jeudi 22 février 2024

Gertrude Zerna, née Bong, une protestante allemande réfugiée à Etables. 1939

 

Gertrude Lisbeth Bong

Des allemands ont résisté au nazisme de différentes manières, on l’oublie trop souvent. L’histoire qui suit est celle de Fritz Zerna, né à Berlin en 1908 et de son épouse Gertrude Bong. Ce couple de protestants fuit l’Allemagne nazie mais ce n’est pas un acte de démission. Un rapport préfectoral de 1946  mentionne simplement qu'ils partent d'Allemagne "pour se soustraire à l’oppression nazie" et ils ne veulent plus vivre dans une Allemagne contraire à leurs valeurs . On ne dispose pas (encore) d’explications plus précises de la part de leur entourage, mais le dossier de naturalisation de Gertrude Zerna, conservé aux archives départementales des Côtes d’Armor, témoigne de l’engagement de Fritz Zerna qui donnera sa vie pour la France, et de Gertrude qui deviendra française après-guerre, après avoir vécu des années à Etables-su-Mer.

 

En Allemagne

Gertrude Lisbeth Bong est née le 11 juin 1911 à Berlin, elle est la fille d’Otton Bong né le 4 décembre 1874 à Berlin et de Clara Nitschke née le 7 janvier 1876 à Berlin. Elle exerce comme caissière et vendeuse aux Magasins Lenser, 47 rue d’Orania à Berlin.

Elle se marie avec Fritz Zerna, né le 10 août 1908 à Berlin. Le mariage a été célébré le 11 mars 1931 à Berlin.

 

Fuir l'Allemagne nazie et s'engager

D’après un rapport transmis au Préfet des Côtes-du-Nord, le 18 août 1945 par Théodore Lorvellec, inspecteur de la Sûreté Régionale, « En 1934, à l’instauration du régime nazi, Zerna et sa femme rentrèrent en France. Zerna travailla à Paris comme maçon jusqu’à la déclaration de guerre le 1er septembre 1939. Le 6 septembre, il s’engagea dans la Légion étrangère pour combattre sous notre drapeau. Il est actuellement en Indochine". 

 

Réfugiée en Bretagne

Suite du rapport de l'inspecteur de la Sûreté Régionale : "Au départ de son mari, Mme Zerna, avec son fils, Peter Uvé (Uwe) Zerna, appelé aussi Pierre, né le 8 mars 1936 à Saint-Maurice (Val de Marne), devenu français à la suite d’une déclaration enregistrée au Ministère de la Justice […] s’installa chez des amis à la Ville-Gautier en Étables. En novembre 1942, en raison de sa nationalité et du départ de son mari, elle fut contrainte par les autorités allemandes d’aller travailler en Allemagne".


Tables décennales, naissance Saint-Maurice. Zerna Pierre, page 121

Mme Zerna et son mari ont donc résidé en France, comme réfugiés, à partir du 5 mai 1934 à Paris (3 rue du Borrego XXe arrondissement. Puis, Mme Zerna et son fils, mais sans son mari, sont restés du 3 septembre 1939 au mois de novembre 1942 à Étables-sur-Mer dans les Côtes-du-Nord. (Dans le détail la famille Zerna a habité boulevard de la Chapelle à Paris (Hôtel des voyageurs de mai à septembre 1934 ; à Saint-Maurice, Grande rue de septembre 1934 à septembre 1936 ; à Paris rue Borrigo de septembre 1936 à mars 1938 ; à Paris, passage de Patoria de mars 1938 à septembre 1939).

Dernière ligne, recensement Saint-Maurice 1936. Zerna Frtiz. Vue 123

Recensement Saint-Maurice 1936. Zerna Gertrude. Vue 124

 

Retour forcé en Allemagne

Pendant la guerre et durant deux ans et demi, Mme Zerna est partie pour un séjour forcé en Allemagne, sur pression de la Gestapo. Elle a exercé de novembre 1942 à mai 1945 comme sténo-dactylo  au Wirtschaftsgruppe-Maschinen, près du Tiergashen  à Berlin puis dans le même groupe à Wurthemberg quand l’entreprise s’est repliée à la suite de bombardements.

