vendredi 14 juin 2024

Solveig Hansen (1916), une protestante à Saint-Brieuc

 

Solveig Hansen, photographiée à 107 ans et un jour ! Le 24 mai 2023.

Ouest-France 17 juin 2024

Solveig Hansen est la fille d'Oscar Hansen et Anna Hansen.
Elle est née le 23 mai 1916 (Plérin, 22) et baptisée au temple de Saint-Brieuc le 27 août 1916 par le pasteur Roux. Elle se marie civilement le 27 mars 1943 avec Jean Huck (1er juin 1914 à Montrouge-1963). Quelques jours plus tard, la cérémonie religieuse, présidée par le pasteur Yves Crespin, a lieu
au temple de St Brieuc le le 30 mars 1943.

La photo ci-dessous a été prise au moment du mariage de Solveig et de Jean. Debout en partant de la gauche, on a son père, Oscar Hansen ; Mlle Manac'h ; Thorleif ; des réfugiés de Paris ; avant dernière à droite Anna Hansen ; tout à fait à droite Jean Scarabin avec son chapeau. Au premier rang, accroupis, Einar et à droite Erling Hansen.

Mariage de Jean Huck et de Solveig Hansen. Maison de la famille Hansen au légué. Mars 1943. Photo S. Hansen


Solveig et Jean vont avoir plusieurs enfants : Lydie (née le 26 décembre 1943, baptisée le 17 mai 1959 au temple de St Brieuc par le pasteur Paul Marquer) ; Hélène (née le 27 mai 1945) ; Édith (née le 21 novembre 1946 à St Brieuc, présentée au Temple de St Brieuc le 29 mai 1949, cérémonie dirigée par le pasteur Paul Marquer) ; Étienne (né le 21 décembre 1952), Sigrid (née le 19 octobre 1955, présentée au Temple de St Brieuc le 2 février 1958,  cérémonie dirigée par le pasteur Paul Marquer). 
Édith s'est mariée en 1968 au temple de St Brieuc avec Yvon Renault (voir photos dans la page sur l'histoire de la paroisse 1938-2012)


Solveig Hansen, des souvenirs recueillis en 2019, 2020, 2023.

Solveig Hansen a été remarquée dans la presse locale, à plusieurs reprises, en raison de sa longévité. Pour ses 100 ans en 2016, puis pour ses 102 ans, des articles ont parlé d'elle dans Ouest-France. En mai 2020, alors que l'épidémie de covid 19 était encore présente, elle a pu fêter ses 104 avec quelques proches.
De mon côté j'ai souhaité la rencontrer pour évoquer plus particulièrement les aspects de sa vie en lien avec le protestantisme. Nous avons passé plus de trois heures une première fois, dans un dialogue ininterrompu, à évoquer ses souvenirs de jeunesse, son éducation, ses premiers pas dans la communauté protestante, ses souvenirs des différents pasteurs et des familles protestantes avec qui elle était liée, l'arrestation des membres de sa famille en 1943... 
Certains moments étaient vraiment vertigineux, Solveig racontant ses souvenirs d'il y a plus de 80 ou 90 ans et de mon côté, je pouvais l'aider à compléter ses lacunes avec mes connaissances acquises des archives protestantes étudiées depuis ces trois dernières années. 
Par exemple :
-Ah, oui, la fille de M. Bird, je m'en souviens, je l'ai eu comme professeur d'anglais au Cours de jeunes filles.
-Vous voulez parler de Maud?
(tout ça se passe à la fin des années 20 !).

En mai 2023, au lendemain de l'anniversaire où elle avait fêté ses 107 ans, une longue conversation permit d'éclairer encore quelques points de l'histoire du protestantisme à Saint-Brieuc. Elle m'a encore sidéré par sa mémoire phénoménale ! J'ai pu vérifier et compléter ses propos à l'aide de nouvelles recherches en remontant jusque dans les années 1930. Mais elle était un peu fatiguée, ayant vécu un déménagement  dans un nouveau bâtiment de l'Ehpad quelques jours auparavant.

Le 28 septembre 2023, tout était rentré en ordre, Solveig coloriait une page de l'album "Le dessin zen" quand je suis entré. On a bavardé un peu de tout, de son jeune frère Thorleif, 98 ans, toujours en Norvège ; de Miss Cave une protestante australienne revenue à St Brieuc après l'Occupation ; de M. Stamp, un pasteur baptiste des années 30-40 dont elle a été heureuse de voir une photo que j'avais trouvée il y a peu de temps... Nous avons évoqué plus en détail l'histoire de son beau-père, Adolphe Huck, colporteur évangélique à l'Eglise baptiste de Paimpol. Ayant besoin de mes lunettes pour lire un document, je lui ai suggéré amicalement d'utiliser aussi les siennes car il serait temps de les user un peu, étant quand même dans sa 108e année ! Solveig a encore fait preuve ce jour-là d'une vivacité intellectuelle exceptionnelle et d'un sacré humour.

Solveig Huck (née Hansen). Le 19 novembre 2019. Photo R. Fortat

 


Être une enfant protestante
"Ma vie a changé à l’arrivée de la famille Manach au Légué en 1924. Les trois filles, Madeleine, Paulette et Yvonne sont venues à l’école des filles au Légué avec moi. Je n'étais plus la seule protestante et heureusement car parfois on me mettait de côté à cause de ça. Je jouais surtout avec Paulette Manach. Cette situation n’a duré que quelques années,  Monsieur Manach est parti ensuite à Perros en 1928 pour l’évangélisation de la région car il parlait breton.
Nous allions aussi à l’école du dimanche au Temple. Il y avait mes deux frères et les enfants des familles Scarabin et Stamp. Plus tard, j'ai continué de voir les sœurs Manac'h à différentes occasions".


Solveig Hansen, école primaire de filles. Le Légué.


Erling Hansen, Yvonne Manac'h, Mme Manac'h, François Manac'h, Paulette Manac'h. Photo Solveig Hansen

Einar et Erling Hansen, Maïe, Oscar et Anna Hansen.  Devant, Solveig et Thorleif Hansen, Paulette Manac'h. Photo Solveig Hansen




Mon entrée dans la vie active
"En 1933 en fin de la classe de 3ème, j'ai arrêté mes études au Lycée de jeunes filles de Saint-Brieuc pour perfectionner mon anglais car je savais que je pourrais en avoir besoin. Comme à cette époque il y avait beaucoup de relations avec les gallois, j'ai profité que mon père connaissait bien un capitaine qui transportait du charbon de Cardiff jusqu'au Légué pour aller au Pays de Galles dans cette famille protestante. Mon frère Einar y est allé aussi. De notre côté, nous avons accueilli la fille de ce capitaine, Humphreys, et elle est venue avec moi au Lycée de jeunes filles de St Brieuc.

De retour au Légué, après mon séjour au Pays de Galle, j'ai appris tout ce qui pourrait me servir pour travailler au port (sténo, dactylo, comptabilité). Mon frère Einar avait un poste pour moi, pour travailler dans une compagnie assurant la ligne régulière entre Le Havre, Cherbourg, Granville, la côte nord de la Bretagne. Einar a fait toute sa carrière au Havre au siège de la compagnie et moi je suis restée à Saint-Brieuc. Au moment de la guerre, les liaisons maritimes ne fonctionnaient plus et j'ai dû trouver un autre emploi, comme surveillante à l’École Normale de filles, boulevard Lamartine de 1939 à 1941. Les troupes allemandes ayant réquisitionné le bâtiment, je suis retournée au Légué, chez mes parents."


La rencontre avec mon futur  mari, une histoire protestante
"Au Temple, je fais la connaissance de Jean Hück dont les parents habitent Sainte-Barbe, entre Plouëzec et Kérity, à côté de Paimpol. Son père fait partie de l’Église évangélique. Dans leur maison à Sainte- Barbe, ils ont une petite salle indépendante où ils font les réunions protestantes. Plus tard, au temple, Jean s'occupera de l'école du dimanche.
Jean a fait des tas de métiers différents et puis il est devenu secrétaire comptable chez un ingénieur, protestant également, M. Ernest Prigent.  Ce dernier a lancé la fabrication d’agglomérés de construction polis, ne nécessitant pas de crépi. Quand son fils, Pierre, a fait sa thèse, il m'a demandé de lui taper sur ma machine à écrire".


En partant de la droite, 1er rang, la soeur de Jean, Jean Huck, accroupie avec un bébé, Solveig Hansen.


