samedi 5 octobre 2024

Madagascar dans l'histoire de la paroisse réformée de Saint-Brieuc.



Des engagements forts pour Madagascar

Madagascar tient une place à part dans l'histoire de la paroisse. Après-guerre, plusieurs conférences sont programmées en 1947 et début 48 : le pasteur Edmond Brunel (missionnaire à Madagascar) expose en décembre les activités de la Société des missions et au début de l'année 48, le pasteur André Roux fait une série d'exposés sur Madagascar. Sur la question de la décolonisation, des intellectuels protestants ont demandé que le gouvernement français cesse les massacres à Madagascar dès 1947.

En 1959, c'est après les inondations à Madagascar que la paroisse de Saint-Brieuc récolte des dons. 

Inondations en 1959 à Madagascar

Des liens avec Madagascar sont établis depuis que deux enseignants malgaches et protestants sont venus en juin 1958 au Temple de Saint-Brieuc à l'invitation du pasteur Marquer.
M. Ratsitchara, directeur d'école et M. Dantès, professeur de Cours complémentaire, ont alors pu rendre compte de la réalité vécue dans ce pays, dans un contexte où l'indépendance du pays était proche (le 26 juin 1960). Bien plus tard, en 1995, au Temple on organise une opération "bol de riz" au bénéfice d'un village malgache avec la participation de Mlle Homburger, missionnaire à Madagascar et membre de la communauté oecuménique de Granchamp.

Dans le cadre de la CIMADE, un projet local de partenariat est engagé avec le village malgache d'Ambatomiranty  d'où est originaire un couple de la paroisse protestante (Albertine et Albert Razanokolona).
Dans les années 90, M et Mme Razanokolona pourrait d'ailleurs bien représenter les premiers protestants d'origine malgache inscrits dans la paroisse protestante réformée de Saint-Brieuc.

Albertine Razanokolona dans une école du Finistère. Décembre 1991

En 1995, une association est créée "L'oiseau bleu", dont le siège social est au Temple. Le premier objectif est de fournir un groupe électrogène en vue de faire fonctionner une machine pour décortiquer le riz et de faire fonctionner des machines à coudre. L'association L'oiseau bleu, association loi 1901, est inscrite le 25 avril 1995 à la Préfecture et son but est d'établir un partenariat avec le village d'Ambatomiranty pour son développement économique, social et culturel
La présidente est Valérie Commault, la vice-présidente Albertine Razanokolona, le secrétaire Guy Froment, le trésorier Bernard Lenot. On note aussi dans les membres la présence de Françoise Galaup, infatigable militante, première présidente du Collectif tiers-Monde des Côtes d'Armor (épouse de Jacques Galaup, adjoint à la culture de St Brieuc de 1965 à 1989, militant PSU bien connu).

L'association s'engage sur plusieurs années, dans différentes manifestations, pour rassembler l'argent nécessaire (repas, vente d'objets, marche sponsorisée à Étables...) Enfin, en novembre 1997, les fonds sont suffisants pour acheter la décortiqueuse de riz.


A noter que les protestants de France et de Madagascar ont, depuis longtemps, tissé des liens très étroits. Les premiers missionnaires anglais sont arrivés en 1818, avant la colonisation. Ils ont introduit la technique de la brique cuite et de la pierre taillée que l'on retrouve encore aujourd'hui sur les hauts plateaux. Ils ont fixé la langue par écrit. Au XXe siècle, des protestants Malgaches (réformés et luthériens) ont créé en 1959 l’Église protestante malgache en France (F.P.M.A). Elle est devenue membre associé de la Fédération protestante de France dès 1979. Elle compte environ 38 paroisses en France.


Ils ont été marqués par Madagascar

Le pasteur Samuel Bourguet et Lucie, son épouse

Le pasteur Samuel Bourguet, après avoir exercé à Lannion-Perros-Guirec de 1924 à 1928, part à Madagascar fin 1928 avec la Société des Missions évangéliques de Paris. La SMEP est implantée à Madagascar depuis 1896. Prenant rapidement des cours du soir pour apprendre le malgache, il va pouvoir prêcher dans la langue du pays au bout d'un an.   

Jusqu’en 1940, il assure la fonction de directeur de l'école primaire-supérieure d'Ambohijatovo nord à Tananarive. Puis de 1940 à 1945, on lui confie la direction d’un vaste district (le Vonizongo) et d’une école biblique à Fihaonana où l'on forme des prédicateurs laïcs. Au début du mois de septembre 1940, la famille déménage à Fihaonana. Les déplacements pour visiter les paroisses s'effectuent en pousse-pousse, en chaise à porteur pour les distances les plus courtes ou au volant de la vieille Citroën quand il faut se rendre à la capitale pour des conférences par exemple.
Le pasteur est très actif dans la Croix-Bleue car de nombreux malgaches ont des soucis avec l'alcool. Il s'emploie à créer de nouvelles sections. Samuel Bourguet assure la présidence de cette association à Madagascar.


