mardi 4 juillet 2023

La famille Quoniam-Ménégoz, protestants à Saint-Brieuc et Dinan

 

A Saint-Brieuc en 1906, on trouve le nom de Mina Quoniam dans la liste des membres de l’Église protestante. Elle est l'épouse de Louis Quoniam, capitaine en retraite et la mère d'Hélène Quoniam. Tous les trois sont inscrits comme protestants. Comment cette histoire a-t-elle commencé ?

Famille Quoniam 1906, registre du temple de Saint-Brieuc. Photo RF

Louis Auguste Quoniam (1829-1908)

Louis Auguste Quoniam est né le 9 août 1829 à Perpignan dans une famille de militaires et il a lui-même exercé dans l’armée comme capitaine au 45e Régiment d’Infanterie de ligne, il est chevalier de la Légion d’honneur. Il contracte un premier mariage avec Marguerite Doudin (née en Suisse) et on lui connaît deux fils issus de ce mariage : Paul Quoniam (né vers 1860), travaillant aux chemins de fer de l’Ouest, demeurant à Asnières en 1908 et Charles Quoniam (né le 4 janvier 1867 à Annecy en Haute-Savoie), militaire dans l’infanterie, matricule 2604 lors du recensement militaire, chevalier de la légion d’Honneur le 30 décembre 1901, demeurant à Rouen en 1908, officier de la Légion d’honneur le 3 juin 1915, croix de guerre avec deux palmes. Charles Quoniam va ensuite se fixer à Dinan où il se marie avec Alice Mary Lemercier, née à Jersey. Le couple habite Place Saint-Louis à Dinan. On notera que leur fille Germaine (1907-1991) a reçu la Légion d'honneur pour ses actes d'héroïsme dans la Résistance.

Charles Quoniam. Site Grand Mémorial

Marguerite Doudin décède le 18 février 1869 à Nevers dans la Nièvre.

Louis Quoniam, veuf en première noce, épouse alors en secondes noces Mina Ménégoz le 13 octobre 1869 à Algolsheim (68) ; elle a 25 ans.  

Algolsheim. Mariage 1869 vue 34

Avant 1900, la famille Quoniam se fixe à Saint-Brieuc. Leur fille Mina (du même prénom que sa mère) s'y marie en 1896. Les Quoniam habitent au 60 boulevard Charner.

1901. Recensement Saint-Brieuc, boulevard Charner. Archives départementales

Plusieurs enfants vont naitre de ce mariage dont Mina (comme sa mère) Berthe et Hélène Quoniam (née vers 1878)… On sait que Mina Quoniam, la fille, est née le 31 octobre 1871 à Bourg-en-Bresse dans l’Ain (acte 289, vue 82 sur 131). Elle est décédée à Neuilly sur Seine.


Mina Ménégoz, une éducation protestante

Mina Eugénie Quoniam, née Ménégoz, vient au monde en 1844 au presbytère d’Algolsheim dans le Haut-Rhin le 13 mai 1844. Elle est la fille de Louis Alexandre Ménégoz(1802-1872), un pasteur luthérien qui exerça pendant trente-six années dans la commune d'Algolsheim. Louis Ménégoz (1840-1887), le fils de ce pasteur, et donc frère de Mina, écrivit :

"Chers enfants et descendants de ma famille! Gardez éternellement en honneur et en respect la mémoire de mon très cher, bien aimé et toujours regretté père qui n'était qu'amour pour les siens, pour ses paroissiens et pour tous - sans distinction de religion ni de position.
Ses dernières paroles furent pour son Dieu, pour sa femme adorée, pour ses enfants et petits-enfants chéris et pour sa France qu'il avait tant aimée
".

(Citation ci-dessus et photos ci-dessous ont été publiées par Alexis Ménégoz sur Généanet)

Le pasteur Louis Alexandre Ménégoz

Le frère de Mina, Louis Eugène Ménégoz (1838-1921), a été doyen de la faculté protestante de Paris en 1901, pasteur de l’Église des Billettes (paroisse franco-allemande) à Paris. 

Le pasteur Louis Eugène Ménégoz

Un autre membre de la famille, Fernand Ménégoz est aussi une figure du protestantisme (cliquer ici)

Ouvrages d'Eugène Ménégoz


La disparition de Louis et Mina Quoniam

Louis Quoniam est décédé le 2 août 1908 à Saint-Brieuc. 


1908 Louis Quoniam. Acte de décès Saint-Brieuc, vue 202.

Mina Quoniam décède à l’âge de 85 ans le 10 novembre 1929 en son domicile, 24 rue de Colombes à Asnières.