 

Après la Libération

Après la guerre, en 1945, le régiment de son mari combat en Indochine. Mme Zerna revient en France chez ses amies d’Étables. Elle n'a pas trop de nouvelles de son mari, soldat engagé volontaire depuis la déclaration de guerre le 6 septembre 1939 au 5e Régiment étranger. Pire, elle ne semble pas savoir que son mari est décédé en Indochine. En effet, le 10 mars 1945, Fritz Zerna, soldat de 2e classe, matricule 86345, du 5e R.E.I, est mort pour la France à Hagiang dans le Tonkin, tué par les forces armées japonaises. Il est enterré sur place.

Mme Zerna entre en France le 17 juillet 1945 par le point de passage de Strasbourg. Le retour au mois d’août 1945 est favorisé par le contrat de travail d’un an comme aide ménagère contracté avec Mlles Eleanor Scott et Hélène Babut, deux protestantes qui résident à Étables. Le certificat d’embauche est signé par Eleonor Scott le 4 octobre 1945 et son permis de séjour est validé par le Maire d’Étables le 8 octobre 1945. Mlles Scott et Babut l’embauchent comme femme de ménage moyennant le logement, la nourriture pour elle-même et son fils. Elle effectue aussi des travaux de couture chez différentes personnes d’Étables.

Certificat d'embauche. 4 octobre 1945. Archives 22

Document manuscrit de Mme Zerna. 7 août 1945. Archives 22


Obtenir des papiers d'identité

Pour les Zerna, vivre en France a nécessité de se conformer avec la loi encadrant le séjour des étrangers. Gertrude Zerna obtient dans un premier temps des papiers le 16 août 1934.


D'autres papiers sont obtenus par Mme Zerna et enregistrés en 1939 et 1940.

Récépissé de demande de carte d'identité. 1940. Archives 22

Carte d'identité 1940. Archives 22

Puis, après-guerre, c'est un visa à durée limitée, pour les étrangers, valable du 16 avril 1946 au 15 avril 1947, qui lui est octroyé, valable seulement dans le département des Côtes-du-Nord. 

Carte d'identité valable en 1946 et 1947. Archives 22


La procédure de naturalisation

Gertrude Zerna sollicite ensuite sa naturalisation française en septembre 1946 et elle établit un dossier à cet effet. L’enquête menée est très approfondie. Le Préfet indique dans son courrier au Ministre de la Population que « la postulante, veuve d’un Légionnaire « Mort pour la France » réside actuellement à Étables ». Dans une lettre manuscrite du 21 septembre 1946, le Préfet dresse un portait très complet de l’histoire de M et Mme Zerna. Le Préfet écrit qu’il « émet un avis très favorable » à cette naturalisation pour de nombreuses raisons mais on retiendra les suivantes: « Considérant qu’elle est bien assimilée par ses mœurs, son état d’esprit, ses sentiments et qu’elle parle couramment la langue française » et considérant « que c’est pour se soustraire à l’oppression nazie qu’elle a décidé, avec son mari, de s’expatrier, et qu’elle désire se fixer définitivement en France, dont le régime politique semblait le mieux convenir à ses convictions ». D’autre part « Mme veuve Zerna jouit de l’estime publique, et que son loyalisme envers notre pays ne saurait être mis en doute ». 