Les retours en métropole sont rares et la première fois se produira après 5 ans sur place, en 1933. Le pasteur est chargé de faire des conférences en France pour parler du travail de la mission à Madagascar et récolter des fonds afin de poursuivre le travail commencé.
Le deuxième retour en France en 1939 est annulé à cause de la déclaration de guerre et de la suppression des bateaux vers la France. La famille Bourguet reste donc à Madagascar plus de dix ans sans revenir en métropole. Ce n'est qu'en novembre 1945 que cette longue expérience s'achève.


Ensuite, au retour de Madagascar, après une période de repos, le pasteur occupe la fonction d'aumônier militaire. Il est particulièrement chargé d'accompagner les militaires malgaches qui retournent dans leur pays par le port de Marseille.
Le pasteur Bourguet exerce ensuite dans la paroisse de Milhaud dans le Gard de 1947 à 1961. Il s'inscrit comme pasteur de l'Eglise Réformée de France en 1947 et y restera officiellement jusqu'en 1963.
Il faut aussi rappeler le rôle de Lucie Bourguet (née Nüsslé, 1902-1992) qui a eu six enfants dont elle s'est occupée dans des conditions très rudimentaires pendant de longues années à Madagascar de 1928 à 1945.


Jean-Claude Chevalier, conseiller presbytéral

Jean-Claude Chevalier est né en 1931 à Mamers dans la Sarthe. Après avoir exercé des responsabilités dans l’Église catholique qui le conduiront dans différentes parties du monde, Jean-Claude Chevalier se marie en 1975 avec Agnès de Singly. Dans les années 70, il fait connaissance avec le milieu protestant à Angers et entame une formation de prédicateur laïc à Nantes. Plus tard, il devient membre de l’Église Réformée de St Brieuc en mai 2003 et rentre au Conseil presbytéral en mars 2004. Il assurera cette fonction pendant huit ans. Jean-Claude Chevalier s'est finalement éteint en février 2019.

Voici l'une de ses dernières paroles : « Je remercie toutes les personnes qui m'ont permis de mieux comprendre les richesses de la nature humaine, et cela de la personne la plus humble, à mes proches, ma famille; j'en ai pris conscience à 35 ans à Madagascar, expérience qui a bousculé ma vie et m'a permis de mesurer cette richesse ».

 

La chorale, spécificité des communautés malgaches.

Le chant tient une grande place dans les traditions malgaches, quelles soient religieuses ou profanes. Il n'est pas étonnant de retrouver l'expression de la foi à travers le chant collectif. En particulier le gospel peut être considéré comme un moyen de se délivrer des tristesses et des douleurs. Plusieurs exemples dans l’ouest de la France suffisent à montrer que les chorales malgaches sont une spécificité dans le monde protestant.
Le chant polyphonique, accompagné par les frappés de mains, est souvent pratiqué dans la tradition malgache.

Tout d’abord à Rennes, la chorale malgache Midera est créée en 1998. A son répertoire on trouve des chants polyphoniques et traditionnels de compositeurs malgaches mais aussi du classique (Jean-Sébastien Bach), du gospel ou des chansons françaises. Midera se produit au niveau régional avec d’autres chorales de l’église protestante malgache en France.

En 2014


A Nantes en 1995 naissait la paroisse nantaise L'Église protestante malgache en France et la chorale Antsan'ny Lanitra (« Mélodie du ciel »), dirigée par Francis Randriarimanga. 

La chorale animait régulièrement les cultes au temple protestant tout en chantant aussi pour les mariages en interprétant des airs de Madagascar. Le répertoire de la chorale comprend des textes tirés de la Bible mais aussi des classiques comme le Messie de Haendel ou du gospel. Cette Eglise se définit comme « jeune et dynamique, issue de l'immigration, contribuant à enrichir la fédération protestante ».

Chorale de Nantes


 

Dans les années 2000, la chorale malgache Mirana, effectue de nombreux concerts dans les églises évangéliques. Le pasteur Frédéric Sourisseau, responsable de la communauté évangélique de la Maison blanche à Quévert, proche de Dinan, la fait venir en mai 2004. La chorale Mirana s'est,constituée autour du pasteur évangélique de Rennes, Roger Rajaobelina. Les fonds récoltés vont soutenir l'association Tsiky qui oeuvre auprès d'enfants de Madagascar.

A la Maison blanche. 18 mai 2004 Ouest-France


La chorale malgache Mirana se produit en concert dans l’Église évangélique de Robien en octobre 2004. 