La fille de Mina Ménégoz-Quoniam, Mina Quoniam entra dans la famille Farber en 1896 comme nous le détaillerons dans la partie suivante. Attention, certaines confusions peuvent venir du fait que la mère (mariée avec Louis Quoniam) et la fille (mariée avec Georges Faber) portent le même prénom... 

 

Famille Farber-Quoniam

Georges Faber (1839-1929) était venu de Suisse en 1857 et il avait ouvert une pâtisserie réputée à Saint-Servan. Le 21 octobre 1896 à Saint-Brieuc, son fils, Georges Antoine Farber, né le 3 octobre 1865 à Saint-Malo, se marie avec Mina Quoniam (née en 1871). 

Pour le mariage de Mina Quoniam et Georges Antoine Faber, on note la présence comme témoin de Vincent Arnoux, pasteur de l’Église protestante de Rennes, mentionné comme "ami des contractants".  Cette remarque atteste de l'ancrage de la famille Faber-Quoniam dans le monde protestant.

Georges Faber va reprendre l'affaire familiale... Cette histoire rejoint alors celle des pâtissiers protestants suisses venus s'établir en Bretagne. (à retrouver en cliquant ici)

1896 Mariage Quoniam-Faber. Saint-Brieuc


1896 Mariage Quoniam-Faber. Saint-Brieuc

 

Sources
Registre des membres de l’Église protestante réformée de Saint-Brieuc.

La colonie anglaise, 1800-1940, éditions Plessix, Diane Moore, pages 515 pour Alice, Charles et Germaine Quoniam.

Site Généanet : Alexis Ménégoz, cliquer ici

Site Généanet : Louis Eugène Ménégoz, cliquer ici

Merci à Jean-Claude Datin pour tous les renseignements donnés  sur l'histoire des familles suisses exilées en Bretagne.

La famille Taffatz, des protestants en Bretagne (avec le mariage Georges Faber- Mina Quoniam), cliquer ici

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George Whelpton (1856-1948), pasteur à Saint-Brieuc de 1930 à 1932



Le pasteur George Whelpton (1856-1948) père d'Henri Whelpton.
Photo prise le 30 octobre 1929.





Origines

George Whelpton est né le 15 juillet 1856 à Londres et baptisé le 20 août 1856 à Old Church St Pancras, Londres. Son père s'appelle William Thompson Whelpton et sa mère Anna Elizabeth.
George fait ses études au Queen's College de Taunton.



Le Havre 1880

Il a 24 ans quand il arrive en France en 1880, envoyé par la Mission méthodiste whesleyenne de Londres et son installation au Havre ne doit rien au hasard. En effet des missionnaires méthodistes y ont préparé le terrain depuis une centaine d'années déjà. Le révérend William Gibson et le pasteur Jean-Paul Cook ont eu une forte influence dans cette partie de la Normandie. Avec l'aide de la Conférence wesleyenne de Londres, les méthodistes s'implantent particulièrement là où les ouvriers sont nombreux.  

G. Whelpton prend donc la suite de W. Gibson arrivé en 1872 en France et qui a beaucoup collecté de dons pour faire vivre les oeuvres et a dépensé pour cela une bonne partie de ses fonds propres. 

A la fin de l’année 1880, le pasteur G. Jaulmes passe dans la ville et fait un rapport très positif de l’action engagée : « Dans cette grande ville qui s’accroît chaque jour et tend  à devenir la rivale de Marseille, l’oeuvre de l’évangélisation parmi des ouvriers est réellement intéressante. Nos excellents frères, messieurs Whelpton et Godel, qui la poursuivent, voient chaque jour cette œuvre s’étendre et le nombre des auditeurs s’augmenter". (cité dans le blog de J. Y Carluer)

Le 15 septembre 1888, les services du commissariat central évoquent le rôle de G. Whelpton quand il font état du service d’inhumation qui s’est tenu à la chapelle « wesleyenne méthodiste, 16, avenue de l’hôpital, dont le pasteur est M. Whelpton ». Il s’agissait du jeune enfant du concierge du local de réunion. Ce n’est pas le premier enterrement méthodiste…


Après une dizaine d'années passées au Havre, Whelpton lui aussi, comme W. Gibson, achète avec son argent personnel un lieu très vaste en plein centre-ville, rue Gambetta, pour exercer le culte (en français et en anglais). Une salle permet aussi à plus de 300 personnes d'assister à des conférences. L'inauguration a lieu le 2 octobre 1892. cette initiative va permettre à la communauté protestante du Havre de se développer...