Solveig et Jean Huck. Photo Solveig Hansen


La solidarité entre protestants 
"En 1927-1928, mes parents ont attrapé la typhoïde ; tous les enfants et une amie galloise qui passait l’hiver chez nous, on a été hébergées par la famille Scarabin qui avait une maison dans la rue à côté du temple de St Brieuc.
En 1942-1943, je travaillais chez un représentant en vin. Il m’avait envoyé à Paris. Comme nous avions eu de bonnes relations avec le pasteur Théophile Roux, je suis allée dormir chez lui à Meudon. Je me souviens qu’il est venu me chercher au métro avec une lanterne. Le matin Mme Roux m'a apporté une pomme à manger, posée dans une assiette, à éplucher avec couteau et fourchette !
En 43, quand je suis allé à la prison de Rennes, pour apporter un colis à toutes les personnes de ma famille qui avaient été arrêtées, je suis allée chez le pasteur faire une pause et on est revenu par le train dans la journée.
"


Les arrestations en 1943
"J’ai su après l’arrestation de mes parents que mon mari avait été arrêté en même temps chez M. Prigent. Ils avaient pris Erling chez lui, le pasteur Crespin, Einard chez M. Le Bigot et mes parents.
Mais là il y a une petite histoire  humoristique : du fait que c’était la guerre, on avait une chèvre, il fallait du lait pour le troisième enfant de mon frère. Mes parents et ma belle-sœur avaient acheté une chèvre et c’est ma mère qui la trayait. Ma mère partie, ma belle-sœur et moi on ne savait pas ce qu’on allait faire.
Deux soldats allemands étaient restés fouiller la maison quand mes parents étaient partis. C’est l’un d’eux qui a trait la chèvre
Il y en a un qui a fouillé la maison, c’est ma belle-sœur qui était chargée de la visite. Ils sont allés au grenier, ils sont allés dans le jardin. Je savais que mon jeune frère Thorleif avait caché un vélo allemand dans le grenier. Il y avait un ceinturon dans un faux fond d’un tiroir d’une armoire. Il y avait un pistolet enterré dans le poulailler.
Pendant que ma belle sœur faisait faire le tour, moi j’étais en train de prier parce que je ne savais pas ce qui allait en résulter !
Mais ils n’ont rien vu car ils allaient avec autre chose dans l’idée. Ils voulaient trouver un poste radio pour émettre vers l’Angleterre…"


✋ Trois vidéos ont été réalisées ce 19 novembre 2019 et elles sont accessibles avec les liens ci-dessous mais il faut ouvrir un compte Viméo.

Extrait 1 L'arrestation des membres de la communauté protestante en 1943

Extrait 2 Le voyage jusqu'à la prison de Rennes en 1943 pour apporter des colis 

Extrait 3 La perquisition de la maison de la famille Hansen au Légué


✋ Une vidéo a été réalisée le 10 décembre 2019 et elle est accessible avec le lien ci-dessous (avoir ouvert un compte Viméo pour la visionner).
Extrait 4 La période où exerçait le pasteur Yves Crespin 



Document : Le début de la guerre
Au départ de Daniel Manac'h, Einar et Erling Hansen en juillet 1939,  Solveig Hansen a écrit un texte dans ce moment où l'histoire semble basculer dans le chaos :





"Septembre 1939. C’est la guerre !
Erling et Einar doivent partir ainsi que Daniel Manac’h qui est avec nous au Légué. Nous sommes dans la cour et avant le départ, Daniel lit le psaume 121.
Je lève les yeux vers les montagnes
D’où me viendra le secours ?
Le secours me vient de l’Éternel
Qui a fait les cieux et la terre
Il ne permettra pas que ton pied chancelle
Celui qui te garde ne sommeillera pas
Voici, il ne sommeille ni ne dort
Celui qui garde Israël
L’Éternel est celui qui te garde
Il est son ombre et sa main droite
Pendant le jour, le soleil ne frappera point
Ni la lune pendant la nuit
L’Éternel le gardera de tout mal
Il gardera ton âme
L’Éternel gardera ton départ et ton arrivée
Dès maintenant et à jamais.

"C’est un psaume qui m’a suivi jusqu’à ce jour." 11 avril 2017 et 14 mai 2023.



Un article de Ouest-France du 4 juin 2016.


Solveig Huck, résidente à l'Ehpad des Ajoncs-d'Or à Plérin, affiche une forme détonante. Un peu étonnée d'avoir franchi le cap du siècle, elle raconte sa vie avec une mémoire intacte.

"Je suis née au Légué, le 23 mai 1916, de parents norvégiens. J'avais deux frères, un troisième est arrivé neuf ans plus tard. Mon père était comptable chez les courtiers maritimes du port, maman nous élevait. À 17 ans, j'ai quitté le lycée pour passer huit mois dans une famille au Pays de Galles. À mon retour, j'ai appris la sténo, la dactylo, la comptabilité. J'ai travaillé avec mon frère qui était agent dans une compagnie maritime au Havre.

Quand la guerre est arrivée, le trafic maritime s'est interrompu. Je suis devenue surveillante à l'école normale des filles. Puis les Allemands ont occupé la place, les élèves ont été hébergées chez l'habitant. Je suis retournée au Légué, et je me suis mariée en mars 1943. Le 2 novembre de cette année-là, mon mari, mes parents et mes frères ont été arrêtés par la Gestapo et emprisonnés à Rennes. Ils sont revenus une semaine avant Noël, sauf mon frère aîné, parti à Buchenwald : c'était le docteur Hansen, bien connu des Briochins et des Plérinais de l'époque.
Le 26 décembre 1943 naissait ma première fille. Deux autres filles ont suivi, en 1945 et 1946, Etienne, le futur potier, a pointé le nez en 1952, et Sigrid a clos la série trois ans après. En 1959, mon mari a pu acheter une charge de courtier maritime. Mais, hélas, il décéda quatre ans plus tard. J'ai eu la chance de pouvoir prendre sa suite et de travailler jusqu'à ma retraite.
En 2013, je suis rentrée aux Ajoncs-d'Or. Je m'y sens bien, j'ai beaucoup d'activités comme l'atelier tricot et la couture. Je lis beaucoup. Mes enfants m'invitent le dimanche, je passe une heureuse vieillesse. Et ma famille vient de s'agrandir : j'ai aujourd'hui dix petits-enfants et dix arrière-petits-enfants ! »

 
Le 18 août 2018, autre article dans Ouest-france pour ses 102 ans !
Solveig Hück, cent ans de mémoire du Légué

À 102 ans, Solveig Huck a vécu 98 ans au Légué. Elle y a exercé différents métiers, a vu l’évolution du port. Et a toujours gardé un lien avec la mer.
De l’arrivée des voitures à charbon à la réfection du port, en passant par l’occupation allemande, la vie de Solveig Huck s’entremêle avec celle du Légué. Elle y a vécu 98 ans.
À aujourd’hui 102 ans, quelques noms d’anciennes connaissances commencent à lui échapper. Mais le regard est encore clair et les gestes, vifs.
« Quand mes parents se sont installés, vers 1920, la maison n’avait pas l’eau courante. Alors mon père a installé une pompe, et a monté le tuyau jusqu’au grenier ! »

Un an à l’étranger

C’est dans cette maison qu’elle a vécu toute sa vie. Et c’est dans cette même maison qu’habite, encore aujourd’hui, l’un de ses cinq enfants.
Dans les années 1930, alors qu’elle a 18 ans, elle quitte pourtant le nid familial. « Je suis partie en Angleterre pendant neuf mois, pour apprendre la langue. Et j’ai passé l’été en Norvège » sourit-elle. Rien d’exceptionnel pour elle, dont les deux parents sont norvégiens.
À 21 ans, après un passage à l’École normale, elle commence à travailler pour le savon Briochin. Puis elle commence à travailler « aux bassins » avec son frère.
« C’était du cabotage entre Morlaix et Le Havre. On recevait beaucoup de café vert ! se souvient-elle en tapant doucement du poing sur la table. Il fallait payer pour venir récupérer les marchandises. »
Mais tout change en 1939. « Avec la guerre, il n’y avait plus de bateaux. Je suis devenue pionne à l’École normale pendant deux ans, avant que le bâtiment ne soit réquisitionné par les Allemands… »
Jusqu’en 1943, elle travaille alors pour un représentant de vins. « Je me déplaçais souvent en train, avec mon vélo. C’est pour ce métier que j’ai appris à en faire, à 25 ans ! D’ailleurs, il y avait une gare au Légué, côté Plérin, juste sur la place. »

Un commerce transformé

Un soir, en rentrant, elle trouve la maison vide. « C’était le 1er novembre 1943. Mes parents étaient sur le pas de la porte. Je n’ai même pas eu le droit de les embrasser. » Son frère est déporté à Buchenwald. Il en reviendra, en mai 1945.
Avec la fin de la guerre, Solveig Huck continue de travailler comme commissionnaire agréée en douane. « Ah, j’en ai dédouané des 2 CV ! Il y en avait beaucoup qui venaient d’Algérie, au moment du rapatriement ! »
Une partie des marchandises est encore, à ce moment-là, stockée à la maison du Bosco, une ancienne maison d’armateur, qui sert aujourd’hui de local à l’association du Grand Léjon. Mais presque plus rien n’arrive par bateau.
À la mort de son mari, elle passe l’examen pour devenir courtier maritime, alors qu’elle a 47 ans. Elle prend sa retraite à 61 ans.
Des vies multiples, dans un endroit qu’elle affectionne. Et peu de doutes concernant le futur du Légué. « C’est vrai qu’il y a encore peu de temps, le port périclitait. Chaffoteaux est parti, les dockers ont disparu… Les maisons étaient abandonnées. »
Aujourd’hui, le lieu a retrouvé des couleurs. « Ce ne sont pas les mêmes activités. Les déchargements se font plus vite, on reste moins longtemps… Mais le Légué continue à vivre. C’est ça qui compte. »


Liens

Article dans ce blog sur Oscar Hansen, cliquer ici

Sources

De nombreux éléments de l'histoire de Solveig Hansen ont été recueillis lors d'entretiens à Plérin en 2019, 2020, 2023. Les photos viennent d'un album souvenir offert par ses enfants et petits-enfants.

Les archives de Ouest-France et du temple protestant ont également été utiles.

Retour au sommaire, ici 




Transfert d'archives protestantes aux archives départementales des Côtes d'Armor. Juin 2024

Marion Bizien des AD22 et Agnès Pascaraut, pasteure. 12 juin 2024 Photo RF

Le contexte. 2022-2023

L'histoire de la communauté protestante réformée était déjà connue par le public au travers d'un site internet. Les Archives départementales 22 (AD22) l'avaient mentionné dans leur portail depuis les années 2020.