Chorale malgache à Robien. Photo Le Télégramme 20 octobre 2004

 

Pendant quelques années à partir de 2013, le groupe Kejan Armoric Gospel de Saint-Brieuc a réuni une quinzaine de membres provenant de divers horizons professionnels et religieux, ou pas, et se retrouvait régulièrement au temple protestant réformé.


 

Retour au sommaire du blog de l'histoire des protestants, ici 

Si vous avez des remarques à partager ou des renseignements à communiquer sur la communauté malgache protestante, merci d'utiliser le formulaire de contact. 

 

Sources 


Article sur le pasteur Samuel Bourguet, cliquer ici

Photos du pasteur Bourguet à Madagascar, ici

Lien pour accéder à un texte sur les activités du pasteur Bourguet à Madagascar de 1939 à 1941, ici

Pour la reproduction des deux photos du pasteur Bourguet à Madagascar, merci à  Claire-Lise Lombard de la Bibliothèque du Défap-service protestant de mission 102 Bld Arago 75 014 Paris.

Biographie complète de Jean-Claude Chevalier, ici
 

Place et rôles des temples protestants malgaches dans la construction d'une communauté à Paris, par Hery Andry I.V Rakotonanahary. Université Denis Diderot Paris 7 - DEA Sociologie 2002. Cliquer ici

Site de l’Église malgache de Nantes

Facebook, Eglise protestante malgache, ici

Archives de Ouest-France et du Télégramme


Marcel Arnal (1901-1989), pasteur à Lannion de 1936 à 1939



Marcel Arnal le 23 juin 1957 au Grau du Roi dans le Gard lors d'une promenade de la paroisse (c'est le seul homme!).
Photo Jocelyne Carrière (présente au tout premier plan, de profil, assise avec une robe blanche)



Les origines de Marcel Arnal

Le pasteur Marcel Arnal (1901-1989) est né le 13 avril 1901 à Vergèze (30). Son père, Théophile est tonnelier, Elodie Cabanès, sa mère est sans profession. 
Dans les années 20, il fait des études de théologie à Paris et s'inscrit dans le courant du méthodisme.
 
Il se marie le 25 avril 1925 avec Julie Céleste Brun (née le 25 septembre 1897), institutrice à Vergèze. La fête a lieu dans la maison des parents de la mariée au Mas de St Pastour à Vergèze. C'est dans cette commune que réside Marcel Arnal qui termine ses études pour être pasteur.
 
Son épouse va arrêter de travailler après leur mariage car alors une femme de pasteur devait se consacrer uniquement au service de la paroisse de son mari. Julie recevait les paroissiens et veillait à la bonne marche de toutes les activités de la paroisse.
Le couple va avoir deux enfants, Renée (l'aînée, née à Nîmes le 27 ou 28 février 1928) et André-Pierre (né à Nîmes le 16 décembre 1939). Renée deviendra médecin et André-Pierre artiste peintre. 


Marcel Arnal en 1957



 
Premiers postes
 

Marcel Arnal va commencer à exercer à Béziers vers 1925. C'est là que va naître leur fille Renée en 1928. Puis il va à Lassale (30) dans les Cévennes dans le début des années 30 et y reste jusqu'en 1936. Il publie 5 livres entre 1933 et 1936 à Lassale.
Mais d'autres responsabilités l'attendant et il est nommé en Bretagne à la fin de l'année 1936.


A la conquête de la vie. Marcel Arnal 1933 Lassale. Photo Mélanie Arnal


 
Bretagne

En Bretagne, le pasteur Arnal succède au pasteur Raspail à Lannion à la fin de l'année 1936 et y restera jusqu'en septembre 1939. Il habite rue Kermaria.
Nous savons peu de choses sur cette période où Marcel Arnal était à Lannion mais des archives familiales, conservées dans la maison de sa fille, pourraient délivrer de futures découvertes.

On peut mentionner que le pasteur Arnal a écrit deux ouvrages pendant cette période et qu'ils ont été édités à Lannion :
Les Plus Belles histoires ou la Bible à la portée des enfants. III Les Juges. Édition : Lannion, 1936. 
Les Plus Belles histoires. Édition : Lannion : Edit. Lanra , 1937
  








Retour dans le sud 

Après la Bretagne, Marcel Arnal retourne dans son sud natal et exerce dans la paroisse de Codognan (30) de 1939 à 1945. En plus de son travail dans la paroisse, il se déplace pour faire de nombreuses conférences et circule jusque dans le Doubs. Il écrit aussi deux ouvrages en 1941 alors qu'il est dans cette paroisse.
Pendant une année seulement, la famille se retrouve à Vergèze (30) en 1945-1946.