L’attestation délivrée par M. David, directeur de l’école d’Étables, a également bien contribué à favoriser cette naturalisation demandée. Son témoignage a d’autant plus de poids qu’il avait été durant la guerre le chef adjoint du maquis de Plourhan et le secrétaire du Comité Local de la Libération (C.D.I). Il rappelle que Mme Zerna est une « réfugiée politique » ayant eu « une attitude des plus loyale envers notre pays », contrainte de partir d’Allemagne car son mari était « anti nazi ». Il ajoute que « Durant toute l’Occupation, sa conduite fut exemplaire ; elle évita tout rapprochement avec les occupants. En 1942 elle fut contrainte, après avoir résisté de longs mois et sous la menace de la Gestapo, de rentrer en Allemagne ». L’ayant bien connue puisque son fils fréquentait son école, « Mme Zerna me dit alors son regret de quitter la France, elle me fit part de ses appréhensions au sujet de son fils élevé dans le culte de la France et ne me cacha pas son espoir de revenir un jour dans une France libérée ».

Le Préfet de police de la Direction de la police générale atteste  que « durant son séjour dans le département de la Seine, la conduite, la moralité et l’attitude du point de vue national de Mme Zerna n’ont donné lieu à aucune remarque défavorable ». (Courrier au Préfet des Côtes-du-Nord du 6 septembre 1946.) M. Émile Tardivel, inspecteur de la Police Régionale d’Etat souligne que « Tous les habitants d’Étables sont unanimes à déclarer que Mme Zerna est digne de recevoir la nationalité française… » (Courrier du 26 août 1946)

Mairie d'Etables, 5 septembre 1946. Archives 22

Enfin, par un décret du 14 février 1947 du Ministre de la Population, Georges Maranne, Gertrude Bong, veuve Zerna, est naturalisée française.

Dossier naturalisation. Archives 22

Interrogations

En l’absence de témoignage et de sources écrites, on ne peut que supposer que la religion protestante de Mme Zerna est certainement le point commun qui a permis le rapprochement de Mme Zerna avec Mlles Scott et Babut. Peut-être par des réseaux protestants à Paris où résidaient les Zerna ? La religion de Mme Zerna est attestée par un questionnaire rempli à Étables le 5 mai 1941 par Mlles Scott et Babut.

Dans la mémoire collective

Deux traces subsistent dans la mémoire collective de l’engagement de Fritz Zerna comme soldat tué au combat en Indochine : son nom figure sur le monument aux morts d’Étables-sur-Mer et sur une plaque commémorative du Mémorial des guerres en Indochine à Fréjus.

Monument d’Étables avec le nom de Fritz Zerna.

Monument de Fréjus. Image Généanet

Pierre Zerna a poursuivi des études au Lycée Le Braz de Saint-Brieuc et lors de la distribution des Prix en 1953, il a reçu une bourse de séjour à l'étranger. (Ouest-France le 29 juin 1953)

Il a passé son Baccalauréat au centre d'examen de Saint-Brieuc au Lycée Le Braz, en section scientifique. Ouest-France a annoncé le 8 juillet 1954 qu'il était admissible et convoqué au Lycée de Rennes et le 4 juillet 1955, admissible pour la deuxième partie du baccalauréat.

Dernière ligne Zerna Peter. 1954

Et le 15 juillet 1959 dans Ouest-France, on apprend que Pierre Zerna a été reçu à son Certificat de physiologie animale à la Faculté des sciences de Rennes.

Dernière ligne, Pierre Zerna. 1959

Par une source sur le site de généalogie Généanet, on sait que Pierre Zerna s’est marié vers 1958, mais sans avoir la date exacte, avec Annette François, née le 15 octobre 1935 à Douchy dans l’Aisne.

Cette histoire n'a pas encore livré tous ses mystères et si vous avez des éléments pour compléter cet article  (photos, témoignages...) ou des commentaires, merci d'utiliser le formulaire de contact en haut à droite...
 
Sources
Archives départementales des Côtes d'Armor, dossier naturalisations.
 
Archives en ligne du Val de Marne, commune de Saint-Maurice. Tables décennales des naissances et recensement 1936..
 