Copie d'écran du site des AD22.
 

La donation aux Archives départementales 22 (AD22) de nombreux documents historique est issue d’une réflexion en 2022-2023, à l’occasion de travaux prévus en 2024 dans le temple de l'Église Protestante Unie de France de Saint-Brieuc située rue Victor Hugo. C’est aussi une volonté de regrouper les documents sur l’histoire protestante locale, de les conserver dans de bonnes conditions, de les mettre à disposition des chercheurs et de les valoriser.

D'autres archives départementales (et donc de nombreux passionnés d'histoire) ont bénéficié ces dernières années de l'apport de documents venant de communautés protestantes comme par exemple dans le Pas-de-Calais, dans l'Hérault ou en Moselle.

 


Les AD22 ont été contactées par Richard Fortat début janvier 2023, pour leur faire part de cette possibilité de transfert.  Après avoir commencé un travail collectif
s'appuyant sur un travail effectué par Magali Lenot et Agnès Chevalier, Richard Fortat a géré le classement du fonds, à raison d’une matinée par semaine pendant 5 mois. Ce travail a permis de prendre la mesure de la richesse du fonds et des échanges réguliers ont eu lieu avec les AD22 sur le plan de classement.

Le Lien, mai 2023. Bulletin de la paroisse protestante

 

Une visite et rencontre. 2023

Le 2 juin 2023 plusieurs personnes étaient présentes  au Temple protestant de Saint-Brieuc:
- Magali Lenot, présidente du conseil presbytéral.
- Hervé Stücker, pasteur de la communauté protestante unie costarmoricaine de 2018 à 2023.
- Richard Fortat,  chercheur en charge du classement des archives au Temple.
- Marion Bizien, Archives départementales 22.

Pour les AD22, il s'agissait alors de voir les documents et d'en vérifier l’état matériel et sanitaire. 


Présentation du fonds
Le fonds de l’Église Protestante Unie de France des Côtes-d’Armor est composé de documents concernant la constitution de chaque église (Saint-Brieuc, Perros-Guirrec, Lannion, Locquémeau), ses biens, son personnel, son organisation et son activité mais aussi des registres de baptêmes, mariages, inhumations du début du XXe siècle.

La volumétrie estimée est de 3 mètres linéaires (liste complète en bas d'article).

Ce fonds complétera notamment la série I- fonds divers se rattachant aux archives ecclésiastiques (dont l’état civil protestant très lacunaire) et la sous-série 1 E-dépôt avec quelques documents relatifs à l'état civil protestant pour Guingamp et Plénée-Jugon, ainsi que les fonds 1 J 42 et 1 J 138 relatifs au pasteur Yves Crespin. Tous les numéros du bulletin paroissial Le Lien seront aussi intégrés dans ce fonds.

Une convention de don a été signée. Les délais de communicabilité des documents les plus récents seront encadrés selon les restrictions habituelles de protection de la vie privée La réutilisation de données historiques sera possible dans le cadre de la recherche et de la valorisation scientifique.

 

Le transfert, 12 juin 2024

Agnès Pascaraut et Richard Fortat ont assuré le transport des archives du temple jusqu'aux archives départementales où ils ont été accueillis par Marion Bizien le 12 juin 2024. Une visite complète des locaux a permis de comprendre tout le soin qui est apporté aux documents confiés aux AD22 (traitement des papiers, qualité de conservation, travail d'équipe pour le classement etc.).

Marion Bizien des AD22 et Agnès Pascaraut. 12 juin 2024 Photo RF


Perspectives
Un travail de reconditionnement des archives dans du matériel de conservation adapté sera effectué (pochettes de papier neutre, boîte ignifugée).  La normalisation des descriptions, ainsi qu'une indexation répondant aux normes archivistiques, seront menées sur l'instrument de recherche réalisé par Richard Fortat en amont. Cet instrument de recherche sera ensuite disponible sur le moteur de recherche des Archives départementales et à terme sur le portail national des archives France Archives.

Ce fonds est susceptible d'intéresser des universitaires et des chercheurs en histoire, y compris hors de France (ex : documents rares sur les inhumations de soldats protestants allemands à Saint-Brieuc en 14-18 ; ), des étudiants en théologie (très riche documentation sur les prédications du pasteur Manac'h et d'Erling Hansen), des classes travaillant sur la Résistance (Pasteur Crespin)...

Registre de la paroisse protestante. Photo RF

Dans le registre de la paroisse, soldats allemands inhumés par le pasteur Roux.

Ci-dessous, dans cette thèse sur la lutte antialcoolique menée par les femmes figurent des informations provenant de documents de l’Église protestante de Saint-Brieuc relatives au rôle de Mme Whelpton, épouse du pasteur Whelpton. Les informations avaient été transmises par R.Fortat et dorénavant elles seront directement accessibles aux AD22.

Thèse de Victoria Afanasyeva. Photo RF Mars 2023


Le but est aussi de créer une dynamique pour que d'autres dons puissent être effectués. Ainsi un petit Fonds Georges Bessis, Résistant et déporté a pu être constitué grâce aux documents (photos, écrits, carnet manuscrit) remis
en mai 2024 par Jean-Luc et Noëlle Bessis (fils et fille de Georges Bessis). Ce carnet est en cours de transcription pour en favoriser la lecture.

Le carnet de Georges Bessis. Photo RF

D'autre part, en mai 2024, des contacts ont été pris avec le Musée de Saint-Brieuc où sont conservés des documents du pasteur Crespin qui pourraient être regroupés aux AD22.

On peut penser que dans le cadre d'expositions, de conférences ou de colloques, différents éléments de ce fonds seront très facilement utilisables pour être présentés au public dans des vitrines ou reproduits sur des panneaux.

Pour toutes ces raisons, ce choix est vraiment celui de l'avenir.

"Grâce à cette démarche, c'est une mémoire de notre communauté qui est préservée et surtout une source pour le plus grand nombre pour les années à venir... je dirais presque "pour les siècles à venir"... 

Pasteur Hervé Stücker, Rennes 18 juin 2024

 

 La liste complète est à découvrir en bas de l'article...

 

Si vous avez des remarques ou des documents à partager dans le cadre de ce fonds aux Archives, merci d'utiliser le formulaire de contact.

 

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Église Protestante Unie de France de Saint-Brieuc-Perros-Guirec.
Dates extrêmes 1900-2000

 

Le classement a respecté l’homogénéité de ces fonds.

1. Registres de baptême, mariages, inhumations.
1.1. Saint-Brieuc
1.1.1 Registre des baptêmes, mariages, ensevelissements. Saint-Brieuc. 27 décembre 1908-28 août 1938
1.1.2 Registre des baptêmes et présentations, mariages. Saint-Brieuc. 1939-1969     
1.1.3 Registre des inhumations Saint-Brieuc. 1939-21 septembre 1996

1.2. Lannion
1.2.1 Registre des baptêmes. Lannion. 1920-1954
1.2.2 Registre des mariages. Lannion. 1926-1969
1.2.3 Registre des inhumations. Lannion. 1921-1969

1.3. Perros-Guirec
1.3.1 Registre des inhumations Perros. 1932-21 septembre 1982
1.3.2 Registre des mariages Perros. 1934-1980


2. Administration générale
2.1 Conseil presbytéral
2.2 Diaconat
2.2.1 Cahier des travaux du diaconat. Mars 1963-26 février 1978
2.3 Association cultuelle
2.3.1 Statuts et constitution de l’association cultuelle. 28 mai 1906-20 janvier 1952
2.4 Lannion, courriers et correspondances, liste des membres, notes manuscrites du pasteur, courriers.1962-1969


3. Membres de la communauté.
3.1 Registre des membres, Saint-Brieuc, 28 mai 1906-1962
3.2 Coupons d’inscriptions à l’Eglise. 1933-1968
3.3 Liste des membres Lannion-Perros 1963-1973
3.4 Liste des membres Lannion-Perros 1978


4. Bâtiments
4.1. Chapelle et Temple Perros-Guirec
4.1.1 Chapelle en bois Perros : factures, courriers. 1916-1917
4.1.2 Temple Perros, factures des artisans, courriers, tract d’inauguration du temple. 1933. 1937
4.1.3 Construction d’une salle annexe à Perros, courriers avec la mairie et avec des entreprises. 1970-1974
4.1.4 Cinquantenaire Perros, articles de presse, tract. 1987

4.2. Temple de Lannion
4.2.1 Construction du Temple de Lannion, plans, courriers avec l’architecte parisien Henri Charles 1933, croquis, plans de l’église de la Villette du 11 décembre 1920, courrier de l’architecte H. Moreels d’Enghien-les-Bains, mémoire des travaux, factures d’entreprises. 1920-1931
4.2.2 Temple de Lannion: coupons de souscription, courriers en anglais pour la souscription, courriers avec le trésorier Théophile Roux, croquis, devis de l’architecte Jean Le Corre de Lannion, factures des artisans locaux. 1925-1933
4.2.3 Vente du temple de Lannion 1956-1969, délibérations, courriers

4.3 Temple de Loquémeau
4.3.1 Vente d’une partie du terrain,  police d’assurance 1937, courriers avec le notaire à propos de la vente, travaux d’artisans. 1926-1956

4.4. Temple d’Etables
4.4.1 Acquisition du terrain en 1952. Travaux de construction d’un bloc sanitaire en 1980, architecte, entreprises. 1952-2006



5. Finances et comptabilité
5.1 Mission bretonne
5.1.1 Finances Perros-Guirec-Lannion mission bretonne
5.1.2 Mission bretonne Perros-Lannion octobre 1910-1933.
Recettes et dépenses pour les différents temples et salles dans le Trégor, traitements des pasteurs, loyers, collectes, assurances.
5.1.3 Mission bretonne Perros-Lannion octobre 1928-1939
Recettes et dépenses pour les différents temples et salles dans le Trégor, traitements des pasteurs, loyers, collectes, assurances.