"Le travail dévoué du révérend George Whelpton au Havre a conduit à l'ouverture d'une nouvelle chapelle centrale en 1892. La population est venue avec enthousiasme pour entendre l'évangile et beaucoup sont devenus des assistants réguliers." (cité dans "Petite histoire des missions étrangères méthodistes whesleyennes" )

Le journal L'Evangéliste du 21 septembre 1894 le décrit de la manière suivante : "C'est un de ces Anglais au coeur et à l'esprit larges, comme il en faudrait beaucoup à nos œuvres en France". 
 
Le pasteur Whelpton s'engage aussi dans des oeuvres comme celle de la Société havraise de tempérance, fondée le 17 octobre 1892 et dont il est le président. Le groupe se réunit une fois par semaine et comprend 114 membres.




Chapelle méthodiste. Le Havre. 1892. Photo du blog de J-Y Carluer


La famille Whelpton au Havre

En 1883-1884-1885, G. Whelpton est domicilié au 16 rue de l'hôpital au Havre. Son implantation dans cette ville est aussi marquée par la construction d'une famille qui commence par son mariage.

George Whelpton se marie donc le 22 avril 1885 au consulat général de Grande-Bretagne au Havre avec Georgina Elizabeth Holmes (née en 1857 à Londres), sans profession.  Le mariage est ensuite célébré à l'église méthodiste de la Sainte-Trinité (Church of the Holy Trinity)  par le révérend Canon Whelpton, assisté par le révérend J. Orlebar, aumônier.

Son épouse, Elizabeth Holmes, vient d'une famille bien établie en Guyane britannique. Elle est la fille de feu Sir William Olmes (1917-1868), marié avec Elizabeth Light née à Boulogne en février 1819. Elle est aussi la petite fille de Sir Henry Light Holmes (1852-1902), ancien gouverneur de la Guyane britannique  (appelée le Guyana de nos jours).
 
On trouve d'ailleurs la trace de G. Whelpton et de son épouse dans les habitants de Guyane britannique au 19ème siècle, peut-être à l'occasion d'un séjour avant 1900 ?



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Trinity Church à Abingdon.



Muriel, leur fille,  naît le 18 août 1886 au Havre et sera baptisée le 31 décembre 1886 dans une chapelle méthodiste du Middlesex.(acte de naissance en ligne).

Leur fille Irène Constance naît le 15 juin 1889, au Havre (acte de naissance en ligne). Page 466 du registre.

On retrouve la trace de G. Whelpton dans des archives de Seine Maritime le 21 novembre 1889 où il assiste, au Havre, en tant que témoin (avec Julien Monot) au mariage de François-Marie Le Quéré (pasteur baptiste au Havre) et de Françoise Célina Cécile (directrice d'école maternelle).

Leur fils Henri Edouard (qui deviendra pasteur à Perros et Lannion) est né le 13 juillet 1891 dans cette même ville du Havre et Eric Georges y est né  le 21 mars 1894 (déclaré le 24 à la mairie). D'après cet acte de naissance, leur domicile connu est alors situé au 22 rue de la ferme.
 





Départ du Havre 

 
Pour son départ, les protestants qui l'avaient bien connu lui ont offert un magnifique cadeau.
Il s'agit de 7 volumes d'une exégèse évangélique du docteur en théologie F. Godet : 3 volumes de commentaires sur l'Evangile de St Jean, 2 volumes de commentaires sur l'Evangile de St Luc et 2 volumes de commentaires sur les épitres aux Corinthiens.
 Une mention spéciale datée du 25 octobre 1894 est contenue dans un des volumes et indique : Offert à notre bien aimé pasteur M. George Whelpton, par les membres et amis de l'église place Gambetta. Le Havre. En souvenir de ses quatorze ans de ministère Fidèle et Dévoué.







Par les informations contenues dans un mémoire de J-Louis Prunier sur les missions des méthodistes, on apprend que  d'importantes responsabilités attendant George Whelpton. En effet, après la mort de William Gibson en 1895, la Conférence whesleyenne reprend son oeuvre et fonde à sa place un District d'évangélisation dont George Whelpton prend la tête jusqu'en 1898. Ce district de l'Ouest est alors incorporé dans le District du Nord.


Paris

En 1897, G. Whelpton habite Paris comme il est indiqué dans l'acte de décès de sa belle-mère pour lequel il est mentionné comme témoin le 12 janvier 1897 au Havre.
 