Enfin Marcel Arnal s'installe à Lunel (34) en 1947. Longtemps resté fidèle aux méthodistes, c'est à cette époque qu'il aurait intégré l'Eglise Réformée de France, d'après les souvenirs de son fils. Le pasteur Arnal reste à Lunel jusqu'en 1966, date à laquelle il prend sa retraite.
Le pasteur est toujours secondé pendant toutes ces années par son épouse. Son fils, André-Pierre, qui a appris à jouer du piano, accompagne les chants à l'harmonium pendant quelques années. Eric Carrière, dont on connaît le très beau parcours par la suite dans ce domaine, tenait également l'harmonium dans la paroisse de Lunel à l'époque où exerçait le pasteur Arnal.



Intérieur du temple de Lunel.

 
Jocelyne Carrière qui a participé aux activités de la paroisse de Lunel depuis qu'elle est enfant, se souvient très bien du pasteur Arnal : 
 
"Il était connu à Lunel, c'était une personnalité. Beaucoup de gens le connaissaient parce qu'il avait des abeilles. Il disait "mes abeilles je les reconnais, elles ont toutes une croix huguenote".
Il allait faire des piqûres aux personnes qui souffraient de rhumatismes. Il se soignait lui-même avec cette technique.

C'était un pasteur comme autrefois. Il aimait faire des visites à domicile. Avec les enfants il avait pris l'habitude d'offrir à certains un de ses livres au moment de la Communion. Il pouvait donner "A la conquête de la vie", "Il nous faut des certitudes", "Comment marcher avec Dieu".
 
Avec l'école du dimanche, pendant trois ou quatre ans, le pasteur nous faisait participer à un concours et à la fin de l'année il y avait une distribution des prix. La photo de la sortie au Grau du Roi en 1957 a été prise à cette occasion car on allait chercher nos prix dans une réunion du Consistoire.
 
C'est aussi en 1957 que le pasteur Arnal est très actif pour le centenaire de la construction du temple de Lunel."

La presse de l'époque (Le Midi Libre, 10 décembre 1957) rappelle qu'après le culte dirigé par le pasteur Barde de Nîmes, le pasteur Marcel Arnal a fait "un récapitulatif de quatre siècles pendant lesquels le protestantisme à Lunel a joué un rôle important". 





Écrivain

Marcel Arnal a connu une certaine célébrité dans le milieu protestant car il est l'auteur de nombreux ouvrages. Ceux qui ont eu pour but de mettre la Bible à la portée des enfants étaient recommandés à l'époque. Il a bénéficié de la complicité du talentueux dessinateur Joél Thézard pour les illustrations. 
On peut aussi noter que le pasteur Th. Roux a préfacé son ouvrage, A la conquête de la vie. Lasalle (Gard) 1933. 
Son fils André-Pierre se souvient que son père, le pasteur Arnal, faisait des colis pour envoyer ses ouvrages  en Afrique car ils étaient bien appréciés des missionnaires protestants. 
 
En 1958, il écrit son dernier livre au nom évocateur "Il nous faut des certitudes". Le pasteur y développe l'importance du message biblique : 
 
"Les voies de Dieu paraissent mystérieuses, jusqu’au jour où, avec un recul, on comprend pourquoi Dieu nous a fait passer par tel chemin plutôt que par tel autre. Or la Bible est le livre des certitudes. Des certitudes dans les deux sens : celui de la perdition pour les hommes qui nient Dieu ; celui du salut pour ceux dont Dieu est une réalité journalière".

 
Dans l'ensemble, ce sont des livres qui se sont bien vendus jusque dans les années 70. 

Enfin, remarquons l'espièglerie du pasteur qui, pour ses livres à compte d'auteur, a appelé sa maison d'édition Lanra (Arnal à l'envers !)
 
 


La retraite

Au moment de sa retraite Marcel Arnal s'est beaucoup intéressé aux abeilles, il avait des ruches et il passait beaucoup de temps dans son potager que certains décrivent comme un véritable "jardin extraordinaire" !

Marcel Arnal, est décédé le 5 janvier 1989 à Colognac dans le Gard et son épouse le 10 février 1995.
Renée, sa fille, mariée avec M. Jean Desvignes a commencé comme médecin mais rapidement elle a pris la direction d'une clinique psychiatrique à Nîmes. Elle est décédée en 2017 à l'âge de 88 ans.