5.2 Finances Lannion-Perros et Trégor
5.2.1 Rapports annuels envoyés à la société centrale d’évangélisation. Un seul document de 1918 (Eglise évangélique méthodiste de France) puis à partir de 1947, rapports à la société centrale d’évangélisation. Pasteurs Roux, Marquer, Kieffer. 1918-1966
5.2.2 Collectes à la chapelle Perros 1919-1940
5.2.3 Recettes et dépenses pour Perros et les différents temples et salles dans le Trégor, traitements des pasteurs, loyers, collectes, assurances. 1925-1940
5.2.4 Recettes et dépenses pour les différents temples et salles dans le Trégor, traitements des pasteurs, loyers, collectes, assurances. 1925-1948 (classification à vérifier)
5.2.5 Bordereaux trimestriels, statistiques, courriers des pasteurs Whelpton, Arnal, Raspail. 1933-1939
5.2.6 Comptes des dépenses envoyées à la Société centrale. Recettes et dépenses pour les différents temples et salles dans le Trégor. 1940-1948
5.2.7 Comptes de Perros-Guirec et Lannion. Recettes et dépenses. 1940-1949
5.2.8 Dépenses Perros-Guirec 1948-1950


6. Vie des églises
6.1 Aumônerie des prisons
Documents concernant le travail d’aumônier dans la prison de Saint-Brieuc des différents pasteurs. Autorisations, courriers avec les services pénitentiaires. Articles de Ouest-France sur le milieu carcéral à Saint-Brieuc (30 décembre 1969, 2 janvier 1970). 1950-1971
6.2 Association familiale protestante. Cahier de comptes de l’association, bulletin de l’association 1957, convocations à des assemblées générales, conférence du professeur Dumas le  15 novembre 1969 « Morale et contraception » 1957-1970
6.3 Les missions évangéliques en Bretagne : circulaires, courriers. 1961-1970
6.4 Formation des prédicateurs laïcs et liste des prédicateurs locaux. 1962-1974
6.5 Organisation des cultes d’été à Perros, Etables, Saint-Brieuc. Correspondances pour trouver des pasteurs disponibles en été pour venir assurer les cultes dans les temples de Perros, Etables, Saint-Brieuc. 1967 et 1971.
6.6 Dossier œcuménisme comportant des courriers préparatoires à des réunions publiques avec les catholiques, courriers avec l’évêque, revues sur l’Unité des chrétiens, articles de Ouest-France. 1969-1971
6.7 Documents sur la présentation du temple de Perros en anglais, allemand, néerlandais.
6.8 Document de Jean Favier sur les « postes d’été » avec Etables et Perros-Guirec. 2003-2005
6.9 La Croix-bleue, la lutte antialcoolique 1923
6.10 Documents concernant deux expositions à Saint-Brieuc 1959 et 1965
Extraits de journaux, courriers, factures d’imprimerie.
6.11 Documents de préparation pour l’exposition de 1965. Contient des exemplaires de revues anciennes : La foi bretonne 14 janvier 1868, Le christianisme au XXe siècle 3 mars 1944, Réforme 31 mars 1945, Réforme 7 avril 1945, Réforme 28 décembre 1946, Bulletin d’information de l’ERF décembre 1958, Réforme 25 décembre 1965, Le protestant Atlantique, novembre 1966. Carte d’implantation des foyers protestants en Bretagne Nord en 1965.
6.12 Partitions : Nouveaux Noël pour orgue et harmonium, Charles Collin, organiste de la cathédrale de Saint-Brieuc ; Grieg, édité au Danemark ; Méthode spéciale d’harmonium ; 200 pièces brèves pour orgue et harmonium ; Chopin.
6.13 Propositions d’articles de la paroisse de Lannion Perros pour la publication « Le protestant de l’Ouest » 1976-1978 et documents du Consistoire de Bretagne 1978
6.14 Journal Le Lien, documents de l’équipe de rédaction, courriers, étiquettes des abonnés. 1972-1995



7. Dossiers personnels de pasteurs (délais relatifs à la protection de la vie privée 50 ans)
Dans ces dossiers figurent des photos personnelles, des courriers, des notes manuscrites, des prédications manuscrites, des livres, des brochures.

7.1 Pasteur François Manac’h, en poste de 1924 à 1950
7.1.1 Testament Nevez (Nouveau testament en breton, traduction du pasteur Le Coat 1893, fonds du pasteur Manac’h de Prerros). 1893
7.1.2 Lukas. Evangile selon Saint Luc en breton.1927
7.1.3 Mark. Evangile selon Saint Marc en breton. 1927
7.1.4 Ian. Evangile selon Saint Jean en breton. 1927
7.1.5 Dossier sur le pasteur Barnabas, église de Cantorbery. 1928
7.1.6 Publications conservées par le pasteur Manac’h, 1928-1937
7.1.7 Collection du bulletin Le Trait d’Union. Paroisse d’Anduze. Le rédacteur du bulletin est Daniel Manac’h, fils du pasteur François Manac’h de Perros-Guirec. 1931-1936
7.1.7 Cahier de textes et poésies choisies, recopiées à la main. François Manach 1935
7.1.8 Boite archives de la famille Manach. L’ensemble comprend des photos familiales, des articles de presse, des courriers, des brochures, des documents de préparation des fêtes de Noël, un carnet de colportage, un cahier d’études (Le Havre). 1937-1987
7.1.9 Prédications manuscrites du pasteur Manac’h, certaines sont datées 1939, 1945…
7.1.10 Cahier de chants recopiés à la main avec partitions. François Manach 1941
7.1.11 Carnet de prières du Pasteur François Manac’h. Début ?- Fin en 1969

7.2 Marcel Raspail, en poste de 1933 à 1936
7.2.1 Texte manuscrit sur l’évangélisation à Lannion et Perros 1936
7.2.2 Historique de l’Eglise protestante de Saint-Servan, par le pasteur Raspail, fac-similé, 1947

7.3 Pasteur Crespin et famille Crespin, en poste de 1937 à 1943.
Une photo originale du pasteur Crespin. Texte de deux pages, tapé à la machine par le pasteur Crespin, daté du 15 octobre 1938 et expliquant les modifications apportée par l’adhésion récente à l’Eglise Réformée de France. Lettre de Jean Crespin, Draveil 7 juillet 1969. Prédication de Pierre Charlot ( ?) le 17 avril 1994 pour le culte de commémoration du 50e anniversaire de la disparition du pasteur Crespin. Lettre de M et Mme Rémy Crespin, Saint-Hilaire de Bethmas, 26 juillet 1997. Lettre manuscrite de Jeanine Crespin adressée à Erling Hansen, 19 mai 1998. 1938-1998

7.4 Erling Hansen (1909-2008), prédicateur laïc après 1945
7.4.1 Prédications manuscrites.
Cet ensemble est composé de prédications manuscrites destinées à être lues ensuite lors des cultes du dimanche à Perros, Etables, Le Val André ou Saint-Brieuc. La plus ancienne date de 1945 au retour des camps de concentration où Erling Hansen avait été envoyé.
Le dos des écrits est parfois intéressant (papier à en-tête de l’église protestante ou du cabinet du docteur Hansen.
Certaines prédications sont réutilisées des années plus tard et les deux dates figurent en haut à droite du document. Des notes personnelles indiquent parfois le contexte (exemple : sermon sur le désarroi du 29 septembre 1946 contextualisé avec la guerre 39-45, Mort du Général de Gaulle). 1945-1979
7.4.2 Dossier Hansen comprenant :
Autorisation d’exercer comme prédicateur, ainsi qu’à M. Bourgenot, 1971. Des correspondances, des notes manuscrites ou tapées à la machine pour la préparation du conseil d’administration en 1971, pour l’assemblée générale de l’Eglise le 6 mars 1977. Texte de dix pages, tapé à la machine, par dans le journal Le Lien en 1975 et retraçant l’histoire du Méthodisme dans les Côtes-du-Nord.
Texte manuscrit de treize pages sur le cheminement spirituel d’Erling Hansen au moment de sa demande de retraite du conseil presbytéral en décembre 1987. Assemblée Générale de 1997. Cartes d’invitation à des cérémonies commémoratives, articles du docteur Hansen sur l’histoire de la communauté et du méthodisme dans la revue « Notre Lien » en 1995. Texte de deux pages sur les questions de l’immigration et du génocide en 1997. Trois cartons écrits au moment de la venue de Paul Ricoeur à Saint-Brieuc en novembre1998. 1971-1998
7.4.3 Ensemble de 194 pages de notes manuscrites d’Erling Hansen visant à écrire une histoire de la communauté protestante de Saint-Brieuc-Perros-Lannion à partir des registres conservés au Temple. 1997

7.5 Pasteur Paul Marquer, en poste en 1947
Circulaires tapées à la machine à écrire, une affiche des cultes à Saint-Brieuc et Etables. Echanges de courrier entre le pasteur Paul Marquer et M. Hickel 1955