De 1898 à 1900, il est le responsable de l'évangélisation pour le district du Nord à Paris sous la direction d'Onésime Prunier.
En 1895 et 1898, les registres de l'Eglise méthodiste wheysleyenne mentionnent son adresse au 112 boulevard Malherbes puis en 1900 au numéro 4 rue Roquépine dans le 8ème arrondissement de Paris. C'est sur cet emplacement que se trouvait une chapelle méthodiste (appelée aussi Methodist Church avec un culte en anglais) construite en 1862, mais aujourd'hui disparue. Cette chapelle est mentionnée par le marquis de Rochegune dans son guide de Paris rédigé en 1909.
 
Fin 1897, l'église méthodiste de Levallois-Perret fête le 85e anniversaire du pasteur Hocart et on entend à cette occasion les pasteurs Gallienne, Matthieu Lelièvre et Whelpton. 

Dans le journal de l'Armée du salut en 1899, on se préoccupe de la santé de Mme Whelpton. Délicate intention !
 
28 janvier 1899 Bulletin hebdomadaire de l'armée du salut

 
En 1901, G. Whelpton retourne au Havre pour une rencontre avec d'anciens prêtres.
 
 
G. Whelpton 1er avril 1901 Journal L'Universel

 
En 1902, le pasteur G.Whelpton est particulièrement chargé de l'évangélisation dans la Drôme et les Alpes peut-on apprendre dans un article consacré à la propagande protestante dans le journal La Cravache valentinoise du 25 septembre 1902.

En 1903, il figure dans la liste des personnes affiliées à la Société des visiteurs pour le relèvement des familles malheureuses de Paris (annuaire 1er janvier 1903).
 

G. Whelpton fait connaissance avec la Bretagne en 1905, où avec le pasteur Jean Scarabin, il  effectue une mission dans la région de Perros-Guirec.



 
 
Angleterre

G. Whelpton retourne ensuite en Angleterre où devient le pasteur méthodiste de Trinity Church à Abingdon-on-Thames (au sud d'Oxford) dans le Berkshire. Son fils Eric est scolarisé à Abingdon School de 1906 à 1909 et à la Leys School de Cambridge, puis entre au Hertford College d'Oxford en 1913. il exerce aussi à Witney, Bedford, St Mary's. Durant le début de la guerre, il est aumônier militaire.





 
Haïti

Vers 1916, le pasteur part en mission à Haïti et il y reste pendant 14 ans. Les méthodistes sont implantés à Haïti depuis 1817. Depuis cette époque l’Église méthodiste a toujours cherché à promouvoir en particulier la tempérance, l'intégrité morale, l'éducation, la liberté religieuse et le dialogue, le développement de la langue créole, les méthodes nouvelles d'agriculture et d'élevage.



Retour en Bretagne

A son retour, le Synode de 1930 (Lasalle, 24-27 juin) envoie George Whelpton dès le mois de septembre pour assurer le poste du Légué (où il remplace l'étudiant Daniel Manach) et de St Brieuc (où il remplace Jean Scarabin). En 1931, la desserte du Légué est abandonnée pour se recentrer sur St Brieuc.
Whelpton quitte la Bretagne en septembre 1932.
 
 

Dans le Journal des missions évangéliques, on trouve la trace de dons récoltés par le pasteur George Whelpton, par exemple :

1er janvier 1932 : Saint-Brieuc George Whelpton, 200 francs.

 
 
Au moment de prendre sa retraite, il se retire au 50 Guessens road à Welwyn Garden City, une tranquille ville-jardin proche de Londres.
Il décède le 23 avril 1948 à Knaresborough House (n°7 Knaresborough Place) à Londres après une vie bien remplie à l'âge de 92 ans. Ses deux fils Eric et Henri furent ses héritiers.



Tombe de George Whelpton (1856-1848)


  
 
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Sources 

 
Archives du temple de St Brieuc
 
Journal des missions évangéliques (version en ligne)

Archives de Seine Maritime 12 495 naissance, page 233 (acte de naissance de son fils Eric 21 mars 1894)
 
Généanet, fiche individuelle sur George Whelpton, cliquer ici


Généanet, mariage du pasteur François-Marie Quéré au Havre

Blog de Jean-Yves Carluer, les églises méthodistes au Havre 
 
Registre des pasteurs anglais.
Registre en ligne des Années 20, page 11, George Whelpton

Ministers and Probationers of the Méthodist Church.1932. 
Biographie des méthodistes. Lettre W


Site : My Wesleyan Methodist Ministers
Dans "General ressources" Minutes of several conversations. Conférences méthodistes...  Archives en ligne 1888 à 1900

Extrait de : « A short history of Wesleyan Methodist Foreign Missions ». John Telford. London
Taper Whelpton dans l'outil de recherche pour trouver la page 177-178 

Lien pour accéder à une traduction des pages évoquant George Whelpton.