Site Génénanet

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dimanche 18 février 2024

René Tostivint (1903-1988) Roland Tostivint (1933-2008)

René Tostivint

René Tostivint à Oran

René (Jean Charles Eugène) Tostivint est né le 16 décembre 1903 à Douarnenez. Sa famille est originaire de Saint-Pern (35). Son père, Eugène, est pharmacien et sa mère est Louise Bellom. Ils habitent rue Laënnec à Douarnenez.
René Tostivint se marie civilement le 10 août 1931 à Saint-Brieuc avec Yvonne Georgette Le Lay (née le 30 janvier 1912 au Mans, non baptisée, décédée en 2008 à St Brieuc). Le mariage religieux, au Temple protestant de St Brieuc est célébré par le pasteur Yves Crespin le 29 janvier 1942. Le couple aura trois enfants : Roland, Joëlle et Guy.
René Tostivint est tout d'abord un simple membre de la paroisse protestante de St Brieuc dès 1942 puis il prend des responsabilités en 1944 où il assure le poste de secrétaire. 
Mme Yvonne Tostivint tient une librairie au 14 Rue Saint-Goueno à Saint-Brieuc.

 


Librairie Tostivint St Brieuc. Collection Musée de Bretagne

René Tostivint enseigne en tant que professeur d'Histoire-Géographie au Lycée de garçons à Saint-Brieuc où il exerce  depuis 1933. 

 

La photo ci-dessous est celle de la classe de 6e A2 du lycée Le Braz. On y voit tous les élèves autour de leur professeur, M. René Tostivint.

Le 7e au deuxième rang est Pierre Petit, un élève qui entrera dans la Résistance.

La classe de 6e de René Tostivint en 1937-1938.  Ouest-France, 25 août 1994

 

Puis, René Tostivint enseigne au Lycée Lamoricière à Oran, en Algérie, de 1945 à 1952. 

Photo Amicale des anciens élèves

D'après les souvenirs de Solveig Huck-Hansen, une paroissienne protestante de l'époque, la famille Tostivint serait revenue en France à bord du bateau "Le Sloughi". Ce navire reliait l'Algérie au port du Légué et transportait du vin.  

En effet, on retrouve René Tostivint et son épouse, de retour à Saint-Brieuc, comme membres adhérents de la paroisse protestante en 1963 au moment où la famille revient d'Algérie. René Tostivint devient membre du Conseil presbytéral entre 1964 et 1967. 

René Tostivint retrouve son poste de professeur d’Histoire au collège Le Braz à Saint-Brieuc. Ses compétences professionnelles couplées à sa curiosité du monde protestant vont le conduire à écrire de nombreux articles sur l'histoire du protestantisme.
On lui doit également un travail de recensement des sujets ayant trait au protestantisme avec les Archives municipales et avec les Archives départementales des Côtes-du-Nord.

Il prend des responsabilités dans la Société d’Émulation des Côtes-du-Nord dont il est le bibliothécaire dans les années 60. Il occupe aussi le poste de « Vice-président de la commission diocésaine d’Art Sacré" dans les années 70 (1978). 

En 1970, le pasteur H. Bosc venant faire une conférence à Saint-Brieuc sur la conversion d'Henri IV, Ouest-France fit appel à René Tostivint pour expliquer longuement aux lecteurs dans quel contexte Henri IV promulgua l’Édit de Nantes (Ouest-France du 10 avril 1970).

Il propose également des visites de la ville de Saint-Brieuc pour mieux en faire connaitre l'histoire.

En retraite, René Tostivint reste à Saint-Brieuc, rue de Trégueux dans le quartier de Robien.

Faitage de toit réalisé par Roland Tostivint sur le toit de la maison familiale

René Tostivint meurt le 10 juillet 1988 à St Brieuc et une cérémonie est présidée au cimetière de Saint-Malo, le 12 juillet, par le pasteur Guy Froment.