7.6 Pasteur Jean-Marc Kieffer, en poste de 1960 à 1971
7.6.1 Ordination du pasteur Kieffer, petite salle de Robien, articles de presse : Rencontre des Eglises protestantes à St Brieuc novembre 1962, Herbert Roux à St Brieuc en 1963… 1962-1963
7.6.2 Correspondances du pasteur Kieffer 1960-1967
7.6.3 Documents du pasteur Kieffer 1963-1964 (préparation de célébrations, feuille d’information Le Petit lien)
7.6.4 Voyages à Guernesey 1963-1970 (notes personnelles, préparations et compte-rendu de rencontres et cultes avec les pasteurs de Guernesey, brochures des paroisses de Guernesey, brochure sur le circuit 1970 avec la liste de tous les intervenants, liste des souscripteurs de Guernesey en 1966)
7.6.5 Pasteur Kieffer 1967-1970 (organisation des cérémonies de la Toussaint, du 11 novembre, courriers avec les autorités civiles)
7.6.6 Correspondances du pasteur Kieffer 1969-1971

7.7 Pasteur Le Cozannet, en poste de 1977 à 1985
Dossier sur le catéchisme 1975-1985

7.8 Pierre Charlot, co-responsable de l’Eglise avec le pasteur en 1993-1994
Correspondances au sujet de M. Duhamel 1993-1994


8 Publications : ouvrages, brochures
8.1 De l’Unité de l’Eglise Chrétienne (Doctrine Paulienne). Yves-Marie Crespin. 1933.  Nancy. Imprimerie Georges Thomas, 28 rue de Solignac. Le livre est dédicacé en première page par le pasteur Crespin, pour la paroisse avec la mention : « En souvenir des bons moments passés ensemble ». 1933

8.2 Hygiène spirituelle. Thèse présentée au Synode de l’Eglise Evangélique Méthodiste par Daniel Manac’h en juin 1933.

8.3 Le culte raisonnable. Karl Barth, éditions « Je sers » Paris, 1934. Livre ayant appartenu au pasteur Yves Crespin, retrouvé dans la bibliothèque des pasteurs du presbytère du Temple. 1934

8.4 « Enseigne-nous à prier ! » Jésus et la prière, éditions La Cause, C-E Babut. Mention en première page : Yves M. Crespin. 1930


8.4 Collection des actes des synodes nationaux 1951-1984

8.5 Album réalisé par le docteur Erling Hansen, présenté comme une histoire de la paroisse protestante de Saint-Brieuc. Il s’agit surtout d’une suite de courtes biographies illustrées de photos des pasteurs venus dans les Côtes d’Armor de 1904 jusqu’à 1997. Erling Hansen était le seul paroissien à avoir connu tous ces pasteurs et possédait par sa famille et lui-même des photos personnelles des uns et des autres. L’album est dédicacé par Erling Hansen en première page, pour la paroisse, le 31 décembre 2001. Cet album est complété par les documents préparatoires à cet ouvrage, ils ont été imprimés ou existent sous forme informatique (disquettes et clef Usb) 1997-2001

8.6 Documents originaux utilisés par le docteur Erling Hansen pour créer son album illustré  de l’histoire de la paroisse protestante de Saint-Brieuc. Le dossier contient des photos des pasteurs ayant exercé dans les Côtes d’Armor et des textes. 1997-2001

8.7 Essai sur l’histoire des Eglises réformées 1535-1808. Brochure du professeur B. Vaugirard, pasteur. 1870. Analyse de cet ouvrage par le professeur René Tostivint.

8.8 Brochure : Etre chrétien, Eric Fuchs, 29 pages dactylographiées. 1965

8.9 Ensemble d’ouvrages en breton : Ar Bibl Santel 1897, mission de Trémel (22) pasteur G. Ar Choat (Le Coat), 1068 pages, avec des prospectus de l’association des auditeurs bretons de la R.T.F ; Testament Nevez, 1893, mission de Trémel pasteur G.Ar Choat (Le Coat), 470 pages, avec une image sainte en breton ; petits fascicules avec les Evangiles de Lukas, Ian, Mark, 1927, édition Trinitarian Bible Society de Londres. 1893-1927

8.10 Hygiène spirituelle. Thèse présentée au synode de l’Eglise Evangélique Méthodiste par Daniel Manach, juin 1933.
 

8.11  Première version de l’ouvrage Un chrétien dans la Résistance. Le pasteur Yves Crespin. 1906-1944. Richard Fortat. Corrections manuscrites effectuée par Sophie Bertho. 2019
8.12 Deuxième version de l’ouvrage Un chrétien dans la Résistance. Le pasteur Yves Crespin. 1906-1944. Richard Fortat. Corrections manuscrites effectuée par le comité de lecture des éditions La Cause. 2019

8.13 Une dynastie de Huguenots bretons, la famille Gouyon de la Moussaye, Pierre Charlot

9 Fonds photographique
9.1 Photos originales de pasteurs, à noter en particulier Henry Whelpton 1929, Scarabin, François Manac’h, Daniel Manac’h, pasteur Orange, Elie Vidal 1948, pasteur Marquer 1948, pasteur Barre, Pierre Charlot, Mentzel, Kieffer, André Cottenceau, Caroline Engel… 1929-2003
9.2 Photos : groupe de scouts protestants devant le temple de Saint-Brieuc, 1947 ; photo de la famille Marquer ; Mariage de Jean Hydriol et Françoise Ayello en 1955 ; le temple rue Victor-Hugo, rue Victor Hugo en 1962, photo de Michel Dhainaut ; rencontre œcuménique  (Hansen, Fruchaud, Kerpezdron, Engel, Loisel). 1998. 1947-2003


Notes :
Mme Verton, une ancienne paroissienne, a donné de nombreux livres anciens (Bibles)










mercredi 12 juin 2024

Des protestants forains et tziganes dans les Côtes d'Armor

 

Symbole de la Mission tzigane Vie et lumière

Au début du XXe siècle, parmi les non sédentaires, il n'y a pas eu beaucoup de marchands forains à devenir protestants dans les Côtes-du-Nord (devenues Côtes d'Armor en 1990). Tout au plus peut-on citer Madame Robert, marchande foraine à Guingamp, adhérente de la paroisse protestante de Saint-Brieuc en 1937 et Romain Mouton membre de l’Église protestante de Saint-Brieuc en 1929 et 1930. Par contre, dans la deuxième partie du XXe siècle, le courant évangélique a su rassembler des personnes issues du monde tzigane.


Le père Mouton, protestant à Saint-Brieuc.


Le Père Mouton en 1939

Romain Mouton (1850 Lafrançaise-1941 Saint-Brieuc) était au départ directeur de cirque et de théâtre ambulant. Dans les années 1920-1930, Romain Mouton était une personnalité singulière de la ville de Saint-Brieuc où il s'était installé en 1915 et où il tenait une baraque à frites, avec sa femme, dans le square devant la Gare. C'est pourquoi il avait fait l'objet d'un premier article de F. Geffrain dans l’édition du 23 janvier 1937 de Ouest-Eclair.

Monsieur Romain Mouton était alors âgé de 87 ans et on apprenait qu’il était le troisième de neuf enfants élevés dans le cirque. Il n'avait pas appris à lire, ce qui ne l'empêcha pas d'apprendre tous les rôles du répertoire théâtral dans des registres différents comme la comédie, le drame ou le mélodrame.

Il eut une vie bien remplie : acrobate, comédien, artiste de cinéma, écuyer, dresseur d'animaux, professeur de gymnastique, commerçant...

Romain Mouton avait aussi sa petite philosophie de la vie :

"J'ai tout fait mais j'ai oublié de faire fortune ! "

"Les gens ne comprennent pas assez ces paroles sublimes : Aimez-vous les uns les autres". 

Cette dernière phrase sur l'amour de son prochain montre l'attachement de Romain Mouton aux valeurs chrétiennes. Il n'est donc pas si étonnant que cela de trouver son nom comme membre de l’Église protestante de Saint-Brieuc en 1929 et 1930, alors qu'il avait atteint les 80 ans. Cela explique la mention suivante portée sur le registre : 

"M. Mouton, confiserie de la Gare, vieillard, vient peu".

Registre 1930. Paroisse protestante de Saint-Brieuc.

On n'en sait malheureusement pas plus sur la manière dont Romain Mouton est venu au protestantisme et ce qu'il a pu y trouver...Son affiliation est peut-être en lien avec son lieu de naissance, Lafrançaise dans le Tarn-et-Garonne, une ville protestante dont la bastide fut mise à sac pendant plus de 75 ans par les catholiques.

Un article complet sur Romain Mouton est à retrouver sur un autre blog, en cliquant ici

Romain Mouton fait figure d'exception dans le monde forain beaucoup plus porté vers le catholicisme. Pour évoquer ce lien entre les familles de forains et l'église catholique, on peut localement prendre l'exemple des familles Watrin, Audroin, Figuier, toutes bien connues à Dinan, Saint-Brieuc, Paimpol et Guingamp où ils se déplaçaient chaque année pour les fêtes foraines. En juin, les enfants de ces familles effectuaient leur communion solennelle et leur confirmation à la chapelle de Nazareth à Saint-Brieuc où un prêtre était spécialement affecté à la mission auprès des industriels forains.

Confirmations juin 1961 Ouest-France


Les protestants évangéliques pentecôtistes du monde tzigane.