 


Citation dans un article de 1899 

The Argosy Demerara 1885

Etat civil anglais (Merci à Diane Moore pour la transmission de tous ces documents)

Jean-Louis Prunier, mémoire Une présence protestante française en Kabylie (1885-1919) page 56

Mathieu Lelièvre, prédicateur. Dans Gallica.

Les oeuvres du protestantisme français au XIXe siècle : exposition universelle de Chicago, publiées sous la direction de Franck Puaux. 1893. (page où il est question de G. Whelpton)

Lien pour accéder à l'ouvrage complet cité plus haut. Paris. Le VIIIe arrondissement. Chantal de Saulieu. 1983 

Lien pour accéder à un article sur l'histoire du protestantisme (et donc du méthodisme) à Haïti 
 
 


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Daniel Manach (1907-1940), pasteur au Légué de 1929 à 1930

 

Le pasteur Daniel Manach (1907-1940)



Né dans la foi protestante
 
Daniel Manach est né le 24 mars 1907 au Havre (acte en ligne). Suivant la voie de son père, le pasteur François Manach, il s'engage dans des études de théologie après avoir fait une année de philosophie à Rennes.
Toujours étudiant il commence au Légué, tout près de St Brieuc, où il succède à son père pendant un an d'octobre 1929 à septembre 1930. Devenu pasteur, il est nommé à Lannion en 1930 pendant un an pour seconder le pasteur Henri Whelpton. Il est amené à se déplacer dans les nombreuses annexes et dispose d'une auto pour cela. Il participe au Synode en 1930.


Daniel Manach. Archives du temple de St Brieuc


Il effectue son service militaire à Rennes en 1931 juste avant de rejoindre son poste de pasteur à Anduze dans le Gard où il remplace le pasteur Yves Crespin (qui était resté de 1929 à 1931 et avant lui M. Raspail de 1927 à 1929 et E.F Staub de 1919 à 1927).

Le 28 juillet 1932, il se marie à Cologny, en Suisse, avec Jeanne Marie Borel. Leur fille, Jacqueline, naîtra l'année suivante le 22 août 1933.
A ce propos, une anecdote est rapportée par Solveig Hansen (née en 1916) qui l'a bien connu :
"Jeanne Manac'h, avant qu'elle soit mariée, avait était la nurse des enfants de la famille Peugeot. Elle aimait beaucoup la petite Jacqueline et donna ce prénom en 1933 au moment de la naissance de sa propre fille".

 
 
Une thèse avant-gardiste
 
La thèse de Daniel Manach intitulée Hygiène spirituelle est éditée en 1933. Le contenu met en évidence la grande curiosité de Daniel Manach et son ouverture à des sujets autres que purement spirituels comme ici la psychothérapie. Il y fait référence aux travaux du Docteur Georges Liengme qui avait ouvert une clinique à Vaumarcus, sur les rives du lac de Neuchâtel en Suisse. Daniel Manach s'y était rendu à deux reprises.
Le Dr Liengme développa une méthode de “psychothérapie collective” qui a été dénommée, plus tard, “psychothérapie de groupe” par les Américains. Georges Liengme est un précurseur dans ce domaine.
Daniel Manach s'étant posé la question de l'incohérence entre le comportement de bon nombre de chrétiens et de leurs idéaux en avait conclu que, dans un certain nombre de cas, les apports de la psychologie pouvaient permettre de résoudre ce problème.




Thèse Daniel Manach 1933. Archives du temple St Brieuc. Don de Jean-Marc Kieffer




Un pasteur très actif
Daniel Manach propose des conférences au public sur des sujets variés (par exemple "Que penser du spiritisme?" en avril 1934).
Il devient le rédacteur d'un bulletin mensuel d'informations de l'Eglise Méthodiste d'Anduze, "Le trait d'Union" (dont une collection est conservée dans les archives du temple de St Brieuc. Années 1931 à 1938). A la lecture des différents bulletins, on voit que bien qu'éloigné de la Bretagne, il n'en oublie pas moins ses origines. Ainsi, en décembre 1932, il transmet à ses lecteurs du midi la "légende de Noël", l'histoire d'une vieille bretonne qui raconte pour la centième fois sa légende favorite où il est question du vent qui souffle sur la lande et d'un moine venu de Brest qui avait oublié ce qu'est la charité...
En décembre 1936, il organise une collecte pour "l'arbre de Noël des petits bretons de Perros-Guirec".