 

Bibliographie de René Tostivint

La Famille Gouyon de la Moussaye et le Protestantisme dans le Comté de Quintin. Saint-Brieuc, Editions Les Presses Bretonnes, 1973. Lien
"La famille protestante Gouyquet à Trédaniel, près de Montcontour", Société d’Émulation des Côtes-du-Nord, 1976, Tome CIV, pages 13 à 17.
Les anciens collèges de St Brieuc et le Lycée Anatole Le Braz (1848-1948). Complément 1948-1967.
Arnaud de Kerpezdron, pasteur protestant. Notre Lien n° 79-80 mai-août 1973.
 
 
Sources
 
Archives du Temple protestant de l’Église réformée de Saint-Brieuc : registre des membres, registre des mariages 1942, registre des décès 1988.
Archives de Ouest-France
Amicale des anciens élèves du Lycée Lamoricière à Oran (Algérie)
Photo Raphaël Binet, librairie Tostivint. Collections en ligne du Musée de Bretagne, pour la notice complète, cliquer ici
Archives du Finistère, année 1903. Lien pour accéder à l'acte de naissance
Fiche sur le site Généanet établie par Jules Casset
Gallica, bulletin de la société des professeurs d'histoire-géographie. 1933, page 139
 

 

Roland Tostivint 

Roland Tostivint 1959

Une éducation protestante

La famille Tostivint était également bien connue à Saint-Brieuc avec le fils, Roland Tostivint.

Roland Tostivint est né le 30 juin 1933 rue Saint-Gouéno, il est baptisé au temple protestant de St Brieuc le 9 septembre 1945, par le pasteur Jean Scarabin. Jeanine Crespin, épouse du pasteur de Saint-Brieuc mort en déportation, était sa marraine

Roland est éduqué dans la foi protestante et participe aux activités des scouts unionistes. Dans sa vie il mènera différents projets avec des personnalités du monde protestant de Saint-Brieuc comme le docteur Erling Hansen ou André de Kerpezdron.


Affiche réalisée par Roland Tostivint. 1987. Collection R.Fortat 

 

Les débuts d'une carrière artistique

A Oran, il entre aux Beaux-Arts en 1949 (voir photo ci-dessous de Roland Tostivint dans son atelier à Oran). A la rentrée 1950, alors que s'ouvre un atelier de céramique, Roland Tostivint est le premier à s'y inscrire. Il y apprend le métier auprès d'un céramiste espagnol, Bartolomé Jorba, un réfugié politique espagnol, ami de Salvator Dali et de l'architecte Gaudi. 

"Ce professeur qui jouait de l'harmonium dans son atelier conseilla à Roland Tostivint de suivre son inspiration. Cela se traduisit par deux Premiers prix de céramique et un de décoration." (Ouest-France 10 février 1981)

Oran 1950 Photo publiée dans Le Télégramme

"Revenu dès 1952 à Saint-Brieuc en stop et sac au dos et sans autre richesse que sa Foi, il fit des étalages puis édita des cartes touristiques (une réussite aussi bien artistique que commerciale)... Son orientation est nettement prise : le folklore breton aussi bien dans la peinture que la création." (12 février 1957, Ouest-France)

A son retour à Saint-Brieuc, il est hébergé chez sa grand-mère, Mme Le Trocquer, bien connue elle aussi à Saint-Brieuc.

Il rencontre R-Y Creston et René Salaün avec lesquels il retrouve ses racines bretonnes et rentre dans le Cercle Celtique de Saint-Brieuc. D'autre part, il remplit ses carnets de croquis : architecture, mobilier, broderies...

En 1954, le Cercle celtique se rend en Norvège sous l'initiative d'Erling Hansen, qu'il connaît aussi comme membre éminent de la paroisse protestante. C'est à ce moment que, pour payer son voyage, il édite des cartes postales dont la vente va très bien marcher. Il pourra même s'acheter son premier four.

 

Un céramiste réputé

Roland Tostivint devient un céramiste réputé à St Brieuc. Dès 1957 la presse locale se fait l'écho des différentes expositions et réalisations de Roland Tostivint.