Dans le département des Côtes-du-Nord, la présence de Tziganes, se déplaçant au gré de leurs rassemblements, est bien réelle. Traditionnellement, les membres de cette communauté se sentaient catholiques, avec une grande ferveur autour du culte de Marie (Pèlerinage des Saintes-Maries-de-la-Mer). Les temps ont changé après les années 1950, où le mouvement évangélique tzigane n’a cessé de prendre de l’ampleur, enregistrant 100 000 fidèles au début du XXIe siècle en France. La Bretagne n'a pas échappé à cette vague. 

Précisons que le pentecôtisme tzigane est un courant du mouvement évangélique où l’on retrouve l'importance du charisme personnel du prédicateur.
Les miracles y ont aussi une grande importance : ils ponctuent les cultes, les rassemblements. Ils peuvent se produire dans les moments forts de la vie de personnes en souffrance physique ou psychique. Les pentecôtistes ne cherchent pas à rassembler des faits scientifiques pour tenter d’établir la démonstration de guérisons inexplicables (ou de morts revenus à la vie). Ils estiment que ce sont simplement des manifestations du divin. Il ne faut pas s'étonner que les témoignages des « miraculés » ou de leurs proches alimentent le récit évangélique tzigane. 

Clément Le Cossec et Mandz Duvil

A gauche Le Cossec et à droite Duvil.
 

L’artisan de la création du mouvement évangélique tzigane est Clément Le Cossec, un breton, fils d’un gardien de phare. Pourtant rien ne le prédestine à cette mission, il exerce d'abord comme pasteur des Assemblées de Dieu (ADD) mais il ne connait pas du tout ce milieu. Sa rencontre avec Mandz Duvil, un Tzigane, sera déterminante. Il raconte lui-même cette histoire dans un numéro spécial de la revue Lumière du monde, publié en 1955 :

Mandz Duvil en chemise à carreaux.

En 1946, Clément Le Cossec fait pour la première fois la connaissance de Tziganes vivant dans leurs caravanes sur un terrain vague, à la porte de Béthune à Lille. En 1950, il rencontre la famille Duvil qui vient depuis peu à des rencontres évangéliques à Lisieux car Jacques, un fils de Mme Duvil, a été guéri par un pasteur évangélique. Encore sous le coup de l'émotion, Mme Duvil envoie une lettre à son autre fils Jean, surnommé Mandz, qui se trouve en Bretagne. Le Cossec fait alors sa rencontre. Mandz se convertit, ainsi que toute sa famille et il est pris en charge par un couple d’évangéliques qui prend en charge son instruction biblique. Mandz parcourt la Normandie, commence à son tour à évangéliser des membres de sa famille et des amis de la tribu Manouche.

Jean Nédélec et Mandz Duvil avant le départ d'une tournée Paris-Normandie-Nord

Il revient à Brest où il y retrouve Le Cossec engagé dans une mission l'évangélisation de la Bretagne, qui tient des réunions dans la salle du Nouveau Théâtre de Brest. Mandz s'ouvre à Clément Le Cossec du fait que les tziganes ne peuvent pas communier car ils ne sont pas baptisés.  Aucun prêtre ou pasteur ne veut accomplir ce rite car beaucoup de Tziganes ne sont pas mariés devant la loi mais selon leurs coutumes ancestrales. Le Cossec va au tribunal de Brest pour résoudre le problème administratif et l’autorisation du mariage est donnée à Mandz. Le mariage est célébré à Lambézellec (un quartier au nord de Brest) et Mandz obtient un livret de famille, tout comme les familles sédentaires. Les premiers baptêmes officiels peuvent avoir lieu en 1953, dans la mer, sur la plage de Saint-Marc. Ces baptêmes entraînent un changement de comportement de la part de ceux qui les ont reçus.

Brest 1954. Mandz Duvil est à gauche et Jean Nédélec baptise une personne

Mandz Duvil impose les mains quand on lui demande d’agir sur des malades ou des mourants. Des témoins affirment qu’il guérit alors miraculeusement des personnes à Saint-Brieuc et à Guingamp.

Mandz et Pounette devant leur roulotte.

En 1954, Mandz est désigné comme responsable par Le Cossec et prend la tête d’une cohorte de dizaines de roulottes qui sillonnent la Bretagne. Les différents responsables vont dans d'autres régions pendant ce temps-là.
Une salle est construite à Saint-Malo en août 1954 et elle est inaugurée lors d’un grand rassemblement tzigane. Et en septembre, c’est à Brest que se tient un nouveau rassemblement avec 500 personnes, puis sur le Champ-de-Mars, à Rennes en novembre. Voilà les débuts de ce mouvement où la Bretagne est au premier plan.

Il faut aussi revenir sur le récit qu’a fait Pounette, l’épouse de Mandz, à Clément Le Cossec. C’est un moment de prise de conscience pour Le Cossec de ce que le peuple Tzigane a enduré pendant la Seconde guerre mondiale : le 6 avril 1940, un décret interdit la circulation des nomades sur le territoire français. Pounette est à Morlaix, à ce moment-là, avec sa famille et d'autres Tziganes. Ils sont tous emmenés à la gare de Landerneau et passent par Quimper pour être enfermés dans le camp de Coray, à quelques kilomètres. Le 2 décembre 1941, les 213 internés du camp de Coray, dans le Finistère, sont transférés en wagons à bestiaux à Montreuil-Bellay dans le Maine-et-Loir. Ce camp d'internement, surveillé par la police française, était le plus grand camp d'internement pour "nomades" (Tziganes, forains, commerçants ambulants, clochards...) parmi les trente-et-un mis en place entre 1940 et 1946, qui ont regroupé plus de 6 500 personnes en tout.

Image Jacques Sigot.

Fort de toutes ces rencontres, Clément Le Cossec va structurer le mouvement. Tout d'abord, en 1952, il opte pour la charge de pasteur des tziganes .

En 1954, il fonde la Mission évangélique tzigane Vie et Lumière, et il en devient le président. Comprenant le caractère particulier du monde tzigane, il exerce comme pasteur itinérant. Il saisit aussi l'importance de devenir formateur de prédicateurs au sein des communautés dont il partage la vie, poursuivant son travail d’évangélisation sous un petit chapiteau. Ses premières promotions de pasteurs se déplacent en roulotte. 

Clément Le Cossec interrogé le 15 septembre 1992 dans Ouest-France

Le protestantisme qu'il va développer est d’inspiration pentecôtiste. Les baptêmes se font à l’âge adulte, en toute conscience. 

© Copyright Guy Le Querrec/Magnum Photos.
 

Ci-dessus, vue sur un homme assis sur une bicyclette; photographiant quatre personnes, sans doute des Tziganes du rassemblement de Brignogan qui se baignent.  16 août 1973 ; Finistère. Notice complète du Musée de Bretagne ici

Dans son numéro du 1er juillet 1957, la revue Études tsiganes mentionne pour la première fois le courant évangélique tzigane à l'occasion du grand rassemblement de Pontcarré (4000 personnes). Le premier rassemblement avait été organisé en 1951 et en 1955 il s'était déroulé à Saint-Jacques-de-la-Lande près de Rennes. Le pasteur Le Cossec écrit dans Libération du 28 mai 1957 : "Depuis 1951, nous avons organisé quatre pèlerinages nationaux pour enseigner les Tsiganes dans la doctrine de l’Évangile et les arracher de l’idolâtrie des saintes de la Camargue." De son côté, le 8 juin 1957 l'hebdomadaire protestant Réforme, titre "Jésus chez les Tziganes" et, sous la plume du pasteur A. Conord, écrit : "La foi qui règne dans ces coeurs simples est émouvante. La vie de ces hommes a été changée de fond en comble".

Études Tziganes 1er juillet 1957

Depuis 1967, les futurs pasteurs suivent un enseignement biblique, durant deux années, dispensé par des pasteurs confirmés dans leur propre école biblique installée à Nevoy, près de Gien dans le Loiret.

Le mouvement tzigane pentecôtiste a trouvé rapidement des soutiens dans le monde protestant en Bretagne. On peut citer en particulier Jean Rainaud, pasteur réformé à Brest ; Caradoc Jones, pasteur baptiste à Paimpol ; Guillaume Le Quéré et toute la mission baptiste de Trémel, dans les Côtes-d’Armor où certains Tziganes apprirent à lire. 

Mandz devant la caravane avec une bible à la main
 

Ce mouvement tzigane a des attaches particulières avec la Bretagne où se tiennent, en été, de grands rassemblements. C'est à cette occasion que Julien et Émile Meyer ainsi que Raymond Colombar, des prédicateurs pentecôtistes, sont interrogés dans Ouest-France le 21 mars 1973. 

21 mars 1973 Ouest-France

Les pasteurs pentecôtistes. 21 mars 1973 Ouest-France


Ils évoquent leurs difficultés du moment mais aussi les débuts du mouvement pentecôtiste tzigane à Lisieux en 1950 puis les premiers baptêmes par immersion complète à Saint-Marc, près de Brest, en 1954. Vers 1959, le pasteur Le Cossec et Mandz Duvil achètent des tentes et commencent leur mission d'évangélisation à travers la Bretagne.

Les communautés pentecôtistes tziganes sont structurées en Bretagne au début des années 70 par la famille Mandz Duvil-Reinhardt.

Ci-dessous, des prédicateurs dans les années 70 : Pinar Reinhard, Mandz Duvil, Clément Le Cossec, Mimi Douaire, Tutur Lagrenée, Chéféla, Carlou Reinhard

Photo revue Vie et Lumière 1975

Le mouvement est très actif dans le Finistère où la presse locale rend régulièrement compte des baptêmes par immersion et des grands rassemblements tziganes. Une photo est même publiée en première page de Ouest-France le 16 juin 1982.