 
La foi n'a pas d'âge

Pour terminer cette biographie du pasteur Marcel Arnal, on peut évoquer cette histoire extraordinaire d'un jeune homme perdu dans la drogue, il s'appelle Lionel Guibal. Après un véritable voyage en enfer en Amérique du sud où il a frôlé la mort, il ressent un appel intérieur et rencontre un chrétien convaincu qui va l'aider. Il s'achète une bible et finit par revenir dans la région de Nîmes, dont il était originaire. Il ne sait pas encore ce qu'il va faire de sa vie :

"Voilà qu’un jour, un monsieur âgé, avec un chapeau, est venu frapper à ma porte. Il voulait me parler. Il avait entendu parler de moi, il avait appris que j’étais revenu d’Amérique du Sud, que je m’étais converti. C’était le pasteur Marcel Arnal de Vergèze. Il nous a réunis et a commencé à nous parler de la Bible, du Seigneur Jésus. Ce qui nous a surpris c’est que lorsque ce croyant âgé, ce véritable chrétien, nous parlait, on sentait chez lui une jeunesse, une spontanéité, une vérité étonnante. Nous avions à l’époque 25 ans, mais avec notre drogue, à côté de lui, nous semblions être des vieillards, complètement décrépis.

Nous avons aussi appris que ce pasteur priait depuis plus de 20 ans pour le village de Vergèze, pour qu’il y ait un réveil, pour que le Seigneur touche des âmes. La sœur de sa femme, Madame Brieu, qui avait été si gentille avec moi quand j’étais enfant, est venue un jour à la maison, et elle nous a dit : « Lionel cela fait presque 20 ans que je prie pour toi afin que le Seigneur touche ton cœur ». Ainsi ils ont vu la réponse à leurs prières.

Un jour, Monsieur Arnal nous a dit : 
 
« Il faudrait peut-être profiter de l’occasion pour rendre témoignage devant tous que vous êtes chrétiens, que vous avez la foi au Seigneur Jésus ». 


Une réunion s'est tenue au temple, plein ce jour-là, et quelques anciens drogués ont témoigné de leur foi. Le pasteur Arnal est devenu une sorte de père spirituel pour ce jeune homme. Le pasteur lui prêtait des livres
Plus tard Lionel Guibal est devenu aumônier protestant des prisons. Il exerce à Tarascon.





Sources


Mars 2019. Témoignage recueilli auprès de Christian Nouis d'Aubais qui a connu le pasteur Marcel Arnal à Vergèze. 

Mai 2019. Renseignements familiaux fournis par Mélanie Arnal, Jean Desvignes et Francine Janesther-Arnal. 

Un grand merci à André-Pierre Arnal, fils du pasteur, qui a permis de préciser de nombreux points d'histoire en mai 2019.

Mme Agosta des services de l'état civil de la commune de Vergèze. 

Photo du pasteur Arnal en 1957 transmise par Jocelyne Carrière après une recherche effectuée par Anne-Marie Bourguet. Un grand merci à toutes les deux.

Archives du temple de St Brieuc.

Archives nationales. Liste des pasteurs ERF. Page 47. Document PDF

Ministers and Probationers of the Méthodist Church.1932. 
Biographie des méthodistes. Lettre A 



 
 
Retour au sommaire, ici 
 
 

 
Bibliographie de Marcel Arnal

A la conquête de la vie. Lasalle (Gard) 1933. 


Les plus belles histoires ou La Bible à la portée des enfants. Ancien testament. I. - Période patriarcale. Édition : Lasalle (Gard), Lanra , 1934 In-16, 111 p.

 A l'aube de la vie, manuel de culture intérieure pour enfants. Édition : Anduze, impr. A. Puech ; Lasalle (Gard), Éditions Lanra, 1935. (21 avril 1936.) 

Les Plus Belles Histoires ou la Bible à la portée des enfants. Illustrations par Joél Thézard. [Ancien Testament. II : Période mosaïque.]. Édition : Niort, impr. A. Chiron ; Lasalle (Gard), Éditions Lanra , 1935. (21 avril 1936.) 127 p

Le Ciel ouvert, sermon prêché au Synode de Nancy le 26 juin 1935. Édition : Lasalle (Gard), Editions Lanra , (1936).

Les Plus Belles histoires ou la Bible à la portée des enfants. III Les Juges. Édition : Lannion, 1936. 112 p. 

Les plus belles histoires. Illustrations de Joel Thézard (1884-1957). 48 p.
Édition : Lannion : Editions Lanra , 1937

  
Vers la plénitude de la Vie. Editions Lanra Montpellier 01.01.1938. Ce livre est la suite de  l'ouvrage A la conquête de la Vie paru en 1933.


Comment marcher avec Dieu, ou A la découverte de la vie. Édition : Codognan (Gard), Lanra ; (Largentière, Ardèche, imprimerie de E. Mazel), 1941

Des hommes nouveaux. Édition : Codognan, Gard, Éditions Lanra , 1941. 55 p.


