui habitaient à Saint-Brieuc, venaient régulièrement passer leurs vacances à Douarnenez chez leur oncle Valentin qui avait également trois filles. Dans la famille, on précisait donc : les trois filles Nicolaysen de Douarnenez et les trois filles Nicolaysen de Saint-Brieuc.



Carrière et Guerre 14-18

Le capitaine Wilhelm Nicolaysen est d’origine norvégienne mais il opte pour la nationalité française. Il fait partie de la classe 1895 et son bureau de recrutement est Quimper. On lui attribue le matricule n°895. Il entre à l'Ecole militaire d'Infanterie de Saint-Maixent, promotion 1899-1900.

Pendant la guerre de 14-18, il est affecté au 31e bataillon de chasseurs, et meurt à Breschwiller (Alsace) le 22 août 1914.
Extrait du "Tableau d'honneur de la Grande-Guerre" : "A tenu la plus brillante conduite. Blessé grièvement en soutenant la retraite de son bataillon le 21 août 1914, est décédé à l'ambulance des suites de ses blessures."
Son nom est inscrit sur le monument aux morts dressé au cimetière de Douarnenez.

Il fut tué à la guerre de 1914-1918. C'était le premier officier de l'armée française, et protestant, qui ne portait pas un nom français. La revue L'Illustration rapporte que c'est à ce titre que les allemands lui firent des funérailles particulières.

  
 

Sources
 

Registre des membres Temple de Saint-Brieuc
Site Généanet. Fiche établie par Joël Chirol 
Site Généanet. Fiche sur sa fille, Hilda née à St Brieuc (6.11.1910), Dagny née à St Brieuc (17.06.1907) et Yanhe née à Saint-Dié dans les Vosges (4.06.1914)
Forum 14-18, anciens élèves de Saint-Maixent, recherches Francine Laude, fiche Wilhem Nicolaysen



 

 

   

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lundi 6 novembre 2023

Le pasteur Elie Vidal (1887-1967), pasteur à Saint-Brieuc 1944-1945

 


Le pasteur Elie Vidal (1887-1967) et son épouse. Photo 1948

 
 
Origines

 
Elie (Charles François) Vidal est né le 7 juillet 1877 à Ganges dans l'Hérault (34) fils de (Jean) Eugène Vidal (né en 1848) âgé de 29 ans et de Adèle Emery (née en 1853), domiciliés rue de la Halle à Ganges. Son père et sa mère sont fileurs de bas, ce qui est une profession courante dans le village de Ganges. On en trouve quinze, simplement dans la rue de la Halle. Entre 1886 et 1891, le nom de la rue de la Halle disparait et retrouve la famille domiciliée au 161 Rue Place couverte.
 
Elie est l'aîné des enfants mais la famille se compose de son frère, Charles né en 1880, Lydie née en 1885, Jean né en 1888, Paul né en 1890.



Registre des naissances juillet 1877 Elie Vidal, commune de Ganges. Photo Luce Legendre



Dans le recensement de 1891, en plus des cinq enfants et des parents, la famille se compose aussi de la grand-mère Louise, 70 ans et de Hermance, 46 ans, la soeur d'Eugène. 

Elie Vidal à 13 ans est fileur de bas et travaille avec ses parents. Puis il va poursuivre des études pour pouvoir exercer par la suite la profession de comptable. Il réside alors à Le Vigan dans le Gard. Ses parents, Eugène Vidal et Adèle Hemery habitent aussi au Vigan en 1897.


 
 
Premiers postes de pasteur

 
Après ses études de théologie, Elie Vidal va beaucoup bouger comme il est indiqué dans les archives militaires. Ces lieux doivent correspondre à ses postes successifs :
 
24 avril 1901, Paris, 16 rue de Nemours, 11ème Arr.
8 janvier 1903, Neuilly sur Seine, boulevard de Saussaye (le temple réformé de Neuilly se trouve au 18 bld Inkermann à Neuilly à 1km de l'adresse d'E. Vidal)
1er mars 1904, Codognan (Gard 30)
4 octobre 1906, Bihorel (Seine-Maritime 76), 20 rue de Baunay
21 décembre 1906, Rouen, 132 rue de la République
23 octobre 1907, Vallerauge (Gard. 30)
10 octobre 1911, Nancy, 18 rue du Joli coeur
30 juillet 1914, Guernesey