Le baptême des gitans en première page de Ouest-France le 16 juin 1982



De grands rassemblements, des chapiteaux et des salles de prières.

Le département des Côtes-du-Nord (puis Côtes d'Armor) est régulièrement concerné par le mouvement évangélique tzigane  au travers des grands rassemblements qui peuvent s'y dérouler. Il ne faut pas se le cacher, le dialogue entre sédentaires et nomades n'est pas toujours parfait, le respect des droits et devoirs des uns et des autres a encore une bonne marge de progression et la presse ne manque pas de journaliser ces conflits...

Mais les Tziganes ne sont pas seulement de passage. Localement, ce mouvement évangélique regroupe des personnes issues du monde tzigane qui exerçaient à l’origine les professions de ferrailleur, rempailleur de chaises ou vannier. Avec le temps, beaucoup se sont sédentarisées et travaillent, par exemple, dans le milieu du bâtiment. Ces communautés bien implantées ont construit des salles de prières qui ont maintenant toute leur place dans le paysage du patrimoine religieux. Elles accueillent de plus en plus de personnes qui ne sont pas du voyage car avec la sédentarisation, les populations se mélangent plus.

 

Plouézec, "centre historique" dans les Côtes-du-Nord

Dès les années 50, dans les Côtes-du-Nord, le mouvement Vie et Lumière s’organise à Plouézec, une commune proche de Paimpol. A Port Lazo, la famille Mandz Duvil-Reinhardt, possède un terrain sur lequel une première petite baraque en tôle sert pour le culte. Elle est remplacée par la suite par une construction en dur. On peut dire que c'est le centre "historique" des évangéliques tziganes dans le département.

Pounette et Mandz. Photo pasteur Eric Vie et Lumière.

Ploubazlanec, lieu de rassemblement.

Dans les années 80 à Ploubazlanec, proche de la pointe de l’Arcouest, des rassemblements tziganes se déroulent en été et au début de l’automne. Des familles y prennent aussi leurs quartiers d’hiver. 

Au début des années 2000, la presse locale fait état de tensions entre la mission évangélique et des commerçants de Bréhat et de l'Arcouest. Pourtant ce rassemblement d'une semaine en juin semblait être rentré dans les habitudes et un protocole avait été signé avec la mairie...

Environ 80 caravanes à l'Arcouest. 23 juin 2004 Ouest-France

Lannion, des missions et des rassemblements

Les Tziganes font souvent étape dans les Côtes-du-Nord dans le secteur de Lannion. Tout d'abord c'est pendant l'été 1978, à l’occasion d’une convention nationale à Ploudalmézeau (29) que des prédicateurs tziganes plantent leur tente à Lannion pendant quatre jours. Ils prient, témoignent et chantent, accompagnés de guitares. Ils ne sont pas en terre inconnue car le pasteur Harry Dassonnville vient aussi y prêcher quand il n'est pas sur Guingamp ou dans des villes du Trégor... 

31 juillet 1978 Ouest-France



6 décembre 1978 Ouest-France

Ballo. 6 décembre 1978 Ouest-France

En décembre 1978, Ouest-France prend le temps d'aller à la rencontre de Ballo, un prédicateur tzigane, installé sur le terrain des nomades de Lannion.

Ballo est un Gitan né en 1939 dans une famille catholique. Alors qu’il a un peu plus de 15 ans il entend dire qu’un gitan parle de Dieu en Bretagne. Il rejoint cette communauté et se convertit. Sa foi se fortifie avec la guérison de son père, une guérison qu’il attribue à Dieu. Devenu prédicateur, il parcourt la France dans sa roulotte avec sa famille, s’accompagnant de sa guitare pour chanter quand il n’exerce pas son métier de marchand ambulant. (D’après un article de Ouest-France du 6 décembre 1978)

Depuis les années 2000, à Lannion, des pasteurs tziganes prêchent régulièrement dans une salle qui se trouve sur le terrain des gens du voyage, route de Perros.

 

Perros-Guirec, lieu de rassemblement

Perros-Guirec a été un lieu de passage de rassemblements tziganes au début des années 2000. En 2002, tout se passe bien mais en 2004 les gens du voyage, en provenance de Plouzané dans le Finistère, abandonnent le site qui leur était attribué à Lannion le trouvant "impraticable" et s'installent sur le stade de rugby de Kerabram. Le maire, Yves Bonnot, porte plainte affirmant que le groupe est entré par effraction par un terrain privé. En attendant l'expulsion qu'il réclame, "un maître chien patrouille autour du terrain à la demande du maire". Les pasteurs Michelet et Debard, responsables des 500 personnes réunies sur ce terrain, font valoir l'inadaptation du terrain qui leur avait été proposé à Lannion et l'absence de solution de remplacement. (D'après Ouest-France du 20 juillet 2004)

Les deux pasteurs à gauche, le maire de Perros à droite. 20 juillet 2004 Ouest-France

Guingamp, une implantation dès les années 60

A Guingamp le mouvement Vie et Lumière s’est développé avec le pasteur Mandz Duvil qui a commencé à prêcher dans les années 60. Il louait une salle dans le local associatif à Pors-an-Quen.

Mandz Duvil travaille avec le pasteur Claude Broux de France Mission puis Harry Dassonnville et Nino Corsellis prennent le relais et fondent une église familiale. Ils achètent un terrain vers 1983.

Plus tard encore, un autre terrain est acheté et les fidèles se réunissent dans l'église évangélique à Guingamp au 16 Rue de la Chenayes. Les cultes se tiennent le dimanche à 10h. Les pasteurs responsables sont Rudy Lenestour (qui a fait ses études en 2003),  Luciano Lobry et Dany Corsellis.

Avec le développement d'Internet, les évangéliques tziganes ont su d'adapter aux moyens de communication propres à leur époque. Certains pasteurs, comme Rudy Lenestour, sont très présents sur Internet où l’on retrouve un grand nombre de ses prédications en vidéo. 

L'Eglise évangélique à Guingamp. Image Google street

Matignon

La présence d'une mission évangélique tzigane Vie et lumière est signalée à Matignon en juin 2003. Elle est conduite par les pasteurs Winterstein et Duvil et par Jean Roger, aumônier missionnaire.

Mission évangélique Matignon 17 juin 2003 Ouest-France


Ploufragan et Saint-Brieuc

Dans le secteur de Saint-Brieuc, le pasteur Aladin Blivet, organise des réunions pour les gens du voyage sur le terrain de Douvenant ouvert en 1976. Aladin Blivet est né en 1970 à Saint-Brieuc, il est allé à l'école Hoche dans le quartier de Robien à Saint-Brieuc et connaît donc bien ce secteur.

Aladin Blivet
 

A côté de Saint-Brieuc, à Ploufragan, le mouvement Vie et Lumière se fait connaître du grand public à partir des années 90 par de grands rassemblements organisés sur le terrain de l'ancien aérodrome de Plaine-Ville. Le premier rassemblement à être journalisé est celui de 1990 où une longue cohorte de 120 caravanes s'arrête pour une semaine au mois d'août.Trois prédicateurs de la Mission évangélique tzigane dirigent les opérations : Oscar Hallez, Thierry Michelet et Paul Toutain, accompagnés de trois diacres Jimmy et Paul Michelet ainsi qu'Émile L'Huissier. Les journées sont occupées par les tâches domestiques, les activités commerciales et les moments d'évangélisation et de prières.

Mission tzigane à Ploufragan. 13 juillet 1990 Ouest-France
 

En 1991, la Mission tzigane est de retour. 

21 juin 1991. Ouest-France

Pierre-Yves Gaudart, journaliste à Ouest-France, ne manque pas d’être étonné par ce qu’il découvre et restitue parfaitement l’ambiance qui règne alors à Ploufragan, où un millier de Tziganes sont réunis.
«
Au beau milieu de longues caravanes qui parsèment l’ancien terrain d’aviation, un chapiteau bleu et jaune qui ramasse toute la pluie. Un jazz à la Django Reinhardt s’échappe de la tente. Sous le plastique, plusieurs centaines de Tziganes se tassent pour écouter la messe. Une messe peu ordinaire. Les Tziganes se succèdent à la tribune de fortune (une caravane pliante) pour témoigner de leur foi. Les « Gloire à Dieu », « Merci Seigneur », ponctuent leurs propos ». Le journaliste interroge le pasteur Joseph Charpentier qui, malgré le racisme qu’il a pu subir, affirme que la vie des nomades « est la plus belle qui soit ». Mais très vite il se tait. « Violons et guitares reprennent après le témoignage d’une mère qui a ému l’assistance. Quelques jeunes viennent chanter des cantiques. A l’entrée du chapiteau, le service d’ordre est là pour veiller au bon déroulement… »

En juillet 2004, un nouveau rassemblement de Mission évangélique tzigane à la Ville-Bily à Ploufragan donne lieu à un article dans Ouest-France. Les pasteur Johnny Michelet (de Brest) et Guy Debard animent les cérémonies. Ils sont satisfaits de l’accueil qui a été bien préparé dans cette commune. La facture d’eau a été payée et aucune plainte n’a été déposée pour des troubles du voisinage.

Johnny Michelet. Photo 30 juillet 2004 Ouest-France

Ploufragan 30 juillet 2004 Ouest-France

A Ploufragan et dans le secteur de Saint-Brieuc, l’Église évangélique ne se contente pas d'organiser des rassemblements en plein air : elle organise sa pérennité.