Préparons sa venue. Édition : Lunel, 8 rue Pascal ; (Valence-sur-Rhône, Imprimeries réunies), 1946.


L'effondrement du monde et les reconstructions de Dieu. 194 p. Édition : Lunel : M. Arnal, 1948

Il nous faut des certitudes. 167 p. Édition : Lunel : Lanra, 1958


Photo Mélanie Arnal.



Livre de Marcel Arnal 1938.





Georges Minard (1922-2023), protestant à Perros-Guirec


Dans les années 2010-2020, Georges Minard était le doyen de la paroisse protestante de Perros-Guirec dans laquelle il était arrivé en 2014. Retour sur quelques faits marquants de la vie d'un homme qui aura traversé ce XXe siècle en essayant d'apporter sa pierre pour donner à cette planète un peu plus d' humanité...

Georges Minard, assis au centre. Le pasteur Hervé Stücker au second plan.

Georges Minard est né le 16 juin 1922 à Maimbeville dans l'Oise.

Tables décennales, archives de l'Oise, commune de Maimbeville
 

Sur le plan familial, on peut dire que son père, instituteur et secrétaire de mairie, était athée ; sa maman a élevé cinq enfants. C'est en dehors du cercle familial, et par des amis, qu'il découvre les Évangiles. Sur le plan professionnel, il exerce comme expert-comptable en entreprise puis dans un cabinet privé.
Résistant pendant la dernière guerre dans l'Oise, son réseau Kummel récupère les aviateurs alliés. (photo ci-dessous, Georges Minard au premier rang, deuxième à partir de la gauche). 

Mais pendant la guerre, il vient en Bretagne pour s'embarquer sur un bateau afin de rallier l'Angleterre. Faute d'embarcation, il reste dans une ferme plutôt que de partir en Allemagne dans le cadre du Service du Travail Obligatoire. C'est en 1949 qu'il rencontre sa future épouse lors d'un camp protestant à la Mission évangélique de Trémel (22).

Au fil des années, comme expert comptable, Il a longtemps mis ses talents souvent bénévolement au service de diverses églises Baptistes, de la FEEBF (dont il a été trésorier), de la Faculté de Théologie Évangélique de Vaux-sur-Seine ou de la Librairie chrétienne 7ici (autrefois "Société de Publications Baptistes"). Il se montre rigoureux, discret, efficace. 

Monsieur Minard, patriarche d'une nombreuse descendance issue de ses quatre enfants, apporte son sourire et sa sérénité aux cultes à Perros.

Montrant une santé exceptionnelle, il conduit sa voiture jusqu'à ses 96 ans et parcourt la France pour voir ses amis et sa famille.
Il aimait beaucoup conduire et pour l'anecdote, il a été le "chauffeur" du prédicateur américain Billy Graham lors d'un de ses passages en France !

 

En 2017, Georges Minard rejoint la Résidence sénior Les Jardins d'Arcadie à Perros.

A un goûter du CCAS à Perros en 2021.Photo Ouest-France

A l'occasion de son centenaire en 2022, la presse locale (Ouest-France et Le Télégrame) n'a pas manqué de partager une belle photo de groupe !

On reconnait ci-dessous Annik Dufumier, Claudie Trousse, Maryvonne Intem, Jérémie Raguet, Maurice Leininger, Jean-Louis Prunier (tout à fait à droite), Lionel Minard (2e en partant de la gauche au deuxième rang), Pierre Kelévéo (1er plan à gauche)...

Georges Minard, un centenaire bien entouré aux Jardins d'Arcadie. 17 juin 2022 Ouest-France

Georges Minard est décédé le dimanche 26 novembre 2023 dans sa 102e année.

Un culte d'action de grâces s'est déroulé le jeudi 30 novembre au temple de Perros, 19 rue de la Poste. Il a été célébré par les pasteurs Lionel, Delphine et Timothée Minard, ses fils et petits-enfants.

 

Si vous avez des éléments pour compléter cet article  (photos, témoignages...) merci d'utiliser le formulaire de contact en haut à droite...

 

Sources

Ouest-France et Le Télégramme 17 juin 2022, à l'occasion de son centenaire.

Courrier de Pierre Kerlévéo, novembre 2023

Article de Timothée Minard sur le facebook de la FEEBF

Émission de RCF, Lionel Minard, ici

Lionel Minard

Biographie de Timothée Minard, ici et projet Madagascar, ici

Timothée Minard, pasteur

Timothée, Delphine, Ethan et Eve


Retour au sommaire du blog, ici   


samedi 21 septembre 2024

Mouvements de jeunesse dans l'Eglise protestante réformée de Saint-Brieuc. 1950-1970

 

1957, camp scout au Velay

Le 10 juin 1957, les éclaireurs unionistes de Brest, Nantes, Le Mans et Saint-Brieuc sont invités, par le pasteur Marquer, à participer à un camp d’été au Moulin Boyer, Le Maz en Saint-Voy (Haute-Loire) sur le site du Velay. 