Le 12 février 1957, Ouest-France présente un groupe de quatre artistes dont "le plus connu est sans doute Roland Tostivint. Par ses parents qui demeurèrent longtemps à Saint-Brieuc, par sa grand-mère, une des Briochines les plus dévouées à la cause de l'Art, mais aussi par lui-même, puisqu'il est le seul à avoir déjà pu tout quitter pour cette activité artistique."

Roland Tostivint, Foire-exposition. 12 septembre 1958 Ouest-France

Roland Tostivint, Foire-exposition. 4 septembre 1959 Ouest-France

Oeuvre de Roland Tostivint, Foire-exposition. 28 octobre 1970 Ouest-France

Roland Tostivint, 1er prix au stand de la Foire-exposition 1977 Ouest-France


Comme céramiste, Roland Tostivint s'est installé rue Fardel, de 1968 à décembre 1985, avant d'aller à Binic. Outre ses travaux, il a remis au goût du jour les épis de faîtage : ceux qu'il a réalisés pour le château de la Roche Jagu sont les plus connus.


 

Roland Tostivint, joueur de vielle

Le 6 mars 1992, Ouest-France consacre un article aux trente-sept années consacrées à la vielle par Roland Tostivint. L'artiste revient sur cet engouement qu'il attribue au hasard : "Je ne connais rien à la musique. En 1954, le docteur Hansen m'a embarqué pour un voyage en Norvège. Avec Bernard Gauçon de Langueux, nous avons donné une représentation quotidienne pendant un mois avec un programme qui comportait cinq airs !" 

Roland Tostivint avec sa vielle. Facebook Muzik e breizh

Alors qu'il n'a que vingt ans, avec ses amis R-Y Creston, René Salaün et Robert Hamon, il va parcourir les campagnes, participer à des mariages ou des kermesses et récupérer des airs auprès des anciens, en particulier à Saint-Carreuc où la collecte est fructueuse.
 
Roland Tostivint, Le Mai breton. 23 mai 1972 Ouest-France

 
Roland Tostivint. 6 mars 1992. Ouest-France

 
Les bistrots de l'histoire conservent des enregistrements de Roland Tostivint car c'était un joueur de vielle talentueux. 
 

Une carrière bien remplie

En février et mars 1981, une grande exposition rétrospective se tient au Foyer d'Action Culturelle : "Roland Tostivint, 30 ans de chroniques". Elle permet de mesurer l'étendue de son travail. Il a participé ces dernières années à de nombreuses expositions internationales où il représentait la Bretagne : Munich, Tokyo, Londres...

Roland Tostivint, exposition. 10 février 1981 Ouest-France

Deux de ses statues ont été offertes par la Ville, l'une au Général de Gaulle lors de son passage à Saint-Brieuc en 1960, l'autre à la ville jumelle d'Alsdorf en 1970.


Visite du Général de Gaulle. 2 septembre 1960 Ouest-France

 La photo ci-dessous est celle de Roland Tostivint, dans son atelier où il est en train de finaliser les deux statues de Saint-Brieuc dont l'une sera offerte au Général de Gaulle.

Roland Tostivint. 2 septembre 1960 Ouest-France

Roland Tostivint par André Coupé

Quinze années plus tard, un autre article de Ouest-France évoque la proximité de deux artistes : Roland Tostivint et André de Kerpezdron, un autre protestant. On y apprend que l'Académie de peinture du C.O.B, 14 rue Saint-Benoit, créée en 1993, est complétée depuis 1995 par le cours de décoration sur céramique de Roland Tostivint. Ce dernier remarque : "En fait nous sommes complémentaires. Quand les élèves d'André ont acquis les bases, je tente de les aider à s'exprimer de manière créative."

Cette complémentarité s'est également illustrée par la décoration de la salle des pas-perdus du C.O.B. La fresque et les tableaux d'inspiration bretonne de Roland Tostivint côtoient les motifs décoratifs et les reproductions de la rue Saint-Gilles ou du port du Légué de André de Kerpezdron.