 
 
Guerre 14-18

 
Elie Vidal est incorporé dans le 38ème Régiment d'artillerie, matricule 2440, et participe aux combats pendant la Guerre 14-18 avec le régiment d'Artillerie de Nîmes (du 14.08.1914 au 21.09.1914 puis du 5.09.1915 au 4.11.1918 et enfin du 18.12.1918 au 5.02.1919). Il est nommé caporal le 15.12.1916 puis sergent le 28.06.1917.



 
 
Pasteur à Ganges

 
Après guerre, le 29 avril 1919, Elie Vidal retourne à Ganges d'où il est originaire mais il y revient en tant que pasteur. Il habite dans le centre, rue Saunier.

Note : Ganges est une terre où le protestantisme est très bien implanté. Son imposant temple de 1851 et son clocher de 30 mètres de haut en sont aussi des preuves.
Elie Gounelle (père d'André Gounelle), pasteur, figure du christianisme social et de l'oecuménisme dans l'entre-deux guerres, est mort dans sa maison à Ganges en 1950. Une rue porte son nom.


Le temple de Ganges. Plan de l'Ormeau. Photo Luce Legendre


L'année suivante Elie Vidal déménage à Levallois-Perret (Seine), 39 rue Lannois où il habite à partir du 22 octobre 1920.
Il devient pasteur méthodiste à Levallois-Perret (en 1927 mais certainement dès 1920). Il participe par exemple le 15 janvier 1922, à la chapelle Malherbes à Paris, à la consécration du pasteur Gabriel Quetin. (journal des missions évangéliques 1922, ci-dessous)



En 1933, on trouve la trace d'Elie Vidal : "Octobre-décembre 1933, volume 82 Assemblée générale de la société d’histoire du protestantisme français : Elie Vidal, secrétaire général de la fédération".
 
En mai 1937, Elie Vidal se trouve à Livron pour l'assemblée des Méthodistes et il assiste à la consécration du pasteur François Manac'h.

Archives du pasteur Manac'h. Temple de Saint-Brieuc. Photo 1937


 
 
Pasteur à Niort sous l'Occupation
 
 
Après la région parisienne, Elie Vidal exerce à Niort de 1939 à 1942. Il vient en remplacement du pasteur Cabrol mobilisé. 
 
Elie Vidal est sollicité pour présider les obsèques de Ernest Pérochon (prix Goncourt en 1920). E. Pérochon était de culture protestante par ses deux parents mais lui-même n'était pas pratiquant. Les obsèques se déroulent sous une forme très restreinte car les autorités (le Préfet) ne voulaient pas d'une cérémonie officielle E. Perochon ayant pris position contre la Collaboration.

 
Qui était Ernest Pérochon ?
 
Auteur écrivant sur le monde rural, il est très vite sollicité par le Régime de Vichy pour collaborer. Il refuse et se voit considéré comme «gaulliste, propagandiste, agitateur de la jeunesse». Les pressions qui sont exercées sur l’écrivain provoquent chez lui une seconde attaque cardiaque qui lui est fatale en février 1942.


Le 10 février 2022, dans Ouest-France, on apprend que Erick Kocher-Marboeuf, président de l’Association des amis d’Ernest-Pérochon, s’est félicité que l’on continue d’honorer la mémoire d’Ernest-Pérochon, prix Goncourt en 1920. Un écrivain qui fit preuve au printemps 1940, "de générosité envers les réfugiés de l’exode qui affluèrent à Niort en juin" a souligné Erick Kocher-Marboeuf. Et d’ajouter : "L’absence d’hommage officiel lors de ses obsèques et l’interdiction faite aux maîtres des écoles d’accompagner le cercueil constituèrent une injustice et une insulte à la bienveillance de la population niortaise envers son romancier."
 