Le docteur Hansen est amené à faire des certificats de bonne santé pour la pratique de la baignade en rivière et dans des lacs de montagne. 

Certificat Erling Hansen. 6 juin 1957. Photo RF


Sept jeunes de Saint-Brieuc participent  comme Jean-Paul Toqué, Yann Hansen, Gilles et Jean-Yves Cottenceau, Gilbert Mouget de la patrouille des éperviers;  quinze de Nantes des patrouilles des renards, des castors, des écureuils et des mouettes ; neuf du Mans ; dix de Brest de la patrouille des chamois.
Le 21 juin le pasteur Marquer fait le point avec les chefs de camps des différentes villes.  

Ci-dessous, courrier du pasteur Paul Marquer.

Courrier du 21 juin 1957. Photo RF


Le voyage s’effectue en train mais un car est également utilisé pour les déplacements dans les environs du camp.
Le camp se déroule comme prévu en juillet 1957. Les courses sont effectuées « Au Gourmand », Riou-Le Vu, Le Chambon-sur-Lignon.

Facture établie pour le camp scout dirigé par le pasteur Paul Marquer


1959-1964, camps à Crampoisic

Le manoir de Crampoisic a été utilisé pour la première fois en en août 1952 pour une colonie de vacances. Puis M et Mme Marquer ont pris la direction de la colonie en juillet 1955. Le manoir a été utilisé pour les rencontres avec les autres paroisses comme celles de St Malo, St Servan et Brest mais parfois par des groupes venant d'autres régions, comme en août 1955 où le manoir est loué par l'Eglise Pentecôtiste de Rouen qui va y installer sa colonie de vacances.

Un cahier de comptabilité fait état d’un camp de Louveteaux du 7 août au 4 septembre 1959 à  la colonie de vacances protestante de Crampoisic. Les enfants sont en moyenne 36 ou 37 et au maximum 40.
En 1960 le camp de Louveteaux et d’Éclaireurs se déroule du 1er juillet au 21 juillet 1960 avec 50 enfants en moyenne et 2 ou 3 adultes, toujours à Crampoisic.

1960. Camp d'éclaireuses


En juillet 1964, des groupes de jeunes sont réunis et c'est le pasteur Jean-Marc Kieffer qui dirige les opérations.

1964. Le pasteur J.M Kieffer à droite.



1964-1965 Le Club des Jeunes

Cahier du club des jeunes de la paroisse réformée. Photo RF

Dans les années 1960 et 1970, différentes activités sont proposées dans la paroisse en direction des jeunes. Ainsi un "Club des jeunes" fonctionne en 1964-1965, le cahier de compte-rendu est tenu par les jeunes eux-mêmes. Le groupe est animé par Albert Neumeir et se déroule le samedi soir à 20h30. Tout est consigné dans un cahier  où on apprend que l’entrée est libre est gratuite « sans discrimination d’opinions, race, sexe ou religion ». La condition pour participer est simple : « Être sorti des jupes de maman ». Le premier thème abordé est "Jugement du tribunal des jeunes sur les Jeux olympiques". Il y est question du développement du nationalisme à travers ces jeux et de l’encouragement au sport de compétition.
Les participants sont Annick Bogais, Serge et Rémy Cottenceau, Jean-Louis et François Lutz, Jean Gatié, Jean Kooy, Albert Neumeier, Yves Filiome, Jean-Marc Kieffer,  et Françoise et Christiane Gugenheim.
Une deuxième soirée est proposée le 21 novembre sur "La Martinique en couleurs et en chansons" par Yves Filiole du Lycée technique du Vau-Méno.
Les 5 et 6 décembre, les participants se retrouvent pour un week-end à Crampoisic. Ils viennent de Brest, Rennes, Vannes, Saint-Servan, Saint-Brieuc et sont une trentaine. Le thème choisi est "La faillite de l’autorité dans l’enseignement et dans la famille". Les animateurs sont Renée Havenas, Jacques Faure et Jean-Paul Bergeron.
Le 12 décembre 1964, les jeunes et le pasteur Jean-Marc Kieffer préparent des enregistrements des personnels de la mairie de Saint-Brieuc et du maire.
Le 26 décembre, veillée avec une discussion sur « Noël dans le monde ».
Le 9 janvier 1965, c’est la question du « Savoir-vivre » qui est traitée sous forme de jeux et de discussions.
Le samedi 19 février M. Huon, adjoint au Maire de Saint-Brieuc vient répondre aux questions des jeunes sur le fonctionnement du Conseil, le budget et les réalisations de la municipalité.
Le 6 mars c’est « Le jazz ». Le rapporteur note avec une totale liberté de ton : « Malgré les efforts désespérés de Jacques et de moi-même pour essayer d’éveiller l’attention sur le sujet proposé, ce fut une soirée creuse, banale, quelques chuchotements, puis le calme plat. »