Le trait d'Union, mars 1933. Archives du temple de St Brieuc


Du 19 au 22 juin 1934, il a la lourde tâche d'organiser le Synode national de l'Eglise méthodiste à Anduze sous la présidence du pasteur M. Alain.
 
Il part d'Anduze après une dernière prédication le 20 septembre 1936, il est ensuite nommé à la fin de l'année 1936 à Thiers.


Daniel Manach pasteur à Thiers, octobre 1936. Archives Famille Manach temple de St Brieuc



Accueil de Daniel Manach pasteur à Thiers, octobre 1936. Archives Famille Manach temple de St Brieuc




En 1937, il assiste à la consécration de son père François Manach à Livron dans la Drôme, cérémonie dirigée par le pasteur du Havre M. Alain.

En 1938, Daniel Manach prend une part active à la création de l'Eglise Réformée de France en tant que délégué de l'Eglise Méthodiste avec Auguste Faure (en poste à Calais) et Henri Whelpton (en poste à Montreuil comme trésorier général cette année-là).



Liste des délégués de l'église méthodiste (Faure, Manach et Whelpton) avril 1938. Archives ERF


On peut dire que ses qualités sont reconnues au niveau national.
Le lundi 25 avril 1938, lors des travaux de l'Assemblée Constituante de l'Eglise Réformée, réunion dans l'ancien temple de Lyon, il est nommé secrétaire.
Il fait aussi partie de la commission de délimitation des circonscriptions et ce n'est pas une commission de tout repos ! On l'imagine promis à un brillant avenir, avec des responsabilités importantes.



Juillet 1939, la famille Manach sur la côte. La fillette est Jacqueline, fille de Daniel née le 22 août 1933. Elle était appelée Jacquotte. Daniel Manach est reconnaissable avec ses petites lunettes noires et à sa gauche, Jeanne, sa femme, d'origine suisse, avec sa coiffure en oreillons. A la droite de Daniel Manach se trouve sa soeur Madeleine.
Paulette Manach est à gauche assise; au milieu Jacquotte, et assise à droite Yvonne Manach. Mme Manach et le pasteur Manach sont sur la droite. Archives du pasteur Manach conservées au temple de St Brieuc

Eté 1939, la famille Manach, Daniel à droite. Archives du pasteur Manach conservées au temple de St Brieuc


 
Le début de la guerre
Daniel Manac'h reste à Thiers jusqu’au début de la Seconde guerre mondiale. Il revient au Légué avec sa famille peu de temps avant la mobilisation. Solveig Hansen se souvient qu'avant de partir, il a lu à haute voix le psaume 121 :
 "Je lève mes yeux vers les montagnes... D'où me viendra le secours?Le secours me vient de l'Éternel, qui a fait les cieux et la terre". Solveig, 80 ans plus tard, relit ce psaume chaque semaine en pensant au destin de Daniel Manac'h.
 
Engagé dans l'armée, il est victime d'une crise d'appendicite qui évolue en péritonite.
Solveig Hansen se souvient être allé le voir à l'hôpital des Capucins à St Brieuc où il avait été amené.
Jeanne, l'épouse de Daniel Manach, était hébergée dans la famille Hansen au Légué pendant l'hospitalisation de Daniel.

Finalement, les médecins n'arrivent pas à sauver Daniel Manach qui décède à Caveirac dans le Gard le 7 octobre 1940, à l'âge de 33 ans,
quelques mois après son retour
 
Sur l'annonce du décès dans Ouest-Eclair le 12 octobre 1940 on peut lire : "J'ai combattu le bon combat. J'ai achevé la course. J'ai gardé la foi".

Décès Daniel Manac'h. 12 octobre 1940 Ouest-Eclair


 
 
 
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Sources

 
Archives du temple de St Brieuc. Dossier Manac'h

Archives de Seine-Maritime. Acte de naissance 1907 page 265 du registre et mention de mariage (acte en ligne)

Collection de la revue "Le trait d'Union"1931-1938. Archives du temple de St Brieuc

Archives nationales de l'E.R.F. Dossier constitution de l'E.R.F

Témoignage de Solveig Hück (née Hansen), novembre 2019 et 24 mai 2023.