Roland Tostivint à gauche avec André de Kerpezdron. 16 septembre 1996 Ouest-France

 
Dans les personnes du milieu artistique qu'il côtoyait, on peut aussi citer Joël Babey, un céramiste de Plouha qui a beaucoup appris sur son métier quand Roland était à Binic ;  Étienne Huck, potier-céramiste, qu'il retrouvait à son atelier au port du Légué au moins une fois par moi; et dans ses dernières années, Christine Cocar, qui fabriquait des vitraux, rue du Maréchal Foch à Saint-Brieuc...
 
 
Une personnalité toujours présente dans les mémoires
 
Roland Tostivint décède en 2008 à l'âge de 75 ans. Le journal Le Télégramme s'en fait l'écho en dressant son portrait : "Il était une figure briochine et sa fine silhouette couronnée de longs cheveux blancs ne passait pas inaperçue dans les rues de la ville, qu'il arpentait à pied, descendu de son appartement de la Tour d'Armor."
 
Denis Muller, un passionné d'art breton, collectionne ses oeuvres et honore ainsi sa mémoire :
" Roland Tostivint fut l'artiste costarmoricain le plus puissant du XXe siècle, au moins  à l'égal de ses pères Mathurin Méheut (qu'il a rencontré à plusieurs reprises de 52 à 58) et R-Y Creston... Mais Roland Tostivint était non seulement un très grand céramiste, peintre, illustrateur, décorateur, architecte pour les  bâtiments de France, musicien, cavalier etc, mais il a également co-creé le Musée d'Art populaire de Binic."

Roland Tostivint avait cinq filles, dix-sept petits enfants et deux arrière-petit-fils.

Sa tombe se trouve au cimetière Saint-Michel de Saint-Brieuc. Pour la trouver, prenez l'allée qui borde le mur du cimetière du côté sud. Dirigez-vous vers les deux grands arbres, à gauche du plus penché vous trouverez la plaque, ornée d'une croix celtique, qui rappelle la mémoire de Roland Tostivint...
Et une rue Roland Tostivint à Saint-Brieuc ? Ce serait une belle idée qui a déjà été suggérée à la municipalité... Affaire à suivre !

Plaque Roland Tostivint au cimetière de St Brieuc. Photo R. Fortat


 
 
D'autres membres de la famille Tostivint
 
La fille de René Tostivint, Joëlle est née le 7 décembre 1937 à St Brieuc. Elle a été baptisée au temple de St Brieuc par le pasteur Raspail le 5 août 1945.
Guy Tostivint est né le 24 juin 1940 à St Brieuc. Il a été baptisé le 5 août 1945 au temple de St Brieuc par le pasteur Marcel Raspail.

 


Si vous avez d'autres éléments à communiquer sur la famille Tostivint, merci d'utiliser le formulaire de contact en haut à droite.
Nous souhaitons en particulier pouvoir présenter quelques photos de René Tostivint...
 
 
Sources

Archives du temple de St Brieuc : registre des membres, registre des baptêmes.
 
Merci à Kristian Morvan pour l'autorisation de publier la photo de Roland Tostivint en vielleux et allez visiter le compte Facebook de Musik e Breizh, en cliquant ici
 
Nombreuses archives de Ouest-France
 
Article et photo dans Le Télégramme, 17 juillet 2001, cliquer ici
 
Site Oran-mémoire, les plaques en céramique de Bartholomé Jorba à Oran, cliquer ici 
 
Correspondance en septembre 2022 avec Denis Muller.
 
 
Retour au sommaire, ici 
 
D'autres productions de Roland Tostivint
 
Affiches touristiques
 
1962. Document famille Tostivint. Photo RF
 
Le Goelo. Affiche famille Tostivint. Photo RF


Saint-Brieuc. Affiche famille Tostivint. Photo RF


Affiches d'expositions
 
1979 Musée de Binic.




Dessins et aquarelles
 
 Famille Tostivint. Photo RF


La tuilerie St Michel l'Observatoire en Haute-Provence




Terre