En effet, en dehors des grands rassemblements, depuis les années 90, l’Église évangélique est installée à Ploufragan dans un bâtiment en dur, au 3 rue de la Grande-Métairie. Des cultes sont animés pendant un temps par le pasteur Friob. Mais la salle de prière est ensuite fermée, par manque de personnes disponibles pour l'animer. Mais des réunions se poursuivent dans les maisons.

Le pasteur Jo Friob et Michel Bellamy (étudiant) 22 juillet 1995 Ouest-France

En 1999, Steve Raoult entreprend sa formation de pasteur. Il faut attendre quelques années pour qu'en 2003, les membres se réunissent dans une nouvelle église au 45 Rue des Grands Chemins (localisation ici). Steve Raoult et Marc Boivin en seront les animateurs.

L'Eglise évangélique de Ploufragan. Image Google street

Saint-Brieuc

En 1982, Saint-Brieuc met à disposition un terrain pour les gens du voyage sur le site de Douvenant. L'espace est aménagé par les services techniques de la ville et on y trouve 46 emplacements délimités, de quoi recevoir 250 ou 300 personnes. Les enfants sont souvent scolarisés à Trégueux. Ce terrain convient pour les utilisateurs de l'époque qui y restent souvent deux ou trois mois pendant leur tour de Bretagne.

Terrain de Douvenant 8 avril 1982 Ouest-France

Terrain de Douvenant 8 avril 1982 Ouest-France

Le 12 mars 1985, un article de Ouest-France fait le point sur la manière dont les gens du voyage sont accueillis dans l'agglomération. Le pasteur Aladin Blivet "sent monter la colère" face au rejet des populations sédentaires lorsqu'il est question d'aménager un nouveau terrain : "Les gitans qui sont des citoyens français sont traités comme des étrangers et refoulés des lieux de stationnement "Interdits aux Nomades"".

12 mars 1985 Ouest-France

La ville de Saint-Brieuc s'est aussi parfois trouvée à accueillir la Mission évangélique tzigane. En juin 1998, les caravanes s'installent dans la vallée de Gouédic, d'après Ouest-France "
sans la moindre autorisation du maire de Saint-Brieuc". Mais le journal rappelle aussi que "Le schéma départemental signé en 1995 par le Conseil Général et la Préfecture prévoyait lors des grands rassemblements, comme l'actuelle mission évangélique, "la mobilisation ponctuelle de terrains assez vastes, suffisamment adaptés à la présence importante de voyageurs sur les pôles suivants : Guingamp, Lannion et Saint-Brieuc." Mais comme souvent en la matière, ce projet est resté lettre morte."

Mission tzigane à Saint-Brieuc 10 juin 1998 Ouest-France

Portrait : Steve Raoult

Steve Raoult 2 juillet 2007. En 4e de couverture de Ouest-France

Jean-Pierre Raoult est né dans une famille sédentaire mais, attiré par les gens du voyage, il part avec eux à l’âge de 17 ans et se marie avec une Tzigane. Quand il ne voyage pas, il exerce une activité de ramonage et possède une maison pour l’hiver dans les Côtes d'Armor. 

Steve Raoult, fils de Jean-Pierre Raoult, devient pasteur au début des années 2000. Dans un article du 2 juillet 2007, de Yann-Armel Huet pour Ouest-France, on comprend mieux son singulier parcours : « Steve Raoult n’a pas une histoire banale… Jeune il ne se destinait pas à être un homme d’église. A 18 ans, Steve est un délinquant qui braque des stations-services et des postes avec ses cousins… ». Il écope de 7 années de prison aux Assises pour mineurs. Et c’est derrière les barreaux qu’il a une révélation, en lisant la Bible pour un compagnon de cellule illettré. Il se rend compte de tout le mal qu’il a fait et choisit d'avouer d’autres délits dans une lettre de trois pages. Il étudie, s’entretient avec l’aumônier protestant des prisons et il est libéré au bout de 34 mois. Il rejoint alors l’école biblique de Gien dans le Loiret pour devenir pasteur.
Depuis, d’avril à septembre il est à la tête d’un groupe d’environ 150 familles voyageant dans toute la France, en itinérance. Il prêche sous un chapiteau, «
la plus belle église du monde, de l’herbe au sol et seulement une toile qui sépare du ciel ». Le reste de l'année, il dirige aussi une entreprise de bâtiment car il faut le rappeler, les pasteurs de la Mission Tzigane ne sont pas rémunérés par leur Église.

Son action de médiation est complémentaire de l’exercice de ses fonctions de pasteur. Il est l'interlocuteur des autorités dans le département pour défendre les intérêts des Tziganes.

Raoult père et fils. 8 novembre 2002 Ouest-France Paimpol


Généalogie Mandz Duvil-Reinhard
 

Il n'est pas courant de pouvoir établir une généalogie, même très incomplète, dans le monde tzigane car l'état civil fait souvent défaut. 
L'arrière-grand-père de Mandz est Louis Reinhard né vers 1851, artiste ambulant marié avec Augustine Weiss. Le couple a eu plusieurs enfants dont Juliette en 1877 (voir ci-dessous).
La grand-mère paternelle de Mandz est Juliette Reinhard, née le 11 décembre 1877 à Azay-le-Ferron dans l'Indre, rempailleuse de chaises, mariée le 19 août 1913 à Rennes avec Paul Windrestien (archives de Rennes vue 215), décédée à La Flêche (Sarthe) le 22 novembre 1947.
Le père de Mandz est Jean "Kalo" Reinhard, né le 7 mars 1904 à Saint-Berthevin (53) en Mayenne, décédé le 4 janvier 1998 à Verneuil-sur-Avre (27) dans l’Eure, à l'âge de 93 ans. Il exerçait comme vannier. Son surnom Kalo vient de "kalé" qui veut dire "noir" et désigne une famille de Roms à la peau foncée.
Saint-Berthevin. Acte de naissance 1904 Jean Reinhard Vue 216


La mère de Mandz est Jeanne Marie "Azi" Duvil, née le 31 décembre 1903 à Vendôme (41) dans le Loir-et-Cher, décédée le 21 juillet 1992 à Chalonnes-sur-Loire (49) dans le Maine-et-Loire, à l'âge de 88 ans. Elle exerçait comme musicienne ambulante.
Mme Duvil en 1975

Jean "Mandz" Duvil (1926-1985) est né en 1926. Il s'est marié avec Pounette après guerre. En avril 1985, alors qu'il présidait un culte et chantait un cantique, il a été victime d'une crise cardiaque. Il avait 59 ans.
Pour l'anecdote, dans la presse locale, on trouve une trace de Jean Duvil, de passage à Saint-Brieuc en 1946 : il est condamné à payer une amende pour défaut de carnet d'identité. (Ouest-France 12 janvier 1946)


Dans la fratrie de Mandz, on lui connaît Angélique Françoise "La Pie" Reinhard, mariée avec Charles "Zinou" Duvil ; Zino Duvil (fils guéri par un pasteur) ; Marcel Reinhard; Jacques Reinhard, marié avec Jeanne Duvil ; Adrienne Reinhard ; Noël Louis Reinhard.
 
L'histoire de Léonie Duvil-Reinhard (peut-être en parenté?), évadée d'un camp dans les années 40, est racontée dans l'article suivant. C'est un exemple des persécutions endurées par les Tziganes pendant la Seconde guerre mondiale. Cliquer ici

Pour accéder à la fiche établie sur la généalogie Duvil-Reinhard par Laurent Dallongeville-Gally sur le site Généanet, cliquer ici
 
 
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Un document de 1967

Le 4 août 1967, Ouest-France publie cette photo avec la légende suivante : "En route pour le pays qui n'existe plus". Cette jeune famille de Tziganes voyage en roulotte dans le secteur de Plouézec. Ce sont des vanniers manouches qui viennent d'Allemagne. "Une caresse à l'âne et Ringo, d'un coup d'épaule, aide la roulotte à démarrer..."

 

Sources 

Numéro spécial de la revue Lumière du monde, publié en 1955.

Ouest-France : 9 mars 1973, 21 mars 1973, 15 septembre 1992, 8 novembre 2002, 2 juillet 2007.

Article du journal Réforme : La Mission évangélique tzigane Vie et Lumière, cliquer ici

Article de Réforme "Les Tziganes français sont-ils majoritairement protestants ?", cliquer ici 

Etudes tsiganes, revue disponible sur le site Gallica, tous les numéros de 1955 à 1998 ici. Le numéro du 1er juillet 1957, à partir de la page 17 sur le rassemblement tzigane, ici

Entretien avec les pasteurs Rudy Lenestour et Steve Raoult en septembre 2023.

Église de Ploumagoar, à côté de Guingamp, localisation sur Google, cliquer ici 

A voir, témoignage du frère de Mandz Duvil, cliquer ici

A voir, une vidéo d'un témoin du Réveil tzigane (famille Duvil à Lisieux), cliquer ici 

Histoire de l'école biblique tzigane, vidéo en cliquant ici 

Vie et Lumière, présence protestante, vidéo, cliquer ici 

Témoignage sur la vie du pasteur Duvil par Juanito, vidéo, cliquer ici 

Sur la déportation des Tziganes, Bulletin de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation. Juin 2007, à découvrir en ligne en cliquant ici 

Raymond Gurême. Interdit aux nomades. Editions Calmann-Lévy.

Un livre de Fabio Morin, Alfred Gichtenaere, 1916-1992, un homme de réveil, éditions Viens et vois, chez Dialogues. Alfred Gichtenaere est un évangélisateur à l'origine, en 1950, du Réveil spirituel des tziganes.


 
Gitans de l'Inde dans le Rajasthan. Photo R.Fortat 2011