En octobre 1970, le pasteur Jean-Marc Kieffer répond à des jeunes de la paroisse qui souhaitent débattre de questions qui les concernent. Il se propose d’aborder une fois par mois les thèmes suivants : le bouddhisme, l’avortement, la vie urbaine, les autres confessions chrétiennes. D’autres personnes pourraient intervenir et les jeunes pourraient aussi proposer des sujets.
Du 1er au 3 novembre 1970, le pasteur Jean-Marc Kieffer anime un camp de jeunesse au Foyer baptiste de L’enfance à Trémel (22). Le sujet est le suivant : Connaissance de soi, connaissance de Jésus-Christ. Pour aborder cette question : « Pas de discours ; des photos-langages, une technique nouvelle, avec ça plus de timides et plus de bavards ».
Du 20 au 22 février 1971, un week-end pour les adolescents de 15 à 17 ans de la région Ouest se tient au manoir de Crampoisic sur le thème « Devenir adulte » (évolution sexuelle, amitié filles-garçons, que dit la Bible sur le sujet ?). 

 

A suivre

Portrait actualisé en juin 2024 du pasteur Paul Marquer, cliquer ici

Portrait du pasteur Jean-Marc Kieffer, cliquer ici

Si vous avez des remarques, des témoignages, des informations et documents à partager, merci d'utiliser le formulaire de contact.

 

Retour au sommaire du blog de l'histoire des protestants, ici 




vendredi 20 septembre 2024

Jean-Claude Nexon (1934-2024), protestant, Saint-Brieuc-Perros

 

Jean-Claude Nexon

Jean-Claude Nexon était originaire de Saint-Brieuc où il était né le 26 juin 1934. La maison familiale se situait rue du Port, en descendant vers le Légué. Sa famille était protestante et ses parents étaient inscrits comme membre de la paroisse réformée dès 1927.

M et Mme Jean Nexon, registre des membres de la paroisse. 1931 Archives. Photo RF

Très jeune il avait suivi la voie du protestantisme, un milieu dans lequel il pratiquait le scoutisme (article en cliquant ici). 

Dans les années 40, il avait connu le pasteur Crespin et la famille Prigent dont il se souvenait avec émotion. Il connaissait aussi la salle évangélique de M. Stamp qui avait fondé "La salle Bonne Nouvelle" en 1929 dans la vieille côte du Légué, juste en dessous de la maison de M et Mme Nexon.
 

Alors qu’il est déjà engagé dans la Marine Nationale, en décembre 1955, il se marie à Saint-Brieuc avec Renée-Paule Drogou. Il est alors quartier-maître.

Annonce mariage 7 décembre 1955 Ouest-France

Il resta quinze années dans la marine comme officier marinier chargé des transmissions, en particulier sur le "Colbert". Il était décoré de la croix de la Valeur Militaire.
Jean-Claude travailla ensuite chez Philips où il était chargé de la formation à la création des téléviseurs en couleurs.
En retraite Jean-Claude Nexon continuait à donner de son temps dans l’association des officiers de marine à la retraite dont il a été le trésorier. 

Jean-Claude Nexon, troisième à partir de la droite. Photo Le Télégramme 19-01-2012

Le couple Nexon aura deux enfants, Marc et France.
Retirés à Loquirec avec Paule, son épouse, il participait souvent aux cultes protestants à Perros-Guirec.
Renée-Paule est décédée en juin 2021 à l’âge de 88 ans, la cérémonie d’obsèques a eu lieu au temple protestant de la rue Victor Hugo Saint-Brieuc.

12 juin 2021 Ouest-France

Jean-Claude Nexon est décédé 19 août 2024. La cérémonie religieuse a eu lieu le jeudi 22 août au crématorium de Saint-Thégonnec en présence d'Agnès Pascaraut, la pasteure de l’Eglise réformée de Saint-Brieuc-Perros.

20 août 2024 Ouest-France

 

Sources 

Informations fournies par Pierre Kerlévéo de la paroisse de Perros-Guirec

Presse locale, Ouest-France et le Télégramme

Entretiens téléphoniques avec Jean-Claude Nexon

Cet article a été relu en septembre 2024 par Marc Nexon et France Petitpas, enfants de Jean-Claude Nexon

Retour au sommaire de l'histoire des protestants des Côtes d'Armor, ici