Cérémonie en 2022 en hommage à Ernest Pérochon. Photo Jean-Luc Simon

 

 
 
Élie Vidal à Saint-Brieuc, mars 44 à mai 45

 
Le  pasteur Elie Vidal est déjà en retraite quand il accepte de venir à Saint-Brieuc dans des circonstances exceptionnelles puisqu'il va remplacer le pasteur Crespin, déporté.
D'après les mémoires d'Erling Hansen, en décembre 1943, l'autorité allemande refuse au pasteur Vidal de s'installer au temple de St Brieuc. Il ne peut l'obtenir qu'en février 1944 après maintes démarches et c'est finalement un capitaine allemand, protestant, qui permettra son installation.

Le pasteur Vidal reste à St Brieuc de mars 1944 à mai 1945. Il habite chez le docteur Hansen, alors que Madame Crespin continue de demeurer dans le logement du temple de Saint-Brieuc avec ses enfants. Il s'occupe aussi des protestants disséminés en Bretagne et des protestants réfugiés de Lorient et Brest.
On remarque ainsi qu'en 1944, le pasteur Vidal a assuré le culte à Saint -Quay, au Val André  et "aussi régulièrement que possible à Brest". Il a aussi effectué des déplacements à Vannes.
Le 20 mars 1945, il se rend au Synode au Mans où il représente l'Eglise de St Brieuc mais aussi celle de Brest. Il sera accompagné par le pasteur Jean Scarabin qui assure les remplacements du pasteur Vidal à St Brieuc quand celui-ci doit s'absenter.

Notons que le pasteur Vidal a célébré un certain nombre de cérémonies :

Baptême de Arlette Madeleine Gauthier, née le 10 janvier 1943 à St Brieuc
Baptême de Suzanne Gaudron, née le 25 mai 1928
Baptême de Yann Hansen, née le 18 septembre 1943 à St Brieuc, fils de Erling Hansen


Mariage le 3 août 1944 de Camille Eugène Ladevèze, né à Pamiers et Léonnie Jeanne Corbel, née à Plélo
Mariage le 8 février 1945 de Pierre Albert Testard, militaire, né à Boulogne sur mer, demeurant au Val André et Georgette Emilienne Le Clerc, née à Brest, demeurant au Val André

La communauté protestante a été très reconnaissante envers le pasteur Vidal du travail qu'il a accompli dans des moments si difficiles à St Brieuc et dans la région, sur les plans humain et matériel.

Le pasteur Vidal arrête définitivement ses activités en 1958.
Il est décédé le 23 janvier 1967 à Vanves (Hauts-de-Seine), il avait 80 ans.

 
 
Dans un texte de mémoires lu au temple de Saint-Brieuc en décembre 1987,Erling Hansen évoque le souvenir du pasteur Vidal : 
« Le pasteur Vidal dont le dernier poste de pasteur était à Paris, exerça son ministère à Saint-Brieuc de 1943 à 1945. Il logea chez moi, la famille du pasteur Crespin logeant au temple. Nous gardons de lui un souvenir ému car il avait plus de 70 ans, était en retraite, et venait bénévolement pour « dépanner » notre communauté. Il lui fallait assurer des services à Dinan, à Saint-Malo, à Brest et ailleurs si c’était nécessaire. N’ayant ni voiture, ni vélo, ses déplacements, toujours longs, se faisaient en train. Nous lui devons beaucoup. »

 
 
 
 
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Sources

Registre de l'association cultuelle de St Brieuc, 1944-1945

Fonds Erling Hansen, Mémoires, manuscrit, bibliothèque de Saint-Brieuc.
 
Texte de mémoires lu au temple de Saint-Brieuc en décembre 1987 par Erling Hansen. Archives du Temple.

La photo de 1948 a été datée à l'aide d'une mention manuscrite d'Erling Hansen au dos de cette photo.


Etat civil de la commune de Ganges dans l'Hérault. Page 66 Registre des naissances 1887.

Recensement de la commune de Ganges page 97. Année 1881

Photos de Luce Legendre à Ganges. Avril 2019

Archives administratives militaires du Gard. Classe 1897. 
 
Histoire de la paroisse de Niort, cliquer ici


Liste des pasteurs ERF. Page 65. Document PDF


 
 
 
Documents

Article de la revue le Christianisme au XXe siècle 3 mars 1944. Nomination d'Elie Vidal en Bretagne.





 
 
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